Plusieurs facteurs peuvent inciter à penser que l'Allemagne ne bougera pas. Le premier est le programme de coalition qui prévoit 25 milliards d'investissements publics en cinq ans ; pour autant, le montant des investissements véritablement nouveaux s'élèverait seulement à cinq milliards d'euros sur cinq ans. C'est peu. En outre, la priorité est donnée au désendettement, avec comme objectif de ramener la dette à 70 % du PIB à la fin de la mandature puis, par la suite, à 60 % du PIB. Pour cela il faut dégager des excédents. On est loin d'une politique de relance...
À l'inverse, d'autres éléments incitent à l'optimisme. De plus en plus, les Allemands, patrons comme universitaires, reconnaissent que le sous-investissement public risque de freiner leur croissance. Il est souvent donné l'exemple des ponts vers le port d'Hambourg, point de départ des exportations, devenus inutilisables faute d'investissements... Ensuite, les réformes Hartz ont abouti à un marché du travail dual. La mise en place d'un salaire minimum amorce un rééquilibrage et montre qu'une réflexion est en cours. Enfin, d'un point de vue intellectuel, le lien entre l'excédent courant de la zone euro, le niveau de l'euro, et ses conséquences sur l'inflation est reconnu par la Bundesbank, même si celle-ci met surtout l'accent, en les critiquant, sur la politique de change d'autres pays, comme le Japon.
Il convient de réfléchir à l'opportunité d'une politique coordonnée au niveau de la zone euro, par laquelle les efforts de consolidation budgétaire effectués en France, soit 50 milliards d'euros d'économies, pourraient être accompagnées d'une relance en Allemagne de 50 milliards d'euros. Le débat est en cours. Mais des signes d'évolution apparaissent.