Madame la ministre, je voudrais d’abord mettre l’accent sur la prise de conscience que constitue ce texte, parce qu’il y a une urgence. Le GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, l’a dit et répété, et aujourd'hui, notamment à travers ce texte, je pense que nous nous en sommes rendu compte : le changement climatique est une réalité.
Pour reprendre une phrase de François Mauriac, il ne sert à rien à l’homme de gagner la lune – ce qui est le cas – s'il vient à perdre la terre – ce qui pourrait être le cas… Voilà pourquoi ce texte s'inscrit dans une prise de conscience partagée par nos concitoyens. Près de trois quarts des Français pensent en effet qu’il faut s'engager dans une transition énergétique.
Le deuxième point que je mettrai en exergue, c'est l’opportunité de réagir. Madame la ministre, chers collègues, cette opportunité est évidente. C'est notre responsabilité à l’égard des générations à venir. On ne peut rester inerte ; d’où l’actualité de ce texte qui s'inscrit globalement dans la démarche d’un Grenelle. Du reste, je considère, avec M. le rapporteur, qui l’a très bien dit, que ce texte est un « Grenelle III » en phase avec ce que pense aujourd'hui la population.
Mais, dans le cadre de notre opposition constructive, ce texte a été modifié sur l’initiative de la commission des affaires économiques et de son rapporteur, soutenu également par la commission du développement durable, sur le problème de l’énergie nucléaire, si important pour le Sénat. Sur ce point, nous pensons avoir tout simplement été guidés par le bon sens, dont j’espère qu’il triomphera bientôt.
S'agissant maintenant de la démarche de la commission du développement durable, elle est d'abord issue de ma fonction de maire. Elle est donc issue de l’expérience d’un élu local confronté aux réalités du terrain – donc à l’opposé des beaux discours théoriques ou idéologiques – et qui recherche en réalité des résultats.
Notre vision était ambitieuse, mais elle a aussi été guidée par le souci de pragmatisme, d’équilibre et de réalisme. Ce faisant, nous avons été spécialement attentifs à trois points.
D’abord, la compétitivité de notre économie, qui est absolument nécessaire pour réussir la transition énergétique. Nos entreprises doivent être aidées, soutenues, stimulées pour en faire des leaders, ce que certaines sont déjà dans le domaine de la transition énergétique. Cependant, notre commission conçoit un regret que j’ai déjà exprimé dans les débats, mais j’y insiste, car c'est peut-être l’un des outils les plus efficaces, comme on le voit par exemple en Suède : il aurait été bon d’imaginer une fiscalité du carbone – à enveloppe constante, naturellement.