Intervention de Arnaud Montebourg

Commission des affaires économiques — Réunion du 15 juillet 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Arnaud Montebourg ministre de l'économie du redressement productif et du numérique

Arnaud Montebourg, ministre :

Faites-les nous passer. Une septième branche, la chimie, a signé dans le week-end un accord sur le CICE, avec une promesse d'embauche de 47 000 et de 1 000 alternants : pour un secteur de 200 000 personnes, « ça se connaît », comme on dit dans mon pays ! Je ne sais pas si le Sénat a lui aussi un comité de suivi parlementaire sur le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) - peut-être pourriez-vous créer une structure commune avec l'Assemblée nationale. J'ai demandé à l'Insee des enquêtes qualitatives : dans les services, 43 % des entreprises envisagent d'embaucher, 31 % dans l'industrie ; enfin, 50 % des entreprises tous secteurs confondus envisagent d'investir, ce qui marque un niveau de confiance élevé.

Les baromètres de l'attractivité sont anciens, non gouvernementaux ; ils constatent un décrochage en 2010 et une remontée spectaculaire l'année dernière. On m'accuse souvent de faire fuir les investisseurs étrangers par mes déclarations, par mon décret du 14 mai... La preuve que non : ils affluent ! Ils ne s'interrogent pas sur la question de savoir si les Nations ont encore le droit de vivre et de se défendre : c'est un fait, dans le monde, elles le font et le feront, quoi qu'il en coûte. Vous ne pouvez pas empêcher une Nation de dire : ça, c'est en dehors de la concurrence ; ça, on n'y touche pas, c'est notre travail, notre sueur, notre sang, notre histoire ! C'est le cas d'Alstom. Tant que je suis là, personne ne le marchandisera. Cessez, je vous en prie, cette espèce de logomachie libérale stupide du Financial Times, que les députés UMP, en particulier, répètent à l'envi. Nous avons encore le droit de décider ; nous ne sommes pas une colonie des investisseurs étrangers !

Des offres sont sur la table pour STX, nous en faisons la revue. Nous voulons, comme vous, d'un investisseur de long terme, patient, d'un industriel sincère qui ne cherche pas avant tout à se débarrasser d'un concurrent, loyal partenaire de l'État qui restera dans le capital : l'oiseau rare ! Mais nous avons des touches : le poisson arrive à la marée...

Sur les ferrys à gaz, l'autorité judiciaire britannique nous a donné tort : nous n'avons pas de solution et nous en cherchons.

Nous sommes en train de choisir le remplaçant de David Azéma. C'est difficile : la loi Cahuzac place tout détenteur d'autorité en relations avec l'économie en situation de conflit d'intérêts potentiel. Tous les candidats se demandent ce qu'ils feront après... ils se voient déjà cernés par les conflits d'intérêts ! Nous voulons quelqu'un qui vienne du monde de l'entreprise. La doctrine de l'État actionnaire que nous avons redéfinie et communiquée au Conseil des ministres, se construit sur des stratégies d'influence. Là où il est majoritaire, actuellement, il ne peut pas l'être au conseil d'administration : mais qui a pu inventer une chose pareille ? Il faut en finir avec cette règle ! Là où l'État est minoritaire, il doit augmenter sa puissance de frappe. Il n'a pas vocation à devenir majoritaire dans des entreprises comme Renault, Alstom, PSA - dans ces secteurs, l'État n'a pas compétence pour diriger, contrairement aux industries de souveraineté. Mais il peut être davantage influent. Pour cela, les administrateurs doivent être non pas des fonctionnaires d'autorité, mais des stratèges d'influence. Grâce aux administrateurs indépendants, l'intérêt de l'entreprise peut rejoindre celui du personnel ou l'intérêt général. Nous devons donc faire évoluer les 700 administrateurs : j'ai bien l'intention de diversifier le cheptel !

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