Intervention de Mathieu Gallet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 octobre 2015 à 10h10
Contrat d'objectifs et de moyens com pour la période 2015-2019 entre l'état et radio france — Audition de M. Mathieu Gallet président directeur général de radio france

Mathieu Gallet, président directeur général de Radio France :

Je vous remercie d'avoir salué le travail qui a été accompli par les équipes de Radio France. Je ne crois pas cependant que l'on puisse qualifier l'année 2015 d'« année blanche ». Dès mon arrivée en mai 2014, nous nous sommes efforcés de repenser l'offre éditoriale pour offrir de nouveaux programmes dans un temps très contraint. Les nouvelles grilles ont permis d'obtenir des succès d'audience lors de la saison 2014-2015 et ont été reconduites à la rentrée 2015. La Maison de la Radio a été ré-ouverte au public le 14 novembre 2014 avec l'inauguration du nouvel auditorium, qui constitue notre deuxième métier. L'année 2015, marquée par un déficit de 21 millions d'euros, a été employée à remettre l'entreprise sur les rails, avec la perspective d'un retour à l'équilibre en 2018. Des groupes de travail ont été constitués concernant le réseau France Bleu, la production radiophonique et la musique qui ont permis d'enrichir le projet de COM. L'année 2015 a donc été difficile mais utile.

Vous avez également fait référence, Monsieur Leleux, au vieillissement de notre audience. Il est vrai qu'à Radio France, l'audience moyenne s'établit à 57 ans, soit 10 ans de plus que l'âge moyen de la population française, qui demeure l'étiage pour la radio française dans son ensemble. Pire, la situation de Radio France en la matière ne cesse de se dégrader. Ce phénomène s'explique par le fait que, depuis la libéralisation du secteur au début des années 80, la quasi-totalité des stations destinées aux adolescents et aux jeunes adultes, Mouv' mis à part, appartiennent aux chaînes privées. Avec la création de Mouv' en 1997, Radio France a tenté d'attirer cette population mais, vingt ans après, ne disposant que de 30 fréquences, l'offre publique à destination des jeunes demeure très limitée. À titre de comparaison, le groupe NRJ bénéficie d'environ 400 fréquences. Pour sa part, FIP, pépite musicale du service public, dont l'âge moyen des auditeurs tourne autour de la quarantaine, n'est présente que sur dix fréquences. En conséquence, Radio France n'est présente musicalement sur l'ensemble du territoire que par la voix, classique, de France Musique. Loin de considérer ce constat comme une fatalité, Radio France a engagé, en 2015, un ambitieux chantier d'adaptation de l'offre éditoriale de Mouv', composée à 75 % de musique. Désormais les cultures urbaines, le hip-hop et le R'n'B sont au coeur de la programmation aux fins d'attirer les 13-24 ans. Pour autant, les évolutions constantes des pratiques des plus jeunes en matière d'écoute musicale ne permettent pas d'affirmer avec certitude que la nouvelle mouture de Mouv' sera un succès. Pour cette raison, un point de rendez-vous est prévu sur ce dossier par le contrat d'objectifs et de moyens (COM) de Radio France.

J'ai en revanche, Monsieur le sénateur, plus de difficultés à me prononcer sur les conséquences que pourrait avoir, selon vous, sur le COM, un éventuel changement politique à la tête de l'État en 2017. Il me semble en réalité que l'État s'est engagé en tant que tel pour cinq ans. Or, Radio France a absolument besoin de cette visibilité dans la durée, quand bien même la représentation nationale est amenée chaque année à voter le budget.

Les travaux menés cet été par Stephan Gehmacher, directeur de la Philharmonie de Luxembourg, sur les formations musicales de Radio France ont été particulièrement instructifs, d'autant plus que l'auteur bénéficiait de toute la légitimité en raison de ses compétences et à sa gestion saluée du service public de l'audiovisuel de Bavière, dont les caractéristiques sont proches en de nombreux points de celles de Radio France. Je ne vous cacherai pas, néanmoins, que la réception de ses conclusions a quelque peu secoué nos musiciens, notamment s'agissant de sa proposition relative à un orchestre philharmonique à géométrie variable. Ce rapport va - j'en suis convaincu - nous permettre de construire à Radio France une offre musicale dotée d'une véritable identité, afin de la faire émerger dans un contexte où le nombre de salles parisiennes ne cesse de croître : 2015 a ainsi vu la Philharmonie être inaugurée tandis que les équipements de l'Ile Seguin devraient être accessibles en 2017. Notre réflexion relative à l'affirmation d'une identité culturelle propre à Radio France s'appuie, en outre, sur les travaux menés sur ce thème par Marie-Pierre de Surville.

Enfin, Monsieur Leleux, vous avez souhaité connaître l'état d'avancement des travaux préparatoires à la création d'une chaîne d'information du service public. Les discussions, menées par Laurent Guimier pour Radio France et Germain Dagognet pour France Télévisions, sont en cours, raison pour laquelle nous n'avons pas souhaité faire apparaître ce point dans le COM. À la fin du mois de novembre, si nous souhaitons être capables de lancer une offre à l'automne 2016, une feuille de route devra avoir été élaborée. Tel est mon souhait, partagé par Delphine Ernotte comme par l'ensemble des présidents des sociétés de l'audiovisuel public.

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