Intervention de Christiane Kammermann

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 février 2015 à 16h30
Liban — Communication

Photo de Christiane KammermannChristiane Kammermann :

Je reviens d'un séjour au Liban. Le nombre incroyable de réfugiés syriens qui ont élu domicile au Liban (environ 2 millions) fait voler en éclats les derniers boucliers démographiques et confessionnels. Les réfugiés syriens viennent de toutes les régions...ils sont sunnites, alaouites, pro-Bachar, ou islamistes convaincus. On y trouve un vivier de djihadistes qui ont des connexions auprès des Palestiniens. La situation me parait grave, à chaque instant le Liban peut s'enflammer, et être entraîné dans la désastreuse aventure des champs de bataille syriens. Les Libanais n'ont pas oublié l'horreur des voitures piégées qui a suivi l'implication des combattants du Hezbollah dans la guerre civile syrienne. À titre d'exemple, la route reliant l'aéroport au centre-ville est tenue par le Hezbollah.

Nous assistons à une vacance présidentielle et à un gouvernement affaibli par une mésentente chronique. Le Liban subit les pressions de la Syrie, sortie physiquement du Liban, mais toujours là dans la réalité. On observe un ralentissement de la croissance économique, avec une perte de 9% du PIB. L'infrastructure, l'accès aux financements sont des problèmes économiques. Beyrouth est la ville la plus chère des pays arabes. L'électricité constitue 50 % du déficit budgétaire. Il est très difficile d'avoir de l'électricité à Beyrouth.

Plusieurs points me paraissent particulièrement sensibles : le risque d'escalade dans le Golan ; les attaques djihadistes à Ras Baalbeck ; la vacance présidentielle ; les craintes des Libanais pour l'obtention des visas pour la France. Sur ce dernier point, les interrogations des Libanais sont nombreuses, bien que le Liban soit l'un des pays du monde où le taux de refus de l'octroi de visas (par le biais du consulat de France) est le plus bas, un taux de 1,3 % seulement. La sécurité au Liban des entreprises françaises, des intérêts français et des ressortissants français, dont le nombre dépasse les 23 000 personnes, (parmi lesquels une importante partie de binationaux), fait l'objet de l'intérêt constant de l'ambassade de France, qui collabore dans ce sens avec les autorités compétentes. Les dispositifs de sécurité sont d'ailleurs adaptés en permanence.

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