Je débuterai mon propos en évoquant mon parcours assez diversifié et en vous faisant part de mes premières réactions sur le projet de l'établissement public de Paris-Saclay. Ingénieur des ponts et chaussées, mon itinéraire professionnel s'inscrit dans trois grandes thématiques. D'une part, ma carrière a été consacrée aux infrastructures et à l'aménagement de ports et aéroports, notamment à Toulouse et Fort de France. Durant cette expérience outre-mer, j'ai pu travailler sur le statut des dockers. C'est dans ce cadre également que j'ai eu une première approche des questions d'urbanisme et de logement social, en contribuant à la rénovation des quartiers insalubres qui se trouvaient à la périphérie de ces infrastructures portuaires.
La seconde thématique, autour de laquelle s'organise ma carrière, a trait à l'urbanisme et au logement social. J'ai ainsi été associé à la création des zones franches urbaines en 1995 et au programme « Pacte de relance pour la ville », avant de travailler pendant deux ans à Washington dans une banque de développement sur des programmes de rénovation de bidonvilles des capitales d'Amérique centrale et en Haïti. À la suite de cette expérience, j'ai rejoint Jean-Louis Borloo, alors ministre délégué à la ville et à la rénovation urbaine. Durant cette période, le Programme national de rénovation urbaine a été lancé et l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, dont j'ai ensuite assumé la direction générale pendant quatre ans, a été créée. J'ai alors eu l'occasion de travailler sur l'ensemble des programmes d'habitats sociaux du territoire national. Ce fut pour moi une expérience extrêmement précieuse. J'ai ensuite rejoint le cabinet de Jean-Louis Borloo, alors ministre d'État en charge de l'écologie, de l'énergie, du développement durable. Nous y avons préparé le Grenelle de l'environnement avant que je ne devienne, à la demande du ministre, le président-directeur général de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME). J'y avais créé, à cette époque, la direction « villes et territoires durables » pour traiter des grands enjeux de l'urbanisme dans le futur, tout en travaillant sur l'innovation, notamment via l'élaboration des programmes d'investissement d'avenir dans les nouvelles technologies, y compris celles ayant trait à la gestion des déchets.
La notion de ville et de quartiers durables est une thématique essentielle à l'échelle mondiale, puisque la population urbaine devrait prochainement croître de deux à trois milliards de personnes. J'ai ensuite rejoint le Groupe Bouygues, comme directeur de l'innovation et du développement durable, afin d'y travailler sur la notion de quartier durable. Ce groupe conduit des programmes de recherche, en partenariat avec des universités notamment, sur cette thématique transverse, en particulier en matière de gestion de l'énergie, d'eau, de mobilité, d'économie collaborative et de mutualisation des services en adéquation avec une logique de développement durable. Cette thématique implique également de conduire une réflexion sur la sobriété dans la consommation des ressources autant énergétiques que matérielles.
J'en viens à l'enjeu de l'établissement public Paris-Saclay. Il s'agit d'accompagner la création d'une grande université à partir du regroupement de dix-huit établissements de recherche et de formation, parmi lesquels les Universités de Paris-Sud Orsay et de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, des grandes écoles, comme l'École polytechnique et l'École Centrale, et des organismes de recherche, comme le Centre national de la recherche scientifique ou encore le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies renouvelables. Il est prévu d'aménager un campus urbain et de contribuer ainsi au développement économique d'un territoire qui accueille déjà de grandes entreprises et le pôle de compétitivité sur la mobilité durable qui se trouve à Satory. Le secteur de l'énergie y est également représenté avec le centre de recherche d'Électricité de France (EDF), ainsi que celui des nanotechnologies et de la santé avec une implantation massive de laboratoires de recherche et d'entreprises.
À cet égard, la desserte du plateau, avec l'arrivée de la ligne 18 du Grand Paris reliant Orly à Versailles, qui devrait compléter une nouvelle ligne de bus, devrait conférer une nouvelle dynamique à ce cluster technologique et mieux structurer l'urbanisme existant. Aussi, il me semblerait inconcevable que le site de Paris-Saclay ne figure pas parmi les cinq à dix sites démonstrateurs du savoir-faire français dans le domaine des quartiers durables, dont l'identification est préconisée par le rapport sur la ville durable présenté par M. Roland Peylet.
L'enjeu est également de conclure un partenariat avec l'Université de Paris-Saclay. J'ai à ce titre déjà rencontré son président qui coordonne la synergie des activités des différents établissements. Certes, une école doctorale commune a été créée et des masters communs sont en cours d'élaboration. Mais il n'est pas toujours aisé d'y intégrer des grandes écoles dont l'histoire peut s'avérer un obstacle. Or, les grands classements internationaux prennent en compte les niveaux d'intégration entre établissements, y-compris sur le plan administratif. En revanche, un processus d'intégration des activités des laboratoires a d'ores et déjà été enclenché et les formations ont commencé à s'harmoniser. Mais le niveau administratif pose encore problème. Il me paraît essentiel d'accompagner cette démarche.
Il est essentiel d'accompagner les entreprises, y compris les très petites entreprises (TPE) et les petites et moyennes entreprises (PME), et de travailler en partenariat avec les élus. Aussi ai-je déjà rencontré les quatre présidents des communautés d'agglomération et les maires des communes concernées. Le travail collectif m'apparaît comme l'un des moteurs du succès des projets de développement et d'urbanisme, comme j'ai pu le constater et l'éprouver à l'occasion de l'exercice de mes fonctions au sein de l'ANRU. Voilà très rapidement la vision des choses et la démarche qui sont les miennes.