président du groupe de liaison, de réflexion, de vigilance et de solidarité avec les chrétiens d'Orient du Sénat.- Mon cher collègue, permettez-moi tout d'abord de vous remercier d'avoir accepté le principe d'une réunion commune, ce qui permet à M. le ministre, dont l'agenda est extrêmement chargé, d'économiser son temps.
Le groupe de liaison est désormais constitué et nous avons ajouté le terme « minorités » à son intitulé. Je crois qu'il s'agit du groupe qui rencontre le plus fort succès, puisque près de cent quarante de nos collègues, appartenant à tous les groupes politiques, ont souhaité y adhérer, ce qui témoigne de la force de l'engagement de l'ensemble des sensibilités de notre Haute Assemblée. Je me réjouis de ce constat, car il prouve que notre mobilisation est à la hauteur de l'enjeu.
Monsieur le ministre, cher Laurent Fabius, mes collègues et moi-même sommes heureux de vous recevoir aujourd'hui, alors que l'actualité internationale et nationale est brûlante : sur le plan international, le Président de la République a annoncé de prochaines frappes en Syrie et vous nous parlerez certainement de cette inflexion de notre stratégie ; sur le plan national, l'arrivée des réfugiés suscite des élans de générosité, mais il faut évidemment traiter les causes dans les pays de départ.
Hier, en compagnie de notre collègue Bariza Khiari, j'ai assisté à la conférence internationale que vous avez organisée, initiative excellente dont je vous remercie. Cette réunion a pris en compte trois dimensions, humanitaire, politique et juridique.
Sur le plan humanitaire, premièrement, j'ai été frappé par un certain nombre de témoignages émanant de chefs de délégation ou de patriarches, mais aussi par celui de Jinan, jeune yézidie qui a décrit la situation d'esclavage que lui avait fait subir Daesh. Bien sûr, il faut traiter les réfugiés avec la plus grande humanité, et telle est l'urgence, mais il faut surtout créer les conditions pour éviter que ces populations ne soient déracinées et que ce berceau de la civilisation ne soit vidé de ses minorités, quelles qu'elles soient.
Deuxièmement, ce problème ne sera pas résolu en l'absence de solution politique, notamment en Irak. Seule une réconciliation nationale permettra de construire l'Irak de demain.
Troisièmement, et c'est la dimension juridique, une partie des blocages tient au fait que tous les pays n'ont pas ratifié le statut de Rome qui permet de saisir la Cour pénale internationale. Certes, le recours au Conseil de sécurité de l'ONU peut constituer une autre voie. Cependant, si la Cour pénale internationale, qui a été créée précisément à cette fin, ne peut pas connaître de tels crimes, de quoi aura-t-elle à connaître ? Quoi qu'il en soit, le recours à la voie juridique pour que ces actes ne restent pas impunis me paraît extrêmement important.
Tels sont les trois thèmes qui ont fait l'objet de travaux à cette occasion. Nous avons été heureux d'apprendre que le gouvernement espagnol proposait d'accueillir l'an prochain cette conférence, coprésidée cette année par la France et la Jordanie : le suivi des annonces faites hier et des opérations engagées pourra ainsi être assuré.
Monsieur le ministre, sans plus tarder, je vous laisse la parole.