L'avenir de l'agriculture dépend davantage de la PAC et de l'OMC que de notre législation nationale. Autant la loi de modernisation de l'agriculture touchait à des politiques nationales et donnait des moyens aux agriculteurs, autant l'avenir de l'agriculture dépend pour beaucoup de l'Union européenne, qui ferait bien de commencer par simplifier ses normes.
Le but de l'agriculture, c'est de produire. Or, alors que nous étions le premier producteur en Europe, nous ne sommes plus qu'au deuxième rang, derrière l'Allemagne. Alors que nous étions classés au deuxième mondial, nous sommes ramenés au cinquième rang. Nous perdons et en productivité, et en parts de marché. Reste que notre agriculture contribue positivement, pour 10 milliards, au solde de notre balance commerciale.
Quelle agriculture veut-on pour demain ? Une agriculture productive, ce n'est pas une agriculture qui dédaigne la qualité. En ce domaine, le « bio » n'est pas l'alpha et l'oméga. Il ne représente d'ailleurs plus que 20 % du marché, contre 25 % il y a dix ans. C'est que le pouvoir d'achat des consommateurs a reculé.
Je ne crois pas que les GIEE soient une solution. Il ne suffit pas d'ajouter un E pour environnemental à un organisme pour le légitimer. Le bail environnemental ? Je souhaite qu'il ne soit pas systématique, sauf à admettre que sur des exploitations comptant vingt ou trente propriétaires-bailleurs, il suffira qu'un seul veuille s'en tenir au bio pour qu'il soit interdit aux autres d'irriguer ou de drainer.
J'en viens au volet foncier. Le texte donne beaucoup de pouvoirs aux Safer. J'estime, et je l'ai dit au ministre, que les Safer ne doivent pas devenir l'unique porteur. Il faut essayer d'aider les jeunes par d'autres méthodes, et amplifier le système des groupements fonciers agricoles en autorisant l'injection de capitaux privés.
Les amendements que vous proposez sur ce volet me semblent alourdir encore les contraintes qui s'imposent aux collectivités. Je ne saurais vous suivre.
L'usage de produits phytosanitaires est déjà très encadré, notamment par le carnet d'épandage. Il faudra, de surcroît, que le négociant indique le nombre de tonnes vendues sur un périmètre, afin de recouper les déclarations. La méthode me choque. C'est faire preuve, à l'encontre des agriculteurs, qui font honnêtement leur travail, d'une suspicion qui n'est pas de mise.
Il faut avoir fait pousser du blé ou du colza pour mesurer le problème des intrants. On diminue leur quantité, soit. Mais l'an dernier, malgré le désherbage, et parce que les insecticides n'ont pas été assez efficaces, il a fallu semer à nouveau, en tournesol. Il a donc fallu désherber à nouveau, et ainsi de suite... Résultat, on fait deux fois la même chose, et utilisé deux fois plus d'intrants. On nous adresse, de surcroît, des demandes contradictoires. On veut plus de protéines dans le pain ? Il faut plus de nitrates. Mais en vertu des normes européennes, nous devons en réduire l'usage. Il y a quelque chose qui ne va pas.