Intervention de Jean-Pierre Leleux

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 octobre 2015 à 10h10
Contrat d'objectifs et de moyens com pour la période 2015-2019 entre l'état et radio france — Audition de M. Mathieu Gallet président directeur général de radio france

Photo de Jean-Pierre LeleuxJean-Pierre Leleux :

Je souhaiterais tout d'abord saluer la qualité du document qui nous a été transmis et qui parle de manière très positive de la radio publique et de ses missions. Alors que l'on peut regretter une certaine banalisation de l'offre de France Télévisions par rapport aux chaînes privées, on retrouve, dans le projet de Radio France, une exigence sur les contenus et les valeurs qui font honneur au service public. Et je sais que cette exigence est partagée en particulier par les salariés et les producteurs. Alors que Radio France est probablement à un tournant de son histoire, il me semble nécessaire de rappeler l'attachement qui est le nôtre à l'existence de ce formidable outil au service de la culture et de l'intelligence.

Je rends aussi hommage au discours de vérité que l'on trouve dans ce projet de COM. Nous ne pouvons en effet qu'approuver le fait que selon ce document, je cite, « Radio France doit se transformer tout en restant elle-même » « avec la nécessité d'un retour à l'équilibre de ses comptes à l'horizon 2017 ». Vous avez également l'honnêteté de reconnaître que l'audience vieillit et que vous ne vous adressez plus, dans les faits, à l'ensemble de la population, ce qui pourrait affaiblir à terme votre légitimité. Nous sommes donc dans une large mesure d'accord sur le constat.

Certains des axes stratégiques prévus par le COM nous semblent également satisfaisants, je pense, en particulier, au fait qu'une évaluation du nouveau positionnement éditorial du Mouv' décidé en février 2015 sera réalisée fin 2016. Il est, à mes yeux, essentiel que la direction de Radio France ait pu avoir la liberté de conduire cette relance éditoriale, mais il est aussi indispensable de prévoir des clauses de rendez-vous. Si l'audience du Mouv n'atteint pas ses objectifs d'ici la fin de l'année - soit 0,8 point d'audience - un basculement vers une webradio et une réallocation des moyens deviendront alors inévitables.

Au-delà de ces points importants sur lesquels nous nous retrouvons, je souhaiterais avoir des précisions sur les points suivants.

Pourquoi ce projet de COM nous est-il soumis si tard ? Contrairement à son intitulé, ce COM ne concernera pas l'année 2015 qui, à maints égards, restera comme une « année blanche » pour la radio publique. L'année dernière, vous évoquiez une adoption fin décembre 2014 pour un examen au Parlement au premier trimestre 2015. Comment expliquer ce retard ?

Comment expliquer que le COM ne tient pas compte du projet de chaîne d'information en continu auquel vous êtes maintenant associé ? Il s'agit d'un axe stratégique de développement de l'audiovisuel public qui n'est évoqué que de manière très allusive en page 27 - « Radio France s'efforcera de rechercher toutes les synergies possibles dans tous les domaines, en particulier dans le domaine du numérique mais également dans le domaine de l'information »-. Quitte à préparer un COM avec retard, pourquoi ne pas avoir attendu afin qu'il soit complet ? N'aurait-il pas mieux valu coordonner davantage le COM de Radio France avec celui de France Télévisions pour fixer les conditions de mise en oeuvre de ce projet qui interpellent beaucoup les syndicats de Radio France ? Quelle forme va prendre cette coopération ? Quels moyens vont être mobilisés ? Quel sens donner à votre projet de France Info Media global dans ces conditions ?

Concernant la situation financière de Radio France, le COM évoque plusieurs fois un retour à l'équilibre à l'horizon 2017 alors que les prévisions de l'entreprise parlent d'un déficit de 6,458 millions € en 2017 et d'un léger bénéfice en 2018 (+2,785 M€) ceci dans un contexte de recours important à l'emprunt. Nous sommes bien conscients que c'est l'État qui fixe l'équation financière, mais quelle crédibilité donner à des promesses d'investissements complémentaires de 25 M€, en 2017 et 2018, et d'une dotation en capital de 55 M€, en 2016 et 2017, qui devront être honorées pour partie par un autre gouvernement ? Quel crédit donner également à un document qui renvoie à la majorité qui sera élue en 2017 - quelle qu'elle soit- la charge d'assurer le retour à l'équilibre en 2018 ?

Pourquoi certaines réformes sont-elles également repoussées à 2017 ? Le COM évoque en particulier les recommandations faites par M. Stephan Gehmacher en juin 2015 concernant l'avenir de la stratégie musicale et le dimensionnement des formations qui devront, selon le document, donner lieu à une réforme « à l'issue de la première année d'exécution du COM ». Concernant le Choeur par exemple, avec ses 115 membres, il constitue selon M. Gehmacher - je cite - « une exception absolue parmi les choeurs professionnels » qui comptent la plupart du temps une cinquantaine de membres. De la même manière, les effectifs de l'Orchestre philharmonique de Radio France se situent - je cite encore - « au-dessus de celui d'ensembles semblables en dehors de France ». M. Gehmacher évoque la possibilité de synergies pour combler des remplacements ou permettre des renforts. Pourquoi remettre à 2017 ces questions ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion