Le Conseil économique, social et environnemental, le CESE, préconise dans l’un de ses rapports de favoriser l’intégration économique des territoires ultramarins dans leur zone de référence et dans les secteurs où ils possèdent une plus-value, notamment le domaine de la santé, et ce malgré les faiblesses et les retards de ce système par rapport à la situation existant dans l’Hexagone. En effet, il y a outre-mer des soins de qualité et un réel savoir-faire.
La coopération régionale – mais ne serait-il pas plus positif de parler de « codéveloppement » ? – est d’autant plus nécessaire outre-mer que les maladies émergentes représentent une menace croissante. Dans l’océan Indien, par exemple, on se souvient de l’épidémie de chikungunya, qui s’est traduite par un affaiblissement considérable de la fréquentation touristique à la Réunion. La vulnérabilité économique de ces îles est évidente.
Dès lors, il est nécessaire, d’une part, d’organiser rationnellement et durablement un système d’alerte efficace et, d’autre part, d’apporter des réponses rapides aux épidémies sur toute la zone géographique.
Pour ce faire, il est urgent de créer les conditions propices à l’élaboration de stratégies partagées par l’ensemble des acteurs de la coopération en matière de santé dans une zone géographique donnée. Cela passe par la connaissance des besoins et des ressources des pays concernés.
Il est également indispensable de faciliter le déplacement des personnels médicaux et paramédicaux entre les pays et les îles proches des outre-mer français. Bien souvent, en effet, ces personnels sont bloqués dans leur pays, faute d’obtention d’un visa ou d’un titre de séjour sur le territoire français.
À terme, on peut aussi espérer que le codéveloppement se concrétise par la création d’un grand pôle universitaire francophone dans chaque zone géographique ou par la mise en place d’un dispositif scolaire et universitaire de type Erasmus dans ces mêmes zones.
Il apparaît alors nécessaire de réfléchir à la question de la gouvernance de la coopération régionale.
Enfin, il y a une certaine urgence : les pays environnants des départements et régions d’outre-mer n’ont, pour la plupart d’entre eux, pas terminé leur transition démographique. Ces pays vont donc connaître une augmentation et, dans le même temps, un vieillissement de leur population, une situation qui se traduira par un accroissement des besoins. Il faudra donc apporter une réponse adaptée, pensée à l’échelle non seulement d’une région ou d’une collectivité d’outre-mer, mais aussi de la zone géographique.
Telle est la raison d’être de cet amendement de Paul Vergès, que je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir adopter.