Je voudrais tout d'abord remercier les intervenants d'avoir accepté notre invitation à débattre aujourd'hui sur ce sujet important de l'aménagement du territoire. Je souhaite que notre commission se saisisse pleinement de cette question structurante pour l'avenir de notre pays. Cette table-ronde marque le début des travaux que nous allons mener tout au long de l'année, avec des déplacements thématiques sur le terrain, un débat en séance publique et vraisemblablement une proposition de loi au début de l'année prochaine.
L'aménagement du territoire devrait être une politique publique prioritaire. Or il s'agit du « parent pauvre » de l'action publique depuis de trop nombreuses années. L'époque où le ministre de l'aménagement du territoire était qualifié de « Premier ministre bis » est révolue. D'ailleurs la dernière vraie loi d'aménagement du territoire date d'il y a vingt ans, la loi du 4 février 1995 - le Président Larcher en était le rapporteur.
En revanche, on multiplie les textes qui ont un impact parfois majeur sur l'aménagement du territoire, sans toutefois en proposer une vision d'ensemble, à travers, par exemple, la dernière loi agricole, la loi ALUR et une grande partie de nos lois de finances.
Les problèmes sont bien connus : disparition des services publics et privés, désertification médicale, éloignement scolaire, fracture numérique, etc. Tout cela crée un sentiment d'abandon qui explique en partie certains résultats électoraux récents, moins récents, et sans doute futurs. Il n'est plus l'heure de la concertation, de la consultation, des rapports, des assises, des colloques. Le diagnostic est connu et nous devons désormais agir.
Pour cela, nous devons nous entendre sur ce qu'est l'aménagement du territoire aujourd'hui. Cette notion est-elle la même qu'il y a vingt ou trente ans ? Peut-on continuer à opposer ruralité et métropoles, urbain et périurbain ? Les zones rurales ont-elles encore un avenir ou doit-on accepter avec fatalité le décrochage de certains territoires ?
C'est pour tenter de répondre à ces questions, actualiser et moderniser notre réflexion, dégager des pistes d'action, que nous avons souhaité vous entendre et échanger avec vous aujourd'hui. Chacun dans votre spécialité, vous contribuez à nourrir ce débat.
Par son parcours à l'institut BVA, à la SOFRES, à CSA, et désormais à CAP, enseignant à HEC et Sciences Po, Stéphane Rozès, est l'un des mieux placés pour prendre le pouls de notre pays, mesurer et comprendre ses attentes.
Gérard-François Dumont est un spécialiste de géo-démographie et de géopolitique des populations. Lors de notre entrevue récente, vous avez souligné l'impact de l'organisation institutionnelle sur les territoires ; c'est un sujet dont on aura l'occasion de reparler tout à l'heure.
Monsieur Daniel Béhar, vous avez beaucoup travaillé sur les politiques publiques de la ville, de l'habitat et du développement territorial. Vous pourrez sans doute nous éclairer sur les modalités de gouvernance et les instruments d'action publique les plus efficaces pour servir un projet ambitieux d'aménagement du territoire.
Madame Valérie Mancret-Taylor, par votre métier d'architecte urbaniste, votre carrière à l'agence nationale de l'habitat pour Paris, à la direction générale de l'équipement d'Île-de-France, à la direction de la planification de l'aménagement et des stratégies métropolitaines de la région Île-de-France, et désormais en tant que directrice de l'institut d'aménagement et d'urbanisme d'Île-de-France, vous êtes une praticienne hors pair de l'aménagement du territoire au quotidien, de surcroît dans l'une des aires urbaines les plus complexes d'Europe.