Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, ma question porte sur les menaces qui pèsent sur la médecine scolaire. L’éducation nationale connaît, en effet, des difficultés analogues aux déserts médicaux. L’importance de cette pénurie de médecins scolaires fait même redouter une mise en péril de cette médecine fondée en 1945.
Les médecins scolaires sont de moins en moins nombreux et les départs à la retraite ne sont pas toujours remplacés. Ce mal frappe la plupart des départements. Dans le mien, le Val-de-Marne, la profession a perdu en dix ans quelque 50 % de ses effectifs. En 2016, la moitié des communes de la moitié de ce département n’auront plus de médecin scolaire.
Lorsqu’il y en a, il faut en réalité gérer la pénurie. Ainsi, les communes de Limeil-Brévannes et Sucy-en-Brie doivent se partager un seul médecin scolaire, qui aura la charge de 11 000 élèves répartis sur 45 établissements. On se demande comment l’exercice de la médecine est possible face à de tels chiffres.
Ces médecins seront rémunérés entre 500 et 1 000 euros de moins par mois que leurs confrères des centres de protection maternelle et infantile ou des maisons départementales des personnes handicapées, les MDPH, lesquels sont embauchés par les départements.
Quelles sont les causes de cette pénurie ? Ce sont la suppression progressive des contrats de médecins non titulaires par les rectorats, qui mènent une politique absurde dans ce domaine, l’absence de recrutement par l’éducation nationale et le manque d’attractivité de ces postes, très mal rémunérés et qui peinent à attirer les professionnels. Cette insuffisante attractivité de la carrière proposée au sein du ministère de l’éducation avait d’ailleurs déjà été relevée par l’Assemblée nationale dans un rapport de 2011.
Les répercussions de cette politique pour le moins étonnante sont évidemment très graves. L’absence de médecins scolaires peut avoir des répercussions inquiétantes sur le parcours scolaire des élèves, car leur rôle est capital pour dépister les troubles du langage, de la vision ou de l’ouïe des enfants.
Pour obtenir l’équivalent d’une visite chez un pédiatre, un ophtalmologiste et un oto-rhino-laryngologiste, les délais d’attente dépassent en général neuf mois dans le secteur privé, lequel est également fortement touché par une pénurie de praticiens. Et je ne parle pas du coût de ces visites pour les parents...
Certains parents peuvent être découragés par ces délais d’attente. Or le dépistage d’un trouble de la vue important, décelé dès le plus jeune âge à l’école, permet à l’enfant de suivre un parcours scolaire favorable. On évite ainsi de le mettre en difficulté.
L’éducation et la santé sont intimement liées, et plus encore aujourd’hui en termes d’égalité des chances. Aussi, madame la ministre, pourriez-vous nous éclairer sur la politique menée par le Gouvernement en ce domaine et sur les mesures que vous comptez prendre pour lutter contre ce désert médical dans les établissements scolaires ?