Je m'associe aux remarques précédentes sur la qualité, l'utilité et la pertinence du rapport, qui doit aider à la prise de décision. Il vaudrait toutefois mieux que ces recommandations interviennent en amont des décisions importantes.
J'insiste sur l'importance, pour les élus qui représentent des villes et des territoires, de bénéficier d'infrastructures de qualité afin d'améliorer leur attractivité. Le TGV en fait partie, tout comme le numérique, ou les autoroutes.
Par ailleurs, vous avez estimé que les sociétés qui se sont regroupées autour des gares TGV, comme en Champagne-Ardenne, résultent souvent de transferts d'activités. Certes, mais ces entreprises étaient initialement installées en zone très dense, où la possibilité de développement est extrêmement coûteuse, voire impossible. Il faut le prendre en considération pour évaluer le coût collectif du déplacement des salariés. Votre jugement n'en tient peut-être pas suffisamment compte. Pouvez-vous examiner l'impact de ces créations de gares sur l'économie ?
Par ailleurs, je suis président du conseil général des Ardennes. Votre rapport est arrivé à un moment précieux pour moi. Le conseil général s'est en effet engagé à financer la première tranche de la ligne à grande vitesse Est. Nous souhaitions bien entendu que notre territoire, qui est en bordure de passage, puisse bénéficier de deux ou trois liaisons, sans rupture de charge. J'ai pu mesurer l'importance que cela représente pour nos entreprises : soixante d'entre elles ont leur siège social en région parisienne, voire hors de France.
Or, aujourd'hui, le service a baissé. Peut-être les dirigeants de la SNCF vous ont-ils entendu avant que vous ne vous exprimiez. Ils nous expliquent aujourd'hui qu'une liaison Paris-Charleville trois fois par jour n'est pas raisonnable. Les termes du contrat n'étaient plus respectés au regard de l'engagement financier que nous avions pris. Sans attendre votre contribution, compte tenu de la réduction des engagements de la SNCF, j'ai décidé de ne pas m'engager dans le financement de la construction de la deuxième phase de la ligne à grande vitesse.
J'aurais mieux argumenté si j'avais été en possession de votre rapport. Je viens de recevoir un courrier du ministre des transports, qui me dit comprendre ma réaction, mais m'explique que la solidarité de tous est nécessaire, et que ces financements additionnés permettent à de grands projets de se réaliser. Le TGV n'est en effet pas seulement destiné à relier les Ardennes à Paris, mais également à Strasbourg et, bien au-delà, à Budapest, via la Magistrale.
Je vais à présent répondre au ministre en m'appuyant sur votre rapport, qui m'invite à la sagesse - d'autant que l'on a quelques comptes à régler avec l'État en matière de compensation des charges liées aux allocations de solidarité...