Je ferai quelques commentaires, qui n’appellent surtout pas de réponse de la part de M. le secrétaire d’État, lequel vient d’être mis à contribution depuis bientôt deux heures. Je veux à cet égard le remercier d’avoir été à la disposition de l’ensemble des sénateurs pour répondre à des questions très « réactives ».
Permettez-moi trois réflexions.
La première concerne les problèmes des migrants. Si je me réfère tant aux écrits du directeur exécutif de FRONTEX, notre compatriote Fabrice Leggeri, qu’aux commentaires du chef de mission des migrations internationales à l’OCDE, M. Dumont, je peux considérer que ces flux migratoires risquent malheureusement de durer longtemps. On parle de cinq à sept ans, voire un peu plus, ce qui occasionnera des modifications sociétales importantes au sein de l’Union européenne, Philippe Bas l’a souligné.
M’inspirant de l’ancien président de la commission des affaires européennes, Hubert Haenel, je dirai que le territoire de l’Union européenne, d’essence judéo-chrétienne, risque de subir quelques mutations… Il faudra donc anticiper une réflexion indispensable en la matière.
Les engagements budgétaires seront nécessairement importants, et on ne mesure certainement pas aujourd'hui leur ampleur.
Cela étant, je suis un peu sceptique, j’en ai discuté avec le ministre de l’intérieur, s’agissant du retour dans leur pays d’origine des migrants. Ce ne sera pas aussi simple que cela ! Il en est de même de l’action économique vers les pays sources de ces flux migratoires, opération que l’on avait imaginé initier dans le cadre de l’Union pour la méditerranée ; elle est difficile à mettre en œuvre, mais absolument indispensable.
Concernant, deuxième réflexion, le Brexit, l’Union européenne, la France tout particulièrement, souhaite bien évidemment le maintien du Royaume-Uni en son sein. C’est à l’évidence l’intérêt de la Grande-Bretagne, tout comme celui de l’Union. J’aimerais ne voir dans la politique de M. Cameron que le souci d’améliorer le fonctionnement de l’Union et non la recherche de l’intérêt de son seul pays : ce n’est pas conforme à l’image et à la dimension de la Grande-Bretagne, je voudrais qu’il en soit bien conscient. Nous serions excessivement déçus si tel n’était pas le cas.
Enfin, troisième et dernière réflexion, concernant l’Union économique et monétaire, il y a véritablement urgence, vous y avez fait allusion plusieurs fois. Certes, la question ne date pas d’aujourd'hui, mais elle devient plus urgente que jamais. Sont en effet en jeu de telles distorsions de concurrence qu’elles menacent l’équilibre et la cohérence de l’Union.
Je m’en suis exprimé près du secrétaire général aux affaires européennes, M. Léglise-Costa, nous n’avons pas le sentiment de la perception d’une telle urgence du côté allemand, ce qui nous soucie, je dois vous le dire. Dans la perspective d’une Union européenne cohérente, l’Allemagne doit prendre conscience de la nécessité d’aller très vite s’agissant de l’Union économique et monétaire. On en débat depuis trop longtemps pour ne pas désormais passer aux actes !
Encore une fois, merci, monsieur le secrétaire d’État, pour ce dialogue avec l’ensemble des sénatrices et des sénateurs passionnés par les questions européennes.