Intervention de Eric Trappier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 24 juin 2015 à 9h00
Programmation militaire pour les années 2015 à 2019 et diverses dispositions concernant la défense — Audition de M. Eric Trappier président-directeur général du groupe dassault aviation

Eric Trappier, président et directeur général de Dassault Aviation :

A l'inverse des Européens, les Américains ont compris que la puissance est issue non seulement du militaire, mais également de l'économie et de l'industrie. Cette puissance s'exerce, dans l'industrie, sous la forme de l'innovation, qui reste le moteur de l'économie, même en temps de crise. Les dépenses militaires aux États-Unis sont considérées comme bénéfiques par les autorités car elles vont irriguer l'industrie et donc l'économie ; cette vision n'est malheureusement pas partagée ici.

Nombre de pays achètent « sur étagère » aux États-Unis avec le sentiment de payer moins cher ; or, si l'on prend l'exemple des Pays-Bas, on constate que, pour des capacités opérationnelles et techniques égales, ils n'ont obtenu que 37 F35 pour le prix de 83 Rafale, tant la dérive du programme a été grande. Par conséquent, dire que le Rafale est cher est un mensonge. Bien sûr, le Rafale qui est un avion de combat reste par définition coûteux, mais il faut garder en mémoire qu'il a permis grâce à sa polyvalence de rationaliser les flottes en passant de plus de 600 avions de combats à 225.

Que faudrait-il faire pour modifier la vision des Européens ? Soyons pragmatiques : l'Europe d'aujourd'hui est une Europe de marché. Les lois de ce marché ouvert s'appliquent aux Européens seuls, alors que l'accès au marché américain leur est fermé. Une « préférence européenne » ne semble pas possible en raison de l'opposition d'un grand nombre de pays européens. La solution, ce sont les accords bilatéraux, comme ceux de de Lancaster House avec les Britanniques. Il convient donc de stimuler l'Europe. Nous devons aussi renforcer notre coopération avec l'Allemagne, qui reste le pays central en Europe et qui aura besoin de notre soutien dans le renouvellement de ses capacités opérationnelles.

Enfin, en ce qui concerne la Chine, nous sommes toujours sous embargo international de l'Union Européenne, d'une part, et des États-Unis, d'autre part. Ce rappel me permet de souligner que le seul endroit au monde où les budgets de défense sont en baisse, c'est l'Europe ; ils augmentent partout ailleurs, et particulièrement en Inde, Russie et Chine, et se stabilisent à 4 % du PIB aux États-Unis.

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