Votre analyse de la genèse de l'État islamique est juste, mais il ne faut pas ignorer le rôle qu'ont pu jouer le Qatar et l'Arabie saoudite dans son financement. Il n'est par ailleurs pas concevable que les services de renseignement américains n'aient pu prévois que 200 000 kilomètres carrés allaient être occupés par cette force.
Il ne faut pas non plus ignorer un aspect politique de l'État islamique, qui réside dans le fait que beaucoup d'officiers baasistes encadrent aujourd'hui l'État islamique. Les tribus irakiennes ont également joué un rôle important.
Personne ici ne sait qu'il y a eu des escarmouches et des morts entre le PDK et l'UPK. Le gouverneur de Mossoul se trouve aujourd'hui à Erbil. C'est un Orient un peu compliqué que celui-là !
Il faut également évoquer la volonté américaine de supprimer tous les gouvernements exprimant le nationalisme arabe, qui ont partout disparu. C'est un point majeur.
Je rejoindrai enfin Mme Durrieu pour dire qu'on ne peut oublier l'aspect militaire des choses. On déplore quand même un certain nombre de morts ! On compte bien entendu des Peshmergas parmi ceux qui ont combattu, mais aussi des membres du PKK, et de son excroissance, le PID de Syrie, ainsi que des Iraniens. Même si l'on fait une analyse sociologique, on ne peut ignorer les horreurs commises par Daech, qu'il faut éradiquer.
Selon vous, l'Iran peut-il jouer un rôle majeur dans l'éradication de l'État islamique, si vous préférez employer ce terme, puisqu'il faut forcément des troupes au sol pour l'éliminer en Syrie et en Irak ?