Sur le plan de la méthode, nous nous sommes constamment efforcés d’entretenir une relation avec les acteurs, les opérateurs et les groupes intéressés par les questions d’énergie, qui sont souvent au cœur des préoccupations de nos compatriotes.
Nous avons également été soucieux de travailler en étroite symbiose avec la commission du développement durable. Saisie de ce projet de loi au fond, la commission des affaires économiques a fait le choix de déléguer à la commission du développement durable l’examen d’une partie importante des dispositions de ce texte. Nous avons pu vérifier rapidement qu’une très bonne entente s’instaurait. Elle a été telle qu’on a eu du mal à voir la différence entre les apports des uns et des autres, si ce n’est par le mouvement des personnes, qui siégeaient tantôt dans les travées, tantôt au banc des commissions.
En ce qui concerne le fond de nos travaux, je laisse à M. Ladislas Poniatowski le soin de rappeler les dispositions importantes que le Sénat a introduites dans le projet de loi. Je tiens seulement à souligner que les débats sur la question nucléaire ne se seraient pas déroulés de la même façon en d’autres circonstances et en d’autres lieux.
En effet, nous sommes allés au fond des choses et nous avons eu le plaisir de vous entendre, madame la ministre, exprimer des convictions très fortes, qui ont marqué les débats. Ces convictions avaient déjà été exprimées dans d’autres enceintes ; c’était un heureux présage. Reste que les propos que vous avez tenus, madame la ministre, après l’adoption de l’article 1er, étaient très importants et, je le crois, pèseront très lourd dans la suite de nos débats avec l’Assemblée nationale. Bien plus, je pense qu’un climat de confiance s’est installé sur des questions qui nous ont longtemps divisés ; je tiens à vous remercier personnellement pour cela.
Je me réjouis que d’autres sujets auxquels je m’intéresse aient été abordés, notamment en ce qui concerne la recherche et le développement de la science.
Un grand philosophe, né comme moi à Mortagne-au-Perche, Émile-Auguste Chartier, dit Alain, avait l’habitude de faire parler ses élèves – ils étaient d’ailleurs plutôt ses disciples – du lycée Henri-IV, situé tout près d’ici. Un jour, l’un d’eux lui dit : Maître – car on l’appelait ainsi –, savez-vous que, au Laos, les éléphants marchent sur l’eau ? Toute la classe de s’esclaffer. Lui, pourtant, répond : il ne faut pas rire, car c’est peut-être vrai ; il faut aller voir pour vérifier.
Eh bien, je souhaite que cette sage philosophie – pardonnez le pléonasme – gagne les esprits, pour que, lorsqu’un doute s’élève, on aille tout simplement voir ce qu’il en est.
Madame la ministre, mes chers collègues, certains d’entre nous ont commencé à débattre des questions d’énergie, avant même l’examen du présent projet de loi, lors de la conférence sur le climat qui s’est tenue au Pérou au mois de décembre dernier. À Lima, en particulier à la Rosa Nautica, nous avions constaté, madame la ministre, que des rapprochements semblaient possibles sur un certain nombre de questions.
Ces rapprochements se sont produits, tout simplement parce que nous sommes tous convaincus que les problèmes liés au climat et à l’énergie intéressent un grand nombre de nos compatriotes, et même sans doute une majorité d’entre eux. Ils espèrent, pour eux-mêmes, pour leurs enfants et pour leur descendance, que la planète sera sauvée. Il est important que, au-delà des clivages politiques, nous participions à l’élaboration de solutions et à la consolidation de ce qui a déjà été entrepris.
Il ne s’agit pas, en adoptant ce projet de loi, de tourner la page de ce qui a été fait, ni d’ouvrir une page blanche. La transition énergétique n’est pas l’élimination d’un système au profit d’un autre ; c’est l’émergence, dans un mouvement continu, de solutions qui font espérer un avenir radieux – même si, parfois, on rêve un peu trop.
Permettez-moi de conclure en citant Paul Valéry : « Le temps du monde fini commence. » En vérité, un temps a vécu, qui n’est pas complètement passé, tandis qu’un autre naît. C’est dans ce cadre que nous devons agir, armés de fermes résolutions et forts de nos travaux, qui font honneur à notre assemblée à un moment où son rôle est parfois contesté. Par la qualité de leurs débats et par leur forte implication, les sénateurs ont démontré qu’ils ont un rôle à jouer, et qu’ils n’ont absolument rien à envier à aucune autre assemblée !