Je suis professeur de médecine à la faculté du Kremlin-Bicêtre, professeur de médecine nucléaire et professeur de biophysique à l'université Paris-Sud. En 1981, ma fonction a été transférée du Kremlin-Bicêtre au service hospitalier Frédéric Joliot du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), service chargé du développement des applications des radio-isotopes à la biologie et à la médecine au sein de l'hôpital d'Orsay. Puis j'ai dirigé le département de recherche en imagerie biomédicale du CEA avant d'y prendre la responsabilité des sciences du vivant pendant quatorze ans. Ma priorité fut le partenariat avec tous les organismes de recherche ainsi que la coordination de nos travaux, question sensible en particulier lors des crises de la vache folle et du chikungunya, où l'on a vu les conséquences d'une absence de coordination. Fin 2007, j'ai donc accepté la direction de l'Inserm sous la condition de coordonner l'ensemble des recherches dans les domaines des sciences du vivant et de la santé. C'est ainsi qu'est née l'Alliance nationale pour les sciences de la vie et de la santé (Aviesan).
L'Inserm est devenu le premier organisme de recherche biomédicale européen et j'ai été élu il y a un an vice-président de Science Europe qui regroupe les différents organismes nationaux. Ce rayonnement de l'Inserm tient d'abord aux résultats de la recherche, puisque nos publications dans les cinq premières revues médicales, New England Journal of Medicine, The Lancet ou le British Journal of Medicine et d'autres, ont augmenté sous les cinq années de ma présidence, par rapport aux cinq années précédentes, de 42 % pour la recherche fondamentale mais de 52 % dans certaines disciplines. Nous avons également été honorés par le prix Nobel de Françoise Barré-Sinoussi.
L'Inserm occupe une place appréciable dans l'espace européen de la recherche ; je souhaite la conforter encore. J'ai voulu, au plan international, développer un réseau de laboratoires associés sur tous les continents, ce qui est beaucoup moins coûteux que les laboratoires Inserm implantés à l'étranger qui existaient auparavant.
L'audit mené en 2011 par l'inspection générale de l'éducation nationale et de la recherche a salué notre important effort d'optimisation des fonctions support et a souligné la qualité du service rendu aux unités de recherche - c'est notre mission.
Si la création de l'Agence nationale de la recherche (ANR) a eu des résultats très positifs sur le nombre et la qualité des publications, elle s'est aussi traduite par un doublement du nombre de contrats de recherche. Nous gérons aujourd'hui 800 contrats... et un gros contingent de personnes en contrat à durée déterminée (CDD). C'est un sujet majeur que j'aurai à régler dans les mois qui viennent et qui sera sans doute discuté à l'occasion de l'examen du projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche. La Cour des comptes a récemment déploré l'utilisation des CDD dans de nombreux secteurs de l'administration publique.
Pour le reste, le rapport - rendu public, je m'en réjouis - a décerné un large satisfecit à l'Inserm, saluant notamment la création d'Aviesan, structure informelle, qui ne coûte rien mais a réalisé beaucoup. La Cour estime que « depuis 2005, la place de l'Inserm dans la recherche dans les sciences du vivant s'est renforcée » et que l'Institut a « joué un rôle majeur dans la création de la première Alliance, cadre de discussion et de coordination des principaux acteurs publics de recherche dans les sciences du vivant », auxquels il a donné « plus de cohérence, de visibilité et de réactivité ». Nous avons en cela répondu aux recommandations formulées dans un rapport thématique de la Cour en 2007.
Elle formule aujourd'hui de nouvelles recommandations que je me propose de mettre en oeuvre dans les mois qui viennent. Il s'agira de conforter le rôle de l'Alliance, dans le cadre de l'agenda stratégique voulu par le Premier ministre ; de préserver la dynamique de valorisation des résultats initiée par Inserm Transfert ; et de réexaminer les règles de recrutement et de gestion du personnel. A cette fin, nous avons préparé une charte des bonnes pratiques de recrutement, actuellement en discussion avec les organisations syndicales, pour l'accompagnement et l'insertion professionnelle.
Enfin, aspect auquel je suis très sensible, nous sommes appelés à poursuivre notre ouverture à la société. Nous le faisons, par exemple, au travers des aides à la décision publique et des expertises collectives qui nous sont commandées sur la base de notre compétence, notre fiabilité, notre impartialité, notre confidentialité et de l'absence de conflits d'intérêts. Je voudrais également souligner le rôle des 475 associations de malades partenaires de l'Inserm dans la formation et l'information du public. La présidente de la commission des affaires sociales du Sénat a du reste animé la rencontre que nous avons eue récemment avec elles.
Nous souhaitons mener des actions de sensibilisation des lycéens à la science en partenariat avec les régions, sur le modèle de ce que nous avons expérimenté en Provence-Alpes-Côte d'Azur, à Marseille. En direction du grand public, nous proposons une émission diffusée sur LCI, publions le magazine Science et Santé tiré à 25 000 exemplaires. Notre site Internet enregistre 240 000 connexions par mois. A tout cela s'ajoute une application iPhone.