Le secteur laitier est dans une situation exceptionnelle, car aucune région productrice n'a connu de phénomène climatique pénalisant en 2014, ce qui est rarissime. Nous nous sommes fait piéger par les Chinois : les facteurs de hausse des prix se sont cumulés, on a amorcé la construction de tours de séchage ; mais une fois propriétaires, les Chinois n'ont pas intérêt à ce que le prix du lait soit trop élevé. Nous sommes victimes de cette implantation industrielle extérieure.
Les négociations commerciales nous inquiètent pour plusieurs secteurs. Lorsque nous avons auditionné l'Autorité de la concurrence, je suis resté sur ma faim. Dans d'autres pays, des entreprises sont propriétaires de toute une filière.
La disparition des quotas laitiers se fait sentir. Où en est le filet de sécurité européen ?
Le cycle du porc, dont le prix fait généralement le yo-yo, a disparu ; c'est un vrai sujet de préoccupation. Sur la viande bovine, je ne crois pas qu'il faille opposer secteur laitier et élevage pour la viande. La France a toujours eu une tradition de viande d'origine laitière. Il est certain que nous devons être plus offensifs à l'export. En tant que paysan, c'est la première fois que je vois une telle inquiétude vis-à-vis des dossiers de la PAC. Le télescopage de 2015 va être terrible : nous sommes revenus à l'âge du crayon, les schémas informatiques n'étant plus compatibles avec la nouvelle cartographie. Les contrôles devront viser la pédagogie au lieu de multiplier les sanctions.
La loi biodiversité va hérisser les agriculteurs, qui craignent de perdre en compétitivité. Concernant les prairies permanentes, redevenons paysans, laissons les agriculteurs faire leur métier au lieu de mettre en place des règles administratives trop lourdes.