Intervention de Roland Courteau

Réunion du 27 janvier 2009 à 22h00
Mise en œuvre du grenelle de l'environnement — Article 1er

Photo de Roland CourteauRoland Courteau :

Tout le monde a salué, l’an dernier, la démarche du Grenelle de l’environnement. Un consensus a été dégagé entre les différents acteurs de la société sur les objectifs à atteindre face à la crise écologique.

Le succès du Grenelle a donc créé une attente d’autant plus forte que chacun reconnaît, sur ce sujet, une véritable urgence écologique. Il est vrai que, pour la première fois dans l’histoire de l’homme, le défi est planétaire.

Le président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat n’écrivait-il pas, en juillet dernier, qu’il ne nous restait plus que sept ans pour inverser la courbe mondiale des gaz à effet de serre et contenir la hausse des températures en deçà de deux degrés ? Faute de quoi, ajoutait-il, la planète subirait de gigantesques bouleversements. Nous en avons déjà un avant-goût avec les dérèglements climatiques, ouragans, cyclones, inondations et canicules.

Certains nous disent que le mal serait déjà fait pour les vingt prochaines années. C’est peut-être vrai, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et laisser aller les choses.

Personne - en tout cas, je l’espère – ne nie l’évidence. Il y a véritablement urgence écologique, je le répète. Et le Grenelle de l’environnement doit pouvoir nous réunir parce que ses objectifs sont urgents et partagés.

Cela étant dit, l’esprit du Grenelle – c’est du moins ce que j’avais cru comprendre – consistait à donner la priorité aux économies d’énergie, au développement des énergies renouvelables et préconisait le débat avant toute décision d’importance. J’ai longtemps cru que c’était cela l’esprit du Grenelle.

Pourtant, l’annonce faite sans aucune concertation par le Président de la République de construire un deuxième EPR - et peut-être un troisième –, l’un pour satisfaire EDF, l’autre pour ne pas déplaire à GDF-Suez, rompt avec l’esprit du Grenelle, car, à ma connaissance, il n’y eut ni débat ni concertation. Mais il paraît que tout ce qui touche au nucléaire ne serait pas négociable.

Il est des annonces et des décisions qui, effectivement, contredisent l’esprit du Grenelle. Et elles ne furent pas peu nombreuses en 2008. N’a-t-on pas autorisé le Cruiser, pesticide interdit dans de nombreux pays européens, avec les ravages que l’on connaît sur les abeilles ?

Autre exemple : la réforme de la carte hospitalière, de la carte judiciaire ou encore la suppression de certains bureaux de postes et autres services publics ne vont-elles pas à l’encontre de la nécessité de disposer de services de proximité nombreux pour réduire les déplacements et favoriser les économies d’énergie ?

La remise en question de l’utilisation des wagons isolés – 260 points de chargement ont été abandonnés - dans le domaine du fret SNCF tend à favoriser le transport par la route, donc les émissions de gaz à effet de serre.

Bref, la proximité est aussi nécessaire, tant pour l’aménagement du territoire que pour la préservation de l’environnement.

Autre remarque : l’équité sociale est tout aussi nécessaire pour résoudre les questions écologiques. S’il y avait un bouclier à inventer, c’est non pas d’un bouclier fiscal aussi injuste qu’inefficace que nous aurions besoin, mais d’un bouclier environnemental pour les futures générations.

L’équité sociale doit aussi, et surtout, être au cœur de la défense de l’environnement. Comment peut-on demander à un travailleur précaire de se préoccuper de la qualité de l’environnement pour les générations futures si lui et sa famille sont condamnés à vivre au jour le jour avec un horizon totalement bouché ?

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