L'Afrique représente 70 % de l'activité du Conseil de sécurité des Nations unies, signe des crises qu'elle traverse. Dans la mesure où les résolutions sont présentées par les États-membres, cela amène la France à être à l'origine de 60 % des textes, concernant par exemple le Mali, la Côte d'Ivoire, la RDC ou la RCA. Le membre africain francophone du Conseil de sécurité vote souvent avec la France. En revanche, à l'Assemblée générale, organisée en groupes géographiques, les Africains font bloc, francophones et anglophones, et il est fréquent que les États francophones d'Afrique votent contre la France. Il est d'ailleurs difficile d'y faire exister la francophonie. J'ajoute que l'Afrique du Sud, traditionnelle tenante de l'«Afrique aux Africains » et luttant systématiquement contre tout ce qu'elle considère comme du « néocolonialisme », a récemment donné des signes de bonne volonté, comme l'a montré l'invitation du Président de la République française au cinquantenaire de l'Union africaine à Addis-Abeba.
Sur la question des élections maliennes, le secrétariat général des Nations unies a plutôt tendance à considérer que les dates du 28 juillet et 11 août sont irréalistes, que les listes électorales sont incomplètes, ou que le nombre de déplacés et réfugiés est trop important pour tenir les élections dans de bonnes conditions. La position française est différente, dans la mesure où les élections sont indispensables pour asseoir la légitimité du pouvoir politique à Bamako -notamment face aux putschistes- et permettre un règlement politique de la crise malienne. Le vote à Kidal est nécessaire, car bien que faible en proportion (49 000 électeurs sur 8 millions), il pose une question de principe et de légitimité.
Dans le scénario optimiste, le vote se déroule le 28 juillet et la sécurité est assurée à Kidal par un contingent sans doute minimal de Casques bleus et les forces françaises. L'intégration du contingent mauritanien à la MINUSMA achoppe aujourd'hui sur le refus malien de voir les troupes mauritaniennes stationner, en territoire malien, à la frontière avec la Mauritanie. Les deux pays ont leur propre politique touarègue et arabe. Le problème du Tchad est différent : les Nations unies ont des processus de certification des contingents qui reposent sur le respect des droits de l'homme, et la question des enfants soldats dans les forces tchadiennes est aujourd'hui un blocage que nous devons faire disparaître en accélérant la réintégration sociale de ces enfants, conformément aux valeurs que nous défendons.