Vos interrogations très riches sont le reflet de la complexité du sujet. Les avis du CESE émanent de la recherche d'un consensus, dans le respect de toutes les sensibilités.
Vous avez soulevé la question de la proximité et de l'équilibre à trouver entre respect de la biodiversité et développement économique des territoires. Je suis moi-même issu d'un milieu industriel et cet aspect est donc pour nous important. Les acteurs sont essentiels de ce point de vue, comme nous l'avons indiqué dans notre rapport. Toutes les entreprises ne prennent pas en compte la biodiversité, loin de là, mais un certain nombre d'entre elles le font déjà. Nous avons proposé, avec le bilan biodiversité, d'aller un peu plus loin : les entreprises doivent regarder et appréhender cette question, ce qui implique que les salariés s'y intéressent aussi ; c'est d'ailleurs directement lié à la question de la formation des adultes, qui pourrait se faire dans le cadre professionnel.
Je pense en effet qu'au-delà des grandes campagnes de communication, qui sont nécessaires mais souvent insuffisantes, le coeur de l'action se situe du côté de l'entreprise, et des grandes écoles pour ce qui concerne la formation initiale.
Sur l'aspect proximité, nous partageons votre point de vue : je pense que nous l'avons exprimé à la fois dans notre avis et dans notre présentation. En ce qui concerne les PLU, le niveau intercommunal semble plus approprié pour résoudre ce type de problématique. Dans le même esprit, la région doit être le chef de file : elle n'a pas vocation à tout faire ni à tout organiser, mais doit s'assurer que les différents échelons - département, intercommunalité - agissent de concert. Il vaut mieux éviter que des actions redondantes se multiplient !
Quelques mots aussi sur le partage des ressources génétiques. Les principes sont issus de la convention de Rio de 1992, qui s'était déclinée à l'époque en trois textes : l'un sur la biodiversité, l'autre sur le changement climatique et le dernier sur la lutte contre la désertification.
Si les négociations n'ont pas avancé sur la biodiversité pendant plus de vingt ans, avant d'aboutir finalement à Nagoya, c'est essentiellement à cause des questions d'accès aux ressources génétiques et de partage des bénéfices. Ce point nous semble très important. En effet, la France a la particularité d'avoir des territoires d'outre-mer très riches en biodiversité. Il est possible de retenir un dispositif avec deux volets, l'un déclaratif, l'autre reconnaissant les secteurs publics qui sont déjà parties prenantes dans ce domaine. La version actuelle du projet de loi convient parfaitement au CESE sur ce point.