Commission de la culture, de l'éducation et de la communication

Réunion du 28 octobre 2015 à 10h10

Résumé de la réunion

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La réunion

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Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Nous accueillons ce matin M. Mathieu Gallet pour nous présenter le projet de contrat d'objectifs et de moyens (COM) de Radio France pour 2015-2019.

Je vous rappelle que selon les termes de l'article 53 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, les COM déterminent en particulier pour chacune des sociétés de l'audiovisuel public pour une durée de 3 à 5 ans : les axes prioritaires de leur développement ; le coût prévisionnel de leurs activités ; le montant des ressources publiques devant leur être affectées ; le montant du produit attendu des recettes propres, en distinguant celles issues de la publicité et du parrainage ; les axes d'amélioration de la gestion financière et des ressources humaines ; et, le cas échéant, les perspectives en matière de retour à l'équilibre financier.

Je me permets de rappeler à cet égard que Radio France connaît une situation déficitaire depuis 2014 et que son besoin de financement a été évalué à près de 170 millions d'euros par nos collègues Jean-Pierre Leleux et André Gattolin dans leur récent rapport sur le financement de l'audiovisuel public.

Le projet de COM nous a été officiellement transmis par le Secrétariat général du gouvernement (SGG) il y a moins d'une heure. Une copie du rapport a été tenue à la disposition de ceux d'entre vous qui l'ont souhaité au secrétariat de la commission dès que nous l'avons reçu à titre officieux, et va vous être distribuée.

Je rappelle également qu'au terme de l'article 53 de la loi de 1986, notre commission dispose d'un délai de 6 semaines pour rendre un avis sur ce projet de COM à compter de sa transmission officielle.

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Le projet de contrat d'objectifs et de moyens a été transmis au Sénat et à l'Assemblée nationale ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et le Parlement dispose de six semaines pour l'examiner. Nous souhaitons qu'il puisse être adopté d'ici le mois de décembre. Ce COM lie l'Etat et Radio France sur la période 2015-2019. Plusieurs raisons expliquent le retard dans son élaboration : une situation financière dégradée qui a été découverte en 2014 et qui a donné lieu à un retard dans l'adoption du budget 2015, la nécessité de conduire de nombreux allers et retours entre l'Etat et l'entreprise afin de définir une nouvelle trajectoire financière et le conflit social du printemps dernier qui a nécessité le recours à une médiation. La trajectoire financière prévoit le retour à un équilibre d'exploitation en 2018. Nous avons souhaité que ce contrat soit plus ramassé, plus court, avec des objectifs moins nombreux afin qu'il soit plus facile à suivre pour la représentation nationale.

Ce COM comprend trois axes principaux.

Le premier vise à mettre la radio au coeur du projet et le public au centre de nos préoccupations. Cela se traduit par une stratégie éditoriale qui vise à rendre les sept radios du groupe parfaitement complémentaires. L'auditeur peut ainsi passer d'une antenne à l'autre afin de satisfaire ses envies de découverte, d'information, de débats, de musique... Les projets de développement numérique visent à toucher le public le plus jeune afin de lutter contre le vieillissement de l'audience. Le COM prévoit de renforcer la singularité de la production radiophonique en préservant en particulier les fictions.

Le deuxième axe de ce COM concerne la Maison de la Radio qui constitue à la fois un lieu de production et un lieu de contact physique avec le public. L'objectif est de créer des liens entre la production physique et l'expérience radiophonique. De nouvelles activités seront développées en matière pédagogique et l'accueil de publics scolaires sera développé. Nous visons également à accroître notre rôle de prescripteur culturel.

Le troisième axe consiste à donner les moyens à l'entreprise d'exercer ses missions, dans le cadre d'une contrainte budgétaire renforcée. La dotation d'équipement devrait être reconduite à l'identique jusqu'en 2018 tandis que l'Etat apporterait une subvention d'investissement complémentaire de 25 millions d'euros en 2016, 2017 et 2018 ainsi qu'une dotation en capital de 55 millions d'euros en 2016 et 2017. Radio France souscrira, par ailleurs, un emprunt de 70 millions d'euros. La fin du chantier devrait intervenir en 2018, mais elle ne comprend pas les studios moyens dont la rénovation devrait faire l'objet d'un examen avec l'actionnaire en 2016. Des efforts d'économie, d'amélioration des performances et de renforcement du pilotage sont prévus tandis que le plan d'affaires comprend également des économies sur les frais de diffusion, sur les achats, la grille de programmes et la masse salariale. Le décalage du retour à l'équilibre en 2018 permet d'éviter de recourir à un plan de départs volontaires, comme cela était encore envisagé au printemps. Un non-remplacement des départs est prévu ainsi que la stabilité à la baisse de la masse salariale sur la durée du COM.

Le COM comporte 13 objectifs ainsi que 11 indicateurs. Le projet d'entreprise permet de préserver les programmes et de se projeter dans l'avenir avec une nouvelle offre numérique.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Leleux

Je souhaiterais tout d'abord saluer la qualité du document qui nous a été transmis et qui parle de manière très positive de la radio publique et de ses missions. Alors que l'on peut regretter une certaine banalisation de l'offre de France Télévisions par rapport aux chaînes privées, on retrouve, dans le projet de Radio France, une exigence sur les contenus et les valeurs qui font honneur au service public. Et je sais que cette exigence est partagée en particulier par les salariés et les producteurs. Alors que Radio France est probablement à un tournant de son histoire, il me semble nécessaire de rappeler l'attachement qui est le nôtre à l'existence de ce formidable outil au service de la culture et de l'intelligence.

Je rends aussi hommage au discours de vérité que l'on trouve dans ce projet de COM. Nous ne pouvons en effet qu'approuver le fait que selon ce document, je cite, « Radio France doit se transformer tout en restant elle-même » « avec la nécessité d'un retour à l'équilibre de ses comptes à l'horizon 2017 ». Vous avez également l'honnêteté de reconnaître que l'audience vieillit et que vous ne vous adressez plus, dans les faits, à l'ensemble de la population, ce qui pourrait affaiblir à terme votre légitimité. Nous sommes donc dans une large mesure d'accord sur le constat.

Certains des axes stratégiques prévus par le COM nous semblent également satisfaisants, je pense, en particulier, au fait qu'une évaluation du nouveau positionnement éditorial du Mouv' décidé en février 2015 sera réalisée fin 2016. Il est, à mes yeux, essentiel que la direction de Radio France ait pu avoir la liberté de conduire cette relance éditoriale, mais il est aussi indispensable de prévoir des clauses de rendez-vous. Si l'audience du Mouv n'atteint pas ses objectifs d'ici la fin de l'année - soit 0,8 point d'audience - un basculement vers une webradio et une réallocation des moyens deviendront alors inévitables.

Au-delà de ces points importants sur lesquels nous nous retrouvons, je souhaiterais avoir des précisions sur les points suivants.

Pourquoi ce projet de COM nous est-il soumis si tard ? Contrairement à son intitulé, ce COM ne concernera pas l'année 2015 qui, à maints égards, restera comme une « année blanche » pour la radio publique. L'année dernière, vous évoquiez une adoption fin décembre 2014 pour un examen au Parlement au premier trimestre 2015. Comment expliquer ce retard ?

Comment expliquer que le COM ne tient pas compte du projet de chaîne d'information en continu auquel vous êtes maintenant associé ? Il s'agit d'un axe stratégique de développement de l'audiovisuel public qui n'est évoqué que de manière très allusive en page 27 - « Radio France s'efforcera de rechercher toutes les synergies possibles dans tous les domaines, en particulier dans le domaine du numérique mais également dans le domaine de l'information »-. Quitte à préparer un COM avec retard, pourquoi ne pas avoir attendu afin qu'il soit complet ? N'aurait-il pas mieux valu coordonner davantage le COM de Radio France avec celui de France Télévisions pour fixer les conditions de mise en oeuvre de ce projet qui interpellent beaucoup les syndicats de Radio France ? Quelle forme va prendre cette coopération ? Quels moyens vont être mobilisés ? Quel sens donner à votre projet de France Info Media global dans ces conditions ?

Concernant la situation financière de Radio France, le COM évoque plusieurs fois un retour à l'équilibre à l'horizon 2017 alors que les prévisions de l'entreprise parlent d'un déficit de 6,458 millions € en 2017 et d'un léger bénéfice en 2018 (+2,785 M€) ceci dans un contexte de recours important à l'emprunt. Nous sommes bien conscients que c'est l'État qui fixe l'équation financière, mais quelle crédibilité donner à des promesses d'investissements complémentaires de 25 M€, en 2017 et 2018, et d'une dotation en capital de 55 M€, en 2016 et 2017, qui devront être honorées pour partie par un autre gouvernement ? Quel crédit donner également à un document qui renvoie à la majorité qui sera élue en 2017 - quelle qu'elle soit- la charge d'assurer le retour à l'équilibre en 2018 ?

Pourquoi certaines réformes sont-elles également repoussées à 2017 ? Le COM évoque en particulier les recommandations faites par M. Stephan Gehmacher en juin 2015 concernant l'avenir de la stratégie musicale et le dimensionnement des formations qui devront, selon le document, donner lieu à une réforme « à l'issue de la première année d'exécution du COM ». Concernant le Choeur par exemple, avec ses 115 membres, il constitue selon M. Gehmacher - je cite - « une exception absolue parmi les choeurs professionnels » qui comptent la plupart du temps une cinquantaine de membres. De la même manière, les effectifs de l'Orchestre philharmonique de Radio France se situent - je cite encore - « au-dessus de celui d'ensembles semblables en dehors de France ». M. Gehmacher évoque la possibilité de synergies pour combler des remplacements ou permettre des renforts. Pourquoi remettre à 2017 ces questions ?

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Je vous remercie d'avoir salué le travail qui a été accompli par les équipes de Radio France. Je ne crois pas cependant que l'on puisse qualifier l'année 2015 d'« année blanche ». Dès mon arrivée en mai 2014, nous nous sommes efforcés de repenser l'offre éditoriale pour offrir de nouveaux programmes dans un temps très contraint. Les nouvelles grilles ont permis d'obtenir des succès d'audience lors de la saison 2014-2015 et ont été reconduites à la rentrée 2015. La Maison de la Radio a été ré-ouverte au public le 14 novembre 2014 avec l'inauguration du nouvel auditorium, qui constitue notre deuxième métier. L'année 2015, marquée par un déficit de 21 millions d'euros, a été employée à remettre l'entreprise sur les rails, avec la perspective d'un retour à l'équilibre en 2018. Des groupes de travail ont été constitués concernant le réseau France Bleu, la production radiophonique et la musique qui ont permis d'enrichir le projet de COM. L'année 2015 a donc été difficile mais utile.

Vous avez également fait référence, Monsieur Leleux, au vieillissement de notre audience. Il est vrai qu'à Radio France, l'audience moyenne s'établit à 57 ans, soit 10 ans de plus que l'âge moyen de la population française, qui demeure l'étiage pour la radio française dans son ensemble. Pire, la situation de Radio France en la matière ne cesse de se dégrader. Ce phénomène s'explique par le fait que, depuis la libéralisation du secteur au début des années 80, la quasi-totalité des stations destinées aux adolescents et aux jeunes adultes, Mouv' mis à part, appartiennent aux chaînes privées. Avec la création de Mouv' en 1997, Radio France a tenté d'attirer cette population mais, vingt ans après, ne disposant que de 30 fréquences, l'offre publique à destination des jeunes demeure très limitée. À titre de comparaison, le groupe NRJ bénéficie d'environ 400 fréquences. Pour sa part, FIP, pépite musicale du service public, dont l'âge moyen des auditeurs tourne autour de la quarantaine, n'est présente que sur dix fréquences. En conséquence, Radio France n'est présente musicalement sur l'ensemble du territoire que par la voix, classique, de France Musique. Loin de considérer ce constat comme une fatalité, Radio France a engagé, en 2015, un ambitieux chantier d'adaptation de l'offre éditoriale de Mouv', composée à 75 % de musique. Désormais les cultures urbaines, le hip-hop et le R'n'B sont au coeur de la programmation aux fins d'attirer les 13-24 ans. Pour autant, les évolutions constantes des pratiques des plus jeunes en matière d'écoute musicale ne permettent pas d'affirmer avec certitude que la nouvelle mouture de Mouv' sera un succès. Pour cette raison, un point de rendez-vous est prévu sur ce dossier par le contrat d'objectifs et de moyens (COM) de Radio France.

J'ai en revanche, Monsieur le sénateur, plus de difficultés à me prononcer sur les conséquences que pourrait avoir, selon vous, sur le COM, un éventuel changement politique à la tête de l'État en 2017. Il me semble en réalité que l'État s'est engagé en tant que tel pour cinq ans. Or, Radio France a absolument besoin de cette visibilité dans la durée, quand bien même la représentation nationale est amenée chaque année à voter le budget.

Les travaux menés cet été par Stephan Gehmacher, directeur de la Philharmonie de Luxembourg, sur les formations musicales de Radio France ont été particulièrement instructifs, d'autant plus que l'auteur bénéficiait de toute la légitimité en raison de ses compétences et à sa gestion saluée du service public de l'audiovisuel de Bavière, dont les caractéristiques sont proches en de nombreux points de celles de Radio France. Je ne vous cacherai pas, néanmoins, que la réception de ses conclusions a quelque peu secoué nos musiciens, notamment s'agissant de sa proposition relative à un orchestre philharmonique à géométrie variable. Ce rapport va - j'en suis convaincu - nous permettre de construire à Radio France une offre musicale dotée d'une véritable identité, afin de la faire émerger dans un contexte où le nombre de salles parisiennes ne cesse de croître : 2015 a ainsi vu la Philharmonie être inaugurée tandis que les équipements de l'Ile Seguin devraient être accessibles en 2017. Notre réflexion relative à l'affirmation d'une identité culturelle propre à Radio France s'appuie, en outre, sur les travaux menés sur ce thème par Marie-Pierre de Surville.

Enfin, Monsieur Leleux, vous avez souhaité connaître l'état d'avancement des travaux préparatoires à la création d'une chaîne d'information du service public. Les discussions, menées par Laurent Guimier pour Radio France et Germain Dagognet pour France Télévisions, sont en cours, raison pour laquelle nous n'avons pas souhaité faire apparaître ce point dans le COM. À la fin du mois de novembre, si nous souhaitons être capables de lancer une offre à l'automne 2016, une feuille de route devra avoir été élaborée. Tel est mon souhait, partagé par Delphine Ernotte comme par l'ensemble des présidents des sociétés de l'audiovisuel public.

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Gonthier-Maurin

Il faut saluer ici le bel outil que représente Radio France, garant de la mission de service public sur les ondes, ce que votre COM rappelle à bon escient. Mes questions porteront sur des points très pratiques. Je souhaiterais en effet que vous nous apportiez des réponses plus précises s'agissant des engagements de votre groupe sur la diminution des effectifs d'ici à 2019, sur la base du non-remplacement des départs en retraite, et sur la limitation du recours à l'intermittence. Par ailleurs, comment envisagez-vous l'adaptation du réseau de France Bleu, qui dispose de 44 stations locales, à la réforme territoriale, qui verra la création prochaine de 13 grandes régions ? Pouvez-vous également préciser les conditions concrètes de la mise en oeuvre de votre objectif de nomination d'un nombre plus élevé de cadres femmes, notamment au sein du réseau Bleu ? Enfin, qu'en est-il des perspectives de la banque de programmes de service public Sophia ? Des rumeurs courent sur sa cession, pour une somme symbolique, à un opérateur privé. Nous confirmez-vous cette information ?

Debut de section - PermalienPhoto de David Assouline

Je partage parfaitement les propos tenus par mes collègues Jean-Pierre Leleux et Brigitte Gonthier-Maurin sur la nécessité de maintenir, voire de renforcer le service public de la radio, qui représente un pan trop souvent négligé du service public de l'audiovisuel. À mon sens, l'enjeu majeur se trouve dans le lien par trop distendu des stations du groupe avec le public, marqué notamment par le vieillissement constant de l'audience. Or, comment imaginer que les Français consentiront éternellement au financement, via le paiement de la contribution à l'audiovisuel public, de stations que seule une minorité de la population écoute ? À cet égard, je suis particulièrement inquiet de la difficulté dont fait état Radio France à endiguer cette tendance. Il est selon moi essentiel que le COM fixe des objectifs chiffrés à chaque chaîne, au-delà du seul Mouv' et de votre présence sur Internet, en matière de rajeunissement de l'audience. Un tel objectif a nécessairement des conséquences sur les contenus diffusés et les personnalités invitées, même si j'estime qu'il n'est pas du rôle du politique de s'en préoccuper. Sur ce point, Monsieur Leleux, je considère qu'il n'est pas dans l'esprit d'un contrat pluriannuel signé par l'État, d'être modifié par le résultat d'élections à venir.

Je souhaiterais terminer mon intervention en saluant le travail réalisé par vos salariés : la radio n'est pas un média désincarné, mais le fruit de l'engagement d'hommes et de femmes d'une grande qualité professionnelle. Dès lors, la dégradation récente du climat social dans vos murs ne doit pas cesser de nous inquiéter. Le malaise des salariés de Radio France, exprimé lors du dernier conflit social, me semble aller au-delà des seules questions d'emploi et de salaires. Avez-vous engagé des actions spécifiques de lutte contre la souffrance au travail, notamment celle exprimée par les personnels techniques et administratifs, qui, en raison de la nature de leurs tâches, ne sont nullement gratifiés par un passage à l'antenne ?

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Je tiens à féliciter M. Gallet pour la qualité du document qu'il nous a transmis. Je me réjouis du rôle majeur que Radio France tient dans la diffusion d'une offre culturelle remarquable ainsi que des partenariats noués avec des festivals locaux.

Le document que vous nous avez transmis indique que France Bleu confirme son rôle de promoteur des langues et des cultures régionales : pouvez-vous nous apporter quelques précisions à ce sujet ?

Par ailleurs, pouvez-vous nous indiquer ce que vous prévoyez pour l'outre-mer ?

Debut de section - PermalienPhoto de Marie-Christine Blandin

Nous tenons tous à Radio France, à sa « singularité » que vous avez soulignée, mais aussi à sa « qualité ». La publicité y tient une place moindre que sur les radios privées et vous accordez une place de choix à la culture technique et scientifique : bravo !

Le COM indique, en page 19, que la récolte de données personnelles devrait permettre de mieux répondre aux goûts des auditeurs. Cette démarche, qui se rapproche de celle d'un Google et aboutit à segmenter les publics, me semble contraire à la mission de service public et de lien social qui est celle de Radio France.

A l'instar de ma collègue Brigitte Gonthier-Maurin, je souhaiterais également avoir quelques précisions sur les projets de revente de Sophia, la banque de programme de Radio France qui permet aujourd'hui d'accompagner de nombreuses radios associatives.

Debut de section - PermalienPhoto de Loïc Hervé

Je veux remercier M. Gallet pour ses propos très synthétiques.

Votre deuxième objectif est relatif aux nouveaux usages de la radio. Dans quels outils allez-vous investir ? Quels sont, outre l'hyper-concurrence, les écueils, techniques ou réglementaires, qui pourraient se dresser devant vous ?

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

S'agissant de France Bleu, nous agissons dans un cadre contraint (disponibilités des fréquences, moyens budgétaires), mais je souhaite néanmoins que l'enrichissement de son réseau se poursuive, en particulier avec l'implantation d'une nouvelle station dans le Rhône, sur un bassin de plus d'un million d'habitants.

Les langues régionales continueront à être diffusées sur Radio France et notamment France Bleu, avec un développement de notre offre au travers de l'outil numérique. Le nouveau site de Radio France et l'application « France Bleu » le permettent déjà mais nous devons aller encore plus loin, avec notamment le développement des podcasts. Outre-mer, nous sommes présents via des programmes croisés avec le réseau outre-mer 1ère.

Le risque d'un décrochage entre la radio de service public et notre jeunesse existe et c'est l'un de mes soucis majeurs. Nous adaptons notre offre à ce public, via notamment Mouv' qui reprend les codes et le langage des nouvelles générations d'auditeurs et qui emprunte des canaux de diffusion également adaptés : Mouv' occupe 30 fréquences FM mais se développe de plus en plus sur le numérique ou est également disponible, en complément, Mouv'Extra. Le rajeunissement des auditoires des autres chaînes du groupe est plus délicat à opérer compte tenu notamment des habitudes d'écoute.

Debut de section - Permalien
Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France

Le sport, par exemple, est une thématique qui fédère les publics de toutes générations. Nous allons mener une grande réforme des services des sports, actuellement éparpillés sur différentes chaînes, pour assurer notamment la retransmission de grands événements sportifs. La part des auditeurs entre 34 et 49 ans s'est diluée au profit d'une chaîne concurrente qui a mieux réussi dans ce domaine. France Info est destinée à devenir un acteur plus référent du suivi des activités sportives. Cela devrait avoir un impact sur notre audience.

Sur France Inter, l'objectif est de renouer avec la tranche d'âge des 34-49 ans dont le poids pourrait être un peu plus important dans son auditoire. Nous constatons déjà une progression sur ce point. Cela fait l'objet d'un travail quotidien et vous avez sans doute noté l'effort déployé dans ce sens sur France Culture, même si l'audience à destination des populations étudiantes y est plus faible. C'est une préoccupation permanente qui requiert une oeuvre colossale pour parvenir à inverser les tendances.

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Le but est d'éviter un décrochage massif des auditeurs. Au-delà du sport, l'humour tient une place importante sur nos ondes. De nouveaux et nouvelles humoristes, comme Charline Vanhoenacker ou Sophia Aram, par exemple, nous permettent, grâce à l'écoute en numérique et la ré-écoute en podcast, de toucher un public plus jeune et également plus féminin. La dernière pastille humoristique de Sophia Aram a été vue sur internet plus de trois millions de fois en trois jours. C'est aussi par le biais de la chronique que l'on peut rajeunir notre auditoire.

Je vous remercie de saluer notre souci de la culture scientifique et technique, qui rencontre un public important sur France Inter ou sur France Culture dans la France entière. Ce qui montre bien que cette transmission, que nous sommes, par ailleurs, les seuls à proposer, fait partie de notre mission.

La bande de données de programmes d'information et de programmes plus généralistes Sophia nous préoccupe depuis plusieurs années, notamment, son rôle et la façon dont nous pouvons accompagner les radios associatives pour leur permettre d'avoir accès à l'information. Une réflexion est en cours et le comité d'entreprise Paris-Ile-de-France qui se tiendra en novembre ne manquera pas de l'évoquer.

Debut de section - Permalien
Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France

Sophia est une bande de programmes née dans les années 90, au début du numérique, à une époque où la concurrence était faible. A la fin des années 2000, Radio France avait trouvé une sorte d'équilibre puisque il opérait non seulement Sophia mais aussi le site 107/7 sur une partie du territoire. Nous avons perdu le client 107/7 et, depuis, Sophia évolue avec des pertes récurrentes importantes dans un environnement où la concurrence s'est développée. Parmi les offres que nous déclinons pour les radios associatives, celle qui fédère le plus est l'offre d'information. Le film musical et les chroniques, proposées à l'origine, sont de moins en moins vendus et il n'est pas question pour nous d'abandonner au service privé le soin de servir en information les radios associatives.

Nous avons été approchés par différents repreneurs potentiels ces derniers mois. Nous avons refusé toutes ces approches. Un point essentiel pour nous est la reprise de l'ensemble du personnel. Or ces potentiels repreneurs n'étaient intéressés que par le rachat d'une activité et d'un portefeuille client. Pour le moment, nous discutons avec un groupe extrêmement sérieux, dont je tairai aujourd'hui le nom, acteur référent de l'économie sociale et solidaire qui, avec 12 000 collaborateurs en France, manie les approches collaboratives.

Nous avons fixé cinq conditions préalables au rachat : l'agrément du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), celui du ministère de la culture et de la communication, la reprise des huit collaborateurs en contrat précaire - contrat à durée déterminée d'insertion (CDDI) ou contrat à durée indéterminée (CDI) - et l'agrément des syndicats professionnels. Ce repreneur potentiel échange d'ailleurs avec les syndicats professionnels pour adapter la démarche éditoriale à la réalité des besoins des radios associatives auxquelles l'essentiel de notre métier est de fournir des informations.

La mise à niveau de la technologie pour Radio France, si nous voulions nous redéployer, exigerait beaucoup de moyens dans un métier où, à côté de l'information, l'alternative est riche. Nous savons déjà que les films musicaux et les chroniques vont s'éteindre dans le temps.

Quand vous connaîtrez le nom du groupe repreneur qui possède déjà de nombreux médias, associatifs, collaboratifs, de lien social, vous serez sans doute rassurés.

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

S'agissant de l'« innovation technologique », nous consacrons 1 % de notre budget au numérique. C'est beaucoup trop faible. Que ce soit sur la question de l'investissement ou du fonctionnement, nous n'avons évidemment pas fixé un objectif ferme dans le COM. Mais il fait partie de notre trajectoire de faire progresser ce budget dédié au numérique.

Dans le cadre du COM, nous avons prévu de créer 20 postes en net sur une période de deux ans. L'aspect numérique sera particulièrement concerné. Cette compétence, nous ne l'avons pas aujourd'hui, mais cela n'empêche pas une formation de nos collaborateurs dans ce domaine.

Il n'y a pas aujourd'hui d'écueil qui pourrait nous empêcher de nous redéployer. C'est une question de temps et de moyens. J'ai souhaité, au détriment même d'autres chaînes, que la refonte du numérique de France Bleu soit une priorité. Le nouveau site France Bleu et sa nouvelle application constituent un socle qui va permettre d'enrichir à terme France Culture et France Inter. France-Musique et FIP pourront également en bénéficier. Les nouvelles chaînes en web radio viendront compléter l'offre de FIP et renforcer le lien avec nos auditeurs.

Sur les effectifs, le fait d'avoir renoncé à l'équilibre non pas fin 2017 mais à l'horizon 2018 nous permet d'éviter la mise en place d'un plan de départs volontaires sur un an et demi. Nous avons trois ans pour retourner à l'équilibre. Nous allons procéder au non-remplacement des départs naturels qui s'élèvent de 150 à 180 postes par an. En 2017, nous remplacerons un départ sur 2, en 2018 1 sur 3 pour revenir ensuite au remplacement de chaque départ.

En parallèle, des créations de postes permettront, d'une part, la mise en oeuvre de France Bleu Rhône et, d'autre part, l'enrichissement en matière de numérique et le développement de propositions musicales. Il faut placer Radio France dans le paysage culturel parisien. Nous sommes un producteur culturel, un producteur radiophonique. Des comédiens seront engagés pour nos fictions radiophoniques.

Les contrats à durée déterminée sont liés à l'évolution de nos grilles de programmes. Nous recourons aujourd'hui encore trop à des contrats à durée déterminée d'usage (CDDU) dans certains domaines. Nous allons faire un effort et travailler avec le ministère de la culture et de la communication pour nous améliorer sur ce point tout en gardant néanmoins une souplesse nécessaire au fonctionnement d'une maison de création comme Radio France.

Un certain nombre de journalistes sont en CDD. 80 journalistes viendront compléter et remplacer nos titulaires dans le réseau France Bleu, notamment dans les périodes de congés. Dans le cadre du COM, nous avons prévu de réduire un certain nombre de CDD par une meilleure planification des budgets au cours de l'année. Des améliorations sont à apporter au niveau des chaînes nationales dans les mois à venir.

Le climat est aujourd'hui vers un retour au travail. Il reste une inquiétude mais que l'on retrouve aussi au niveau national. Le soutien financier de notre actionnaire, notamment les 80 millions d'euros de l'Etat, pour finir le chantier dans son périmètre actuel, a été bien perçu par l'entreprise. La difficulté est de maintenir l'excellence dans un cadre économiquement contraint et avec des évolutions technologiques constantes. L'entreprise doit pouvoir se projeter dans l'avenir, forte de son histoire et de ses succès. Sinon, le principal risque sera le décrochage entre le service public radiophonique et son public.

Je partage les préconisations exprimées par MM. Gattolin et Leleux dans leur rapport sur le financement du service public de l'audiovisuel. Nous avons l'obligation que le financement corresponde à un financement ad hoc spécifique et au changement d'usage. La seule détention d'un téléviseur comme base de la contribution à l'audiovisuel public est totalement dépassée et incongrue pour financer des missions radiophoniques. Je m'inscris pleinement dans la proposition sur le forfait universel.

C'est à nous d'intéresser la jeune génération qui doit aussi comprendre que les missions de service public ne sont pas gratuites. La jeune génération a tendance à penser que la musique est gratuite à travers le piratage et la consommation sur les plateformes de partage sur Internet. Je considère que l'ensemble des publics doit contribuer au bon fonctionnement des services publics.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Robert

J'aurais aimé avoir des réponses plus précises sur Sophia, et notamment sur le calendrier. Peut-on espérer avoir des réponses avant la fin de l'année ?

Ma seconde question porte sur le rajeunissement des audiences.

France Inter est venu à Rennes et je voulais vous en remercier. La participation du public a été bonne. Mais j'ai observé la moyenne d'âge du public et je partage votre analyse. Elle était bien supérieure à celle des Transmusicales, révélateur des artistes de demain, dont France Inter fut un temps partenaire. Le service public n'encourage pas assez la prise de risque. C'est bien de spécialiser les radios mais il faut aussi adresser des messages aux jeunes sur des antennes généralistes pour réunir l'ensemble des générations. Ce serait une stratégie intéressante.

Enfin, sur la question des usages, on fonctionne maintenant avec les « applis ». Là, on parle de stratégie digitale.

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Grosperrin

14 millions d'auditeurs par jours, c'est exceptionnel ! Nous en sommes ravis car nous sommes très attachés à ce secteur.

Mes trois questions portent sur la particularité de l'audiovisuel en France et sur la place de votre entreprise dans ce paysage, sur la sauvegarde de Radio France qui doit passer par une révision en profondeur de la gestion des ressources humaines, et sur un parallélisme avec le conflit qui s'est déroulé à Air France.

Debut de section - PermalienPhoto de Samia Ghali

Radio France est à la pointe de l'information avec des émissions de qualité. Par contre, il reste du travail à faire en matière de renouvellement des audiences, notamment à destination de la jeunesse. Avez-vous l'intention de faire de la production avec vos studios d'enregistrement ? Il en manque dans la musique urbaine. Vous avez là un créneau à saisir. Est-ce que cela peut vous intéresser ?

Les jeunes n'écoutent pas beaucoup les radios publiques. En même temps, les jeunes ignorent la notion de service public. Ne pourrait-on pas effectuer un travail avec l'éducation nationale pour faire découvrir le service public à travers la radio ?

Je pense enfin que dans ce secteur, le public est encore plus jeune que vous imaginez. Il faut aller les chercher bien avant 13 ans, dès le primaire !

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Savin

Je siège au Conseil d'administration de Radio France et si les débats ont été parfois tendus, j'ai pu observer que tous les représentants avaient pour objectif de pérenniser et renforcer l'entreprise. Depuis quelques mois, chacun a pris conscience qu'il devait faire un pas pour trouver une solution.

Mes trois questions portent sur le retour à l'équilibre de Radio France à travers la maîtrise de sa masse salariale qui représente 60 % de son budget, sur le manque de garantie dans le COM concernant l'encadrement de la publicité sur les contenus numériques et enfin, sur les mesures à prendre pour éponger les pertes estimées à 20 millions d'euros en 2016.

Debut de section - PermalienPhoto de Maryvonne Blondin

Pour moi, Radio France se fonde de longue date sur le triptyque : informer-éduquer-divertir.

Je voudrais vous interroger sur le réseau France Bleu, auquel nous sommes tous très attachés ici en raison de son rôle dans le domaine de l'information au niveau local et pour le temps d'antenne qu'il accorde aux langues régionales. Ce réseau confère à mon sens une double identité à Radio France, groupe d'envergure nationale tout à la fois fortement ancré dans nos territoires.

Pouvez-vous me confirmer qu'un tiers des personnels de Radio France se trouve en région ? Cela engendre certainement des difficultés en termes d'organisation, de programmation. Cela a aussi un impact sur les conditions de travail. Je prendrai l'exemple de mon département, le Finistère, où la station France Bleu actuellement basée à Quimper dans des locaux vétustes doit déménager à Brest, ce qui suscite quelques remous. Pour en avoir parlé avec plusieurs membres du personnel sur place, je crois toutefois que la majorité est favorable à ce transfert, qui n'entraînera pas pour autant la fin de l'activité à Quimper.

Je voudrais savoir par ailleurs s'il est vrai que Radio France est le premier employeur de comédiens en France. C'est une information que j'ai retrouvée dans plusieurs rapports et cela ne va pas sans susciter des questions sur le statut de l'intermittence et le recours aux CDDU. Qu'en est-il enfin de la féminisation des postes de responsabilité au sein de votre entreprise ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Bouchoux

J'ai noté, en consultant notamment le récent rapport de nos collègues Jean-Pierre Leleux et André Gattolin, que votre budget faisait preuve d'un certain optimisme en matière de recettes publicitaires. Ma question est simple : peut-on raisonnablement être aussi optimiste en matière publicitaire pour les cinq années qui viennent, sans prendre le risque de mettre en doute la sincérité des prévisions budgétaires ?

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Nous nous fondons sur un budget publicitaire volontariste, ce qui ne signifie pas que nos prévisions budgétaires sont insincères. Au cours des années à venir, Radio France va devoir faire évoluer le cadre dans lequel elle opère en matière publicitaire. Nous vivons en effet une situation d'insécurité juridique depuis le récent jugement du Tribunal de commerce de Paris qui a estimé que Radio France diffusait des spots de publicité en dehors du périmètre autorisé par son cahier des charges. De même, il existe une insécurité économique : Radio France a perdu depuis 2008 près d'un quart de ces annonceurs publics, principalement les collectivités territoriales en raison des contraintes budgétaires qui pèsent sur elles. Il est donc impératif d'élargir notre panel à d'autres types d'annonceurs, tout en préservant le confort d'écoute de nos auditeurs qui se caractérise par une présence publicitaire limitée sur nos antennes.

Dans le cadre de notre budget, nous souhaitons développer l'aspect numérique et maintenir notre action dans le domaine hertzien. Je voudrais souligner également que nous avons pour objectif de diversifier nos recettes grâce à la billetterie de nos concerts et en proposant un certain nombre de services au sein de la Maison de la Radio. Il s'agit ainsi de développer l'activité de producteur culturel au sein de la Maison de la Radio.

Je me réjouis de constater que nous partageons les mêmes préoccupations au sujet de la jeunesse. Ce souci se traduit dans notre programmation par une place accrue pour le sport et l'humour comme je l'ai dit tout à l'heure. L'humour se prête particulièrement aux nouveaux modes de diffusion privilégiés par les jeunes, podcasts et vidéos en format court. Leur partage permet d'étendre la notoriété de nos chaînes dans cette catégorie de population. De même, nous avons à coeur de soutenir les jeunes talents, comme ce fut le cas récemment de France Inter avec l'artiste Christine and the Queens, que nous avons détectée avant même la sortie de son premier disque, fait partie des missions essentielles de France Inter, sous l'égide du directeur musical, Didier Varrot.

En matière de partenariat, nous avons souhaité clarifier le rôle de chacune de nos chaînes dans leur politique de soutien aux festivals musicaux. Il ne nous semblait pas très cohérent que plusieurs de nos antennes apportent leur soutien à une même manifestation. Ainsi, FIP est désormais l'unique partenaire des Transmusicales de Rennes. Cette situation n'empêche pas le festival de bénéficier du soutien de l'ensemble du groupe Radio France. Nous avons créé un comité des partenariats qui évalue en fonction de critères éditoriaux, artistiques et programmatiques quelle chaîne est la plus indiquée pour soutenir tel ou tel évènement. Cela permet de développer l'identité de nos différentes antennes, alors que France Inter est toujours la plus sollicitée.

Madame Blondin, je vous confirme que Radio France est le premier employeur de comédiens en France en raison du nombre important de fictions dans nos programmes. Le personnel en région représente bien un tiers des effectifs de Radio France. J'effectue un déplacement par mois dans les stations France Bleu : j'ai ainsi pu échanger récemment avec les personnels de France Bleu Armorique, à Rennes. En ce qui concerne le cas des locaux de France Bleu Breizh Izel que vous évoquez, il est encore trop tôt pour se prononcer. Claude Escaline, directeur du réseau France Bleu, suit ce dossier de près avec l'aide de la direction des ressources humaines du groupe et en lien avec les instances représentatives du personnel. L'objectif de cette opération est d'obtenir au final un meilleur service de proximité.

L'instauration de la parité au sein du réseau France Bleu n'est pas chose évidente.

Debut de section - Permalien
Claude Escaline

Il y a une quarantaine de cadres féminins dans le réseau France Bleu. C'est insuffisant. Je travaille avec mes équipes afin de faire en sorte que ce nombre augmente. Nous avons des collaboratrices de grand talent, parmi les responsables de rédaction ou de programmes. Nous souhaitons augmenter en particulier le nombre de directrices de station, actuellement limité à trois.

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Gonthier-Maurin

Il n'existe pas d'indicateurs de suivi ? Je suis surprise.

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Il n'y a pas d'indicateurs de suivi aujourd'hui. La féminisation des postes de responsabilité était un des engagements que j'avais exprimé devant le CSA. Il y a actuellement trois directrices de chaînes sur sept au niveau du groupe, et le nouveau comité exécutif est paritaire. Nous devons poursuivre notre effort, notamment dans le réseau France Bleu.

Debut de section - Permalien
Frédéric Schlesinger, directeur délégué aux antennes et aux programmes de Radio France

Je répondrai à Mme Ghali que le Mouv' propose un panel d'émissions qui vise à faire émerger les jeunes talents, notamment dans le domaine des musiques urbaines. Je pense à l'émission dirigée par Issam Krimi, un musicien professionnel très connu dans les milieux du jazz, « Mouv' Live Show » qui associe des rappeurs et des musiciens professionnels dans le cadre de concerts en direct à la Maison de la Radio qui sont retransmis par ailleurs par France Ô. De même, Mouv', à travers le classement « Top Mouv' indé » affiche la préoccupation constante de mettre en avant les scènes musicales indépendantes, dont ce qu'on appelle la « musique de garage », afin que celles-ci rencontrent leur public.

Debut de section - Permalien
Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France

Comment réduire notre déficit l'an prochain et tenir notre trajectoire budgétaire ? Nos efforts, Monsieur Savin, ont commencé dès cette année, ce qui n'avait rien d'évident avec le conflit social que nous avons connu : nous avons réduit notre effectif de 90 emplois, nous mettons en place un suivi très précis qui tient compte de l'évolution de nos métiers et de l'équilibre de nos antennes. Quant à la publicité, nous souhaitons la maintenir à son niveau actuel mais en diversifier les sources, en particulier du côté du numérique où nous aurons de plus en plus de public.

L'audiovisuel public a-t-il des particularités ? Certainement, Monsieur Grosperrin, et parmi elles le fait que la différence, la singularité et l'excellence font partie de nos missions, de notre qualité de radio de service public. Pour les maintenir, nous devons faire évoluer nos métiers, nous adapter pour être en phase avec les évolutions de la société française, dans toutes ses composantes, c'est au coeur de notre nouveau modèle de gouvernance, qui passe notamment par la responsabilisation du management intermédiaire, de proximité.

Quant au rapprochement avec Air France-KLM, il me paraît bien hasardeux, tant chaque entreprise a ses caractéristiques et son identité propres...

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Morin-Desailly

Merci pour toutes ces précisions, Monsieur Gallet. Nous nous réjouissons qu'après une année quelque peu mouvementée, Radio France ait retrouvé un climat de sérénité et qu'elle soit de nouveau sur de bons rails. Du travail reste à faire sur le COM, il est ambitieux et en phase avec les enjeux de gestion aussi bien que d'évolution des publics. Vous avez une grande responsabilité, celle du service public, d'autant plus grande que le paysage audiovisuel français est mouvant, que les changements s'y accélèrent au gré de la révolution technologique : il vous revient d'y préserver, et même d'accentuer la singularité de Radio France, vous nous avez démontré que c'est bien là votre objectif.

Je veux souligner, enfin, l'importance des antennes de France Bleu : leurs équipes remplissent véritablement leur mission de service public, elles sont au coeur de l'actualité, très réactives, au fait des événements culturels, sportifs, de tout ce qui fait la vie de nos territoires : nous y sommes très attachés !

La réunion est levée à 12 h 05.