Si elle n’était tragique, la situation prêterait à rire : la viande que nous importons du Brésil ou des États-Unis est prédécoupée, alors que les analyses ne peuvent véritablement être opérées que sur les carcasses !
Voilà quelques années, Gérard Bailly et moi-même avons rédigé un rapport d’information sur l’élevage ovin. Nous avons découvert que l’on importait d’Australie et de Nouvelle-Zélande des carcasses vendues sous forme de viande fraîche trois mois après l’abattage! Nous n’avons jamais pu savoir ce que l’on mettait sur cette viande pour la conserver dans un état à peu près convenable…
Ces quelques éléments conduisent mon groupe à voter en faveur de ce projet de loi, parce qu’on ne peut être hostile à certaines évolutions. Cependant, nous faisons preuve de la plus grande prudence face à certaines affirmations. Si l’on me dit que les OGM sont dangereux pour la santé, je signe immédiatement leur suppression de façon radicale – il ne pourrait en aller autrement. Mais si l’on m’explique que l’on n’a aucune certitude sur leur nocivité et qu’ils permettent de mieux nourrir la population du globe dont deux tiers ne mangent pas à sa faim, alors je révise quelque peu ma position !
Par ailleurs, je regrette que ce texte fasse une part aussi modeste à la question de l’eau que nous buvons. Eu égard à tout ce que l’on rejette dans les réservoirs et les nappes phréatiques, on peut se demander s’il n’est pas plus dangereux de boire un verre d’eau tous les matins que de manger une orange génériquement modifiée venant du Maroc ou du Brésil. §
Je voulais vous faire de ma part de ma prise de position citoyenne sur ce sujet, mes chers collègues. Je ne suis qu’un béotien en la matière, mais cela ne m’empêche pas de réfléchir. Je pense que nous n’accepterions plus aujourd’hui certaines décisions que nous avons su prendre par le passé. Je songe, par exemple, à la création du canal de la Neste qui a permis au Gers de ne pas devenir un désert : quand on fait passer par ce canal quatorze mètres cubes d’eau par seconde pour alimenter les rivières gersoises, il ne reste plus que trois mètres cubes dans la Basse-Neste. Pour autant, les Haut-Pyrénéens n’ont pas le sentiment d’être victimes d’une catastrophe écologique majeure. Pourrait-on le refaire aujourd’hui ? Ma réponse est : « non ».