Intervention de Frédéric Dabi

Délégation sénatoriale aux entreprises — Réunion du 17 septembre 2015 : 1ère réunion
Présentation des résultats de l'étude réalisée par l'ifop sur les bonnes pratiques des collectivités territoriales en matière d'accueil et de soutien au développement des entreprises de taille intermédiaire

Frédéric Dabi, Directeur général de l'IFOP :

Effectivement, je précise que la perception des entreprises est toutefois différente selon les régions. 44% des entreprises interrogées indiquent n'avoir reçu aucune aide, dont une plus forte proportion dans le quart sud-est de la France. Les raisons invoquées sont le manque d'information sur ces aides (58%) et le manque d'adéquation des aides à leurs besoins (45%) du fait qu'elles sont insuffisamment axées sur l'international, trop orientées sur l'investissement et non le coût de la main d'oeuvre et trop ancrées dans le court-terme. Certaines expliquent ne pas avoir eu besoin de financement (33%). Un quart des entreprises reconnaissent avoir pu bénéficier d'aides provenant des collectivités territoriales, principalement à l'échelon régional.

Les entrepreneurs ont été interrogés sur l'utilité des aides des collectivités territoriales. Les aides reçues ont presque toujours été jugées utiles, le caractère inutile n'apparaissant que de façon très marginale. Le type d'aide dont ils ont le plus bénéficié est l'aide à l'embauche (49%).

La satisfaction globale des ETI aidées par les collectivités territoriales est importante mais pas plébiscitaire. Si les entreprises s'estiment à 61% plutôt satisfaites des aides des collectivités locales, il est toutefois intéressant de noter que seules 4% s'estiment très satisfaites et que 31% ne s'estiment pas satisfaites. Les satisfaits sont plutôt issus de l'agglomération parisienne et d'entreprises dont le chiffre d'affaires est inférieur à 100 millions d'euros. Ce degré de satisfaction dépend essentiellement, non pas de la somme concernée, mais de la qualité du service rendu, notamment au regard de la facilité à déposer le dossier. Il existe donc un axe de progrès du niveau de satisfaction sur ce point.

69% des chefs d'entreprise qui ont bénéficié d'aides publiques territoriales jugent que leur impact sur le développement de l'entreprise n'est « pas important ». 33% jugent même l'impact nul. Cela semble indiquer que les aides relèvent plus d'un effet d'aubaine. Plus que l'aide en elle-même, c'est l'accompagnement de l'entreprise qui semble avoir un effet sur le long terme. Toutefois, 53% des entreprises reconnaissent l'effet bénéfique de ces aides pour le maintien ou la création d'emplois. Les PME semblent globalement plus satisfaites et l'impact est plus important dans l'industrie et le BTP.

Lorsqu'on interroge les entreprises sur leurs attentes et leurs suggestions pour améliorer le dispositif, 40% ne répondent pas, 21% souhaitent une amélioration de l'information et 13% une meilleure adéquation de ces aides aux contraintes économiques des entreprises. Ils sont 12% à préconiser la création d'un guichet unique ou une baisse de la fiscalité plutôt que l'octroi d'aides.

En résumé, face à la méconnaissance des aides et à une impression de lourdeur administrative, les dirigeants ont exprimé des attentes de proactivité, de simplification et de personnalisation.

Ceci invite à :

- donner une plus grande visibilité aux aides existantes et aider les entreprises à se repérer dans l'offre, via la centralisation de l'information par un organisme de référence (que pourrait être la DIRECCTE ou la CCI), la mise en place d'un site internet dédié (ce site existe pourtant www.aides-entreprises.fr mais il n'est pas identifié) et via des interlocuteurs dédiés et proactifs, proposant des informations ciblées aux dirigeants d'entreprise ;

- simplifier et accélérer l'octroi des aides pour mieux prendre en compte les impératifs et délais des ETI, notamment grâce à la numérisation des dossiers ;

- affiner les critères d'attribution des aides, grâce à une analyse fine du tissu d'entreprises locales par les collectivités territoriales, afin de favoriser le développement des entreprises déjà implantées (la priorité étant aujourd'hui données aux nouvelles implantations), soutenir la pérennisation des emplois existants (et pas seulement la création d'emplois) et accompagner les secteurs innovants ou l'activité à l'international (plutôt que les secteurs sinistrés).

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