Cette audition fait écho aux débats qui ont eu lieu récemment dans différents pays européens. On y retrouve certains éléments de diagnostic, mais la question de l'orientation à adopter dans l'avenir attend encore une réponse. Raison de plus pour que nous, qui avons à préparer les perspectives budgétaires de l'année 2015, ayons cette réflexion sur les données macroéconomiques et sur la difficulté qu'il y a à anticiper certaines évolutions économiques - je pense notamment aux recettes fiscales, dont nous venons d'apprendre qu'elles étaient inférieures de treize ou quatorze milliards à ce que l'on espérait. La commission des finances du Sénat doit trouver des points de repère pour orienter sa réflexion. La crise que nous avons traversée et les ajustements de finances publiques qui y ont répondu ont eu des conséquences sur la dette et sur l'évolution des prix à la consommation. Tous les pays de la zone euro, nous l'avons vu, ne sont pas affectés de la même façon.
Dispose-t-on d'une vision des effets de la déflation sur la dette publique, notamment sur la base de l'exemple japonais ? Quelles mesures peut-on mettre en oeuvre pour faire face au risque de déflation ? Quelles réorientations de la politique monétaire de la BCE ce risque de déflation pourrait-il appeler, notamment afin de relancer l'investissement, la productivité et la croissance ? L'exemple japonais incite également à se demander s'il y a d'autres solutions, face à la déflation, que la « planche à billets » et la mise en oeuvre une politique budgétaire expansionniste.
La politique économique allemande constitue une des clefs de la problématique de la déflation. Celle-ci fait-elle l'objet de débats politiques en Allemagne ? Les Allemands ont-ils conscience de leur capacité à agir, et quels espoirs peut-on fonder sur la possibilité d'une redynamisation de la demande allemande ? Qu'en est-il, enfin, de la quantité des facteurs ? Leurs prix ont certes baissé, en particulier celui du facteur travail, mais leur quantité peut-elle être prise en considération pour examiner si l'on peut produire plus à prix constants, sans baisser les salaires ? Je pense à la lutte contre le chômage et à la mise au travail de certains agents par des programmes de soutien - comme les emplois d'avenir. N'y a-t-il pas là aussi une amplification possible de ces mesures en vue d'une quantité de travail supplémentaire ?