L'Opecst a ses propres limites. Il ne lui appartient pas de prendre une position définitive dans ce dossier.
Il est peu probable que des avancées puissent intervenir au seul niveau français. Le développement d'un nouveau vaccin représente plusieurs milliards d'euros. Il en va certainement de même pour celui d'un nouvel adjuvant. Ce n'est pas au niveau des capacités d'un seul pays.
A propos de l'indépendance de la recherche, je voudrais souligner que les conflits d'intérêts ne sont pas le propre de la seule industrie pharmaceutique. Certains chercheurs publics ont aussi des liens d'intérêts : fortement impliqués dans un domaine et sur une pathologie, ils peuvent avoir à coeur, sans pour autant y trouver un intérêt financier, à promouvoir telle ou telle maladie.
En science, une vérité n'est établie que lorsqu'elle est corroborée par un autre laboratoire. Ces questions appellent un effort international de recherche, une action à développer au niveau européen.
Pour ce qui concerne les mesures immédiates à prendre, il n'est pas imaginable de préconiser un moratoire sur la vaccination des enfants. Pour les adultes, il faut considérer la perte de chance ou la non-assistance à personne en danger que cela pourrait représenter. Nous devons convaincre mais aussi faire en sorte que les vaccins de demain soient plus efficaces et plus sûrs. Sur la tuberculose, par exemple, peu de progrès ont été faits par rapport aux premiers vaccins alors que nous aurions les moyens de développer des vaccins plus appropriés. En nous appuyant sur des recherches en vaccinologie mais aussi en immunologie, en épidémiologie, des progrès substantiels sont indubitables pour des vaccins plus efficaces et moins risqués.
Les effets secondaires peuvent effectivement être liés à l'administration du vaccin à une période de la vie. Dans certains cas, il n'y a aucune relation de cause à effet. Les études sur le vaccin contre l'hépatite C, un temps soupçonné de provoquer de graves effets secondaires, ont permis d'établir une proportion égale de la population concernées par l'apparition de maladies dans les différents groupes témoins. Dans le doute, il faut accepter humblement que ces questions sont lourdes et que leur apporter une réponse prend du temps. Les moratoires sont à réserver à des cas extrêmes.
Il n'y a parfois aucune rationalité dans le rapport à la vaccination. Les personnels soignants qui disposent d'une grande facilité d'accès à la vaccination, ne se font pas plus vacciner. De la même manière, il n'est pas nécessaire d'être âgé pour tirer un bénéfice de la vaccination contre la grippe : les jeunes ne sont pas moins malades.
Si la rationalité était à l'oeuvre, nous n'aurions pas le même rapport au tabac, responsable, chaque année, de la mort de 93 000 Français et de 500 000 Américains. Deux fumeurs sur trois meurent à cause du tabac mais il reste plus de fumeurs en France que dans d'autres pays.