Intervention de Rachida Dati

Réunion du 23 juin 2009 à 9h30
Questions orales — Conséquences pour les apiculteurs de l'introduction de la tenthrède cibdela janthina à la réunion

Rachida Dati, garde des sceaux, ministre de la justice :

Madame la sénatrice, Michel Barnier, qui participe au Conseil des ministres européens de l’agriculture et de la pêche à Luxembourg, ne peut malheureusement pas être présent ce matin et vous prie de l’en excuser. Il m’a demandé de vous apporter les éléments de réponse suivants.

La vigne marronne, introduite sur l’île de la Réunion vers 1840, est devenue l’une des espèces exotiques les plus envahissantes. Cette plante s’est développée de manière anarchique, au détriment de la végétation indigène. C’est pourquoi la lutte contre la vigne marronne a été rendue obligatoire par arrêté ministériel du 31 juillet 2000.

En complément des pratiques de lutte mécanique, dont l’efficacité technique est limitée, et surtout afin de limiter le recours aux herbicides, une solution plus durable de lutte biologique a été recherchée. Il est en effet important de promouvoir les solutions de lutte biologique lorsqu’elles existent, dans un souci de préservation de l’environnement et de la santé, mais aussi de la biodiversité et des équilibres biologiques.

Un programme de recherche, financé par le conseil régional, a donc été lancé. Sur quarante espèces étudiées, la tenthrède Cibdela janthina a été retenue. L’étude scientifique menée a démontré qu’elle ne constituait pas de menace pour l’agriculture et l’environnement puisque les tests ont permis d’établir que les larves ne s’attaquent pas aux principales espèces botaniques d’intérêt agricole, horticole ou patrimonial. Aucune interaction négative avec d’autres espèces n’a été décrite.

La tenthrède a donc été introduite à la Réunion pour les dernières études en laboratoire, puis lâchée en milieu naturel sur la commune de Sainte-Rose en janvier 2008, sur autorisation préfectorale après avis favorable du conseil scientifique régional du patrimoine naturel.

Aujourd’hui, la tenthrède est présente sur une zone de 20 000 hectares dans le sud et l’est de l’île. Sur le site de lâcher, à Bois-Blanc, les deux tiers des pieds de vigne marronne sont détruits et peu d’adultes de tenthrèdes sont encore observables. Cela permet d’envisager une régression progressive des populations de tenthrède au fur et à mesure de la régression de la vigne marronne.

Concernant la pollinisation, une récente étude de terrain montre qu’elle s’est bien réalisée en présence de tenthrèdes, ce qui répond, madame, à l’une de vos préoccupations.

Concernant la compétition entre les abeilles et les tenthrèdes adultes pour la récolte de nectar, le CIRAD, à la demande du préfet, a proposé aux apiculteurs de mener avec leur appui une série d’expérimentations au champ et sous serre, qui démarreront dès que possible. Celles-ci viseront notamment à observer les interactions entre les tenthrèdes et les abeilles dans les activités de butinage sur fleurs et sur d’autres sources alimentaires

Concernant enfin la production de miel, la vigne marronne devrait naturellement, en forêt, être remplacée par des espèces indigènes, dont plusieurs ont un intérêt mellifère reconnu. La production d’un miel de forêt, composé d’espèces indigènes, donnerait ainsi une assurance de typicité pour un produit pays labellisé.

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