Intervention de Matthias Fekl

Commission des affaires économiques — Réunion du 4 novembre 2015 à 10h03
Loi de finances pour 2016 — Audition de M. Matthias Fekl secrétaire d'état chargé du commerce extérieur de la promotion du tourisme et des français de l'étranger

Matthias Fekl, secrétaire d'État chargé du commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l'étranger :

Merci Monsieur le Président de m'avoir invité ce matin. Je viens devant votre commission avec plaisir, comme du reste cela avait été le cas l'an dernier, ainsi qu'à d'autres occasions, comme par exemple pour évoquer les négociations transatlantiques, sur lesquelles un travail de fond extrêmement important a été engagé dans les Parlements français comme européen.

J'aborderai les thèmes du commerce extérieur et du tourisme, sachant que mon portefeuille comprend également les Français de l'étranger, que je rencontre régulièrement.

Je souhaiterais tout d'abord, s'agissant du commerce extérieur, vous parler de notre stratégie. Je présenterai en fin d'année ou en début d'année prochaine, pour répondre à votre demande sur ce point, une feuille de route stratégique sur le sujet.

La situation reste très difficile cette année, mais les choses s'améliorent. Le déficit du commerce extérieur, qui était de 73 ou 74 milliards d'euros en 2011, s'est depuis réduit de 25%. En 2015, il devrait s'élever à une quarantaine de milliards d'euros. Une partie de ce redressement est certes due au cours de l'euro et au coût de l'énergie. Mais elle tient pour un tiers, selon les experts, à la relance de l'appareil productif et à la performance de nos entreprises à l'export. Le Gouvernement travaille en ce sens et fait prévaloir, dans les négociations commerciales internationales, transatlantiques notamment, le respect de certains principes fondamentaux, la diversité culturelle, la défense du service public, la préservation de notre modèle agricole et de nos territoires...

Nous souhaitons donner la priorité à l'exportation des petites et moyennes entreprises (PME). Nous avons organisé, en mars dernier au quai d'Orsay, le premier forum des PME à l'international, qui a rassemblé 400 entreprises. Je poursuis cette initiative en faisant un « tour de France » des PME exportatrices avec les acteurs de terrain. Elle s'accompagne d'un plan d'action très précis, avec la mise en place, d'ici la fin de l'année, d'un guichet unique douanier ; l'accompagnement des PME à l'export par Business France, les chambres consulaires et les collectivités ; l'augmentation du nombre de volontaires internationaux en entreprise (VIE), qui devrait passer de 8 000 aujourd'hui à 10 000 fin 2017 ; un accompagnement spécifique à l'international de 3 000 PME supplémentaires...

Business France, résultant du rapprochement d'Ubifrance et de l'Agence française des investissements internationaux (AFII), et à ce titre en charge à la fois de l'exportation et de l'attractivité de notre pays, s'est vu assigner des objectifs plus qualitatifs. Notre pays est ouvert et internationalisé : un tiers des exportations provient de filiales de groupes étrangers installés en France. Ce constat a motivé la création de ce nouvel opérateur, décidée en février 2014 et mise en oeuvre au 1er janvier de cette année.

D'un point de vue budgétaire, l'action 7 du programme 134 correspond à la subvention pour charge de service public de Business France. Elle diminue cette année, passant de 108 millions d'euros lors du précédent exercice à un peu moins de 104 millions dans ce projet de budget. Cette réduction est permise par l'excédent de 7 millions d'euros dégagé en 2014, ainsi que par un abondement de l'opérateur de 5 millions d'euros à la demande du ministre Laurent Fabius, afin de faire face aux surcoûts momentanés découlant de la fusion. Les objectifs fixés à Business France sont moins quantitatifs ; plus précis, ils s'attachent à des taux de réalisation.

Le financement de l'opérateur sur ressources propres, à travers les VIE par exemple, doit être également pris en compte ; il devra être supérieur à 42 % de ses ressources globales en 2016. Son plafond d'emplois sera réduit de 12 équivalents temps plein (ETP) ; il prendra ainsi part à l'effort collectif de l'ensemble des opérateurs en matière budgétaire.

La fusion des deux anciennes structures devrait à terme entraîner des économies. Nous serons attentifs aux redéploiements qui l'accompagneront, afin que le nouvel opérateur soit en en phase avec la réalité de l'activité économique internationale et les opportunités qu'elle génère pour nos entreprises.

Les PME ne sont, dans notre pays, pas assez internationalisées. 121 000 entreprises exportent en France : c'est trois fois moins qu'en Allemagne, et deux fois moins qu'en Italie, pays à bien des points comparables. Partant de ce constat, il faut tout faire pour mieux aider et accompagner ces PME, notamment en leur simplifiant la vie.

Je conclurai cette première partie en soulignant bien que toutes mes délégations internationales sont ouvertes aux PME, et que mes services sont à votre disposition si vous suggérez à une entreprise de participer à une délégation officielle.

S'agissant à présent du tourisme, piloté politiquement au Quai d'Orsay par M. Laurent Fabius, je rappelle qu'il s'agit d'un secteur économique à part entière. En pleine expansion, dans un contexte de concurrence internationale accrue, il représente en effet 7 à 8% du PIB et 2 millions d'emplois. Notre pays est la première destination touristique au monde, avec 84 millions de visiteurs en 2014, et sans doute 85 cette année. Le ministre a fixé un objectif de 100 millions de visiteurs en 2020. Le monde, pour donner une échelle, compte aujourd'hui un milliard de touristes, chiffre qui devrait s'élever à 1,8 milliard en 2030 selon les institutions onusiennes.

Afin de soutenir le secteur, nous avons organisé les Assises du tourisme l'an dernier, et la première conférence annuelle sur le tourisme en octobre au Quai d'Orsay. Le premier enjeu d'importance est l'accueil ; nous y oeuvrons en lien avec les professionnels, qui se montrent très volontaristes sur le sujet. Il s'agit de renforcer notre convivialité vis-à-vis des touristes étrangers, d'accroître la professionnalisation de nos acteurs et de de travailler sur la linguistique, en particulier dans les messages envoyés aux touristes sur leur téléphone mobile à leur arrivée en France. Notre politique de visas a été revue, en lien avec les consulats, afin de simplifier et d'accélérer leur octroi : plus d'un tiers d'entre eux est délivrée en 48 heures désormais, tandis que tous le sont dans un tel délai en Chine. Il nous faut à présent faire porter l'effort sur les principales portes d'entrée dans notre pays que sont les aéroports et les gares, ainsi que sur les moyens de les relier entre eux.

Un milliard d'euros seront investis dans ce secteur du tourisme ces prochaines années. M. Fabius a décidé de créer à cet effet un fonds d'investissement spécifique, avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et BPI France. Le programme des investissements d'avenir (PIA) comptera une ligne dédiée au tourisme, afin de favoriser sa montée en gamme et sa diversification. Vont également en ce sens les contrats de destination, dont une vingtaine a été signée, ainsi que les pôles d'excellence.

Nous nous intéressons aussi aux aspects numériques, que ce soit à travers des applications dédiées ou la création d'un site unique pour le tourisme en France, baptisé france.fr, en lien avec Atout France, afin de mettre en avant la diversité des expériences touristiques qu'offre notre pays. À cet égard, 70% des touristes étrangers mettent en avant la gastronomie, la viticulture et le patrimoine national.

Les nouvelles formes de tourisme et d'hébergement, avec par exemple la plateforme Airbnb, retiennent également notre attention. Leur développement est inéluctable, mais il convient qu'il se fasse dans un contexte de concurrence loyale, où certaines règles sont respectées. S'agissant des prélèvements fiscaux, nous avons travaillé avec les différentes plateformes d'hébergement, qui se sont engagées à informer leurs usagers des différentes obligations les concernant.

L'effort global de l'État en faveur du tourisme s'élève à 2 milliards d'euros. S'agissant du programme 134 de la mission « Économie », les moyens mobilisés figurent aux actions 2 et 21. En ce qui concerne le ministère des affaires étrangères et du développement international, ils sont intégrés dans le programme 185, où figure la dotation d'Atout France.

L'action 2 précitée regroupe notamment les personnels, parmi lesquels ceux mis à disposition auprès notre opérateur, et dont je salue la qualité du travail effectué.

L'action 21, qui comporte 7 millions d'euros d'autorisations d'engagement et un peu moins de 4 millions de crédits de paiement, s'articule autour de trois axes : la promotion de l'image touristique de la France, visant au maintien de notre rang de leader mondial et au développement de la contribution positive du secteur à notre balance des paiements ; la régulation de l'activité touristique et la structuration de l'offre ; et enfin la facilitation de l'accès aux vacances des pour certains publics, comme les personnes défavorisées ou handicapées.

Je conclurai en insistant sur l'importance fondamentale du secteur touristique pour notre pays, et sur la cohérence de son pilotage par le Quai d'Orsay.

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