Intervention de Dominique Maillard

Commission de l'économie, du développement durable et de l'aménagement du territoire — Réunion du 14 décembre 2011 : 1ère réunion
Perspectives d'approvisionnement d'électricité en france — Audition de M. Dominique Maillard président du directoire de réseau de transport d'électricité rte

Dominique Maillard, président du directoire de RTE :

Les réseaux intelligents - que je préfère nommer réseaux « plus intelligents », car ceux d'aujourd'hui ne sont pas dénués d'intelligence... - auront des conséquences positives, en particulier pour écrêter les pics de consommation.

L'éolien off shore est nécessairement plus coûteux en terme d'installation, puisque nous devons créer le raccordement de toutes pièces, alors que l'éolien terrestre bénéficie du maillage existant. La différence est importante : le coût de raccordement est triple. Ensuite, nous devons tenir compte de nouvelles contraintes, y compris environnementales, et apprendre à travailler avec de nouveaux interlocuteurs, comme les pécheurs, par exemple, qui craignent pour leur ressource halieutique.

Evelyne Didier, l'Europe n'a prévu aucune limite à la production d'électricité par l'éolien, elle lui donne même plutôt la priorité, comme aux autres énergies renouvelables. Cependant, ce principe de priorité s'applique pour autant que la sécurité du système est assurée : c'est grâce à cette incise que nous mettons en avant l'impératif de préservation du réseau, seul garant de la sécurité de l'approvisionnement.

Il m'est difficile de répondre à votre question sur le coût de l'ouverture du marché à la concurrence : effectivement, la création de plusieurs entités entraîne des dépenses nouvelles, par rapport à la situation de monopole, mais la concurrence s'accompagne d'une certaine émulation, qui fait baisser les coûts et améliore le service. Faut-il craindre la financiarisation ? Je ne le crois pas pour le moment, même si nous sommes très vigilants, et il ne faut pas exclure non plus des procédés malhonnêtes comme on l'a vu avec les « carrousels à TVA ».

La coordination avec les autres opérateurs européens, ensuite, est satisfaisante. Elle est ancienne, puisque la première organisation européenne liée à l'électricité date de 1951, avant la communauté européenne du charbon et de l'acier. Il y a encore des progrès à faire puisque certaines autorités refusent parfois de communiquer des informations, mais c'est, dans certains cas, parce qu'elles n'en disposent pas.

Jean-Jacques Mirassou, nous anticipons l'évolution des besoins et, dans la sélection des sites de production, qui relève d'un ensemble de critères, nous portons une grande attention aux facilités de raccordement.

Laurence Rossignol, je relève avec vous que le tout électrique, en nourrissant notre besoin d'importer, contredit notre choix d'indépendance énergétique, mais je sais aussi que les pays qui ont fait d'autres choix stratégiques que le nucléaire rencontrent d'autres problèmes : ainsi l'Allemagne et sa dépendance au gaz naturel russe. De fait, la France compte pour la moitié des besoins supplémentaires européens d'électricité en cas de pic : un degré de moins entraîne un besoin supplémentaire de 5 000 mégawatts sur le continent, dont 2 300 en France.

Le coût du transport représente 10 % du coût de l'électricité. Les tarifs, ensuite, devraient augmenter de 4 % par an dans la prochaine quadriennale, soit environ deux points de plus que l'inflation.

La part du chauffage électrique, Charles Revet, compte surtout en cas de pic de la consommation : on l'estime alors à un tiers. Le stockage est théoriquement possible sur des batteries, mais cela pose des problèmes techniques, aussi bien que d'acheminement. Enfin, je vous confirme que la coordination existe entre les différents opérateurs, nous y participons aussi bien en amont, qu'en aval.

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