Ce n'est pas en construisant des ponts en Allemagne que l'on résoudra les problèmes des pays du Sud confrontés à la déflation et à un fort taux de chômage. De même, la politique monétaire a des moyens d'action mais ils sont limités. La coordination des politiques budgétaire et monétaire est délicate en Europe. La crédibilité des États pour assainir leurs finances publiques est faible à moyen terme. C'est pourquoi la BCE exige une stabilisation à court terme ; c'est l'un des problèmes auxquels nous sommes, à ce jour, confrontés.
La création d'un salaire minimum européen constitue une piste de réforme. Il ne s'agit pas d'une relance par les salaires, mais de mettre en place un instrument de coordination des ajustements des coûts relatifs du travail au sein de la zone euro. Nous avions proposé l'instauration d'un salaire minimum dont le montant serait propre à chaque pays et dépendrait de la productivité. Il évoluerait en fonction de la cible d'inflation et du solde de la balance courante, augmentant plus vite dans les pays en situation d'excédent commercial. Il est plus facile de procéder à un ajustement avec un peu d'inflation qu'en période de déflation. De plus l'ajustement aujourd'hui est non coordonné et risque de conduire à des surajustements susceptibles d'aboutir à une explosion de la zone euro.
Une autre solution consisterait en la fixation d'une règle d'or fondée, non sur la dette brute, mais sur la dette nette, en tenant compte des investissements réalisés. La Commission européenne y trouverait un instrument pour s'assurer que les investissements réalisés s'accompagnent des politiques d'accompagnement adéquates. Inutile de développer les infrastructures de ferroutage si des politiques d'encouragement cohérentes - concernant, par exemple, le prix du transport routier - ne sont pas mises en place ! Cet instrument de pilotage réconcilierait ainsi contrainte budgétaire et outil de sortie de la déflation.