Intervention de Jean-Pierre Chevènement

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 juin 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Gérard Araud ambassadeur représentant permanent de la france auprès des nations unies

Photo de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement :

Vous avez indiqué que le conflit syrien se dénouerait sur le terrain, ce qui ne saurait être qu'un pronostic, mais pas la position de la France, qui doit privilégier une solution politique. Dans une guerre civile, de religion, comme c'est aujourd'hui le cas en Syrie, l'histoire nous apprend que des trêves peuvent exister et sont préférables aux massacres. Face à ces situations très complexes, nous devons tout faire pour augmenter les chances de succès de la Conférence de Genève, même si elles sont très faibles. Pourquoi s'opposer à la présence de l'Iran, protagoniste indirect au conflit, à la table des négociations ? Les livraisons d'armes sont-elles toujours d'actualité ?

La position russe me semble largement déterminée par un rejet de l'islamisme radical, très compréhensible dans un pays où 20 % des citoyens sont musulmans, voisin du Caucase et de l'Asie centrale. Nous avions besoin des Russes pour les résolutions sur la MINUSMA. Lors de leur rencontre récente, les présidents français et russes ont partagé le même objectif : éviter en Syrie une république islamiste radicale. L'opposition syrienne donne le spectacle d'une extraordinaire division.

Lors d'un récent déplacement en Algérie, nous avons pu mesurer la crainte dans ce pays, et au Maghreb plus largement, des conséquences d'un futur retour au pays des djihadistes tunisiens ou libyens présents aujourd'hui en Syrie. La situation de la Libye me paraît très inquiétante : surmonter les conséquences de notre intervention, sur le fondement de la résolution 1973 -dont l'interprétation aurait pu être différente-, relève du casse-tête. La légalité internationale est fondée sur le respect de la souveraineté des États ; la responsabilité de protéger doit être appliquée avec doigté.

S'agissant, enfin, de la réforme du Conseil de sécurité, il me semble que l'on pourrait permettre que le mandat des membres élus soit prorogé, ce qui serait une réforme moins radicale mais peut-être tout aussi efficace.

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