Intervention de Marisol Touraine

Réunion du 12 novembre 2015 à 15h00
Financement de la sécurité sociale pour 2016 — Articles additionnels après l'article 17

Marisol Touraine, ministre :

Je remercie M. Arnell d’avoir retiré son amendement.

Vos deux amendements, madame Archimbaud, portent sur un sujet important, dont nous débattons régulièrement. Je ne méconnais d’ailleurs pas l’intérêt des mesures visant à augmenter le prix du tabac, notamment du tabac à rouler.

L’étude parue au mois de septembre 2015, à laquelle vous avez fait référence, le montre clairement : contrairement à ce que nos concitoyens imaginent, le coût social du tabagisme est sans commune mesure avec ce que la vente du tabac rapporte à l’État. Dans le climat de défiance actuel, certains semblent croire que l’État a pour seul intérêt de remplir ses caisses en permettant aux gens de fumer. La vérité est que le tabac coûte cher en arrêts de travail ; il coûte cher aux entreprises, aux acteurs économiques et à la sécurité sociale. Il faut prendre en charge les traitements et les soins des malades, qui sont trop nombreux : le tabac tue près de 80 000 personnes chaque année !

La France assure cette prise en charge. Dans d’autres pays, on examine d’abord quelles assurances – elles sont extrêmement chères – ont été souscrites : par exemple, un individu atteint d’un cancer n’ayant pas déclaré être fumeur ne pourra pas être pris en charge. C’est le cas aux États-Unis, où la prise en charge diffère selon l’assurance souscrite.

Faut-il aller dans le sens que vous souhaitez, madame la sénatrice ? Comme l’a souligné le rapporteur général, il faut une politique globale, cohérente, sans à-coups. Le Gouvernement a une stratégie identifiée, celle que j’ai annoncée l’an dernier : le programme national de réduction du tabagisme. Plusieurs options existaient, dont l’augmentation des prix du tabac. Ce n’est pas le choix qui a été retenu. Nous avons préféré privilégier le paquet neutre, avec des mesures d’interdiction dans les lieux fréquentés par les enfants et d’accompagnement des fumeurs, comme le triplement de la prise en charge par l’assurance maladie du sevrage tabagique pour certaines personnes.

C’est le Président de la République qui a tranché, en faisant le choix de la cohérence du dispositif présenté, dans le cadre du plan cancer. Je défends aujourd'hui cette même cohérence : nous ne souhaitons pas ajouter l’augmentation des prix du tabac aux mesures qui ont déjà été adoptées. Par conséquent, le Gouvernement sollicite le retrait de ces deux amendements. À défaut, l’avis sera défavorable.

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