Je reviendrai sur votre deuxième conclusion, et dirai que c'est une question à laquelle nous sommes tous confrontés. Il y a un lien indéniable entre démocratie et lutte contre la pauvreté. Je comprends la nécessité d'accompagner les progrès de la démocratie dans ces pays par de la conditionnalité, car ce sont nos valeurs et que nous devons les défendre. Mais la réalité que l'on ressent sur place, par exemple au Maroc, c'est que la course de vitesse entre le développement et la pauvreté conditionne la démocratie. Les réformes que le Roi a mis en avant dans son discours d'il y a deux ans n'a de sens que parce que son pays s'est volontairement ouvert au développement économique, efforts dans l'aéronautique, les énergies propres et durables, les infrastructures de transport... Il y a une véritable stratégie de développement qui consiste à dire qu'il faut sauver les gens de la pauvreté. N'est-ce pas là le problème que l'on rencontre partout ? Gaza n'aurait-il pas présenté une autre image si son développement avait été favorisé au lieu d'enfermer un million de personnes dans un ghetto de pauvreté et de misère ? Les instances européennes, et singulièrement les pays Scandinaves, ont raison de mettre en avant la conditionnalité de la démocratie pour obtenir des aides, mais faisons attention de ne pas en faire une règle absolue car le vrai problème est socio-économique. Les deux doivent marcher de pair et l'Europe doit prendre la mesure de cela et ne pas imprimer des principes magnifiques mais en décalage avec la réalité.
Comment cette politique européenne de voisinage se met en place ? Les priorités sont claires, la réalité l'est moins. La Commission souhaitait porter l'enveloppe de la PEV de 15,3 à 18 milliards, mais elle n'a pas été suivie. Pourquoi le statut avancé n'est-il pas proposé également pour la Tunisie ?