Le projet de regroupement des services de réanimation chirurgicale et médicale de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne a été programmé pour 2012. Ce projet, sur lequel les équipes concernées travaillent depuis 2003, prévoit la construction d’un nouveau bâtiment, pour un budget de 7, 3 millions d’euros. Ce nouveau bâtiment doit permettre le regroupement de ces deux services dans de parfaites conditions de sécurité et d’hygiène pour les malades et les équipes médicales puisqu’il répondra aux recommandations du décret de 2002 sur les règles d’exercice de la réanimation, recommandations auxquelles les locaux actuels de la réanimation chirurgicale et de la réanimation médicale ne répondent pas, leurs travaux de mise aux normes n’étant toujours pas réalisés. Ces locaux ne permettent donc pas, en l’état, d’effectuer un tel regroupement.
Or, fin janvier, l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, l’AP-HP, a décidé de fusionner les gardes de réanimation médicale et chirurgicale d’Ambroise-Paré, imposant de fait le regroupement anticipé des deux services. Où ? Dans les locaux actuels et non conformes de la réanimation médicale.
Cette décision a particulièrement choqué les personnels, qui ont décidé de se mobiliser. Ils refusent de se voir imposer des conditions de travail portant atteinte à l’offre de soins, à sa qualité et à la sécurité des patients.
Le président du comité de lutte contre les infections nosocomiales d’Ambroise-Paré a jugé « tout à fait incongru » ce regroupement dans un local non conforme. Il a émis des réserves devant le risque majoré d’infections nosocomiales.
Le 13 avril dernier, l’agence régionale de l’hospitalisation d’Île-de-France, l’ARHIF, a émis également un avis défavorable. Selon elle, ce regroupement anticipé va « dans le sens d’une dégradation des conditions de prise en charge des patients, uniquement en chambres à deux lits et des conditions d’hygiène hospitalière par l’impossibilité d’isoler les patients susceptibles d’être porteurs de bactéries multirésistantes aux antibiotiques ».
Si le regroupement devait se faire dans les locaux exigus de l’actuelle réanimation médicale, s’ensuivrait immédiatement une dégradation des conditions de travail, le personnel soignant se trouvant, du fait de la promiscuité, dans l’impossibilité de respecter les règles minimales d’hygiène visant à éviter les infections nosocomiales, et plus particulièrement celles qui sont liées aux bactéries résistantes aux antibiotiques.
Un groupe de cinq experts chargé d’analyser ces risques doit rendre ses conclusions lors de la prochaine réunion du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, le 3 juillet.
La direction de l’hôpital maintient néanmoins le cap, sa directrice s’est même déclarée prête à « passer outre » cet avis.
À ce jour, les personnels n’ont reçu aucun engagement ferme sur la construction d’une nouvelle réanimation aux normes et ils s’interrogent.
Ce regroupement anticipé va-t-il être abandonné ? Mme la ministre de la santé peut-elle garantir aux personnels que le nouveau bâtiment de réanimation verra bien le jour ?