Je n'ai pas la même interprétation de ce texte qu'Henri Tandonnet, qui estime que rien n'est fait pour soutenir le revenu agricole. Combien les consommateurs sont-ils prêts à consacrer à leur budget alimentaire : telle est la vraie question. Car le revenu agricole dépend avant tout du prix d'achat des produits. Or, la part de leur budget que les ménages consacrent à l'alimentation n'a fait que baisser depuis cinquante ans. Cette question ne peut être traitée indépendamment de celles de notre modèle agricole et de nos modes de consommation. Les gens dépensent moins en produits alimentaires parce qu'ils dépensent plus ailleurs. Quand il faut payer la facture de quatre téléphones portables dans une famille, on rogne sur d'autres dépenses...
Le texte ouvre des pistes pour une mutation de notre agriculture, qui s'est construite dans les années 1960 sur un modèle productiviste. Quelle était la manière dont on enseignait leur métier aux jeunes agriculteurs ? Les engrais azotés, les engrais qui font pousser : telle était la devise. Et les enseignants ne manquaient pas de distribuer des échantillons dans leurs formations...
Ce texte ouvre à une transition, non pas en multipliant les normes et les sanctions, mais en mettant en place des structures économiques agroécologiques.
Les produits phytosanitaires sont plus dangereux pour les agriculteurs que pour les consommateurs. Les poisons sont lents et variés : on sait limiter l'impact des produits toxiques sur le consommateur en les variant. Mais qui ne se nourrirait, par exemple, que de saumon d'élevage, finirait par avoir des problèmes.