Intervention de Ronan Dantec

Réunion du 10 juillet 2015 à 9h30
Transition énergétique — Article 18 bis

Photo de Ronan DantecRonan Dantec :

Il faut saluer le volontarisme de Mme la ministre sur ce dossier.

En tant que rapporteur de la loi Labbé, j’avais dû consentir à de nombreux compromis, ce qui a permis à ce texte d’être voté par le Sénat à une majorité de deux voix.

Notre collègue Joël Labbé avait, dans un premier temps, proposé un calendrier d’interdiction beaucoup plus proche de celui que nous présente aujourd’hui Mme la ministre que de celui qui a finalement été retenu, à savoir 2020 et 2022. Je me félicite qu’on en revienne à des dates plus précoces ; et même si Hervé Maurey a raison de souligner qu’on a essayé de chercher un consensus, il me paraît à ce stade difficile, sur le plan politique, de ne pas soutenir le volontarisme de Mme la ministre.

Je veux ajouter deux choses.

D’une part, les collectivités sont capables de se conformer à cette interdiction. La ville de Nantes, très grande collectivité connue pour la qualité de ses espaces verts et dont j’ai été l’adjoint à l’environnement, est passée au « zéro phyto » dès 2006-2007. Pour autant, je ne dis pas que nous n’avons pas rencontré quelques soucis. Ainsi, au cours du premier été chaud et humide qui a suivi l’abandon des produits phytosanitaires, nombre de plantes ont poussé sur les trottoirs, ce que les gens n’avaient encore jamais vu. C’est pourquoi il a fallu faire preuve d’un peu de pédagogie.

Comme l’a dit Évelyne Didier, ce qui est en jeu, c’est notre rapport à l’espace public : qu’est-ce qui est propre ? Qu’est-ce qui est sale ? Qu’est-ce qui est délaissé ?

Je puis vous dire que, à Nantes, certains voient désormais les espaces minéraux vierges comme des espaces sales et pollués parce qu’ils savent très bien que l’absence de toute plante est due à l’utilisation de produits phytosanitaires. Leur regard a donc changé. Mais il faut continuer à faire preuve de pédagogie et à expliquer.

D’autre part, c’est encore plus vrai pour les cimetières. Partout dans le monde, les cimetières sont des espaces où la nature est préservée ; il n’y a qu’en France qu’ils ont été totalement minéralisés sous prétexte que laisser pousser la moindre herbe folle reviendrait à délaisser nos morts. C’est donc purement culturel.

Là encore, il faut de la pédagogie. Fondamentalement, il importe de concevoir différemment nos cimetières. À Nantes, nous avions tenté le slogan suivant : « Tant qu’à manger des pissenlits par la racine, au moins qu’ils soient bios ! » §Mais certains étaient restés froids devant cet argumentaire.

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