Dans ce contexte, monsieur le ministre, vous trouverez le Parlement à vos côtés pour boucler le budget de 31, 4 milliards d’euros au titre de l’année 2015 prévu par la loi de programmation militaire. Nous serons également à vos côtés pour défendre les grandes orientations qui ont été prises.
Le discours du Président de la République pour conforter la dissuasion nucléaire va dans la bonne direction. Ce point fait l’objet d’un consensus national, par-delà les courants politiques, car il y va de la défense de la France. De même, la priorité confirmée aux forces spéciales est un élément très important auquel nous sommes profondément attachés.
Enfin, la loi sur le renseignement est un sujet très difficile, mais qui s’impose à nous. Il est essentiel de trouver où placer le curseur entre sécurité et liberté. Il s’agit d’une question évidemment très complexe à trancher. Néanmoins, dans la mesure où ce texte prévoit, d’un côté, de donner plus d’efficacité à nos services et, de l’autre, d’accorder au citoyen des voies de recours pour faire appel quand il s’estime atteint dans ses libertés, il parvient à un équilibre acceptable pour la sécurité du pays.
Nous connaissons la situation de la France : des centaines de djihadistes côtoient plus de deux millions de jeunes désœuvrés, sans qualification et, bien souvent, sans capacité d’intégration. Ces derniers peuvent, au gré des circonstances et des événements, se connecter à des populations plus agitées. Ainsi, dans la mesure où l’on peut considérer que notre pays fait face à un risque majeur, le renseignement est l’une des forces importantes de notre stabilité.
Il est important que nous puissions améliorer, conformément au rôle du Parlement, le texte qui sera proposé. Nous devons donner à nos services les sécurités juridiques dont ils ont besoin et aux citoyens les protections qu’ils peuvent attendre.
Concernant l’article 50 A du projet de loi Macron, que nous examinerons la semaine prochaine, nous sommes prêts, M. de Legge l’a dit, à soutenir les orientations qui sont les vôtres, monsieur le ministre, et les réponses que vous apporterez, car nous ne voulons pas que le Parlement bloque une solution qui permettrait de financer la loi de programmation militaire. Nous avons besoin, comme le Premier ministre l’a écrit lui-même, d’avoir une discussion avec vous. Nous comptons sur vous pour tenir vos engagements, car nous ne doutons pas de leur sincérité. Ceux qui nous inspirent des doutes sont ceux de certains de vos partenaires installés de l’autre côté de la Seine...
Enfin, je partage ce qui a été dit tout à l’heure par MM. Daniel Reiner et Jacques Gautier, qui nous ont en quelque sorte présenté un discours recto verso. Je veux seulement souligner qu’il nous faudra trouver des solutions moins aléatoires pour le financement de notre défense nationale.
À l’évidence, la sécurité du pays est un élément fort de notre cohésion nationale. Face à la fragilité d’un État comme le nôtre, pour ce qui concerne non seulement la sécurité des personnes, mais aussi celle des entreprises, du développement économique et des grandes infrastructures, la politique de défense est en train de devenir une politique centrale : d’une part, elle apporte la sécurité à nos concitoyens ; d’autre part, elle touche à tous les enjeux nationaux.
Voyez les secteurs industriels dans lesquels la France connaît aujourd'hui des avancées technologiques et jouit d’un grand respect international : vous y trouverez souvent nos industries de défense ! Ces dernières sont au cœur des intérêts du pays, parce qu’elles créent de l’emploi et de la valeur, en même temps qu’elles défendent la liberté des personnes. Dès lors, pourquoi ne pas mêler nos intérêts économiques à ce qui constitue une valeur importante de notre société ?
J’en suis persuadé, quand les Français demandent et même rêvent d’un retour au service national, ils ne pensent pas forcément à la situation passée, qui serait inadaptée aux circonstances présentes. Ils sentent simplement que notre société actuelle manque parfois d’autorité. Or il nous faut de l’autorité ! À certains moments, notamment dans l’adversité, il faut savoir cesser les discours et être capable d’agir avec autorité. Telle est l’image de notre défense et de la fonction régalienne.
C’est la raison pour laquelle, au-delà de l’évocation de son budget, la défense représente une articulation essentielle, une colonne vertébrale de notre corps social, et il convient de la soutenir.
Vous le constatez, monsieur le ministre, nous parlons de ces sujets avec passion. C’est parce que nous savons que, pour que la France soit forte, il faut que ceux qui ont la responsabilité de la défense puissent dire aux Français : n’ayez pas peur !