Pour moi, le Sénat ne gagnera la bataille de l’image que si, sur toutes les travées de cet hémicycle, nous nous engageons dans ce combat. Sachez que tous ceux qui voudront en être seront accueillis avec respect et équité.
Mes pensées se tournent vers nos nouveaux collègues élus pour la première fois le 21 septembre, sur quelque fauteuil qu’ils siègent, femmes et hommes de métropole et d’outre-mer, représentants de cette France d’outre-frontières que constituent les Français de l’étranger. Bienvenue à tous ! Ensemble – et quelle que soit notre appartenance politique – nous ferons tout pour que, sans délai, vous trouviez toute votre place parmi nous et pour que vous puissiez enrichir nos travaux de votre expérience, de vos personnalités et de votre esprit d’innovation.
Permettez-moi, mes chers collègues, devant la tâche à accomplir, de saluer l’œuvre de présidents que j’ai connus depuis 1986, date de mon arrivée dans cet hémicycle : Alain Poher, René Monory et vous-même, cher Christian Poncelet. À trois jours du cinquantième anniversaire de la Constitution de la Ve République, cet hommage se veut l’expression d’une reconnaissance pour l’œuvre qu’ils ont accomplie. Nos présidents successifs ont su, chacun à leur manière, développer la spécificité de notre assemblée, notamment dans trois domaines qui nous tiennent particulièrement à cœur : la vigilance en matière de libertés publiques – c’est toujours une responsabilité particulière des chambres hautes dans les démocraties bicamérales – ; la participation avisée à l’ambition européenne ; l’ouverture du Sénat aux territoires que nous représentons, à la société civile et au monde. Merci, monsieur le président Poncelet, pour ce que vous avez donné au Sénat.
En ces instants d’émotion, – pardonnez-moi ! – comment ne pas penser à mon père et à ma mère, à qui je dois tant et qui me regardent en ce moment par la lucarne de la télévision, à mon épouse, Christine, et à nos trois enfants. Mes pensées vont aussi – et à ces mots se superposent des visages et des voix que j’aime et que j’ai aimés – à ceux qui ne siégeront plus dans cet hémicycle parce qu’ils ne se sont pas représentés, parce que le sort des urnes leur a été défavorable ou parce que la maladie les a emportés.
Vous me permettrez de saluer avec émotion et respect la mémoire du président Michel Dreyfus-Schmidt – avec qui je fus vice-président – et d’André Boyer : ils étaient l’un et l’autre des hommes qui honoraient le Parlement. Permettez-moi, ici, d’avoir une pensée de gratitude et d’affection pour Marc Lauriol, sénateur des Yvelines de 1986 à 1995 : il a été mon maître.
Notre feuille de route commune est dense : sa mise en œuvre est urgente et mon rôle consistera à ce que nous y participions tous – que nous soutenions ou non la politique du Président de la République et du gouvernement de la France.
Il nous faut, plus que jamais, faire de notre institution la « maison » des élus locaux et des collectivités territoriales. Il nous faut à la fois être acteur majeur et source de la recomposition territoriale. Il nous faut être le catalyseur de propositions audacieuses pour sortir notre pays de ses déséquilibres économiques, financiers et sociaux. Il nous faut prendre, en Europe, une part toujours plus déterminante dans l’élaboration des règles communes.
Oui, notre feuille de route est dense !
Il y a la réforme de notre règlement et la mise en œuvre de la Constitution révisée, qui présentent de grandes ouvertures pour le rôle de la majorité et de l’opposition au Parlement : ensemble, il nous faudra savoir les saisir. À ce sujet, je tiens à dire à notre doyen que sa proposition de « comités intergroupes » pour un premier examen des projets de loi se trouve en résonance avec l’état d’esprit qui est le mien. En effet, elle ouvre une perspective intéressante et devrait être discutée.
Il y a l’image de notre Assemblée. Il est devenu un exercice à la mode de la critiquer à partir de caricatures ou d’informations tronquées : cela ne doit plus être et je m’y attacherai.