Intervention de Fleur Pellerin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 8 juillet 2014 : 1ère réunion
Diplomatie économique et tourisme — Audition de Mme Fleur Pellerin secrétaire d'etat chargée du commerce extérieur de la promotion du tourisme et des français de l'étranger

Fleur Pellerin, secrétaire d'Etat chargée du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger :

A propos du tourisme tout d'abord, l'augmentation du budget d'Atout France n'est pas à l'ordre du jour. Si l'on considère les comités régionaux, les comités départementaux du tourisme, Atout France, beaucoup de moyens et d'acteurs sont consacrés au tourisme, mais sans stratégie concertée. C'est pourquoi nous souhaitons nous doter d'une stratégie forte, qui serait partagée par les différents acteurs. Les contrats de destination et les pôles d'excellence s'inscrivent dans cette démarche, qui repose sur une communication commune. Dans le cadre de la loi sur la réorganisation territoriale de l'État, un rôle de chef de file est confié aux comités régionaux du tourisme ; il faudra aussi réorganiser les compétences en fonction de cela. Mais il n'y a pas obligatoirement d'articulation entre la compétence du comité régional du tourisme et la manière dont on communique à l'international. Certaines régions, comme la Bretagne, sont, en quelque sorte, détentrices d'une marque. Mais ne n'est pas le cas de toutes. Il faut essayer de trouver des mots clés, liés aux sites, aux lieux, qui résonnent à l'international. Ainsi, la région Rhône-Alpes ne peut être une marque, en revanche, le terme « Alpes » pourrait l'être.

Sur la question de la taxe de séjour, plusieurs problèmes se posent, concernant son montant, son rendement, son mode de collecte, son assiette... Il y a un enjeu de modernisation et d'affectation. Il faut attendre le résultat des travaux parlementaires en cours pour décider une éventuelle réforme. Je souhaite qu'on le fasse de manière cohérente.

Concernant l'espace méditerranéen, j'ai eu récemment un contact avec mon homologue tunisienne à propos de la réactivation du groupe tourisme du dialogue « 5+5 ». Nous envisageons une réunion au mois de décembre, probablement à Lisbonne, sur le sujet. Nous avons l'ambition de remettre en marche ce groupe de travail dans lequel la France peut, avec la Tunisie, être une force de proposition. La France a une position de pivot à prendre, spécialement dans les domaines diplomatique, économique et politique, compte tenu de son rôle historique. Il faut saisir cette opportunité avant que d'autres ne la saisissent.

Sur la question des visas, nous avons réalisé qu'un certain nombre de pays émetteurs de touristes avaient des difficultés à obtenir des visas. Une expérimentation a été conduite en Chine au mois de mars, visant à délivrer un visa en quarante-huit heures. En avril, les demandes de visas ont augmenté de 40 %, la demande est très élastique. Il a donc été décidé d'élargir cette expérimentation à quatre ou cinq autres pays, tels les pays du Golfe, le Brésil. Les visas rapportent en effet beaucoup d'argent, et nous sommes en train d'examiner comment réaffecter une partie de cet argent au tourisme, par exemple au budget d'Atout France.

Concernant le commerce extérieur, oui, il y a un problème de lisibilité de la gouvernance. S'agissant du dossier santé, je propose que nous en parlions plus tard avec mon cabinet. Pour ce qui est de la « feuille de route » de M. Varin, elle devrait être fixée très prochainement. Le Vietnam est encore un marché petit pour la France, mais nous allons définir nos pays prioritaires dans cette zone d'Asie où la France doit reconquérir des parts de marché.

Le rôle des régions en matière d'internalisation des entreprises est affirmé de manière très claire dans la loi : elles doivent se doter d'un plan régional d'internalisation des entreprises (PRIE) ; ce sont les régions qui sont le mieux à même d'identifier les entreprises, que ce soit les primo exportatrices ou celles qui veulent augmenter leur présence à l'international, et les diriger vers les dispositifs publics d'accompagnement. Un travail est actuellement conduit avec les régions pour identifier 1 000 entreprises de croissance à fort potentiel de développement international, qu'Ubifrance devra accompagner. Ce suivi doit être fait sur plusieurs années, trois à quatre ans, car une année n'est pas suffisante. Sur le rôle de parrainage des grandes entreprises, vous prêchez une convaincue, j'avais commencé à y travailler dans mes précédentes fonctions, en y impliquant le MEDEF et l'AFEP. Il faut davantage de collaboration entre les grandes entreprises et les PME, non seulement pour l'innovation, mais aussi pour l'export.

À titre d'exemple, dans le domaine de la santé, je viens d'inaugurer un dispositif d'accompagnement dans le cadre duquel le G5, groupement professionnel rassemblant les plus grands groupes pharmaceutiques et laboratoires de recherche du secteur, s'est engagé à héberger des PME à l'international, à les faire profiter de conseils, à leur ouvrir des portes.

Un autre exemple concerne l'agroalimentaire en Chine. Les deux plus grosses entreprises françaises de grande distribution, Auchan et Carrefour, représentent à elles seules 250 points de distribution dans toute la Chine. C'est donc un débouché très important pour les entreprises d'agroalimentaire français. Nous avons monté une opération au profit des acteurs de la biscuiterie et de la chocolaterie afin d'inciter à la mise en valeur de leurs produits dans les réseaux de distribution d'Auchan et de Carrefour et leur permettre d'accéder aux clients finals. C'est par ce type d'initiative qu'on peut permettre à des PME d'accéder à des marchés.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion