Le nombre de gares constitue une contradiction inhérente au principe : il a été décidé que le TGV irait très vite, sur des lignes affectées à la grande vitesse. Les rames coûtent par ailleurs trois fois plus cher qu'un TER. À force d'arrêts intermédiaires et de lignes secondaires, on a dénaturé le système. En Allemagne, il fonctionne très bien, mais il correspond à la géographie humaine de ce pays, qui compte beaucoup de villes moyennes.
Le système français est conçu pour aller d'une grande ville à une autre, sans arrêt ; il doit être connecté avec tout un dispositif, qui peut être ferroviaire ou non. On parle aujourd'hui de mobilité : le système doit être multimodal. On couple là la première et la deuxième recommandation, l'une ne pouvant aller sans l'autre.
S'agissant de l'analyse multicritère, le rapport traduit une inquiétude. En effet, le ministère, dans une instruction, a mis en avant l'analyse multicritère par rapport à l'analyse socio-économique. On nous reproche souvent de trop nous attacher à la rentabilité. Toutefois, l'analyse socio-économique prend en compte les avantages et les coûts. Ce n'est pas une analyse financière. On monétarise ce qui est avantageux - activités économiques supplémentaires, aspects environnementaux, etc. -, avec un taux d'actualisation qui permet de se projeter dans trente ou dans cinquante ans, et d'en tirer le bilan.
Cette méthode tient compte de tous les paramètres. Nous en tirons quelques indicateurs, qui permettent de hiérarchiser les projets. Cette manière de faire est adaptée, selon nous, aux projets d'intérêt national. L'analyse multicritère présente des avantages moins technocratiques. C'est un peu ce que font les Britanniques. Ce type d'analyse permet des décisions partagées, et offre l'avantage d'une grande acceptabilité sociale. Il est très adapté aux projets locaux. Nous établissons donc une nuance, sans toutefois prétendre que l'analyse multicritère est dénuée d'intérêt. Elle en présente un en matière d'investissements régionaux et locaux, et nous y recourons sur le plan national, afin d'éviter les biais, qui existent néanmoins, en particulier en matière de trafic.
Le président Cazala a insisté sur la valeur du temps : celle-ci est en train d'évoluer. En effet, on considère que le temps consacré aux transports est de moins en moins du temps perdu. On l'utilise à autre chose, en matière de communication par exemple.
Le consommateur accepte donc un trajet plus long, durant lequel il s'occupe à d'autres activités. Cela modifie l'équilibre, et c'est pourquoi nous recommandons tous les modes de transport, en particulier le car interrégional.