Intervention de Allain Bougrain Dubourg

Commission du développement durable, des infrastructures, de l'équipement et de l'aménagement du territoire — Réunion du 8 avril 2015 à 9h45
Audition de Mme Anne-Marie duCroux présidente de la section de l'environnement du conseil économique social et environnemental et de Mm. Allain Bougrain dubourg et marc blanc rapporteurs de l'avis « agir pour la biodiversité »

Allain Bougrain Dubourg, rapporteur de l'avis du CESE « Agir pour la biodiversité » :

Nous regrettons que l'ONCFS ne siège pas au sein de l'AFB. Il n'est pas dans l'intérêt d'une chasse du futur, d'une chasse responsable, de ne pas être partenaire de cette structure. Cette situation isole les chasseurs et ce n'est pas une bonne chose. Les associations ont été étonnées que le président de la République déclare que l'ONCFS ne rentrerait pas dans l'agence, avant même que le rapport des préfigurateurs ne soit remis. À quoi sert le travail des préfigurateurs ?

Monsieur Pointereau, vous souhaitiez en savoir davantage sur la notion de déclin. Malheureusement, nous en avons constamment l'illustration. L'indicateur le plus significatif est sans doute le programme de suivi temporel des oiseaux communs (STOC), conduit par le Muséum national d'histoire naturelle depuis un peu plus de 25 ans. Le CESE travaille avec France stratégies pour déterminer des indicateurs pertinents : nous avons préconisé d'intégrer la qualité de l'air, l'empreinte carbone, la biodiversité, le programme STOC et l'artificialisation des sols. Tout cela pour dire, en résumant, qu'à l'heure où nous parlons, les disparitions concernent une espèce de batraciens sur trois, une espèce de mammifère sur quatre et une espèce d'oiseau sur huit.

Pour autant, nous ne voulons pas revenir à 1853, la biodiversité évolue. Elle est vivante. Je fais partie de ceux qui estiment que lorsque de nouvelles espèces apparaissent, elles ne sont pas à rejeter par principe. Il est vraiment primaire de rejeter une espèce sous prétexte qu'elle n'existait pas avant 1900, alors qu'il peut y avoir des complémentarités et que, de toute façon, on n'y échappera pas. En revanche, nous avons la responsabilité de lutter contre des espèces invasives qui posent de sérieux problèmes actuellement.

En clair, nous voulons Nagoya : stopper la perte de la biodiversité. C'était l'engagement des 190 parties. Le même message a été réitéré à Hyderabad en 2012, car on n'arrive pas à endiguer le déclin. Nous ne souhaitons pas retrouver une France féodale en termes de biodiversité, mais arrêter le déclin. On parle beaucoup des abeilles par exemple : il faut savoir que 30 % de la production agro-alimentaire est fourni par les pollinisateurs. On peut donc facilement apprécier l'impact économique de ce déclin.

Je partage votre avis sur le fait que l'agence assume plutôt des missions de conseil que de police. Elle sera une sorte d' « Ademe pour la biodiversité », qui doit non seulement donner des conseils mais les favoriser par des budgets affectés aux démarches méritoires.

Monsieur Filleul, je partage votre avis sur la nécessité d'établir des liens entre des organismes multiples, et je pense que l'agence va y contribuer énormément. Sans aller jusqu'au guichet unique, elle donnera une véritable lisibilité à l'articulation d'ensemble.

Monsieur Dantec, je n'ai rien à ajouter à vos remarques. Nous partageons les mêmes points de vue.

Madame Herviaux, je rebondis sur votre remarque sur les adhérents à la SNB et les initiatives des agriculteurs : je suis partisan d'un dialogue constructif le plus large possible avec l'ensemble des parties intéressées et concernées. On a lancé une opération avec les agriculteurs sur le thème de la biodiversité dans une trentaine de départements, sur une centaine d'exploitations agricoles, pour faire un état des lieux, des recommandations et un bilan à cinq ans. Mais cela n'a pas eu l'écho espéré, en dépit des efforts déployés sur le terrain. Les exemples de bonne volonté doivent être valorisés ! Si nous travaillons sans problème avec des chasseurs sur certains programmes, cela ne m'empêche pas de m'insurger contre le braconnage de l'ortolan dans les Landes. Si ces groupes de personnes formidables pouvaient adhérer, cela nous donnerait la lisibilité qui nous manque.

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