Intervention de Stéphane Rozès

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 25 mars 2015 à 9h15
Nouveaux défis de l'aménagement du territoire — Table ronde

Stéphane Rozès, président de Cap, enseignant à Sciences Po et HEC :

Beaucoup de choses ont été dites, et je vais dans le sens des interventions de plusieurs sénateurs, qui s'interrogent sur le « comment » et la question du sens.

Nous n'en avons pas parlé jusque-là, mais beaucoup de projets d'infrastructures suscitent aujourd'hui des oppositions. Or, les infrastructures sont au service d'un avenir partagé. S'il n'y a pas cette projection dans un avenir partagé, l'infrastructure perd son sens et l'opposition se développe. Ces projets sont souvent portés par les élus locaux, mais manquent de portage par l'État.

Je pense qu'un territoire ce n'est pas essentiellement un sol, mais d'abord les liens entre individus situés sur ce sol. En France, l'architecte prime sur l'urbaniste, pour des raisons anthropologiques profondes. L'architecte c'est la verticalité, avec un État qui impose par le haut, tandis que l'urbaniste c'est l'horizontalité de la réalité qui se fait par le bas. L'horizontalité d'un territoire est difficile à encastrer avec celle des autres territoires. Pour rassembler les différences, consubstantielles aux territoires, il faut de la verticalité. L'articulation entre verticalité et horizontalité est donc essentielle.

Pour les bassins de vie, la pensée est très différente entre l'est et l'ouest de la France. Cela dépend de l'esprit des lieux. Dans la France de l'est, on attend que le haut fixe un cadre, que l'on va ensuite occuper. Dans la France de l'ouest, comme à Nantes, c'est d'abord l'usage local qui guide l'espace.

Historiquement, nous sommes aujourd'hui dans une réflexion sur le passage de l'aménagement du territoire à l'aménagement des territoires. Les territoires sont confrontés à des enjeux essentiels : la redéfinition du service public, le numérique, la péréquation des services publics et des réseaux de distributions comme l'électricité qui fondent l'égalité des conditions des territoires. Ces questions engendrent des sentiments d'injustice et de dégradation dans les territoires mal équipés.

Il faut travailler sur les principes généraux qui guident ensuite le mouvement. Une vision commune est nécessaire en France, pour encastrer la diversité et la dispute. Les personnes au sommet de l'État doivent se réapproprier la question de la nation et des territoires.

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