Concernant les exportations, le diagnostic reste le même qu'avant, car cela fait dix ans que la France perd des parts de marché. Mais la différence est qu'à partir de ce diagnostic, nous prenons des mesures concrètes. À titre d'exemple, je viens de lancer un dispositif destiné à accompagner, à la fois financièrement et par du mentorat, les PME du secteur de la santé (médicaments, dispositifs médicaux..), afin de les aider à conquérir de nouveaux marchés. J'ai identifié six secteurs prioritaires dans lesquels je souhaite tout particulièrement accompagner les entreprises et pour lesquels nous allons cibler des zones géographiques prioritaires.
En matière de tourisme, alors que la France est un pays très touristique, nous n'avions jusqu'à présent pas de stratégie. Désormais, nous avons une vraie politique du tourisme fondée sur une approche marketing. Il s'agit de communiquer sur des marques, des destinations, des expériences (cyclotourisme, oenotourisme, gastronomie...) et diversifier la palette d'activités offertes aux touristes afin de les retenir et de leur donner envie de revenir. Concernant le débat tourisme de masse-tourisme de qualité, il faut savoir que l'Espagne, pays de tourisme de masse, gagne plus par touriste que la France. La France n'a pas fait le choix d'un tourisme de masse, mais elle doit tout mettre en oeuvre pour augmenter la dépense par touriste. Elle a des atouts à faire valoir. Ainsi, dans le cadre du pôle d'excellence « montagne » qui va être mis en place, nous pouvons communiquer sur la fraîcheur et l'air pur de nos montagnes en direction des pays du Golfe où il faut très chaud l'été, ou encore de la Chine, qui souffre des problèmes liés à la pollution. En ce qui concerne les grands événements sportifs, nous aurons l'occasion de faire des annonces, de même que s'agissant du tourisme d'affaire ou encore du tourisme mémoriel, ce sont des thèmes très mobilisateurs.
En ce qui concerne la gouvernance du commerce extérieur, il existe une concurrence entre Ubifrance et les chambres de commerce dans certains pays, nous avons conscience qu'il faut rationaliser ce réseau, notamment dans les pays cibles de la stratégie que nous avons définie. S'agissant des VIE, l'objectif est bien de 9 000 et je note l'idée d'un VIE seniors. Concernant les conseillers consulaires, il reviendra aux ambassadeurs de les solliciter au plan local. Pour ce qui est du secteur de la transformation du bois, le ministre de l'agriculture et moi l'avons identifié dans nos discussions comme un enjeu pour l'export. S'agissant du projet Lyon-Turin, il faut effectivement qu'on y travaille, je dois évoquer la question avec Louis Besson (président français de la commission intergouvernementale pour la liaison Lyon-Turin).
Enfin, à propos du partenariat transatlantique, il faut savoir que la France applique déjà des dispositifs de règlement des différends de ce type dans le cadre d'accords bilatéraux de protection des investissements, ce qui s'avère utile pour nos entreprises lorsque la justice commerciale n'offre pas assez de garanties dans les pays où elles sont implantées. Les négociations sur ce point sont actuellement suspendues parce que plusieurs Etats membres considèrent qu'un tel mécanisme de règlement des différends n'est pas nécessaire avec un pays comme les Etats-Unis. À la demande de la France et de l'Allemagne, la Commission européenne a lancé une consultation sur ce sujet, dont les résultats sont attendus d'ici la mi-juillet. La Commission en tirera des conclusions pour ses discussions avec les Etats-Unis. Le mécanisme de règlement des différends implique effectivement un tribunal arbitral, qui est une instance indépendante. L'enjeu de la négociation est de définir la composition et les modalités de fonctionnement de cette instance afin d'assurer son impartialité. La ligne rouge, pour nous, est que ce type de mécanisme ne doit pas remettre en cause la capacité souveraine des Etats à légiférer. Nous y veillons beaucoup, cela constitue un point dur dans les négociations.