Ces diverses opérations assurent aux détenteurs des capitaux des marges de profit accrues tandis que les conditions d'exploitation des travailleurs des pays concernés sont encore aggravées. Des milliers d'emplois sont ainsi menacés en France et dans le reste de l'Europe.
Le département de l'Isère n'est pas épargnés par la casse de l'emploi : Hewlett-Packard, Atofina, SGL Technic, Alstom, Cegelec, SICN, Schneider Electric, Sachs France, Rhodia, Matussière & Forest, Calor, Federal Mogul, Péchiney-Alcan ont annoncé des restructurations et des délocalisations, laissant des centaines de familles dans le désarroi et l'incertitude.
Et cette liste s'allonge malheureusement chaque jour : l'entreprise Stahl, implantée à Saint-Clair-du-Rhône, vient de s'y ajouter. Au retour de leur congé, le 30 août dernier, les 147 salariés de cette entreprise ont appris la fermeture de leur site. Ils font, avec deux membres du comité d'entreprise, l'objet d'une procédure de licenciement. L'annonce est sèche, d'une extrême brutalité. Elle est l'expression la plus nette du caractère inhumain de la gestion libérale.
Stahl a décidé de vendre son activité de production au groupe Albion, qui possède en Grande-Bretagne une usine de production de colorants pour papier, et de transférer son activité d'achat de colorants pour le cuir en Chine, laissant ainsi sur le carreau les 149 salariés et leurs familles.
Chacun d'entre nous le sait, dans la chimie, pour un emploi supprimé, ce sont trois emplois induits qui disparaissent.
Cette entreprise, pourtant rentable, ne l'est pas suffisamment pour les actionnaires du fonds de pension américain Investcorp, qui détient pratiquement 100 % de l'entreprise, et pour le groupe néerlandais propriétaire du site.
Une réunion a eu lieu à la mi-septembre à Lyon avec M. Borloo, que je salue puisqu'il vient de nous rejoindre. Lors de cette réunion, monsieur le ministre, vous avez promis aux salariés un « plan exemplaire ». Cependant, malgré une rencontre avec le ministre néerlandais, la situation est aujourd'hui bloquée, dans l'attente d'une nouvelle réunion du comité d'entreprise, initialement prévue pour le 2 novembre mais reportée au 5 novembre.
La direction semble toujours hostile à un maintien d'activité sur le site et à la sauvegarde de vingt emplois, malgré les propositions du cabinet d'expert économique. De plus, le plan de sauvegarde de l'emploi est des plus décevants.
Je vous indique à ce sujet que, mardi soir, la désespérance dans laquelle se trouvaient les salariés les a poussés à séquestrer leur directeur isérois. Quant au directeur britannique de ce groupe néerlandais, il a préféré prendre la fuite ! Il devait rencontrer la direction générale aux Pays-Bas vendredi dernier et revenir vers les salariés lundi pour apporter des réponses à leurs interrogations. Mais il a brillé par son absence !
Apprenant qu'il ne reviendrait pas avant la réunion du comité d'entreprise prévue initialement le 2 novembre, et devant cette conduite lâche, les salariés ont interpellé le directeur de leur site. Face à l'absence de réponse de ce dernier, ils ont décidé de le retenir, en attendant la reprise de négociation du plan social.
Après obtention d'une rencontre à la préfecture et d'un rendez-vous dans votre ministère, monsieur le ministre, ils ont finalement décidé de le laisser quitter l'entreprise mercredi dernier, en fin de journée.