Intervention de Gérard Larcher

Réunion du 14 septembre 2015 à 16h00
Hommage à hubert haenel ancien sénateur

Photo de Gérard LarcherGérard Larcher, président :

J’ai tenu à lui rendre hommage, en présence de nombre de nos collègues et anciens collègues, aux côtés de Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, et de Philippe Richert, président du conseil régional d’Alsace, lors de ses obsèques, qui ont été célébrées le 14 août dernier dans ce village de Lapoutroie qui lui était si cher et dont il fut le maire de 1977 à 2001.

Je souhaitais que cette cérémonie au milieu des siens, qui s’est déroulée tout près de la forêt qu’il aimait arpenter, trouve aujourd’hui un écho dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg, où Hubert Haenel représenta le département du Haut-Rhin durant vingt-quatre années, de 1986 à 2010.

Le Sénat de la République a en effet perdu l’une de ses figures les plus marquantes de ces dernières décennies.

La France elle-même a perdu l’un de ses grands juristes, membre du Conseil constitutionnel, un élu local et national d’exception et, plus encore, un homme de cœur et de convictions, aux passions multiples.

Hubert Haenel a accompli un parcours hors du commun. Sa vie, ou plutôt ses vies furent exceptionnellement riches.

Durant le quart de siècle qu’il passa au Sénat, la qualité humaine et la personnalité attachante de notre ami ont marqué tous ceux, encore nombreux dans cet hémicycle, qui l’ont côtoyé. La simplicité de son abord et la chaleur qu’il mettait dans les rapports humains accompagnaient une intelligence hors norme. Il avait ainsi créé, avec chacun de nous, des relations de travail et de confiance, toujours marquées par l’amitié.

Hubert Haenel avait une inébranlable ambition pour notre institution. Il saisit – je puis en témoigner – toutes les occasions qui se présentèrent pour renforcer le rôle et l’influence du Sénat. Il souhaitait en particulier donner aux parlements nationaux toute la place qui doit leur revenir dans la construction européenne. En tant que président de la délégation pour l’Union européenne, puis de la commission des affaires européennes, fonctions qu’il occupa avec enthousiasme de 1999 à 2010, le gaulliste Hubert Haenel défendit inlassablement ses convictions européennes et affirma sa certitude selon laquelle l’avenir de l’Europe passait, notamment, par une meilleure association des parlementaires nationaux aux évolutions communautaires.

Grâce à lui, le Sénat français fut toujours en première ligne du suivi et du contrôle des initiatives européennes par les parlements nationaux ; il fut même souvent à l’avant-garde. En la personne d’Hubert Haenel, qui incarnait un gaullisme moderne et européen, l’Europe perd aujourd’hui l’un de ses grands serviteurs et l’un de ses grands militants.

Mais les convictions européennes de notre ancien collègue ne l’empêchèrent pas de développer, à travers ses activités sénatoriales, ses passions multiples dans de nombreux autres domaines : les questions de défense, auxquelles le colonel de réserve de la gendarmerie Hubert Haenel consacra cinq ouvrages qui font encore aujourd’hui autorité ; la défense du monde rural, dont il était issu, qui le conduisit à réaliser de nombreux travaux sur les questions relatives à l’aménagement du territoire ; les transports ferroviaires, dont il était devenu « le » spécialiste et un expert reconnu ; sans parler, bien sûr, du monde de la justice, dont il était un professionnel écouté, et de sa région d’Alsace, à laquelle il était, chacun le sait, si profondément attaché.

Je n’ai cité ici que quelques-uns des multiples sujets sur lesquels la voix d’Hubert Haenel était écoutée. Mais ce serait réduire gravement la richesse de sa pensée que de ne pas évoquer la dimension spirituelle dans laquelle celle-ci s’inscrivait. Chrétien de forte conviction, fin connaisseur de l’Église catholique romaine et du droit canonique, celui qui fut président du groupe sénatorial France-Saint-Siège attachait en effet une importance majeure aux questions religieuses, auxquelles il consacra des écrits d’une grande hauteur de vues.

Hubert Haenel était un humaniste, un homme de cœur et un ami fidèle. C’est, je le sais, au nom du Sénat tout entier que je présente aujourd’hui, dans notre hémicycle, aux membres de sa famille et à tous ses proches, nos condoléances.

Son fils Martin a rappelé, lors de ses obsèques, ces phrases de L’hymne pour le futur – dont l’auteur est inconnu –, qu’Hubert Haenel aimait à citer et sur lesquelles je conclurai :

« Quand je mourrai, je veux qu’on sache que je ne suis pas mort. Je serai à chacun tout entier, présent. À chacun des amis, des aimés, des enfants. Ce que je n’aurai pu faire de mon vivant, je parviendrai enfin à le réaliser : être tout à chacun sans m’isoler de l’autre. […] Adieu ? Non. Au revoir ?... Disons : “à maintenant”. »

Madame la ministre, mes chers collègues, je vous invite maintenant à observer un moment de recueillement à la mémoire d’Hubert Haenel.

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