Intervention de Gérard Longuet

Réunion du 11 février 2015 à 14h30
Transition énergétique — Article 1er, amendement 935

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

J’apporterai mon soutien au rapporteur, Ladislas Poniatowski, sur l’amendement n° 935 rectifié, parce que, évoquant la mise en place d’une Union européenne de l’énergie et un marché pleinement opérationnel, il ne défend pas pour autant l’idée d’un marché européen. Il a raison, et je vais dire pourquoi.

Depuis le traité de Rome, l’Union européenne est fondée sur la libre circulation des biens, des personnes et des services. Mais l’électricité reste un domaine à part – non pas, monsieur Bosino, pour des questions historiques ou politiques, mais pour des raisons techniques, car l’électricité présente en effet des singularités qui font qu’un marché d’offre et de demande de l’électricité est difficilement constructible.

D’abord, l’électricité ne se stocke pas et donc les grossistes et les demi-grossistes ne peuvent pas jouer le rôle de régulateur qui est le leur sur tous les autres marchés.

Ensuite, l’électricité ne se transporte pas ou, si elle se transporte, c’est dans des conditions techniquement difficiles et socialement de plus en plus inacceptables. Mme la ministre a évoqué la péninsule ibérique, qui manque d’électricité. L’alimenter se révèle une affaire extrêmement difficile parce qu’il faut traverser des zones sensibles et l’installation des câbles, évidemment, mécontentent les uns et les autres.

On ne stocke pas, on ne transporte pas et, ce qui est essentiel, l’offre n’est pas libre !

Un pays a décidé, en effet, de renoncer au nucléaire, faisant le choix d’une énergie entièrement carbonée. C’est d’ailleurs ce qui me gêne dans la rectification que vous avez suggérée, madame la ministre, car il ne faudrait pas que nos voisins et amis allemands considèrent le fait de fixer à l’Union européenne cet impératif de décarbonisation de l’électricité comme une critique agressive de leur politique en la matière.

Si l’Allemagne a fait le choix de l’électricité carbonée, c’est qu’elle ne pouvait pas faire autrement, cher monsieur Dantec ; elle ne peut pas se reposer sur les seules énergies éolienne et photovoltaïque. C’est donc le bon vieux charbon et la bonne vieille lignite qui lui permettent, avec des installations il est vrai périmées, qu’elle commence à rénover – soyons honnêtes –, de produire de l’électricité bon marché.

Ne parlons donc plus d’économie et d’énergie décarbonées. Parlons de l’Union européenne et rapprochons nos points de vue, mais ne rêvons pas à un marché européen de l’énergie électrique !

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