Intervention de Maurice Antiste

Réunion du 18 septembre 2015 à 14h30
Modernisation de notre système de santé — Article 20

Photo de Maurice AntisteMaurice Antiste :

Le cancer est aujourd’hui la première cause de mortalité en France ; on dénombre chaque jour 1 000 nouveaux cas. Parmi ces cancers, on assiste à une recrudescence des cancers du sein chez des femmes de plus en plus jeunes : ce sont aujourd’hui 20 000 femmes qui subissent chaque année une mastectomie, soit 40 % des femmes à qui l’on diagnostique un cancer du sein. On estime qu’une femme sur huit développera cette pathologie.

Outre la douleur physique afférente à l’opération, ces personnes doivent aussi affronter des bouleversements psychologiques devant ce corps que l’on mutile brutalement, ainsi que des dépenses financières non négligeables qu’elles n’auraient pu anticiper : c’est ce que souligne le dernier rapport annuel de l’Observatoire sociétal des cancers de la Ligue contre le cancer.

En effet, après le choc de l’ablation, la reconstruction mammaire, facultative, peut paradoxalement être aussi vécue comme une épreuve, même si elle est souhaitée : 50 % des femmes ayant subi une mastectomie disent avoir eu des difficultés pour payer le reste à charge. En effet, le coût moyen revient à 456 euros après une mastectomie ; 1 391 euros, après une reconstruction.

Parmi les causes de ce coût, on peut relever des délais de prise en charge particulièrement longs ; l’existence de dépassements d’honoraires du chirurgien et l’importance de ces dépassements, entre 1 000 et 7 000 euros ; enfin, une opacité entre les indications de reconstruction cancérologique et les indications esthétiques.

En outre, certains médicaments, prothèses et autres dispositifs médicaux sont peu ou pas remboursés : c’est le cas pour les prothèses capillaires, les prothèses mammaires ou dentaires, les poches de stomie, etc.

Ces restes à charge participent ainsi aux inégalités de prise en charge de la maladie.

Les personnes les plus aisées pourront accéder à certains types de prises en charge ; les moins aisées devront y renoncer, voire modifier leur parcours dans la maladie, en particulier en changeant d’établissement de soins, de praticien, ou encore de pharmacien.

Comme les dépassements d’honoraires relèvent des conventions conclues entre les organismes d’assurance maladie et les médecins, j’ai proposé d’aborder la question sous forme de demande de rapport, par le biais d’un amendement. Vous sachant également attentive à cette question du bien-être des patientes atteintes d’un cancer du sein et ayant subi une mastectomie, je serai heureux et attentif de voir vos propositions en ce sens.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion