Il s’agit d’un débat extrêmement complexe, dans lequel tout le monde a raison, si l’on écoute attentivement les différents orateurs. Un certain nombre d’éléments ont convergé pour que nous soyons confrontés à cette situation très difficile.
La durée, tout le monde l’a avancée. C’est vrai, en tant d’années, la société évolue, et l’amendement qu’a déposé notre collègue Gilbert Barbier est tout à fait légitime quant à l’adaptation de ce texte à l’évolution de la société et, comme il l’a souligné, il est fort probable que les précédents intervenants, en particulier Mme Delaunay, l’auraient totalement approuvée.
Bien sûr, comme nous l’a expliqué M. le ministre, il y a aussi l’urgence ; on va bloquer, on le craint, encore pour quelques semaines ce texte si on vote cet amendement. Donc, il est vrai que c’est un dilemme.
Cependant, sur le fond, je retiendrai simplement un problème de procédure et d’éthique. Comme cela a été souligné, ce matin en commission des affaires sociales, la commission a voté majoritairement l’amendement. Le groupe UMP l’a voté, et je ne vois vraiment pas comment un analyste extérieur comprendrait qu’entre ce matin dix heures quinze et cet après-midi dix-sept heures quarante-cinq les mêmes sénateurs ont complètement changé leur vote.
Pour ma part, je voterai cet amendement de Gilbert Barbier, s’il le maintient. Monsieur le ministre, il vous appartient de faire preuve de volonté politique, car il est un peu facile d’invoquer des pensées sous-jacentes de telle ou telle pression. J’avoue que c’est la première fois depuis quelques jours que j’entends parler de cette éventuelle pression. Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas ces considérations qui nous ont guidés, mais tout simplement l’équité, le pragmatisme, le souci d’adapter le texte à l’évolution de la société. Je me permets donc d’affirmer solennellement que le patronat, CGPME ou MEDEF, n’a exercé aucune pression extérieure.
Les sénateurs UMP qui n’ont pas voté ce matin en commission l’amendement de Gilbert Barbier peuvent, puisque nous n’avons pas pris de position de groupe, prendre leur décision en leur âme et conscience. En revanche, pour ce qui concerne les sénatrices et sénateurs UMP membres de la commission des affaires sociales, il me semble difficile qu’ils opèrent une telle volte-face en si peu de temps.
Je voterai donc cet amendement, en m’adressant à vous, monsieur le ministre : avec une volonté politique, je pense que dans un délai extrêmement réduit sur un détail technique comme celui-là, on peut faire avancer les choses et faire passer le texte en deuxième lecture à l’Assemblée nationale.