Séance en hémicycle du 12 novembre 2015 à 15h00

Résumé de la séance

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Sommaire

La séance

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La séance, suspendue à treize heures quinze, est reprise à quinze heures, sous la présidence de M. Gérard Larcher.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

L’ordre du jour appelle les questions d’actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle que la séance est retransmise en direct sur France 3, Public Sénat et le site internet du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Claude Bérit-Débat, pour le groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s’adresse à Mme la ministre du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité.

Madame la ministre, vous présentiez lundi de nouvelles mesures fortes concernant le prêt immobilier à taux zéro.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Comme l’a rappelé le Président de la République à Nancy, l’accès à la propriété du plus grand nombre de nos concitoyens est un impératif à la fois économique et social.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Construire, c’est non seulement loger, mais aussi créer de l’activité et des emplois. Les professionnels, qui accueillent ces mesures avec enthousiasme, en sont unanimement convaincus.

Comme eux, je ne peux que me réjouir du renforcement de ce dispositif qui, notamment dans nos départements ruraux, favorisera le développement de l’activité des TPE et PME du secteur du bâtiment.

Ces nouvelles mesures permettront, à compter du 1er janvier 2016, d’étendre l’accès au prêt à taux zéro à un plus grand nombre de ménages. Voici comment on améliorera le financement de leurs projets immobiliers : les seuils des revenus d’éligibilité seront relevés, la part des achats financés dans le neuf sera revalorisée, le remboursement pourra être différé selon les revenus et les durées de prêt seront allongées. Surtout, l’élargissement du prêt à taux zéro bénéficiera désormais aux logements anciens faisant l’objet de travaux de rénovation dans 30 000 nouvelles communes.

Madame la ministre, les chiffres montrent aujourd’hui que votre politique commence à porter ses fruits.

Exclamations moqueuses sur les travées du groupe Les Républicains. M. Roger Karoutchi fait mine d’applaudir.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

M. Claude Bérit-Débat. À l’heure où cette dynamique positive se précise, pouvez-vous nous détailler les modalités d’application de ce dispositif ainsi que les retombées attendues, tant pour l’activité économique que pour l’emploi ?

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - Permalien
Sylvia Pinel

Mme Sylvia Pinel, ministre du logement, de l’égalité des territoires et de la ruralité. Monsieur le sénateur, vous avez parfaitement décrit le dispositif que nous avons annoncé lundi avec M. le secrétaire d’État au budget.

Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Sylvia Pinel

Pour mettre en œuvre la volonté du Président de la République d’améliorer l’accès à la propriété des jeunes et des classes modestes, nous avons en effet souhaité prendre des mesures qui soient simples, lisibles et efficaces. Comme vous l’avez rappelé, monsieur le sénateur, à la suite de l’annonce par le Premier ministre du plan de relance du logement l’année dernière, beaucoup de segments du logement – le logement social, mais aussi le logement intermédiaire – ont connu une augmentation des ventes. Cette augmentation commence à se traduire dans le nombre de permis de construire et de mises en chantier ; pour autant, nous avons constaté que l’accession à la propriété restait en retrait.

Voilà pourquoi nous avons entrepris de changer l’ensemble des paramètres du prêt à taux zéro, afin de le rendre plus efficace : nous avons porté sa quotité à 40 % ; nous avons relevé le plafond de revenus, afin de permettre à davantage de ménages d’y avoir accès ; enfin, nous avons développé la capacité de différer les remboursements et augmenté les délais.

Vous avez également souligné, monsieur le sénateur, que le Gouvernement a souhaité élargir à l’ensemble du territoire le bénéfice de ce dispositif d’accession à la propriété pour le patrimoine ancien, ce que nous avions expérimenté l’an dernier dans près de 6 000 communes rurales.

L’ensemble de ces dispositifs nous permettra de passer de 65 000 à 120 000 prêts à taux zéro distribués par an et de créer ainsi 50 000 emplois.

Vous pouvez donc voir, mesdames, messieurs les sénateurs, que le Gouvernement est déterminé à faire de la relance de la construction une priorité : c’est important pour la croissance et pour l’emploi dans l’ensemble de nos territoires.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Lana Tetuanui, pour le groupe UDI-UC.

Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Lana Tetuanui

Madame la ministre des outre-mer, à l’orée de l’examen par le Sénat du projet de loi de finances pour 2016, je tiens à vous rappeler que l’assemblée de la Polynésie française a émis à l’unanimité, le 1er octobre dernier, un avis défavorable sur l’article de ce projet de loi relatif à la réforme de la dotation globale de fonctionnement, ou DGF, et à la diminution de la part de cette dotation allouée aux communes.

Le Premier ministre a tout récemment déclaré que la réforme envisagée de la DGF serait reportée. Néanmoins, en l’absence de confirmation sur ce point, je me permets d’attirer votre bienveillante attention, madame la ministre, sur le mécontentement général de la classe politique polynésienne envers non seulement cette baisse de crédits, qui affectera le bon fonctionnement des actions communales, mais aussi la nouvelle réduction en 2016 de la dotation globale d’autonomie, qui prolonge deux années de baisses dues au pacte de responsabilité.

Cette dernière dotation, sanctuarisée au titre de la participation de la Polynésie française à la mise en place de la force de frappe nucléaire de la France, constitue dans notre collectivité un sujet extrêmement sensible. Sa réduction apparaît comme une remise en cause de la parole de l’État. En effet, à la différence des autres collectivités territoriales, la Polynésie française ne bénéficie pas des autres leviers budgétaires propres aux communes métropolitaines, qui peuvent bénéficier de compensations financières sur d’autres supports.

En conséquence, je plaide aujourd’hui pour un rétablissement des crédits alloués à nos communes au titre de la DGF. Nous avons malgré tout participé depuis plusieurs années aux nécessaires efforts de maîtrise budgétaire engagés par l’État, alors même que notre collectivité d’outre-mer, dotée de l’autonomie, ne peut prétendre au bénéfice de nombreuses dispositions de soutien dévolues aux collectivités ultramarines.

Debut de section - PermalienPhoto de Lana Tetuanui

Mme Lana Tetuanui. Madame la ministre, je vous serai reconnaissante de bien vouloir nous préciser si la DGF des communes de Polynésie française est bien maintenue et non diminuée.

Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC et sur certaines travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
George Pau-Langevin

Madame la sénatrice, je suis consciente de l’émotion qu’a pu provoquer la baisse des crédits alloués à la dotation globale d’autonomie en Polynésie française. Je connais le caractère symbolique de cette dotation pour les Polynésiens ; c’est d’ailleurs un sujet dont nous avons beaucoup parlé avec les députés lors de l’examen de ces crédits à l’Assemblée nationale.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le faire, je tiens à vous préciser que nous n’avons pas accédé à la demande de porter cette dotation de 80 millions d’euros à 84 millions d’euros. En effet, si nous l’avions fait sur cette ligne-là, cela aurait entraîné la suppression de 16 millions d’euros d’autorisations d’engagement. Or la Polynésie française a besoin d’un certain nombre de mesures pour pouvoir mettre en place des projets et des activités : ce n’était donc pas opportun.

Je me suis en revanche engagée – engagement que je réitère aujourd’hui – à faire en sorte que ces 84 millions d’euros soient bien alloués à la Polynésie française. Il est pour autant hors de question, dans l’intérêt même de votre collectivité, madame la sénatrice, de faire figurer cette hausse de crédits dans les dotations où elle figure aujourd’hui ; en effet, la répercussion sur les autorisations d’engagement serait immédiate.

Debut de section - Permalien
George Pau-Langevin, ministre

S’agissant des dotations aux collectivités territoriales ultramarines, le fait que les collectivités d’outre-mer et Mayotte soient exemptées de la contribution au redressement des finances publiques est bien la reconnaissance d’une fragilité particulière de ces communes.

Par ailleurs, vous savez que nous avons désindexé l’an dernier la dotation générale d’autonomie de Polynésie française de la DGF, afin d’éviter qu’elle ne diminue de la même manière que dans les autres communes. Cette année, nous appliquons la réforme globale des dotations de l’État au bloc communal ; l’évolution générale sera par conséquent favorable aux communes d’outre-mer.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour le groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Monsieur le Premier ministre, je vous interpelle en votre qualité de chef du Gouvernement.

Il ne se passe pas de jour sans que le Gouvernement annonce une réforme : ainsi, la réforme du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu, …

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

… ou encore la mise en œuvre de la révision des bases des valeurs locatives.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Le Gouvernement veut par ailleurs faire adopter une réforme de la dotation globale de fonctionnement des collectivités locales.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Toutes ces réformes ont un point commun, monsieur le Premier ministre, …

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

… le Gouvernement a décidé qu’elles n’entreraient en vigueur qu’après 2017 !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

M. Alain Vasselle. Monsieur le Premier ministre, en vertu de quelle logique, reportez-vous systématiquement la mise en œuvre de votre politique tout en affirmant quotidiennement l’urgence absolue de réformer le pays ? Nous attendons votre réponse !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

Pourquoi n’avez-vous pas vous-mêmes réformé la DGF ?

Debut de section - Permalien
Manuel Valls

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, il règne désormais au Sénat une ambiance que j’aime retrouver régulièrement et j’y sens une attente que je ne trouve nulle part ailleurs !

Rires et applaudissements.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls

Monsieur le sénateur Vasselle, je pourrais rappeler les différentes réformes que nous avons menées dans bien des domaines. Il faut néanmoins se mettre d’accord sur ce mot de « réforme » qui inquiète parfois nos concitoyens…

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

Nous devons donner un sens clair à ce terme : la modernisation du pays, avec le souci de la justice sociale qui s’impose.

Les réformes menées depuis 2012 sont pourtant nombreuses : je pense ainsi, bien sûr, au mariage pour tous ; je pense à la diminution du nombre de régions ; je pense à la réforme du collège ; je pense à la parité ;…

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

… je pense au non-cumul des mandats, qui a trouvé un succès certain dans cette assemblée ; je pense encore à la mise en place de la Banque publique d’investissement. Je ne poursuivrai pas l’énumération de ces réformes.

De mon point de vue, l’engagement gouvernemental le plus important est la réforme profonde de notre économie par la baisse tant du coût du travail que de la fiscalité sur les entreprises. Cette baisse, de l’ordre de 40 milliards d’euros, s’accompagne de notre lutte indispensable contre les déficits publics, soit un effort de 50 milliards d’euros sur trois ans, mené afin de redonner de la force et de la compétitivité à notre pays.

Cependant, vous m’interrogez plutôt sur les réformes à venir, monsieur le sénateur. Je ne ferai qu’évoquer les plus importantes.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

La première de ces réformes concerne le droit du travail.

Personne n’a mis sur le métier avant nous cette réforme essentielle, qui doit faire en sorte que la négociation entre les salariés et les responsables des entreprises se fasse au plus près du terrain, dans les entreprises ou dans les branches professionnelles, dont il faut par ailleurs diminuer le nombre. Nous avons confié à Robert Badinter une mission : réécrire en moins de deux mois l’ensemble des principes prescripteurs en matière de droit du travail.

Par ailleurs, dès 2016, nous consacrerons un texte législatif à l’organisation du temps de travail. Chacun sait en effet que cette organisation est aujourd’hui trop rigide ; à l’époque du numérique, il faut pouvoir faire montre de souplesse. Par conséquent, quelque 120 pages du code du travail qui concernent l’organisation du travail seront d’ores et déjà modifiées l’année prochaine.

Enfin, sur tel ou tel aspect du code du travail, qui est une matière importante, peut-être faudra-t-il aller plus vite, mais nous devons nous donner du temps – je réponds ainsi à votre remarque, monsieur le sénateur –, car c’est nécessaire. Si la réforme prend deux ans et empiète sur le quinquennat suivant, cela témoigne que nous sommes une République moderne qui a la capacité de se réformer et de faire converger tous les acteurs, en associant le patronat, les organisations syndicales et la représentation nationale, puisque cette dernière sera consultée. Cette réforme se fera, elle est engagée.

Deux textes sont particulièrement importants : le projet de loi pour une République numérique et le projet de loi sur les nouvelles opportunités économiques. §C’est un message d’optimisme qu’il faut adresser à la société. Il faut insister sur les opportunités offertes par le numérique et les changements que cela implique sur le marché du travail, dans l’entreprise, mais aussi dans la vie quotidienne et dans l’organisation du travail. Pour les services, pour les entreprises, pour l’État, des réformes importantes seront adoptées en 2016.

Le Gouvernement a aussi entrepris une réforme en matière d’égalité et de citoyenneté. Elle passe par des réponses en matière de logement, d’école, de mixité sociale dans les collèges – la ministre de l’éducation nationale répondra bientôt à une question en ce sens. Modernité, autorité, sécurité, égalité sont des axes importants de la politique que nous menons.

J’en viens à la fiscalité, monsieur le sénateur. Tout le monde demande depuis des années la retenue à la source, mais tout le monde pense que cette réforme est compliquée. Nous engageons cette réforme. Elle aussi sera irréversible et personne n’y reviendra.

C’est pourquoi, dans ce domaine également, il est plutôt de bonne méthode de prendre deux ou trois ans avant la mise en œuvre de ce nouveau système et de prévoir son application à partir du 1er janvier 2018. Cependant, chacun sait désormais que cette réforme est inscrite dans la réalité fiscale : nos concitoyens l’attendent.

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

Sur la dotation globale de fonctionnement, curieuse critique !

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

L’ensemble des associations d’élus – je rencontrerai en fin d’après-midi François Baroin, que je salue, et une délégation de l’Association des maires de France pour préparer le congrès de la semaine prochaine – demandent du temps pour travailler à cette question. Le Gouvernement les entend.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

Les principes sont votés dans la loi de finances et la réforme de la DGF, qui sera conclue au printemps prochain, une fois achevées l’ensemble des simulations, notamment sur les perspectives pluriannuelles, sera appliquée à partir du 1er janvier 2017.

Monsieur le sénateur, j’en conclus que nous avons une approche différente de la réforme. Pour moi, les vraies réformes sont celles qui s’inscrivent dans le temps et qui sont efficaces. Ce n’est pas de l’esbroufe !

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Manuel Valls, Premier ministre

M. Manuel Valls, Premier ministre. … qui a besoin de se préparer à affronter les grands défis de l’avenir, et ce dans la justice. C’est ce que demandent les Français !

Bravo ! et applaudissementssur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Monsieur le Premier ministre, drôle de calendrier qui consiste à attendre d’être à mi-mandat pour engager des réformes structurelles, comme celles que vous venez d’évoquer à l’instant même !

Je note également que vous avez passé cinq minutes à justifier ces réformes sans expliquer réellement ce qui motivait une mise en œuvre aussi tardive !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Je constate qu’aujourd’hui le mécontentement dans le pays est général : après les avocats et les policiers, les médecins vont être dans la rue.

C’est à une véritable valse-hésitation du Gouvernement que nous assistons.

Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

On veut une France apaisée, pas une France qui se divise !

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

M. Alain Vasselle. Nos concitoyens sauront, le moment venu, en tirer les enseignements !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Michel Amiel, pour le groupe du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Ma question s’adresse à M. le Premier ministre et concerne le décret du 28 octobre 2015 portant simplification des procédures d’établissement de certains ouvrages d’acheminement de l’électricité, qui supprime l’obligation de déclaration préalable ou de délivrance d’un permis de construire. Désormais, seul le ministre chargé de l’électricité sera compétent pour prononcer la déclaration d’utilité publique relative aux ouvrages de tension supérieure à 225 000 volts, court-circuitant, si j’ose dire, toute procédure.

Lors d’un rendez-vous avec le directeur de cabinet de Mme Ségolène Royal, il y a maintenant un an, j’ai eu l’occasion d’alerter le Gouvernement sur les pratiques de Réseau de transport d’électricité, RTE, en particulier pour ce qui concerne la ligne Lavéra-Ponteau-Réaltor, actuellement exploitée à 225 000 volts et qui devrait à l’avenir être exploitée à la tension de 400 000 volts.

Je crains que ce décret ne soit, hélas ! la réponse que j’attendais en vain de la part du ministère : il fait fi de l’avis des collectivités et des citoyens, notamment des habitants des communes sur lesquels RTE aura finalement tous les droits, par l’intermédiaire du ministre.

Monsieur le Premier ministre, comment expliquer la parution de ce décret qui fait la part belle à la volonté de RTE au détriment des pouvoirs du maire qui, dans le cas présent, n’est là que pour défendre sa population, en particulier dans un domaine qui m’est cher, celui de la santé ?

Rappelons en effet que les études relatives aux effets sur la santé des lignes à très haute tension ne sont pas conclusives, comme le rappelle le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé.

Applaudissements sur les travées du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des transports, de la mer et de la pêche.

Debut de section - Permalien
Alain Vidalies

Monsieur le sénateur, vous m’interrogez sur le décret du 28 octobre dernier visant à simplifier les procédures relatives aux ouvrages des réseaux publics d’électricité. Ce décret supprime le permis de construire pour les ouvrages aériens de transport d’électricité, mais uniquement dans le cadre où ces ouvrages font déjà l’objet d’une autre autorisation qui relève également de la compétence du préfet et comporte les mêmes pièces et les mêmes avis obligatoires. Il s’agit donc d’un décret de simplification qui supprime des procédures redondantes.

En effet, comme vous le savez, il existe en l’espèce des procédures particulières qui exigent l’avis des collectivités locales. Il s’agit simplement d’éviter la constitution d’un dossier identique comportant les mêmes avis. Sur le fond, ce décret ne modifie en rien l’association des élus et des citoyens : les collectivités restent consultées de manière systématique. Je réaffirme aujourd’hui le fort attachement du Gouvernement à ce que ces projets soient élaborés dans la concertation et dans la co-construction.

Je souhaite également revenir sur les effets sanitaires que vous évoquez fort légitimement. Les lignes à très haute tension sont en effet à l’origine de champs magnétiques importants. Il est donc nécessaire de poursuivre les études. Je souligne toutefois que les rapports les plus récents – celui de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale en 2013 et celui de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail en 2015 – ont identifié des effets potentiels, mais n’ont pas établi de lien biologique entre les lignes électriques et les populations riveraines, qu’elles soient humaines ou animales.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Monsieur le secrétaire d’État, la tension nominale pour laquelle la ligne à laquelle je faisais allusion a été autorisée en 1970 est de 380 000 volts et non de 400 000 volts. Je conteste donc la validité des déclarations d’utilité publique et actes de servitude ; cela peut donner lieu à des contentieux. Je crains que ce décret, sous couvert de simplification, n’ait d’autre but que de passer en force.

Il me semble que la bonne façon de sortir de cette crise pourrait venir de l’enfouissement de ces lignes, comme cela a pu être fait ailleurs. §Ce serait une excellente solution, notamment sur le plan environnemental, même si elle a évidemment un coût.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Esther Benbassa, pour le groupe écologiste.

Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Esther Benbassa

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur.

Monsieur le ministre, les médias ont commencé à faire état d’exfiltrations de réfugiés souhaitant passer en Angleterre, de Calais vers des centres de rétention administrative, exfiltrations visant non à traiter les effets dramatiques d’une crise migratoire majeure, mais juste à désengorger Calais en cette veille d’échéances électorales.

Debut de section - PermalienPhoto de Natacha Bouchart

Il faut arrêter de dire n’importe quoi ! C’est incroyable !

Debut de section - PermalienPhoto de Esther Benbassa

Le 10 novembre dernier, en visite au centre de rétention administrative de Paris-Vincennes, j’ai rencontré des gens perdus, exténués, humiliés, n’ayant rien à faire là. Certains ont été arrêtés dans les gares parisiennes pour empêcher leur départ vers Calais et, à les en croire, traités sans ménagement dans les commissariats. D’autres ont été ramassés à Calais même et parfois séparés de leurs proches.

Debut de section - PermalienPhoto de Esther Benbassa

Tous sont non expulsables vers leurs pays d’origine.

Les arrivées se sont échelonnées : le 29 octobre, puis le 3 novembre, puis le 8. Une centaine de personnes en tout ont été pour partie libérées, mais pour être aussitôt remplacées par d’autres ! D’autres arrivées sont attendues les 15, 21 et 26 de ce mois.

L’Association service social familial migrants, qui s’occupe des centres de rétention administrative, juge que les choses ont pris « un tour particulièrement effrayant dans un État de droit » et que les mesures prises, « au mieux ubuesques, au pire illégales », témoignent d’un mépris flagrant des droits élémentaires des personnes concernées.

Au centre de rétention administrative de Paris-Vincennes, sept réfugiés ont entamé mardi dernier une grève de la faim. D’autres se joignent à eux.

Monsieur le ministre, ma question est double. Quand sera-t-il mis fin à une manipulation attentatoire à la dignité des personnes, qui ternit l’image de la France ? Quand sera donc mise en œuvre une solution de fond garantissant aux réfugiés un accueil conforme au droit et aux riverains de la « jungle » de Calais la tranquillité à laquelle ils peuvent prétendre ?

Applaudissements sur les travées du groupe écologiste.

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve

Madame la sénatrice, je vais répondre très précisément à votre question en évoquant le volet humanitaire.

Pourquoi n’avez-vous pas mentionné dans votre question que, depuis dix jours, mille personnes relevant du statut de réfugié en France et en Europe et se trouvant à Calais bénéficient de mesures de protection sur le territoire national, avec un accompagnement social exceptionnel, qui permet à ces personnes en situation de très grande vulnérabilité l’accès à la langue et leur offre les conditions propices à une intégration ?

Vous êtes allée visiter le centre de rétention administrative de Vincennes. Je vous invite à vous rendre dans les centres d’accueil et d’orientation que nous avons mis en place à Vitry-le-François ou ailleurs. Pourtant, vous n’y faites pas référence dans votre question.

Bien entendu, il s’agit toujours pour vous de noircir le tableau, …

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve, ministre

M. Bernard Cazeneuve, ministre. … d’évoquer les sujets les plus difficiles, sans jamais rien dire de ce qui est fait sur le plan humanitaire.

Applaudissements

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve, ministre

Madame la sénatrice, il aurait été honnête, convenable, digne, puisque vous donnez des leçons de dignité, de rappeler dans votre question que 300 personnes avaient demandé l’asile à Calais en 2013, qu’elles étaient 1 000 en 2014 et qu’elles seront 2 000 à la fin de l’année 2015, parce que les services qui sont sous ma responsabilité souhaitent que tous ceux qui relèvent du statut de réfugié en France puissent y avoir accès dans les meilleures conditions, justement parce que nous sommes la France. Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ?

Pourquoi n’avez-vous pas non plus indiqué que le Gouvernement, sous l’autorité du Premier ministre et à sa demande, a créé à Calais 1 500 places d’accueil pour ceux qui sont en situation de vulnérabilité, qu’un accueil de jour a été mis en place, que nous avons installé des sanitaires, que nous avons récemment prévu des conditions de nettoyage de ce camp qui n’existaient pas, non pas parce que le tribunal administratif nous l’a demandé, mais parce que nous avions décidé de le faire depuis des mois ?

(M. le ministre désigne la droite de l’hémicycle. – Exclamations indignées sur les travées du groupe Les Républicains.) Non, rassurez-vous, je ne parle pas de vous ! Je parle de ceux qui se trouvent tout en haut, à l’extrême droite, et de ceux qui parfois leur emboîtent le pas, ceux dont la préoccupation est d’instrumentaliser la question migratoire à des fins politiques

Protestations sur les mêmes travées

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve, ministre

, au lieu de dire la vérité sur ce que nous faisons ! Dans notre pays, on réserve les meilleures conditions d’asile à ceux qui ont droit à l’asile en France !

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du RDSE. – Nouvelles protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve, ministre

Vous ne le dites pas. Pourquoi ? Parce que votre préoccupation, madame la sénatrice, comme celle d’autres, d’ailleurs, qui siègent plutôt de ce côté de l’hémicycle... §

J’aurais aimé vous entendre dire cela, madame la sénatrice, mais pour cela il aurait fallu que vous convoquiez la vérité. On en était loin !

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique.

Monsieur le ministre, le réseau hydroélectrique français, le deuxième d’Europe, qui est totalement amorti, représente environ 12 % de la production électrique nationale. Cette énergie est la seule disponible à tout moment, elle assure la continuité sur le réseau et permet le développement des autres énergies renouvelables qui, elles, connaissent de fortes intermittences de production.

Les barrages sont également au cœur de la sûreté du parc nucléaire français, en fournissant l’eau nécessaire au refroidissement des centrales et en prévenant le risque d’inondations de ces sites.

Or, le 22 octobre dernier, la Commission européenne a adressé un courrier au Gouvernement qui souligne, entre autres choses, une inégalité des chances entre les opérateurs économiques dans l’accès aux ressources hydroélectriques, permettant à EDF de maintenir ou de renforcer sa position dominante en France, c’est-à-dire le risque d’un retard dans l’ouverture à la concurrence !

EDF, qui est une entreprise publique détenue à plus de 80 % par l’État, se trouve en position dominante – nous le savons toutes et tous – et cette situation convient parfaitement au groupe communiste républicain et citoyen !

Néanmoins, la Commission européenne va plus loin : elle préjuge des abus futurs et, surtout, remet en cause le bien-fondé de la législation de notre pays qui a permis la mise en concession de 296 barrages qui ne sont pourtant pas concernés par l’ouverture à la concurrence.

Monsieur le ministre, vous avez non seulement accepté cette mise en concurrence dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte – alors que les autres pays européens ont exclu les barrages de la directive sur les concessions –, mais il semble également qu’EDF soit désormais exclue des prochains appels d’offres.

Ainsi, vous avez signé la fin d’une maîtrise publique primordiale, la fin de la péréquation et des tarifs régulés, la renonciation – à la veille de la COP 21 – à un outil fondamental du mix énergétique et du développement des énergies renouvelables !

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Mme Annie David. Monsieur le ministre, comment expliquez-vous que la France soit le seul pays européen à ouvrir ses barrages hydrauliques à la concurrence et à renoncer ainsi à la maîtrise publique de cet outil ? Pouvez-vous prendre l’engagement devant nous que nos barrages, qui sont – je vous le rappelle – la propriété de la nation, ne seront pas privatisés ?

Applaudissements sur les travées du groupe CRC. – M. Alain Fouché applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé des transports.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - Permalien
Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des transports, de la mer et de la pêche, auprès de la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie

Madame la sénatrice, vous m’interrogez sur les concessions hydroélectriques, question qui a été longuement débattue lors de l’examen de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte.

Toutefois, ce sujet revient effectivement dans l’actualité, puisque la Commission européenne, par une décision du 22 octobre 2015 – vous venez de le rappeler –, a adressé une mise en demeure à la France, au titre de l’article 106 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, jugeant que les autorités françaises avaient renforcé la position dominante de l’opérateur historique en lui accordant de gré à gré la majeure partie des concessions hydroélectriques et en ne renouvelant pas les concessions récemment arrivées à échéance.

Vous le voyez, madame la sénatrice, la Commission européenne a un avis exactement opposé au vôtre sur l’interprétation à donner de la loi sur la transition énergétique.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Alain Vidalies, secrétaire d’État

Cette loi a apporté des solutions concrètes à un dossier ouvert depuis de nombreuses années, en cherchant à concilier les enjeux de concurrence soulevés par la Commission européenne avec l’objectif d’une meilleure valorisation de la production d’énergie renouvelable. Elle le fait dans le respect de l’environnement, en préservant un bon équilibre entre les différents usages de l’eau et en contribuant au développement territorial.

Ségolène Royal a rencontré à plusieurs reprises

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Alain Vidalies, secrétaire d’État

… la commissaire européenne qui s’occupe de cette question pour expliquer la politique que conduit la France dans le cadre de l’application de la loi sur la transition énergétique.

Avec cette loi, nous avons décidé de regrouper les concessions hydroélectriques vallée par vallée, afin d’assurer une gestion cohérente de l’eau, de garantir un contrôle public de l’exploitation des concessions au moyen de sociétés d’économie mixte qui associent les industriels, les collectivités locales et l’État, de sélectionner les meilleurs projets énergétiques par une mise en concurrence des opérateurs industriels, de créer des comités de gestion de l’usage de l’eau pour concilier les enjeux et suivre la mise en œuvre des contrats de concession, de sécuriser l’emploi en imposant le maintien du statut des industries électriques et gazières et la reprise des salariés lors des renouvellements de concession.

Avec ces réformes, Ségolène Royal entend favoriser l’investissement et le développement de l’hydroélectricité, première source d’électricité renouvelable en France.

Cette réforme représente une opportunité pour préserver et mieux valoriser le patrimoine hydroélectrique français !

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Mme Annie David. Monsieur le secrétaire d’État, je suis désolée, mais vous n’avez pas apporté de réponse à ma question sur l’ouverture à la concurrence et sur la position dominante d’EDF !

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Pourtant, EDF a récemment annoncé qu’elle souhaitait céder 10 milliards d’euros d’actifs : la menace d’une telle privatisation serait un très mauvais coup porté à nos concitoyennes et à nos concitoyens !

Monsieur le secrétaire d’État, ce serait surtout faire place nette …

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Mme Annie David. … aux profits financiers, ce que nous ne pouvons que regretter !

Applaudissements sur les travées du groupe CRC.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Dominique Bailly, pour le groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Ma question s’adresse à Mme la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Alors que, entre 2010 et 2012, plus de mille écoles ont été purement et simplement rayées de la carte par le précédent gouvernement, nous voyons aujourd’hui que la priorité du quinquennat est bien la jeunesse et l’éducation !

Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Oui, l’action du Gouvernement est sans équivoque en la matière et la refondation de l’école est une réussite ! §Mes chers collègues, je citerai rapidement quelques exemples.

Tout d’abord, en plus des 47 000 postes créés dans l’éducation depuis 2012, …

Debut de section - Permalien
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains

Ils sont où ces postes ?

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

… le solde de 13 000 postes prévus pour l’année prochaine permettra d’atteindre l’objectif de 60 000 postes créés avant la fin du quinquennat.

Je vous rappelle, mes chers collègues, que le précédent gouvernement avait supprimé 70 000 postes en cinq ans !

Nouvelles protestations sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Autre exemple : les nouvelles activités périscolaires, tant décriées dans cet hémicycle, couvrent aujourd’hui plus de 85 % des communes !

Il faut également parler de la hausse du nombre d’enfants de moins de 3 ans scolarisés, du plan numérique dans l’école, de la réforme des collèges ou encore de celle de la formation des maîtres !

Vives protestations sur les mêmes travées.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Bref, il s’agit d’un panel d’outils destinés à moderniser notre système éducatif et à construire ensemble l’école de demain !

Brouhaha sur les mêmes travées.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Oui, madame la ministre, la mixité sociale dans les collèges s’inscrit pleinement dans cette démarche. C’est la raison pour laquelle vous lancez l’expérimentation d’une nouvelle carte scolaire dans dix-sept départements, en complément de la politique d’éducation prioritaire et de l’aide éducative, d’ailleurs renforcées cette année.

Ah ! sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

De quoi s’agit-il au juste ? Il s’agit d’un redécoupage pour créer des secteurs multicollèges, alors que la règle qui prévaut aujourd’hui est celle d’un secteur pour un collège.

Cette initiative reprend d’ailleurs en partie les préconisations d’une mission commune d’information du Sénat qu’animait notre collègue Françoise Cartron.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

M. Dominique Bailly. … se fera sur le fondement de plusieurs critères définis avec la communauté éducative et les parents. C’est donc une démarche qualitative et collaborative qui est engagée !

Vives protestations sur les mêmes travées.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Bailly

Aussi, madame la ministre, pourriez-vous nous préciser la nature des accompagnements de l’État dans le cadre de cette expérimentation ainsi que le calendrier de sa mise en œuvre ?

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme la ministre de l’éducation nationale.

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, je vous remercie de votre question.

Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem

Récemment, lors d’un micro-trottoir diffusé à la télévision, j’ai entendu une femme, qui s’agaçait du fait que l’on parle à nouveau de mixité sociale au collège, dire que ce sujet était aussi vieux que le néolithique ! La référence historique est certes un peu osée

Sourires.

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem

Or, précisément, l’ancienneté du sujet nous aide à distinguer plus nettement ce qui fonctionne et surtout ce qui ne fonctionne pas. Par exemple, on sait aujourd’hui qu’une sectorisation trop stricte enferme les collégiens dans des établissements dont la composition sociale n’est que l’exact reflet du quartier dans lequel ils vivent.

On sait a contrario que la libéralisation débridée de la carte scolaire, telle que l’avait voulue Nicolas Sarkozy en 2007, …

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains

Voilà !

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem, ministre

…n’a fait qu’aggraver les difficultés des établissements les plus fragiles et fragiliser des établissements moyens, sans pour autant donner satisfaction aux parents.

Pourtant, il faut agir ! L’absence de mixité sociale n’a pas uniquement pour conséquence de transformer certains établissements scolaires en ghettos, constat qui constitue un véritable déni de notre devise républicaine, « liberté, égalité, fraternité » !

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem, ministre

En effet, elle réduit aussi les perspectives de réussite scolaire de certains enfants, car ceux-ci apprennent autant de leurs pairs, c’est-à-dire des enfants qui les entourent, que de leurs enseignants. Or, lorsqu’ils ne sont entourés que d’enfants présentant des profils sociaux similaires, leur horizon est pour le moins bouché.

Voilà pourquoi il faut agir, tout en veillant à ne pas répéter les erreurs du passé ! Aussi, plutôt que d’imposer une réforme uniforme et aveugle de la carte scolaire à l’ensemble du territoire, nous avons voulu innover en nous appuyant sur les territoires eux-mêmes : dix-sept départements, à majorité de gauche comme de droite, ont accepté d’engager, avec l’appui du Gouvernement, des expérimentations inédites au cours de l’année 2016.

Grâce aux outils de diagnostic de la ségrégation sociale que nous leur fournissons, ces départements acceptent soit de mettre en place des secteurs multicollèges pour mieux répartir les élèves, soit de repenser la carte scolaire autour des transports urbains, …

Debut de section - Permalien
Najat Vallaud-Belkacem, ministre

… soit encore d’offrir des projets pédagogiques aux collèges pour les rendre attractifs.

C’est l’ensemble de ces mesures qui convaincra les Français qu’il est dans notre intérêt de désirer la mixité sociale !

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à Mme Sylvie Goy-Chavent, pour le groupe UDI-UC.

Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Goy-Chavent

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement.

Chevaux découpés encore vivants, vaches qui se débattent pendues à des crochets, animaux battus et martyrisés : l’affaire de l’abattoir d’Alès est une honte et un nouveau coup dur pour la filière de la viande française !

En réponse, monsieur le ministre, vous avez cherché à minimiser le problème, promis de faire respecter le bien-être animal et déclaré que vous alliez renforcer les contrôles. Mais de quels contrôles parlez-vous ? L’abattoir d’Alès était régulièrement contrôlé et, pourtant, on a vu le résultat !

Je dispose de plusieurs témoignages de professionnels des abattoirs qui prouvent que le cas de l’abattoir d’Alès n’est pas un cas isolé, mais plutôt l’arbre qui cache la forêt ! Il est temps, monsieur le ministre, d’ouvrir les abattoirs pour voir ce qui s’y passe ! Il est grand temps de sanctionner les « brebis galeuses ».

Les agriculteurs n’élèvent pas leurs animaux pour qu’ils subissent des sévices inadmissibles sur les chaînes d’abattage. À Alès et parfois ailleurs, les animaux se débattent pendant de longues minutes dans un mélange de sang et de matières fécales. La viande contaminée par la bactérie Escherichia coli est ensuite écoulée dans les hôpitaux et les écoles, comme c’était le cas à Alès. Cette viande peut provoquer la mort ou de graves séquelles chez les consommateurs, mais de cela non plus, monsieur le ministre, vous ne parlez pas !

Il est temps de mettre fin à des pratiques inacceptables, qui nuisent à nos éleveurs, aux consommateurs, sans parler des millions d’animaux dont les souffrances épouvantables pourraient être évitées !

Monsieur le ministre, l’abattoir d’Alès est fermé depuis plusieurs semaines. Et vous, qu’avez-vous fait pendant tout ce temps ?

Applaudissements sur les travées de l’UDI-UC et sur certaines travées du groupe écologiste.

Debut de section - Permalien
Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement

M. Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Madame la sénatrice, vous avez commencé votre question en disant que ce sujet venait s’ajouter aux autres difficultés que connaît l’élevage. La manière dont vous avez posé cette question me conduit à penser que, malheureusement, vos propos ne peuvent pas non plus être considérés comme un soutien à l’élevage et aux éleveurs !

Applaudissementssur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement

Madame la sénatrice, vous avez signalé certains problèmes. D’ailleurs, j’en profite pour dire que, chaque fois que l’on parle des abattoirs ici comme à l’Assemblée nationale, et que l’on demande au ministre de l’agriculture d’en créer de nouveaux, il faudrait aussi penser aux contrôles !

Tout d’abord, contrairement à ce que vous avez affirmé d’une manière péremptoire, madame la sénatrice, le ministre de l’agriculture que je suis mène des contrôles. Je rappellerai que, entre 2010 et 2012, près de 440 postes ont été supprimés dans les services vétérinaires, …

Debut de section - Permalien
Stéphane Le Foll, ministre

… alors que mon ministère aura créé 160 postes d’ici à 2017 !

Debut de section - Permalien
Stéphane Le Foll, ministre

Les contrôles seront donc renforcés !

Ensuite, madame la sénatrice, j’ai pris des mesures dès le 3 novembre en adressant une lettre à tous les préfets afin, justement, d’assurer l’ensemble de ces contrôles.

La loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt va permettre la mise en œuvre de la transparence, grâce à la communication des contrôles. Cela existe aujourd’hui pour les restaurants, cela se fera demain pour les abattoirs. Toute la transparence doit effectivement être faite, car chacun a le droit de savoir ce qui s’y passe.

En outre, madame la sénatrice, je suis comptable du bien-être animal ! Comme vous, je ferai tout pour que les contrôles conduisent les abattoirs à respecter des règles qui doivent être appliquées partout et par tous les abattoirs, grands comme petits.

Pour terminer, je rappellerai tout de même que 104 avertissements et 60 mises en demeure ont été adressés aux abattoirs au cours de l’année 2014 et que deux agréments ont été retirés : par conséquent, contrairement à ce que vous dites, madame la sénatrice, l’État contrôle et continuera à contrôler les abattoirs et à renforcer ces contrôles. L’État jouera bien la transparence !

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme Sylvie Goy-Chavent, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Goy-Chavent

Monsieur le ministre, le scandale de l’abattoir d’Alès a malheureusement prouvé que les contrôles menés par l’État, lorsqu’ils existent, sont rarement suivis d’effet.

Voilà pourquoi j’ai demandé la création d’une commission d’enquête parlementaire destinée à faire toute la lumière sur les pratiques en vigueur dans les abattoirs français ! §C’est à ce prix que nous pourrons réformer ce qui doit l’être.

Une soixantaine de sénateurs de toutes les sensibilités, mais aussi de très nombreux députés et un collectif de 90 personnalités, soutiennent cette démarche. Plusieurs pétitions diffusées sur internet à ce sujet rassemblent également plusieurs centaines de milliers de signatures.

À quelques semaines des élections régionales, je ne doute pas, monsieur le ministre, que le Gouvernement appuiera ma demande pour garantir davantage de transparence et de respect des animaux.

Les veaux, les vaches et les chevaux de selle…

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Goy-Chavent

Mme Sylvie Goy-Chavent. … découpés encore vivants et qui agonisent en gigotant, cela suffit !

Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Goy-Chavent

Pendant la campagne de l’élection présidentielle, …

Debut de section - PermalienPhoto de Sylvie Goy-Chavent

… François Hollande avait assuré aux Français que le changement c’était pour maintenant ! Et pour vous, monsieur le ministre, c’est quand le changement dans les abattoirs ?

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. Charles Guené, pour le groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

Ma question s’adressait à M. le ministre des finances et des comptes publics.

Monsieur le ministre, votre projet de loi de finances prévoit un déficit budgétaire de 3, 3 % du PIB en 2016. Vous maintenez que la France, en 2017, sera en dessous de l’objectif de 3 % de déficit, tel qu’il est exigé en vertu des critères de convergence de la zone euro, et qu’elle atteindra un déficit de 2, 7 %. Faut-il donc s’attendre à de nouvelles hausses des prélèvements, alors que l’on sait bien que les dépenses publiques, loin d’être maîtrisées, ont augmenté de 0, 9 % en volume en 2015 ?

Le Gouvernement s’est engagé à limiter la hausse des dépenses publiques à 0, 3 % en volume en 2016. Cependant, vous n’expliquez pas comment vous y parvenez, monsieur le ministre ! Même le rapporteur général de la commission des finances de l’Assemblée nationale, pourtant socialiste, dénonce le fait que plus de la moitié des économies que l’État prévoit de réaliser en dépenses en 2016 ne sont pas, ou peu, étayées ! À ce rythme, le déficit s’élèvera en réalité à 3, 9 % en 2017 !

C’est d’ailleurs ce constat qui semble justifier les réserves de Bruxelles. La Commission européenne ne croit pas en vos prévisions, puisqu’elle situe le déficit de la France aux environs de 3, 3 % en 2017, quand vous avancez le taux de 2, 7 %...

Monsieur le ministre, comment expliquez-vous un tel décalage chaque année entre vos prévisions et la réalité ? Ne craignez-vous pas que nous perdions toute crédibilité aux yeux de nos partenaires européens ?

Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - Permalien
Jean-Marie Le Guen

Monsieur le sénateur Charles Guené, je vous prie tout d’abord de bien vouloir excuser l’absence de Michel Sapin et de Christian Eckert qui sont retenus à l’Assemblée nationale par le débat budgétaire.

Vous avez, monsieur le sénateur, mis en cause le rapport publié par la Commission européenne voilà environ une semaine, qui concernait d’ailleurs l’ensemble des États membres de l’Union européenne.

(M. Pierre-Yves Collombat s’exclame.) Elle a validé les chiffres fixés par le Gouvernement pour le déficit en 2015 comme en 2016, déficit qui, depuis que nous sommes aux responsabilités, ne cesse d’ailleurs de décroître.

Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Jean-Marie Le Guen

Vous savez que la Commission européenne a constaté, comme le Gouvernement, le retour progressif de la croissance, lié au soutien de la consommation, mais aussi à la reprise de l’investissement. §

Debut de section - Permalien
Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État

Mais si ! Il sera, je vous le confirme, de 3, 8 % du PIB en 2015 et de 3, 4 % en 2016.

Vous m’avez également interrogé sur ce qui se passera en 2017. La Commission européenne doit prendre en compte le troisième volet du plan de diminution des dépenses publiques, plan de diminution qui porte sur 50 milliards d’euros. Il restera donc un volet de 15 milliards d’euros à mettre en œuvre pour 2017, qui explique que nous tiendrons, en 2017, les prévisions prévues, c’est-à-dire un déficit inférieur à 3 % du PIB.

Debut de section - Permalien
Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État. Voilà, monsieur le sénateur, si l’on se réfère à ce qui s’est passé depuis trois ans – et surtout depuis deux ans, puisque toutes nos prévisions, qu’il s’agisse de croissance ou de déficit, ont été respectées –, le plan de marche du Gouvernement qui, je vous le confirme, placera le déficit de notre pays sous la barre des 3 % en 2017.

Applaudissementssur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

Je vous ai entendu, monsieur le secrétaire d’État, mais permettez-moi de vous livrer un verbatim du pouvoir socialiste.

Engagement n° 9 du programme présidentiel : « Le déficit public sera réduit à 3 % du PIB en 2013 ». Il a été de 4, 1 %.

Michel Sapin, le 14 avril 2014 : « Il faut qu’il y ait 3 % de déficit en 2015 ». Le déficit est estimé à 3, 8 %.

Debut de section - PermalienPhoto de Didier Guillaume

Il est vrai qu’en matière de promesses vous êtes des spécialistes !

Debut de section - PermalienPhoto de Charles Guené

Manuel Valls, le 15 avril 2014 : « Nous tiendrons tous nos engagements. C’est la parole et la crédibilité de la France qui sont en jeu, et personne ne peut les mettre en doute ».

Quant à Pierre Moscovici : « Dans la zone euro, seules la France, l’Espagne et la Grèce devraient connaître des déficits supérieurs à 3 % du PIB en 2016 ».

Comment voulez-vous, dans ces conditions, monsieur le secrétaire d’État, que la parole de la France puisse continuer d’être crédible ?

Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. Alain Duran, pour le groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Duran

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique.

La loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques a posé des jalons importants pour la modernisation de notre économie. Ce travail important de réforme doit être poursuivi avec la même force de conviction.

Vous avez annoncé ce lundi, monsieur le ministre, les grandes orientations autour desquelles vous souhaitez bâtir le nouveau projet de loi que vous présenterez sur les « nouvelles opportunités économiques » pour notre pays.

La numérisation de l’économie et de la société recèle, en effet, un potentiel immense en termes d’activité et d’emploi, à condition que nous nous adaptions, anticipions et accompagnions les mutations en cours, pour en faire une opportunité et non les subir.

Nos modèles économiques sont en effet profondément remis en question par le développement accéléré de l’économie collaborative et du partage, par les nouveaux usages dont s’emparent les Français, par l’arrivée de nouveaux acteurs.

Ces nouveaux modèles bousculent l’organisation du travail et des secteurs en place, comme l’a rappelé, il y a encore quelques minutes, M. le Premier ministre. Ils sont porteurs de très nombreux bénéfices pour les citoyens et les entrepreneurs de notre pays, comme ils peuvent parfois être sources de dangers si nous n’organisons pas les conditions harmonieuses de leur déploiement.

Vous avez dès lors, monsieur le ministre, indiqué les trois dimensions essentielles qui guideront ce nouveau volet de réformes.

Tout d’abord, il s’agit de faire émerger une économie de l’innovation en soutenant les entreprises innovantes, en mettant en place de nouvelles voies de financement et en accompagnant les secteurs traditionnels vers cette nouvelle économie et ses atouts.

Ensuite, il faut accompagner les initiatives des créateurs et des entrepreneurs en termes de simplification, de formation et de soutien de la puissance publique.

Enfin, il importe de construire des sécurités individuelles dans l’économie numérique.

Monsieur le ministre, le calendrier de vos propositions est connu. L’ossature des propositions gouvernementales sera dévoilée dans le courant du mois de décembre, avec le dépôt de votre projet de loi au début de l’année 2016. D’ici là, pouvez-vous nous préciser vos ambitions et celles du Gouvernement ?

Debut de section - Permalien
Emmanuel Macron

Monsieur le sénateur Alain Duran, vous l’avez rappelé, les enjeux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, face à cette transformation de nos économies, sont liés à un mouvement de plus en plus rapide et de plus en plus profond, qui, dès qu’il s’enclenche, est immédiatement mondialisé et vient percuter des pans entiers de nos secteurs industriels comme de nos services. En même temps, ce mouvement offre des opportunités de création d’emplois et de secteurs d’activités.

Le défi que nous devons relever consiste à nous assurer que notre économie est prête à ces déploiements d’activités, à préparer la transition, en donnant à chacun sa place dans cette transformation. Pour ce faire, quels sont les défis auxquels nous devrons faire face dans les semaines à venir ?

D’abord, il faut en effet nous assurer que nous innovons au bon rythme et à la bonne puissance. À cette fin, il nous faut adapter le cadre de financement et certaines de nos modalités réglementaires de manière à favoriser l’innovation et à créer de nouvelles activités partout où cette innovation existe.

Parallèlement, il faut permettre à l’industrie existante, en particulier, de se transformer, ce que nous avons commencé à faire avec le projet « Industrie du futur ». Cela suppose un investissement en capital physique et une modernisation, mais également un investissement en capital humain, donc la mise en œuvre d’une vraie politique de formation.

Ensuite, il importe de se donner les souplesses nécessaires. C’est en particulier l’objet du texte porté par Myriam El Khomri, qui visera à rendre notre droit du travail plus adaptable, plus flexible. C’est aussi le sens du compte personnel d’activité. Mais il s’agit aussi de favoriser, sur l’ensemble du territoire et dans tous les secteurs d’activités, la création de nouvelles activités, en donnant plus de liberté aux entrepreneurs, donc plus de fluidité entre les différents statuts d’entrepreneurs, notamment individuels. Il faut aussi revoir la rigidité qui, parfois, existe en termes de qualifications et de métiers.

Debut de section - Permalien
Emmanuel Macron, ministre

Je finirai sur les sécurités, collectives et individuelles.

Les sécurités collectives concernent les infrastructures. Nous avons beaucoup travaillé avec la Haute Assemblée en ce sens, lors de l’examen de la loi pour la croissance et l’activité, et nous continuerons à avancer en la matière.

Enfin, nous réfléchissons sur les sécurités individuelles, réflexion qui va de pair avec celle sur le droit du travail.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

M. le président. La parole est à M. André Reichardt, pour le groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Ma question s’adresse à M. le ministre de l’intérieur.

Monsieur le ministre, le Gouvernement a annoncé que, dans le cadre de l’organisation de la COP 21, les contrôles aux frontières seront rétablis du 13 novembre au 13 décembre.

Cette mesure, autorisée par les accords de Schengen, est motivée par la volonté d’éviter l’entrée sur notre territoire de terroristes potentiels attirés par l’importance des délégations étrangères présentes pour l’évènement et de groupes altermondialistes violents, souhaitant perturber notamment les rassemblements de la Coalition climat 21 prévus à cette occasion !

Je souhaite, monsieur le ministre, vous poser deux questions à cet égard.

Dans un premier temps, j’aimerais que vous puissiez nous indiquer comment ces contrôles seront effectués concrètement sur le terrain. Allez-vous rétablir les postes-frontières antérieurs ? Rien qu’en Alsace, plus de 70 000 travailleurs frontaliers souhaitent le savoir.

Ensuite, si l’on peut penser que les contrôles décourageront effectivement certaines entrées, ne pensez-vous pas que, pour l’essentiel, les éventuels terroristes ou fauteurs de troubles sont déjà en place dans notre pays, si l’on en juge notamment par l’action du réseau No Border à Calais depuis trois jours ou par la récente arrestation d’un candidat terroriste à Toulon ?

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve

Monsieur le sénateur, votre question me permet d’apporter des éclaircissements sur la décision qui a été prise par le gouvernement français dans la perspective de cette grande conférence internationale sur le climat qu’est la COP 21. Cette décision, d’ailleurs, s’apparente à celles qu’ont prises d’autres gouvernements dans des circonstances comparables. Je pense à l’Allemagne qui l’a fait à l’occasion d’un récent sommet international ou à d’autres pays qui ont eu à accueillir la conférence sur le climat.

Nous n’allons pas fermer les frontières, contrairement à ce que certains ont prétendu, instrumentalisant cette décision de raison, pour faire de la mauvaise propagande électorale.

Nous allons mettre en place des contrôles aux frontières pendant un mois, comme le prévoient les articles 23 à 25 du code frontières Schengen, de manière à prévenir l’intrusion sur le territoire national d’individus qui pourraient représenter un risque.

Vous me demandez comment vont se passer ces contrôles. Je vais vous répondre très clairement. Nous allons mobiliser 30 000 de nos fonctionnaires, issus essentiellement, pour 26 000 d’entre eux, de la direction centrale de la sécurité publique. Quatre compagnies républicaines de sécurité sont mobilisées, ainsi que des acteurs de la direction centrale de la police aux frontières. Ils procéderont, entre le 13 et le 19 novembre, à des contrôles mobiles et aléatoires, qui ne perturberont en rien la possibilité de mouvement des travailleurs frontaliers.

Nous renforcerons ces contrôles dix jours avant les deux manifestations prévues les 29 novembre et 12 décembre. Quatre jours avant ces manifestations, les contrôles seront plus systématiques.

Nous aurons donc des moyens, de la sécurité et il n’y aura pas, pour ceux qui traversent la frontière quotidiennement, de conséquences en termes de mobilité. Voilà très exactement comment nous allons procéder à ces contrôles…

Debut de section - Permalien
Bernard Cazeneuve, ministre

M. Bernard Cazeneuve, ministre. Cela n’empêche pas des terroristes ou des acteurs violents d’être présents sur le territoire national, dites-vous. Oui, il y en a, et nous prenons toutes les mesures utiles pour empêcher qu’ils ne nuisent, à l’instar de ce que nous avons fait à travers l’arrestation de Toulon et nous éviterons que d’autres, qui pourraient accroître les menaces à l’ordre public, ne viennent s’ajouter à eux.

Applaudissementssur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à M. André Reichardt, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Vous ne m’avez malheureusement pas rassuré, monsieur le ministre.

Je vous rappelle que, lors du sommet de l’OTAN à Strasbourg, le rétablissement des contrôles aux frontières n’avait pas empêché les importants débordements que nous avons connus !

Ensuite, vous n’ignorez pas que, depuis le début de l’année, au moins 800 000 migrants sont entrés dans l’espace Schengen sans jamais avoir été recensés. Un contrôle temporaire d’un mois est, dès lors, aussi illusoire qu’inopérant.

Debut de section - PermalienPhoto de André Reichardt

Les mesures pour contenir la pression migratoire – bouclages douaniers, quotas d’accueil, centres aux portes de l’Union, incitations au retour – étant inefficaces, il y a urgence à repenser la notion de frontière et à passer à autre chose que Schengen pour assurer la sécurité de nos concitoyens.

On n’entend malheureusement pas assez le gouvernement français sur ce sujet !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme Christiane Kammermann, pour le groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Christiane Kammermann

Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s’adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Monsieur le ministre, Alep, qui compte 2, 5 millions d’habitants, a été coupée du monde et encerclée par les djihadistes islamiques de Daech et du Front al-Nosra, qui s’entretuaient encore voilà trois à quatre semaines, et sont maintenant unis contre l’armée officielle. La seule voie de communication d’Alep avec l’extérieur est devenue un lieu de combats entre les forces islamistes djihadistes et l’armée syrienne. Il s’agit d’une tragédie que vivent des millions de civils et, parmi eux, quelques dizaines de Français. Pourquoi ne parle-t-on pas de cette tragédie dans les médias ?

Je viens de l’apprendre, le « blocus », qui aura duré quinze jours, a été partiellement levé. Nous devons impérativement exercer une pression politique sur les pays qui arment et soutiennent ces islamistes fanatiques.

Après avoir été privés de nourriture, de médicaments, de fioul et d’essence, les habitants d’Alep sont condamnés à la soif et à l’obscurité. En effet, les djihadistes contrôlent l’eau, qui arrive tous les dix à quinze jours, et l’électricité, qui manque depuis des mois !

Monsieur le ministre, nous devons absolument éviter la tragédie humanitaire qui menace les millions d’Alépins : c’est le moment pour la France d’intervenir rapidement et efficacement, en faisant pression sur ses alliés que sont l’Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar et la Turquie.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Harlem Désir

Vous avez évidemment raison, madame Kammermann : la situation de la ville martyre d’Alep est un sujet de préoccupation sur lequel le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a attiré à plusieurs reprises l’attention de la communauté internationale.

En ce qui concerne le blocus que vous décrivez, comme vous l’avez vous-même indiqué, la situation vient d’évoluer au cours des dernières heures, puisque les forces du régime syrien ont repris il y a peu la route qui avait été perdue le mois dernier.

En revanche, il faut garder à l’esprit la situation dramatique des populations civiles et de l’opposition modérée à Alep depuis plus d’un an. Celle-ci se bat courageusement contre un double ennemi : d’une part, le régime, qui poursuit ses attaques indiscriminées et qui, il ne faut pas l’oublier, porte la principale responsabilité des violences commises contre les civils, comme le rappellent régulièrement les Nations unies ; d’autre part, Daech, dont on connaît également la monstruosité et la barbarie vis-à-vis des civils et de tous ceux qui ne se soumettent pas à son idéologie.

Il n’y a donc pas de solution exclusivement militaire à la crise syrienne, et Laurent Fabius rappellera samedi à Vienne nos trois priorités, en concertation avec nos partenaires.

La première priorité est humanitaire. Vous l’avez dit, madame la sénatrice, il faut assurer l’accès humanitaire aux populations et obtenir la fin des bombardements indiscriminés, autrement dit un cessez-le-feu.

Notre deuxième priorité est de lutter contre le terrorisme : la France poursuit et accroît ses frappes contre Daech et va déployer dans la région le porte-avions Charles-de-Gaulle. Nous devons également préserver l’opposition modérée, car elle constitue le meilleur rempart contre les terroristes – ce n’est pas le cas du régime syrien actuel.

Enfin, notre troisième priorité est de rechercher une solution politique globale, qui relève d’une absolue nécessité, car elle est la condition de tous les progrès dans les autres domaines. Les contours de cette solution sont connus, ils sont fondés sur ce que l’on appelle le « communiqué de Genève ». Ce document, issu de discussions internationales, prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition, incluant à la fois des éléments du régime et de l’opposition, …

Debut de section - Permalien
Harlem Désir, secrétaire d’État

… et la préservation des institutions de l’État syrien.

Quoi qu’il en soit, Assad devra partir. En effet, tant qu’il sera là, il n’y aura pas de rassemblement du peuple syrien autour d’une solution de paix.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

La parole est à Mme Christiane Kammermann, pour la réplique.

Debut de section - PermalienPhoto de Christiane Kammermann

disait que « cette obligation de jouer notre rôle à nous, de ne laisser à personne le droit d’agir ou de parler pour nous […] marque l’esprit et la manière de notre participation aux entreprises internationales ».

On aimerait entendre la voix de la France plus haut et plus fort !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Larcher

Nous en avons terminé avec les questions d’actualité au Gouvernement.

Je vous rappelle, mes chers collègues, que les prochaines questions d’actualité au Gouvernement auront lieu mardi 17 novembre, de seize heures quarante-cinq à dix-sept heures trente, et seront retransmises sur Public Sénat et le site internet du Sénat.

Avant de reprendre la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à seize heures cinq, est reprise à seize heures quinze, sous la présidence de M. Claude Bérit-Débat.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

J’informe le Sénat que la commission des affaires sociales a procédé à la désignation des candidats à une éventuelle commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016, actuellement en cours d’examen.

Cette liste a été publiée conformément à l’article 12, alinéa 4, du règlement et sera ratifiée si aucune opposition n’est faite dans le délai d’une heure.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l’Assemblée nationale, de financement de la sécurité sociale pour 2016.

Dans la discussion des articles de la troisième partie, nous en sommes parvenus, au sein du chapitre III du titre Ier, à l’examen d’amendements portant article additionnel après l’article 15.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 387, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Après l’article 15

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les quatrième et sixième alinéas du I de l’article L. 137-13 du code de la sécurité sociale sont supprimés.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Par souci de cohérence, je vous propose, monsieur le président, de présenter en même temps l’amendement n° 388, qui vise également l’article L. 137-13 du code de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

J’appelle donc en discussion l'amendement n° 388, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, et ainsi libellé :

Après l’article 15

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Aux 1° et 2° du II de l’article L. 137-13 du code de la sécurité sociale, les pourcentages : « 30 % » et « 20 % » sont respectivement remplacés par les pourcentages : « 40 % » et « 30 % ».

Veuillez poursuivre, ma chère collègue.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

La contribution sociale prévue à l’article L. 137-13 est prélevée sur les formes atypiques de rémunération des salariés, comme les distributions d’actions gratuites. Elle est d’un rapport relativement significatif : des recettes à hauteur de 355 millions d’euros sont attendues en 2015 pour la Caisse nationale d’assurance maladie, de quoi faciliter, par exemple, la fixation d’un objectif national de dépenses d’assurance maladie plus pertinent et plus réaliste, en particulier au regard des besoins.

Or des mesures prises dans le cadre de la loi Macron tendent à exonérer certaines entreprises du paiement de cette contribution, selon des conditions définies. L’objectif serait de favoriser leur émergence et leur développement, en permettant la distribution d’actions gratuites aux salariés ou la mise en place de plans d’option d’achat d’actions, en lieu et place d’augmentations de rémunérations.

Nous nous étions opposés, lors de la discussion de cette loi, à une telle orientation, qui mine d’autant plus les ressources de la sécurité sociale qu’elle tend à ne pas reconnaître la réalité de la qualification et des compétences professionnelles réelles des salariés concernés. Les comptes sociaux n’ont pas vocation à servir de variable d’ajustement pour le développement d’entreprises dont la survie doit, de notre point de vue, dépendre beaucoup plus de la créativité de leurs dirigeants et salariés – salariés auxquels il faudrait d’ailleurs attribuer des droits nouveaux –, de l’appui apporté par les banques et établissements de crédit ou encore du réinvestissement des bénéfices éventuels dans l’entreprise pour financer des dépenses de recherche et de développement.

Croire que l’absence de prélèvements sociaux suffise à assurer le devenir d’une entreprise est illusoire, que ce soit pour une start-up de l’internet ou pour une entreprise du bâtiment et des travaux publics. Il est donc préférable de faire différemment. C’est ce que proposent nos deux amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

La commission a émis un avis défavorable sur ces deux amendements, qui tendent respectivement à supprimer les exonérations de la contribution patronale et salariale sur les attributions d’actions gratuites et à dissuader les entreprises de rémunérer leurs salariés en leur attribuant des options d’achat d’actions.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° 5 rectifié, présenté par M. Leconte, est ainsi libellé :

Après l’article 15

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Par dérogation aux articles L. 168 à L. 189 du livre des procédures fiscales, les réclamations introduites en 2015 pour la contribution sociale généralisée et la contribution pour le remboursement de la dette sociale payées sur l’année 2012 au titre de l’imposition de la plus-value immobilière par tout contribuable non affilié à un régime de sécurité sociale d’un pays autre que la France situé dans l’Union européenne, l’Espace économique européen ou la Suisse, sont recevables.

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Comme nous l’avons dit ce matin, à la suite de l’arrêt de Ruyter de la Cour de justice de l’Union européenne, un certain nombre de remboursements vont avoir lieu.

Dans un premier temps, on nous a expliqué qu’il y aurait prescription en ce qui concerne les plus-values immobilières payées en 2012, alors même que ces prélèvements ont été réalisés en dépit du droit européen. Or il serait paradoxal d’opposer la prescription aux personnes qui ont fait confiance au Gouvernement en ce qui concerne la légalité des prélèvements auxquels ils ont été soumis et contre lesquels ils n’ont pas déposé de réclamation.

Toutefois, j’ai entendu l’intervention, lundi, lors de la discussion générale, du secrétaire d’État chargé du budget, M. Eckert, qui a indiqué que les paiements effectués en 2012 seraient également susceptibles d’être remboursés, sans qu’il soit nécessaire de modifier la loi. Si cela est confirmé, je retirerai mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 6 rectifié, présenté par M. Leconte, est ainsi libellé :

Après l’article 15

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Par dérogation aux articles L. 168 à L. 189 du livre des procédures fiscales, les réclamations introduites en 2015 pour la contribution sociale généralisée et la contribution pour le remboursement de la dette sociale payées sur l’année 2012 au titre de l’imposition de la plus-value immobilière par tout contribuable non affilié à une caisse de sécurité sociale française, quel que soit son lieu de résidence, sont recevables.

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Cet amendement tente de répondre à la même préoccupation que l’amendement précédent.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Ces deux amendements prévoient une dérogation à la prescription en matière fiscale en ce qui concerne la CSG et la CRDS payées en 2012 sur les plus-values immobilières.

L’arrêt de Ruyter ne concernant que les Européens, la commission a émis un avis défavorable sur l’amendement n° 5 rectifié. En revanche, l’amendement n° 6 rectifié nous paraît légitime. Nous souhaiterions cependant connaître l’avis du Gouvernement pour savoir si cette demande n’est pas déjà satisfaite.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Vous souhaitez créer, monsieur Leconte, les conditions susceptibles de permettre aux résidents français à l’étranger d’effectuer des recours. Si l’on en juge par le nombre de recours présentés à l’administration fiscale, l’information est bien passée…

Je peux vous confirmer, comme l’a indiqué le secrétaire d’État chargé du budget, Christian Eckert, qu’un dispositif sera mis en place pour permettre à l’administration fiscale d’examiner les demandes qui seraient formulées au-delà du délai de recours prévu par les textes, notamment en direction des contribuables qui n’avaient pas déposé de réclamation dans l’attente de l’issue des contentieux en cours.

Compte tenu de cet engagement, je vous demande de bien vouloir retirer vos amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Monsieur Leconte, les amendements n° 5 rectifié et 6 rectifié sont-ils maintenus ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Dès lors que la prescription ne joue pas, je les retire.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Les amendements n° 5 rectifié et 6 rectifié sont retirés.

L'amendement n° 33 rectifié bis, présenté par Mmes Micouleau, Deroche, Lamure, Estrosi Sassone, Gruny, Di Folco, Deromedi et Garriaud-Maylam et MM. Raison, Perrin, Chatillon, Mandelli, Lemoyne, Revet, Pierre, Pinton, Commeinhes, Mouiller, Bonhomme, Chasseing, Bouchet, Morisset, Houpert, Lenoir et César, est ainsi libellé :

I. – Après l’article 15

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Après l’article 231 bis U du code général des impôts, il est inséré un article 231 bis… ainsi rédigé :

« Art. 231 bis… – Les rémunérations versées aux salariés des associations d’aide à domicile sont exonérées de la taxe sur les salaires à hauteur de 6 % du montant de la rémunération brute. »

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à Mme Brigitte Micouleau.

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Micouleau

Dans le secteur de l’aide à domicile, les acteurs associatifs souffrent aujourd’hui d’une distorsion de concurrence avec les entreprises, qui est la conséquence directe de l’instauration du CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.

Afin de rétablir une saine concurrence entre les secteurs associatif et privé, cet amendement vise à exonérer de la taxe sur les salaires les associations d’aide à domicile, à hauteur de 6 % des salaires bruts.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement vise à compenser l’impact de la mise en œuvre du CICE sur le secteur privé non lucratif, en exonérant de taxe sur les salaires, jusqu’à 6 % du montant de la rémunération brute, les rémunérations versées aux salariés des associations d’aide à domicile.

La commission a estimé qu’une telle mesure pourrait s’avérer opportune, compte tenu de la situation financière particulièrement contrainte de ce secteur. Avec Dominique Watrin, j’avais constaté ces difficultés lorsque nous préparions un rapport sur le sujet. Malheureusement, la situation ne s’est pas ou peu améliorée depuis lors. Le problème s’est peut-être même aggravé avec le temps. Toutefois, l’impact financier de l’amendement n’est pas chiffré. C’est pourquoi la commission aimerait connaître l’avis du Gouvernement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Vous dites, madame la sénatrice, qu’il s’agit de compenser l’absence d’éligibilité au CICE des associations qui interviennent dans le secteur de l’aide à domicile. Or le Gouvernement a déjà accordé un avantage à ces associations grâce à un abattement de taxe sur les salaires, qui s’élève à 20 262 euros en 2015 par association, ce qui est significatif. En outre, je vous rappelle que les associations peuvent bénéficier des mesures du pacte de responsabilité et de solidarité, comme les acteurs du secteur privé.

L’amendement que vous proposez comporte un risque constitutionnel élevé au regard du principe d’égalité, dès lors qu’il ne vise qu’une partie des associations. Indépendamment de ce risque constitutionnel, son adoption aboutirait à avantager beaucoup plus les associations que le secteur privé, voire des associations qui ont des activités exclusivement non lucratives.

Au bénéfice de ces explications, en particulier du risque constitutionnel, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement ; à défaut, l’avis sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Micouleau, l’amendement n° 33 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Micouleau

Les associations sont exsangues et souvent au bord du dépôt de bilan. Des milliers d’emplois sont perdus du fait de cette situation et, si rien ne change, des milliers de personnes se trouveront dans un état encore plus fragile, car elles ne seront pas aidées. On ne peut pas laisser les associations dans un tel désarroi. Je maintiens donc cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Le Gouvernement estime qu’une mesure existe déjà, mais le problème est que cette mesure est insuffisante. L’abattement de 20 000 euros favorise les plus petites associations, alors même que nous cherchons à encourager les regroupements, la mutualisation afin de sauver l’existence même des services.

Je rappelle solennellement – je pense que Dominique Watrin se joindra à moi – qu’il est urgent d’agir. C’est pourquoi nous avions déposé un amendement visant à recréer un fonds de restructuration, mais il a été déclaré irrecevable au titre de l’article 40 de la Constitution. Il me semble pourtant indispensable de maintenir une telle structure cette année encore.

À titre personnel, je suis donc favorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean Desessard, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

J’aimerais que Mme la ministre m’explique la raison du maintien de la taxe sur les salaires. Pourquoi ne pas soumettre tout le monde à la TVA ? Cette différence a-t-elle encore un intérêt, alors que l’on souhaite faire jouer un rôle économique à certaines associations à but non lucratif ? L’économie sociale et solidaire n’est-elle pas elle-même à la frontière des deux mondes ? Dès lors, pourquoi maintenir deux régimes différents ?

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je pense que le secrétaire d’État chargé du budget serait mieux à même de vous répondre…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Pour calculer la TVA, encore faut-il pouvoir définir la valeur ajoutée. La taxe sur les salaires va donc intervenir dans le secteur non lucratif ou financier, par exemple, où il est malaisé d’évaluer la valeur ajoutée.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Baptiste Lemoyne

Dans nos territoires, bon nombre d’associations connaissent de grandes difficultés. Je voterai donc cet amendement, dont l’adoption permettra de renforcer l’équité de l’ensemble du dispositif.

Quels sont les cas d’exonération de taxe sur les salaires ? L’article 231 bis P du code général des impôts dispose que cette exonération s’applique pour l’emploi d’un ou de « plusieurs salariés à domicile dont la présence au domicile de l’employeur est nécessitée par l’obligation pour ce dernier ou toute autre personne présente à son foyer de recourir à l’assistance d’une tierce personne pour accomplir les actes ordinaires de la vie ».

Nous savons tous que la mise en place d’une véritable politique de maintien à domicile n’est possible qu’à partir du moment où certaines interventions sont conduites par les associations. Dès lors, au regard des dispositions déjà existantes en matière d’exonération de certaines catégories de personnels à domicile, il me semble logique d’instaurer un parallélisme des formes en adoptant l’amendement de Mme Micouleau, que nous sommes un certain nombre à avoir cosigné. Cette mesure en faveur de l’activité dans nos territoires me semble frappée au coin du bon sens.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Dominique Watrin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Watrin

Notre groupe s’abstiendra sur cet amendement. D’abord, parce que nous ne sommes pas de grands amateurs des exonérations diverses et variées ; ensuite, parce que, comme l’a rappelé Mme la ministre, le non-bénéfice du CICE aux associations du fait de leur statut a été compensé par un forfait de 20 000 euros.

Le vrai problème, c’est que les associations ne sont pas rémunérées au juste prix. Nous avons déjà discuté de cette question dans le cadre du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement. Actuellement, 60 % des conseils départementaux leur versent moins de 20 euros par heure.

Nous attendons toujours l’étude nationale promise par Mme Laurence Rossignol pour nous permettre de déterminer objectivement la juste rémunération d’un service d’aide à domicile bien organisé, offrant de bonnes conditions de travail à ses personnels et assurant un service de qualité à ses usagers. En effet, la question n’est pas d’offrir des exonérations diverses et variées, mais de rémunérer les associations au juste coût. Et il y a urgence !

Dans notre rapport sur l’aide à domicile auprès des publics fragiles, M. Vanlerenberghe et moi-même avions proposé que l’État prenne en charge la partie supérieure à la moyenne actuelle de rémunération des services d’aide à domicile par les départements afin de ne pas créer un effet d’aubaine pour les conseils départementaux qui n’ont pas encore joué le jeu en faveur des services d’aide à domicile. Une telle mesure aurait un coût d’environ 300 millions d’euros, que le groupe CRC, en toute logique, a proposé de financer par une part de la CASA, la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie, sur les actionnaires. Malheureusement, aucun sénateur n’a soutenu cette proposition.

Sans moyens, nous n’arriverons pas à régler la question des services d’aide à domicile. Il faut prendre l’argent là où il est !

Applaudissements sur les travées du groupe CRC.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Gérard Roche, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Roche

Ce dossier est extrêmement important, beaucoup d’associations étant aux abois.

La situation est assez complexe : les entreprises privées et le monde associatif interviennent tous deux dans le secteur des services à domicile. Nous avons voté, lors de la discussion du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, la convergence des régimes d’autorisation et de l’agrément. Le problème de fond ne changera pas entre ceux qui sont tarifés et les autres, mais l’approche, elle, changera peut-être.

Toujours est-il que les associations ne sont pas toutes sur un pied d’égalité. Certaines ne paient pas la taxe sur les salaires, parce qu’elles se regroupent en fédération de petites associations : ayant peu d’employés, elles ne sont pas assujetties à cette taxe, …

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Roche

… à l’image, par exemple, des associations ADMR – aide à domicile en milieu rural. Par contre, les associations membres de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles, l’UNA, plus grandes, sont assujetties à cette taxe.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

Elles sont assujetties soit à la TVA soit à la taxe sur les salaires : il n’existe pas de troisième catégorie !

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Roche

Ces petites associations nous expliquent qu’elles sont pourtant confrontées à un effet de ciseau : blocage des heures du fait des conseils départementaux, parfois rémunérées en dessous de 20 euros – M. Watrin a raison, mais les départements doivent aussi payer l’APA, l’allocation personnalisée d’autonomie, et ils ne disposent pas d’enveloppes importantes – et augmentation de leurs frais de gestion.

Des efforts de mutualisation sont sans doute à faire, comme l’a souligné le rapporteur général, d’autant que les interventions se multiplient : il faut parfois aller deux ou trois fois chez la même personne dans la même journée. En ville, les déplacements prennent du temps ; à la campagne, les distances sont souvent importantes… Tous ces déplacements doivent être mutualisés sur les heures.

Si on additionne frais de gestion, blocage des heures et frais de mutualisation, on comprend que les associations, qui assurent une véritable mission de service public, n’y arrivent pas. Cette situation dure depuis trois ou quatre ans. Nous avions tous écrit au ministère pour le maintien de ce que j’appelle « le plan Bachelot », qui venait en aide aux associations en les maintenant sous perfusion.

En attendant que la nouvelle organisation prévue dans le cadre du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement se mette en place, nous devons continuer à soutenir ces associations. Les recettes de la CASA ne vont pas être intégralement dépensées par les conférences des financeurs départementaux. Dès lors, on pourrait prélever une partie de cet argent pour leur venir en aide. Il ne s’agit pas d’une équipe de football ou autre, il s’agit de venir en aide à des associations qui assurent une mission de service public. Nous ne pouvons les abandonner.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Roche

Nous avons fait en sorte, lors de la discussion du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, que la partie non utilisée du produit de la CASA en 2016 et 2017 soit consacrée à l’aide à l’investissement de la CNSA, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, dans le secteur médico-social.

Peut-être pourrait-on utiliser l’éventuel reliquat pour leur maintenir la tête hors de l’eau pendant deux ou trois ans.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean-Louis Tourenne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Tourenne

Si je partage les préoccupations des auteurs de l’amendement, le dispositif proposé – certes généreux – ne nous permet pas de mesurer toutes les conséquences d’une telle décision.

Le service à domicile a beaucoup évolué ces trente dernières années. Auparavant, les personnes âgées s’appuyaient sur leurs parents, leurs voisins, leurs proches. Ils ont ensuite pu faire appel à des bénévoles ou à des gens de la commune qui n’avaient pas de formation spécifique. Au fil des années, les associations ont amélioré la qualité du service rendu : aujourd’hui, de véritables professionnels interviennent auprès des personnes âgées.

Ces associations ont offert formation et progression de carrière à leur personnel afin de le conserver. Les entreprises privées n’ont pas forcément ce souci : elles peuvent se permettre une rotation de personnel importante, quitte à ne pas fournir le service de qualité que des personnes âgées sont en droit d’attendre. Du coup, la concurrence est faussée.

Par ailleurs, mais cela a déjà été souligné, les taux de remboursement sont, dans un certain nombre de départements, largement inférieurs au coût de revient pour les associations. S’ajoute le fait que tous les départements ne sont pas égaux entre eux : dans les départements ruraux, les déplacements sont parfois extrêmement importants. Or le coût du déplacement représente une part très importante du prix de revient et peut générer à lui seul des déficits élevés.

Nous devons nous pencher sur cette question et faire en sorte d’éviter que le service rendu ne se dégrade parce qu’il aura été confié à des entreprises privées qui n’auraient pas le souci de la qualité. Il serait sans doute nécessaire de disposer d’un référentiel obligeant associations et entreprises privées à former leur personnel et à lui assurer une progression de carrière afin de le fidéliser.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Comme je le disais à l’instant à Mme la ministre en aparté, nous avons adopté, dans le projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, une mesure d’un peu plus de 25 millions d’euros pour améliorer la valeur du point de l’aide à domicile. Si le Gouvernement acceptait d’y ajouter 25 millions d’euros, nous retrouverions le montant du fonds de restructuration de cette année et des années précédentes que Gérard Roche évoquait. Cette mesure, qui me semble indispensable, pourrait se substituer à ce dispositif relatif à la taxe sur les salaires, dont j’ignore totalement les conséquences financières.

Nous avons tous été sollicités pour le maintien de ce fonds de 50 millions d’euros. C'est la raison pour laquelle je me permets de suggérer cette solution à Mme la ministre.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Monsieur le rapporteur général, je pense beaucoup de bien de cette suggestion, qui sera soumise au Parlement dans le cadre du projet de loi de finances rectificative de fin d’année.

Je peux d'ores et déjà annoncer que le Gouvernement va mettre en place un fonds exceptionnel de 25 millions d’euros afin d’accompagner les associations concernées, le temps que le travail évoqué par M. Watrin puisse se déployer et nous permette d’apprécier de manière plus structurelle et durable les difficultés auxquelles sont confrontées ces associations.

Il me semble que cette mesure répond aux préoccupations exprimées sans pour autant encourir le risque constitutionnel que j’évoquais ni introduire une distorsion excessive entre les différentes structures.

Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées de l’UDI-UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à Mme Catherine Deroche, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

En tant que cosignataire de cet amendement, j’entends bien les engagements pris par Mme la ministre, dont je me félicite. Néanmoins, pour qu’une telle mesure puisse peser de tout son poids dans le cadre du projet de loi de finances rectificative, nous maintenons cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je considère que la réponse de Mme la ministre est très satisfaisante. J’ai été interpellé, comme beaucoup d’entre vous, par l’UNA, l’ADMR et de nombreuses autres associations, qui souhaitent qu’un nouveau fonds de restructuration voie le jour.

La création d’un tel fonds est satisfaisante dans l’immédiat, puisqu’il s’agit d’améliorer la situation de ce secteur. Nous verrons évidemment pour l’avenir. J’invite donc les auteurs de l’amendement à le retirer.

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Micouleau

Je retire l’amendement. Néanmoins, je compte vraiment sur Mme la ministre pour faire aboutir sa proposition.

En 2016, il est prélevé, au profit du fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés créé par l’article 40 de la loi n° 2000-1257 du 23 décembre 2000 de financement de la sécurité sociale pour 2001, une somme de 40 millions d’euros sur les réserves, constatées au 31 décembre 2014, du fonds pour l’emploi hospitalier créé par l’article 14 de la loi n° 94-628 du 25 juillet 1994 relative à l’organisation du temps de travail, aux recrutements et aux mutations dans la fonction publique.

Le recouvrement, le contentieux et les garanties relatifs à ce prélèvement sont régis par les règles mentionnées à l’article L. 137-3 du code de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 392, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Annie David.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Cet article vise à transférer 40 millions d’euros des réserves du Fonds pour l’emploi hospitalier, le FEH, vers le Fonds pour la modernisation des établissements de santé publics et privés, le FMESPP.

Nous nous opposons à ce transfert, qui nous donne l’impression, passez-moi l’expression, qu’on déshabille Paul pour habiller Pierre. Plus précisément, cette opération consiste à prendre ce qui appartient au public pour participer au financement du privé.

Je veux rappeler ici le rôle du FEH : il permet aux établissements de financer des aménagements d’horaires, que ce soit le temps partiel, la cessation anticipée d’activité ou bien encore certaines formations et aides à la mobilité. Ce fonds est donc bel et bien utile au sein de la fonction publique hospitalière.

La justification donnée par le Gouvernement pour mettre en place ce transfert, à savoir l’excédent du FEH, ne nous convainc pas, d’une part, parce que nous nous interrogeons sur les raisons de la sous-consommation constatée et, d’autre part, parce que le transfert de ces crédits au FMESPP aura pour conséquence l’allégement de la contrainte budgétaire pesant sur les établissements du fait de l’ONDAM.

Pour nous, c’est clairement prendre le problème à l’envers ! C’est bien le Gouvernement et le législateur que nous sommes qui peuvent décider du niveau de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie. C’est en instaurant un ONDAM au plus bas que vous créez les contraintes pesant sur les établissements.

Permettez-nous par ailleurs de poser une question. Puisque ce transfert de 40 millions d’euros est censé être une opération isolée, uniquement pour l’année 2016, nous aimerions savoir précisément à quelle opération du FMESPP il est destiné. L’expression « modernisation des établissements de santé » visée dans ce sigle peut être à double tranchant à l’heure où vous entendez développer les groupements hospitaliers de territoire.

Sans réponse convaincante de votre part, madame la ministre, nous maintiendrons cet amendement de suppression de l’article 16, d’autant que, d’ici à 2017, 22 000 emplois seront supprimés dans la fonction publique hospitalière. Au sein de l’AP-HP, une négociation sur le temps de travail est justement en cours. Ce fonds pourrait donc être judicieusement mis à profit.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Il me semble que la mesure proposée par l’article 16 se justifie par des raisons de bonne gestion financière. Le Fonds pour l’emploi hospitalier dispose en effet d’un niveau de réserves très important, ce qui paraît incompatible avec la situation financière de l’assurance maladie, qui, je le rappelle, est en déséquilibre. Selon les informations qui m’ont été transmises, ces réserves atteindraient 160 millions d’euros à la fin de l’exercice 2015 et jusqu’à 209 millions d’euros en 2016.

Alors que nos hôpitaux rencontrent de fortes difficultés de financement, il paraît paradoxal de laisser des sommes aussi importantes en sommeil sur les comptes du FEH. Elles pourraient en effet être utilement utilisées pour l’investissement hospitalier dans le cadre du Fonds de modernisation des établissements de santé publics et privés.

Par ailleurs, le FEH est aujourd’hui très peu utilisé. Les sommes associées à ses missions au titre de l’année 2014 sont de fait très modestes : le premier poste de dépenses est celui de l’indemnisation du temps partiel, au titre duquel le FEH a dépensé 177 millions d’euros ; le dernier est celui de l’indemnisation de la mobilité, avec seulement 50 500 euros annuels.

Je me suis inquiété de cet état de fait et interrogé sur la raison pour laquelle on conserve un fonds visiblement financé au-delà de ses besoins et qui n’a qu’une faible activité. La situation s’explique par le fait que les recettes du fonds avaient été prévues pour le financement d’une mission aujourd’hui supprimée, à savoir l’abondement du Fonds de compensation du congé de fin d’activité. Depuis que ce prélèvement a été supprimé en 2006, le FEH dispose de recettes très supérieures à ses dépenses.

Les personnes que j’ai auditionnées m’ont indiqué que les missions du FEH devraient être revues et que, outre son actuel rôle d’indemnisation, le fonds devrait notamment être utilisé pour le financement de mesures d’apprentissage. En attendant une telle réorientation, il me paraît de bonne gestion financière que les réserves dormantes du FEH fassent l’objet de prélèvements ponctuels permettant de financer des dépenses plus urgentes.

La commission demande donc le retrait de cet amendement. À défaut, elle se verra contrainte d’émettre un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Madame David, je comprends vos interrogations, mais, comme l’a fort justement indiqué le rapporteur général, avec cet article, nous sommes face à une mesure de bonne gestion.

Alors que nous avons des besoins en investissement, il n’est pas de bonne politique pour l’hôpital lui-même que d’avoir des sommes dormantes – 160 millions d’euros –, s’accumulant année après année. D’où les deux orientations engagées, qui viennent d’être précisées par le rapporteur général : d’une part, un transfert de 40 millions d’euros vers le fonds d’investissement ; d’autre part, une réflexion sur les missions portées par le FEH, dont le financement historique ne sert pas, aujourd'hui, l’objectif de l’emploi à l’hôpital.

Je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement. Je le répète, aucun élément ne permet d’affirmer qu’il y aura des réductions d’emplois à l’hôpital, encore moins dans les proportions que vous avez indiquées. Pour les années à venir, le Gouvernement a engagé une politique et un financement de l’hôpital garantissant la stabilité globale des effectifs. Entre 2012 et 2014, près de 30 000 recrutements sont intervenus à l’hôpital public et dans les établissements publics. Nous sommes donc bien loin de ce que vous indiquez, à savoir une destruction de plusieurs milliers d’emplois.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Comme je l’ai lu et entendu, le FEH sera bientôt doté de 200 millions d’euros.

Vous nous dites qu’il est de bonne gestion d’utiliser cette somme pour le FMESPP. La bonne gestion aurait été de ne pas accumuler autant d’argent sur ce fonds et de l’utiliser au fur et à mesure pour financer les besoins pour lesquels il avait été créé : la cessation anticipée d’activité, l’aménagement des horaires, le temps partiel, la formation, la mobilité. Quand on voit comment les choses se passent pour les agents hospitaliers sur l’ensemble de notre territoire – je ne reviendrai pas sur la question d’éventuelles suppressions d’emplois dans les années à venir –, quand on connaît leurs conditions de travail, on se dit que ces 200 millions d’euros pourraient leur bénéficier et ne pas se transformer en fonds de réserve.

Tout de même, ces 200 millions d’euros proviennent d’argent public, issu de nos établissements publics de santé ! Or le transfert de 40 millions d’euros pourra financer la modernisation d’établissements non seulement publics, mais également privés, le FMESPP ayant été créé pour moderniser l’ensemble de nos établissements de santé. C’est donc là encore un détournement de l’argent public en direction du privé. C’est d’autant moins acceptable que nous connaissons les conditions de travail des agents de la fonction publique hospitalière. Sachez que les personnels de l’AP-HP descendront bientôt dans la rue pour faire entendre leur opposition à l’accord aujourd'hui en cours de négociation, inacceptable à leurs yeux pour ce qui concerne le temps de travail.

Telles sont les raisons pour lesquelles nous maintenons notre amendement.

L'amendement n'est pas adopté.

L'article 16 est adopté.

Le II quinquies de l’article 4 de l’ordonnance n° 96-50 du 24 janvier 1996 relative au remboursement de la dette sociale est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est ainsi modifié :

a) À la première phrase, l’année : « 2017 » est remplacée par l’année : « 2015 » et les mots : « et dans la limite de 10 milliards par an » sont supprimés ;

b) §(nouveau) Après le mot : « décret », la fin de la seconde phrase est ainsi rédigée : «, peuvent faire l’objet d’acomptes provisionnels. » ;

2° Au second alinéa, les mots : « les plafonds qui y sont cités » sont remplacés par les mots : « le plafond qui y est cité ».

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Watrin

L’article 17 tend à autoriser la CADES, la Caisse d’amortissement de la dette sociale, à reprendre dès 2016 les déficits accumulés par l’ACOSS, l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale. Plus précisément, il vise à transférer, en 2016, 23, 6 milliards d’euros de déficits à la CADES, car celle-ci bénéficierait d’un taux d’intérêt négatif. En clair, le Gouvernement, qui prévoit une remontée des taux d’intérêt, reporte sa dette sur la CADES, ce qui lui permettra d’emprunter tout en réduisant sa dette.

Je veux simplement insister sur deux points.

Premièrement, la vraie raison des déficits, ce sont les exonérations massives, que nous dénonçons depuis le début de l’examen de ce projet de loi de financement de la sécurité sociale. Elles ne sont pas compensées, contrairement à ce que l’on nous dit souvent, et ne cessent de croître : elles représentent 3, 3 milliards d’euros par an. On peut d’ailleurs estimer que cette non-compensation a atteint la somme faramineuse de 48 milliards d’euros sur les vingt dernières années. Il est important de le dire !

Deuxièmement, lors de la création de la CADES en 1996, il était prévu que les déficits repris à l’ACOSS au titre des années 2011 à 2017 n’excéderaient pas 62 milliards d’euros et 10 milliards d’euros supplémentaires par an. Deux plafonds avaient donc été fixés. En réalité, à force d’exonérer, le Gouvernement a dépassé ce plafond de 62 milliards d’euros de 10 milliards d’euros. Au demeurant, ce problème devra être réglé très vite, en 2017, car la loi organique prévoit non pas l’allongement de la durée de vie de la CADES, mais seulement l’augmentation des contributions, donc de la CRDS, ce qui serait particulièrement dommageable.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Vasselle

Je me demande si le transfert immédiat à la CADES d’un déficit de 23, 6 milliards d’euros est une mesure pertinente. Une telle décision s’explique uniquement par le risque d’augmentation des taux d’intérêt. N’aurait-il pas été préférable d’attendre une loi de finances rectificative pour ce faire ?

La CADES sera-t-elle aussi performante que l’ACOSS – voire davantage – dans la gestion de ces 23, 6 milliards d’euros ? La différence d’efficacité sera sans doute négligeable. Le seul intérêt d’un tel transfert consiste à entériner le fait que l’ACOSS n’a pas vocation à gérer les déficits de la sécurité sociale. Reste que le plafond de trésorerie est atteint, et nous ne savons pas comment vont évoluer financièrement les différentes branches à l’horizon de 2018-2019.

Cela étant, je voterai cette disposition, malgré mes réserves, tout en continuant de m’interroger sur sa pertinence.

L'article 17 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 296 rectifié, présenté par MM. Mézard, Amiel, Arnell, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Jouve et Laborde et MM. Requier et Vall, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L'article 575 du code général des impôts est ainsi modifié :

1° Le septième alinéa est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :

« Le montant des prélèvements applicables à un groupe de produits ne peut être inférieur à un minimum de taxes qui inclut le droit de consommation ainsi que la taxe sur la valeur ajoutée.

« Le niveau du minimum de taxes, fixé par mille unités ou mille grammes, est défini, par catégorie de produits, à l'article 575 A. » ;

2° Les avant-dernier et dernier alinéas sont supprimés.

La parole est à M. Guillaume Arnell.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

Le présent amendement vise à tirer les conséquences de l'arrêt du 27 mars 2015 du Conseil d'État, qui a statué sur la légalité du système français du minimum de perception à trois niveaux, en vigueur depuis 2010. Ces minima avaient remplacé l'ancien prix minimum jugé illégal par la CJUE, la Cour de justice de l’Union européenne.

Le Conseil d'État a confirmé que le minimum de perception « simple », qui ne revient pas à fixer un prix minimum et n’est pas anti-compétitif, est conforme à la réglementation européenne. Il correspond à un droit de consommation minimum imposé de manière identique à tous les produits du tabac. En revanche, le Conseil d'État a considéré que les dispositions de l'article 575 du code général des impôts relatives à un minimum de perception « majoré » et un minimum de perception « super-majoré », qui s'appliquent uniquement à une certaine catégorie de produits, créent une distorsion de concurrence, contraire au droit européen. En conséquence, le Conseil d'État a annulé ces dispositions.

À la suite de cette décision, plusieurs industriels du tabac ont abaissé leurs prix de vente en dessous du minimum de perception, fixé à 6, 50 euros pour les cigarettes et à 7, 10 euros pour les tabacs à rouler. Cette pratique ouvre la voie à une guerre des prix. Cet amendement vise donc à substituer aux minima de perception « simple », « majoré » et « super-majoré » un minimum de taxes conforme à la directive européenne. Alors que le minimum de perception ne touchait que les droits de consommation, ce minimum de taxes, qui inclut la TVA, permettra d'augmenter la pression fiscale sur tous les produits bas de gamme, vendus en dessous du minimum de perception « simple » actuel.

Telle est la position des cosignataires de cet amendement, ce qui ne veut pas dire que nous serions nécessairement hermétiques à des arguments défendant d’autres moyens de parvenir, sans effets pervers, au même objectif.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement vise à tirer les conséquences de la remise en cause par le Conseil d’État du double mécanisme du minimum de perception.

La commission est consciente des imperfections de cet amendement. Si elle s’y est néanmoins déclarée favorable, c’est pour appeler l’attention du Gouvernement sur l’intérêt de traiter lors de l’examen du PLFSS des questions relatives au droit de consommation sur les tabacs. Une telle pratique serait d’ailleurs en cohérence avec le projet de loi de santé, qui prévoit l’extension à la ministre de la santé de la compétence d’homologation des tarifs du tabac, auparavant du seul ressort du ministre chargé du budget.

L’usage veut que les droits sur le tabac ne soient évoqués qu’au moment de l’examen du collectif budgétaire, en toute fin d’année. La dernière réforme est ainsi intervenue, sur ce sujet, à l’occasion de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 2014. Or les recettes du tabac – qui sont très importantes, de l’ordre de 11 milliards d’euros chaque année – sont intégralement affectées au budget de la sécurité sociale. Si nous sommes conscients de la nécessité d’en préserver l’équilibre, elles ont aussi un lien important avec la santé publique.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Monsieur le sénateur, votre amendement vise à atteindre un objectif que non seulement je comprends, mais qu’à certains égards je partage : éviter que les augmentations des prix du tabac ne puissent être contournées par les cigarettiers et nous donner les moyens nécessaires de garantir le respect, par les acteurs économiques de ce secteur, des décisions que vous votez, selon une logique qui mêle les objectifs de santé publique et de cohérence fiscale.

Une évolution du dispositif du minimum de perception majoré est en effet souhaitable. Une modification en ce sens des trois derniers alinéas de l’article 575 du code général des impôts sera prochainement proposée dans le cadre de l’examen du projet de loi de finances rectificative.

S’agissant du mécanisme du minimum de perception en lui-même, il ne pose aucun problème de conformité au droit communautaire ; il n’est donc pas nécessaire de le supprimer. Sans entrer dans les détails, je note que les dispositions que vous proposez pourraient, au regard du droit communautaire, donner lieu à des conflits, dans la mesure où tous les produits ne sont pas également concernés.

J’indique enfin, à la suite du rapporteur général, que le projet de loi de modernisation de notre système de santé comporte des mesures relatives au tabac. C’est à ce genre de mesures, susceptibles de porter un coup d’arrêt à la consommation de tabac, en particulier chez les plus jeunes de nos concitoyens, que s’attache l’effort du Gouvernement, qui reste évidemment, par ailleurs, attentif aux enjeux juridiques que vous avez évoqués et qui seront traités dans le cadre du projet de loi de finances rectificative.

Je vous demande donc de bien vouloir retirer cet amendement ; à défaut, j’émettrai un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Monsieur Arnell, l’amendement n° 296 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

J’ai entendu vos arguments, madame la ministre. Je consens donc à retirer cet amendement.

Comme je l’ai dit, nous ne sommes pas opposés à d’autres dispositifs. Nous attendrons donc l’examen du projet de loi de finances rectificative pour en finir avec cette possibilité de contourner la loi.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 296 rectifié est retiré.

Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 262, présenté par Mme Archimbaud, MM. Desessard et Placé, Mmes Aïchi, Benbassa, Blandin et Bouchoux et MM. Dantec et Gattolin, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article 575 A du code général des impôts est ainsi modifié :

1° À la deuxième ligne de la deuxième colonne du tableau du deuxième alinéa, le nombre : « 49, 7 » est remplacé par le nombre : « 52, 9 » ;

2° Au troisième alinéa, le montant : « 210 € » est remplacé par le montant : « 247 € ».

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Les Français sont encore nombreux à croire que les fumeurs « rapportent » plus qu’ils ne coûtent à l’État, en raison de la fiscalité des produits du tabac. Au contraire, le coût des dégâts du tabagisme, en hausse constante, pèse lourdement sur les comptes publics. La dernière étude de l’Observatoire français des drogues et toxicomanies, datée de septembre 2015, estime le coût global du tabac à 120 milliards d’euros par an, soit dix fois le déficit de la sécurité sociale, lequel s’élève, Fonds de solidarité vieillesse compris, à 13 milliards d’euros en 2015. Cette étude révèle aussi que, pour les seules dépenses sanitaires, le coût s’élève à 25 milliards d’euros par an.

Cet amendement vise à exercer une forte pression fiscale sur les prix des cigarettes, pour deux raisons majeures.

La première est que le prix constitue un élément essentiel de la lutte contre le tabac. Le Président de la République l’a lui-même rappelé lors de la présentation du plan cancer 3 en février 2014 : « L’évolution des prix nous enseigne que les seules baisses significatives – elles ont été rares – de la consommation de tabac se sont produites après des augmentations fortes du prix des cigarettes. » Les addictologues et toutes les personnes impliquées dans l’élaboration des plans de lutte contre le tabagisme le confirment.

La deuxième raison est qu’une augmentation du prix accroît les rentrées fiscales et permet de compenser partiellement le coût sanitaire et social du tabac, qui pèse sur les comptes de la sécurité sociale.

Face à l’hécatombe sanitaire et financière, il est urgent d’adopter des mesures fortes. Le tabac tue aujourd’hui 79 000 personnes par an, vingt fois plus que les accidents de la route. L’objectif, à terme, est d’atteindre le seuil psychologique que représente, selon les spécialistes en addictologie, la fixation du prix du paquet de cigarettes à 10 euros, en intensifiant, parallèlement, la lutte contre le commerce illicite et en travaillant activement à une convergence fiscale européenne.

Cette mesure, prise isolément, perd évidemment de son intérêt. Elle a vocation à s’inscrire dans le cadre d’une politique générale de lutte contre le tabagisme, qui partirait du constat lucide selon lequel aujourd’hui, malgré les efforts – notamment ceux qui font l’objet d’un certain nombre d’articles du projet de loi de santé –, la réalité résiste : le problème du tabagisme persiste en France de façon inquiétante.

J’indique enfin que l’article 40 nous empêche, nous, parlementaires – et c’est bien normal – de faire certaines propositions. Je pense par exemple qu’il serait souhaitable de renforcer l’ensemble des mesures d’accompagnement des personnes qui souhaitent arrêter de fumer. Il existe déjà des lieux, des spécialistes, des réseaux, qui mériteraient d’être renforcés et aidés davantage ; mais je ne peux pas le proposer. Cet amendement a donc également pour objet d’encourager les efforts accomplis par le Gouvernement, par les réseaux auxquels j’ai fait allusion, par les médecins, et d’indiquer en même temps que nous sommes loin du compte.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 263 rectifié, présenté par Mme Archimbaud, MM. Desessard et Placé, Mmes Aïchi, Benbassa, Blandin et Bouchoux et MM. Dantec et Gattolin, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article 575 A du code général des impôts est ainsi modifié :

1° À la quatrième ligne de la deuxième colonne du tableau du deuxième alinéa, le nombre : « 32 » est remplacé par le nombre : « 42, 3 » ;

2° Au dernier alinéa, le montant : « 143 € » est remplacé par le montant : « 203 € ».

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Cet amendement, qui concerne le tabac à rouler, s’inscrit dans la même logique.

J’indique simplement deux choses : d’une part, le tabac à rouler est surtout consommé par les jeunes, ce qui ne peut que nous inquiéter ; d’autre part, sa nocivité est supérieure à celle des cigarettes.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 298 rectifié, présenté par MM. Mézard, Amiel, Arnell, Barbier, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Jouve et Laborde et MM. Requier et Vall, est ainsi libellé :

Après l'article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les troisième et quatrième alinéas de l'article 575 A du code général des impôts sont ainsi rédigés :

« Le minimum de taxes mentionné à l'article 575 est fixé à 264 € pour mille cigarettes et à 145 € pour mille cigares ou cigarillos.

« Il est fixé par kilogramme à 183 € pour les tabacs fine coupe destinés à rouler les cigarettes et à 90 € pour les autres tabacs à fumer. »

La parole est à M. Guillaume Arnell.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

Par cohérence, je retire cet amendement de coordination, qui visait à compléter l’amendement n° 296 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 298 rectifié est retiré.

Quel est l’avis de la commission sur les amendements n° 262 et 263 rectifié ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

L’amendement n° 262 vise à augmenter le prix des cigarettes.

J’ai bien entendu vos arguments, madame Archimbaud. Ils sont d’ailleurs bien connus. À titre personnel, comme beaucoup d’entre nous, je suis tout à fait favorable à une réduction de la consommation du tabac. Le prix y contribue, mais ce n’est pas le seul élément.

La commission des affaires sociales n’ignore pas pour autant le problème des zones frontalières – j’habite moi-même une zone de ce type dans le Nord-Pas-de-Calais. Les buralistes font d’ailleurs notre siège. Nous sommes donc conscients du caractère quelque peu cornélien du choix devant lequel nous sommes placés.

J’estime que nous devons mettre en œuvre une stratégie à moyen terme, sinon nous n’obtiendrons aucun résultat net ou, du moins, si tel était le cas, ces réussites seraient vite balayées, comme nous avons déjà pu le constater, par la vente sur internet ou, dans les zones frontalières, par la vente des produits étrangers. C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable.

L’amendement n° 263 rectifié a pour objet d’augmenter le prix du tabac à rouler.

Il existe bien un report de consommation, en particulier chez les jeunes, de la cigarette vers le tabac à rouler ou le tabac à tuber, qui sont moins chers. L’efficacité de notre stratégie n’exigerait-elle pas d’augmenter le prix du tabac à rouler, à due proportion, par rapport à celui des cigarettes ? Nous pouvons nous poser la question.

L’augmentation que vous proposez nous semble néanmoins très importante. Comme j’ai l’habitude de le dire, une politique efficace et lisible, en matière de lutte contre la consommation de tabac, ne peut procéder par à-coups : elle doit au contraire mettre en œuvre une stratégie à moyen et long terme. À défaut d’une telle stratégie, à laquelle nous serions totalement favorables si elle nous était proposée, la commission a émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je remercie M. Arnell d’avoir retiré son amendement.

Vos deux amendements, madame Archimbaud, portent sur un sujet important, dont nous débattons régulièrement. Je ne méconnais d’ailleurs pas l’intérêt des mesures visant à augmenter le prix du tabac, notamment du tabac à rouler.

L’étude parue au mois de septembre 2015, à laquelle vous avez fait référence, le montre clairement : contrairement à ce que nos concitoyens imaginent, le coût social du tabagisme est sans commune mesure avec ce que la vente du tabac rapporte à l’État. Dans le climat de défiance actuel, certains semblent croire que l’État a pour seul intérêt de remplir ses caisses en permettant aux gens de fumer. La vérité est que le tabac coûte cher en arrêts de travail ; il coûte cher aux entreprises, aux acteurs économiques et à la sécurité sociale. Il faut prendre en charge les traitements et les soins des malades, qui sont trop nombreux : le tabac tue près de 80 000 personnes chaque année !

La France assure cette prise en charge. Dans d’autres pays, on examine d’abord quelles assurances – elles sont extrêmement chères – ont été souscrites : par exemple, un individu atteint d’un cancer n’ayant pas déclaré être fumeur ne pourra pas être pris en charge. C’est le cas aux États-Unis, où la prise en charge diffère selon l’assurance souscrite.

Faut-il aller dans le sens que vous souhaitez, madame la sénatrice ? Comme l’a souligné le rapporteur général, il faut une politique globale, cohérente, sans à-coups. Le Gouvernement a une stratégie identifiée, celle que j’ai annoncée l’an dernier : le programme national de réduction du tabagisme. Plusieurs options existaient, dont l’augmentation des prix du tabac. Ce n’est pas le choix qui a été retenu. Nous avons préféré privilégier le paquet neutre, avec des mesures d’interdiction dans les lieux fréquentés par les enfants et d’accompagnement des fumeurs, comme le triplement de la prise en charge par l’assurance maladie du sevrage tabagique pour certaines personnes.

C’est le Président de la République qui a tranché, en faisant le choix de la cohérence du dispositif présenté, dans le cadre du plan cancer. Je défends aujourd'hui cette même cohérence : nous ne souhaitons pas ajouter l’augmentation des prix du tabac aux mesures qui ont déjà été adoptées. Par conséquent, le Gouvernement sollicite le retrait de ces deux amendements. À défaut, l’avis sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Archimbaud, les amendements n° 262 et 263 rectifié sont-ils maintenus ?

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Le projet de loi de santé est en cours de navette parlementaire. Nous ne savons pas encore ce qui en sortira en matière de lutte contre le tabagisme. Je le dis clairement : j’espère que les mesures proposées par le Gouvernement sur ce point seront adoptées par le Parlement ! Pour l’instant, nous l’ignorons ; d’ailleurs, je suis un peu inquiète.

Je vous invite à réfléchir, mes chers collègues. Les plus célèbres addictologues de notre pays – je suis certaine que vous êtes nombreux à en avoir rencontré – soulignent qu’on ne pourra pas s’en sortir sans mesures fortes. Le tabac tue 79 000 personnes par an ! Si les parlementaires ne décident pas d’actions courageuses, la situation risque de durer encore longtemps.

Quoi qu’il en soit, comme le texte sur la santé est en cours d’examen, j’accepte de retirer mes amendements, qui étaient avant tout des amendements d’alerte, en saluant les engagements pris par Mme la ministre.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Les amendements n° 262 et 263 rectifié sont retirés.

L'amendement n° 297 rectifié, présenté par MM. Mézard, Amiel, Arnell, Barbier, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Jouve et Laborde et MM. Requier et Vall, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

La troisième colonne du tableau du deuxième alinéa de l'article 575 A du code général des impôts est ainsi modifiée :

1° – À la deuxième ligne, le nombre : « 48, 75 » est remplacé par le nombre : « 49, 5 » ;

2° – À la quatrième ligne, le nombre : « 67, 50 » est remplacé par le nombre : « 69 » ;

3° – À la cinquième ligne, le nombre : « 17 » est remplacé par le nombre : « 18 ».

La parole est à M. Guillaume Arnell.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

Cet amendement vise à mieux protéger les recettes fiscales des conséquences d'une guerre des prix entre les industriels du tabac.

Certes, j’ai bien entendu les explications de Mme la ministre, qui a évoqué la nécessité de ne pas systématiquement recourir à la hausse des prix. En l’occurrence, pour endiguer la guerre des prix, nous souhaitons introduire une hausse légère des taxes sur les catégories de produits du tabac les plus vendues en France. Cela garantirait une meilleure maîtrise et prévisibilité de l'évolution des recettes fiscales de l'État.

Je sais que cet amendement ne vous satisfera pas, madame la ministre, pas plus qu’il ne satisfera les fumeurs, mais une telle mesure pourrait permettre au monde de la santé de mieux répondre aux ravages causés par la consommation excessive de tabac.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

La commission, après un large débat en son sein, s’est déclarée favorable seulement au dispositif proposé au 2°. Elle a donc émis un avis défavorable sur le reste de l’amendement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Par cohérence avec ce que j’ai indiqué précédemment, je demande le retrait de l’amendement ; faute de quoi l’avis sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Monsieur Arnell, l'amendement n° 297 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

Non, je le retire, monsieur le président. Certes, j’avais espéré faire adopter au moins un de mes trois amendements. Mais à quoi bon s’obstiner ? Je me réjouis en tout cas que la commission ait jugé favorablement notre proposition pour le 2°.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 297 rectifié est retiré.

L'amendement n° 266, présenté par Mme Archimbaud, M. Desessard et les membres du groupe écologiste, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les deuxième et troisième colonnes de la deuxième ligne du tableau du dernier alinéa du I de l’article 575 E bis du code général des impôts sont ainsi rédigées :

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

La lutte contre le tabagisme concerne évidemment tout le territoire français. Or, en Corse, les produits du tabac sont en moyenne 25 % moins chers qu’en France continentale.

Cela pose un problème de conformité au droit européen. La directive 2011/64/UE du 21 juin 2011 n’autorise la France à garder une fiscalité réduite en Corse que jusqu’au 31 décembre 2015. Il est donc grand temps de se mettre en conformité, sous peine de se voir infliger des sanctions.

De plus, l’égalité des territoires en matière sanitaire impose l’égalité en matière fiscale, en particulier en matière de santé publique. La toxicité du tabac fumé, ainsi que le coût de ses dégâts sanitaires et sociaux sont les mêmes que le produit soit consommé en Corse ou en France continentale. Les décès par cancer du poumon sont plus nombreux de 25 % en Corse qu’en France continentale, selon les données de l’agence régionale de santé de Corse.

Nous souhaitons donc harmoniser la fiscalité du tabac en Corse avec celle qui est actuellement en vigueur en France continentale. Cela permettrait non seulement de répondre aux deux problèmes que j’ai déjà évoqués, mais, surtout, de lutter contre la contrebande – argument régulièrement soulevé au niveau européen. Les prix seraient uniformisés par une fiscalité identique, au sein même du marché intérieur français. Cela permettrait aussi d’éviter les échanges, licites ou illicites, des produits du tabac à l’intérieur du marché français.

Notre amendement vient en appui de l’ensemble des mesures prévues dans le programme national de réduction du tabagisme, dont le paquet neutre constitue la mesure majeure.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Il s’agit d’une mise en conformité demandée par l’Union européenne. L’avis est donc favorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Cet amendement me semble satisfait, car la convergence est déjà engagée. Mme Archimbaud souhaite peut-être que les choses aillent plus vite, mais des dispositions ont été prises ; l’essentiel, me semble-t-il, c’est que le principe soit arrêté.

Je demande donc le retrait de cet amendement. À défaut, l’avis sera défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Joseph Castelli, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Joseph Castelli

L’amendement de nos collègues du groupe écologiste part d’un bon sentiment : lutter contre le tabagisme. Chacun ne peut évidemment qu’y souscrire. Pour autant, si l’objectif est partagé, le rapprochement des taux de taxation en Corse et sur le continent est, je tiens à le rappeler, déjà engagé, et il s’effectue progressivement.

Vous le savez, la Corse, à l’instar d’autres territoires de l’Union européenne, bénéficie d’un cadre fiscal dérogatoire qui lui permet de garantir des prix de vente au détail pour les produits du tabac inférieurs à ceux en vigueur sur le continent. Certes, une directive européenne prévoit l’alignement du cadre fiscal sur la fiscalité appliquée sur le continent à compter du 1er janvier 2016. C’est la raison pour laquelle la France s’est engagée à aller vers l’uniformisation des prix.

Le sujet fait l’objet de discussions entre le Gouvernement et la collectivité territoriale de Corse, qui s’est prononcée en faveur d’une solution progressive : le report au 1er janvier 2020 de la hausse de la fiscalité de 50 % à 57 % sur les cigarettes et l’harmonisation fiscale totale au plus tard le 31 décembre 2020, soit un an après.

Un rapprochement brutal comme celui qui nous est proposé aurait des conséquences dramatiques pour la Corse. Cela conduirait à de nombreuses destructions d’emplois et aurait des répercussions sur le budget des collectivités corses, les droits sur le tabac constituant l’une des principales recettes tirées de la fiscalité indirecte pour la collectivité territoriale de Corse et les départements de Corse. Et je n’évoque même pas le risque d’une explosion du marché parallèle !

Je précise par ailleurs que l’écart de prix entre la Corse et le continent s’est déjà considérablement réduit.

Pour toutes ces raisons, et malgré toute la sympathie que m’inspirent mes collègues écologistes, je ne pourrai pas voter cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à Mme Aline Archimbaud, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Je remercie notre collègue Castelli de nous avoir apporté un éclairage sur l’état des discussions au sein de la collectivité territoriale de Corse.

J’aimerais que Mme la ministre nous confirme que la convergence est réellement en cours.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je vous le confirme : un relèvement de 5 points de la fiscalité applicable en Corse se met progressivement en place depuis 2013. Vous le voyez, le processus est engagé.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Archimbaud, l'amendement n° 266 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Compte tenu des explications de notre collègue, qui est un acteur direct du débat en Corse, et des engagements qui ont été pris en matière de convergence, je retire mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 266 est retiré.

L'amendement n° 267, présenté par Mme Archimbaud, M. Desessard et les membres du groupe écologiste, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Les deuxième et troisième colonnes de la quatrième ligne du tableau du dernier alinéa du I de l’article 575 E bis du code général des impôts sont ainsi rédigées :

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Je retire cet amendement, qui s’inscrivait dans la même logique que le précédent.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 267 est retiré.

L'amendement n° 254, présenté par Mme Archimbaud, M. Desessard et les membres du groupe écologiste, est ainsi libellé :

Après l'article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le chapitre III du titre III de la première partie du livre Ier du code général des impôts est complété par une section X ainsi rédigée :

« Section X

« Taxe additionnelle à la taxe spéciale sur les huiles

« Art. 554. – I. – Il est institué une contribution additionnelle à la taxe spéciale prévue à l’article 1609 vicies sur les huiles de palme, de palmiste et de coprah effectivement destinées, en l’état ou après incorporation dans tous produits, à l’alimentation humaine.

« II. – Le taux de la taxe additionnelle est fixé à 300 € par tonne en 2016, 500 € en 2017, 700 € en 2018 et 900 € à partir de 2019. Ce tarif est relevé au 1er janvier de chaque année à compter du 1er janvier 2020. À cet effet, les taux de la taxe additionnelle sont révisés chaque année au mois de décembre, par arrêté du ministre chargé du budget publié au Journal officiel, en fonction de l’évolution prévisionnelle en moyenne annuelle pour l’année suivante des prix à la consommation de tous les ménages hors les prix du tabac. Les évolutions prévisionnelles prises en compte sont celles qui figurent au rapport économique, social et financier annexé au dernier projet de loi de finances de l'année.

« III. – A. La contribution est due à raison des huiles mentionnées au I ou des produits alimentaires les incorporant par leurs fabricants établis en France, leurs importateurs et les personnes qui en réalisent en France des acquisitions intracommunautaires, sur toutes les quantités livrées ou incorporées à titre onéreux ou gratuit.

« B. Sont également redevables de la contribution les personnes qui, dans le cadre de leur activité commerciale, incorporent, pour les produits destinés à l’alimentation de leurs clients, les huiles mentionnées au I.

« IV. – Pour les produits alimentaires, la taxation est effectuée selon la quantité d’huiles visées au I entrant dans leur composition.

« V. – Les huiles visées au I ou les produits alimentaires les incorporant exportés de France continentale et de Corse, qui font l’objet d’une livraison exonérée en vertu du I de l’article 262 ter ou d’une livraison dans un lieu situé dans un autre État membre de la Communauté européenne en application de l’article 258 A, ne sont pas soumis à la contribution.

« VI. – La contribution est établie et recouvrée selon les modalités, ainsi que sous les sûretés, garanties et sanctions applicables aux taxes sur le chiffre d’affaires.

« Sont toutefois fixées par décret les mesures particulières et prescriptions d’ordre comptable notamment, nécessaires pour que la contribution ne frappe que les huiles effectivement destinées à l’alimentation humaine, pour qu’elle ne soit perçue qu’une seule fois, et pour qu’elle ne soit pas supportée en cas d’exportation, de livraison exonérée en vertu du I de l’article 262 ter ou de livraison dans un lieu situé dans un autre État membre de la Communauté européenne en application de l’article 258 A.

« VII. – Le produit de cette taxe est affecté au fonds mentionné à l’article L. 135-1 du code de la sécurité sociale. »

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Le produit change, mais il s’agit toujours de taxation. Comme je l’ai indiqué précédemment, la panoplie des mesures pouvant être prises par les parlementaires pour infléchir les politiques de santé environnementale est relativement limitée.

Cet amendement concerne un sujet dont nous avons souvent débattu au sein de cet hémicycle : l’huile de palme. Cette huile végétale, la plus consommée au monde, est présente dans des milliers de produits alimentaires de consommation courante, car elle est privilégiée par les industriels pour son faible coût. Sa consommation massive pose des problèmes sanitaires et environnementaux. Ce n’est pas un poison, mais, consommé massivement, c’est un produit dangereux.

D’un point de vue sanitaire, la consommation des acides gras saturés contenus dans l’huile de palme accroît nettement le risque d’apparition de certaines maladies, notamment cardiovasculaires. La présence de cette huile dans de très nombreux produits conduit bien souvent à une surconsommation plus ou moins à l’insu du consommateur, car ce dernier ne détaille pas nécessairement toutes les étiquettes des produits qu’il achète.

Il est ici proposé d’aligner la taxation de cette huile sur celle des autres huiles. En effet, pour des raisons curieuses, voire inexplicables, l’huile de palme est une des huiles les moins taxées en France.

Par ailleurs, à quelques semaines de la COP 21, ce serait un signal positif. Sur le plan environnemental, l’exploitation industrielle – je dis bien industrielle, et non familiale ou locale – du palmier à huile accapare de plus en plus de territoires et s’accompagne de défrichements massifs portant atteinte au maintien des équilibres biologiques, ainsi qu’au bien-être des populations locales. Je pense, par exemple, aux territoires immenses en Indonésie où, comme la presse l’a rappelé récemment, de très grandes multinationales achètent les terres à très bas prix, spolient les populations locales, les privent de la possibilité de développer une agriculture locale et provoquent une déforestation extrêmement dommageable, qui augmente les risques de dérèglements climatiques.

Pour ces deux raisons, et forte du constat qu’il s’agit d’une huile moins taxée que la plupart des autres huiles que nous utilisons en France, je propose d’atténuer progressivement, par une taxe additionnelle qui a vocation à monter en puissance, l’avantage concurrentiel de l’huile de palme afin d’inciter peu à peu les industriels à utiliser d’autres huiles.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

… ainsi qu’à l’occasion de l’examen du projet de loi de santé.

La commission a émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Comme vous l’avez souligné, c’est un débat que nous avons régulièrement. Il ne s’agit pas de contester les enjeux liés à l’huile de palme ni aux huiles, en général, pour ce qui est de la santé publique, car chacun sait évidemment qu’une consommation excessive de lipides pose des problèmes de santé.

Par ailleurs, il est vrai que l’utilisation de l’huile de palme est liée à des enjeux environnementaux spécifiques.

Néanmoins, le rapport rédigé par Yves Daudigny et Catherine Deroche souligne que les taxes comportementales, en dehors de certains points très identifiés, n’ont pas d’impact en termes de consommation et n’atteignent pas le résultat escompté.

Le Gouvernement demande donc le retrait de cet amendement. Encore une fois, je le répète, il ne s’agit pas de nier les enjeux, notamment environnementaux, liés à l’huile de palme, mais ce n’est pas au travers de la mise en place d’une petite taxe supplémentaire que l’on résoudra tous ces problèmes.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Archimbaud, l'amendement n° 254 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Cette fois-ci, je maintiens mon amendement. À trois semaines de la COP 21, il me semble que le Sénat pourrait adresser un signal. Dans les semaines à venir, nous évoquerons largement la question de la déforestation. C’est un sujet extrêmement grave dans plusieurs régions du monde, notamment dans des zones où l’huile de palme est produite de façon industrielle et massive, sur des milliers d’hectares.

Les petits ruisseaux faisant les grandes rivières, pourquoi se priver d’une telle source de revenus à l’heure où le Gouvernement cherche de l’argent ? Nous pourrions réunir ainsi une somme certes petite, mais non ridicule.

Par ailleurs, même si cet amendement n’a qu’un impact léger sur les industriels, il les incitera à reconsidérer leurs choix.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Yves Daudigny, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

J’ai été très sensible aux arguments qui ont été développés par Mme Archimbaud lors de la présentation de ses différents amendements, en particulier en ce qui concerne l’huile de palme, dont la présence dans une majorité de produits sucrés ou salés pose des problèmes en termes de santé.

Des amendements ont été présentés sur ce sujet à l’occasion de plusieurs projets de loi de financement de la sécurité sociale. On nous avait alors indiqué qu’il était nécessaire d’attendre un support adéquat, comme une loi de santé publique. Or, lors de l’examen du projet de loi de santé, qui poursuit son parcours parlementaire, une telle mesure n’a pas été retenue, même si nous avions tous souligné l’importance exceptionnelle et nouvelle du volet prévention de ce texte.

Je ne voterai pas l’amendement, mais je ne voterai pas non plus contre : je m’abstiendrai. Peut-être trouverons-nous un jour un support législatif permettant de mettre en application quelques éléments du rapport que j’ai rédigé conjointement avec Catherine Deroche ? Ce rapport s’interrogeait notamment sur cette curiosité qui veut que, en France, l’huile d’olive, dont chacun reconnaît les vertus puisqu’elle est à la base du régime crétois, est taxée beaucoup plus que l’huile de palme.

Revenir un jour à un peu plus d’égalité serait certainement une mesure de bon sens. Attendons néanmoins le support adéquat au sein duquel traiter de façon cohérente ces questions de fiscalité comportementale, en particulier pour ce qui concerne les huiles, d’autant que de telles dispositions ne me paraissent pas d’une grande efficacité. Je note par ailleurs que l’argument perd de sa puissance d’année en année à force de l’invoquer à chaque projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à Mme Laurence Cohen, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Bien évidemment, je ne peux qu’être sensible aux arguments avancés par Aline Archimbaud, mais je suis tout aussi sensible aux propos de Mme la ministre.

Notre collègue du groupe écologiste a mis l’accent sur deux points : le gain pour la sécurité sociale et l’utilité de taxer des comportements qui posent problème.

Tout d’abord, le groupe communiste républicain et citoyen ne pense pas que le budget de la sécurité sociale passe par une succession de taxes.

Ensuite, en ce qui concerne la dangerosité de l’huile de palme, cette question s’inscrit dans une problématique beaucoup plus globale de comportements alimentaires. Au fur et à mesure de l’évolution et des progrès, on constate que tel ou tel produit alimentaire renfermant telle ou telle substance peut avoir des effets nocifs, voire graves, puisque certains produits sont cancérogènes.

Comme l’a souligné Yves Daudigny, il faut réfléchir au bon véhicule législatif pour aborder de manière complète l’ensemble de ces comportements. Nous avons constaté qu’il était quelque peu compliqué d’insérer de telles dispositions dans le projet de loi de santé.

Enfin, nous savons tous que les industriels répercutent les hausses de taxations sur les consommateurs. De telles mesures comportent donc des effets très pervers.

Bref, il faut une réflexion beaucoup plus globale, quitte à prendre à un moment donné des mesures assez radicales, mais uniquement lorsque nous disposerons de toutes les données du problème.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Notre collègue a rappelé à juste titre que nous étions à la veille de la COP 21, qui traitera des problèmes de déforestation. Mais nous savons également que les économies dans un certain nombre de pays ont été complètement déplacées.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Même si j’entends l’appel de ma collègue Aline Archimbaud, le problème est global et ne se réglera pas à l’occasion d’un amendement lors de l’examen d’un projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à Mme Catherine Deroche, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Deroche

C’est la quatrième, voire la cinquième ou sixième année que nous avons ce débat, au gré des différents textes. Pour ma part, je ne voterai pas cet amendement.

L’huile de palme n’est pas toxique, même si, en raison de sa composition, elle peut être plus athérogène que d’autres. Ne donnons donc pas le sentiment à nos concitoyens qu’un produit contenant de l’huile de palme est dangereux. En revanche, je milite en faveur d’une véritable information sur la qualité de l’huile entrant dans la composition des produits. Un simple étiquetage « huile végétale » ne me semble pas suffisamment précis.

Les industriels affirment que l’huile de palme présente des qualités en termes de composition et de consistance, ce qui empêche son remplacement par un autre produit. Au demeurant de nombreux responsables de l’industrie se sont engagés en faveur d’une huile de palme durable n’entraînant pas de déforestation.

Personnellement, je ne suis pas favorable à l’instauration d’une taxation, car, je le répète, il ne s’agit pas d’un produit toxique ; je suis pour une alerte sur tous les produits gras, quels qu’ils soient. Yves Daudigny l’a souligné, notre rapport s’interrogeait sur les disparités de taxations entre les différentes huiles. Quoi qu’il en soit, une telle question n’est pas d’ordre législatif, mais réglementaire. Il me semblerait utile de parvenir à une harmonisation, à condition qu’elle soit non pas brutale, mais étalée dans le temps.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean Desessard, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

M. Jean Desessard. J’ai du mal à comprendre vos arguments, camarades communistes ! Cette remarque vaut également pour Mme Deroche, même si je n’ose pas l’appeler « camarade »…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

Lorsque nous avons débattu au Sénat du diesel, on nous a répondu que, si ce carburant était mortel, il ne servait à rien de le taxer : mieux valait l’interdire.

Là, il ne s’agit pas d’interdire l’huile de palme – ça ne le mérite pas –, il s’agit simplement de la taxer. La taxation présente plusieurs avantages : c’est bien pour l’environnement puisqu’il y a déforestation ; c’est bien pour aider la population des pays producteurs puisque la production d’huile de palme s’accompagne de la destruction d’économies locales, au profit d’investisseurs étrangers – l’argent de l’huile de palme ne bénéficie pas obligatoirement aux pays producteurs. C’est également bien pour nous, puisque ça rapporte des recettes supplémentaires.

Par ailleurs, les autres huiles sont produites en France alors que l’huile de palme est produite à l’étranger. En plus, l’huile de palme est moins taxée alors qu’elle est plus dangereuse que les autres huiles ! Bref, ce sont autant de raisons pour la taxer au moins autant que les autres.

Que signifie harmoniser les taxations sinon augmenter la taxe pesant sur l’huile de palme ? Je vois bien qu’on ne veut toucher à rien, mais c’est incompréhensible ! Cette mesure présente un intérêt environnemental, un intérêt pour les recettes de l’État, un intérêt pour les producteurs locaux et un intérêt en termes de cohérence avec la taxation sur les autres huiles… Je ne sais plus quoi dire pour plaider en faveur de cet amendement !

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 264, présenté par Mme Archimbaud, M. Desessard et les membres du groupe écologiste, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Au chapitre III du titre III de la première partie du livre premier du code général des impôts, il est rétabli une section 1 dans la rédaction suivante :

« Section 1

« Taxe spéciale sur les édulcorants de synthèse

« Art. 554 B. – I. – Il est institué une taxe spéciale sur l’aspartame, codé E951 dans la classification européenne des additifs alimentaires, effectivement destiné, en l’état ou après incorporation dans tous produits, à l’alimentation humaine.

« II. – Le taux de la taxe additionnelle est fixé par kilogramme à 30 € en 2016. Ce tarif est relevé au 1er janvier de chaque année à compter du 1er janvier 2017. À cet effet, les taux de la taxe sont révisés chaque année au mois de décembre, par arrêté du ministre chargé du budget publié au Journal officiel, en fonction de l’évolution prévisionnelle en moyenne annuelle pour l’année suivante des prix à la consommation de tous les ménages hors les prix du tabac. Les évolutions prévisionnelles prises en compte sont celles qui figurent au rapport économique, social et financier annexé au dernier projet de loi de finances.

« III. – 1. La contribution est due à raison de l’aspartame alimentaire ou des produits alimentaires en incorporant par leurs fabricants établis en France, leurs importateurs et les personnes qui en réalisent en France des acquisitions intracommunautaires, sur toutes les quantités livrées ou incorporées à titre onéreux ou gratuit.

« 2. Sont également redevables de la contribution les personnes qui, dans le cadre de leur activité commerciale, incorporent, pour les produits destinés à l’alimentation de leurs clients, de l’aspartame.

« IV. – Pour les produits alimentaires, la taxation est effectuée selon la quantité d’aspartame entrant dans leur composition.

« V. – L’aspartame ou les produits alimentaires en incorporant exportés de France continentale et de Corse, qui font l’objet d’une livraison exonérée en vertu du I de l’article 262 ter ou d’une livraison dans un lieu situé dans un autre État membre de l’Union européenne en application de l’article 258 A, ne sont pas soumis à la taxe spéciale.

« VI. – La taxe spéciale est établie et recouvrée selon les modalités, ainsi que sous les sûretés, garanties et sanctions applicables aux taxes sur le chiffre d’affaires.

« Sont toutefois fixées par décret les mesures particulières et prescriptions d’ordre comptable notamment, nécessaires pour que la taxe spéciale ne frappe que l’aspartame effectivement destiné à l’alimentation humaine, pour qu’elle ne soit perçue qu’une seule fois, et pour qu’elle ne soit pas supportée en cas d’exportation, de livraison exonérée en vertu du I de l’article 262 ter ou de livraison dans un lieu situé dans un autre État membre de l’Union européenne en application de l’article 258 A. »

II. – Après le i de l’article L. 131-8 du code de la sécurité sociale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ... Le produit de la taxe mentionnée à l’article 554 B du code général des impôts est affecté à la branche mentionnée au 1° de l’article L. 200-2 du présent code. »

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Nous avons déjà débattu de l’aspartame, qui est l’édulcorant intense le plus utilisé au monde. Dès sa commercialisation dans les années soixante aux États-Unis, des doutes sont apparus sur sa nocivité et sa mise sur le marché a été d’emblée entachée de conflits d’intérêts. En 1985, c’est la firme Monsanto qui a racheté l’entreprise possédant le brevet.

Il existe de très fortes présomptions scientifiques que la consommation d’aspartame entraîne un risque accru de survenue de différents cancers. Il est ainsi démontré que, pour les femmes enceintes, l’aspartame, même à faible dose, augmente les risques de naissances avant terme.

Cet amendement tend donc à créer une taxe additionnelle sur l’aspartame, afin d’inciter progressivement – je dis bien « progressivement » – les industriels à lui substituer d’autres édulcorants, naturels ou de synthèse, sur lesquels ne pèsent pas de telles interrogations sanitaires. À cette fin, il convient de supprimer son avantage concurrentiel, lequel repose sur le seul fait que le coût des dégâts sanitaires qu’il occasionne, comme les naissances prématurées, est externalisé et supporté par la collectivité. Les recettes ainsi créées, qui s’élèveraient à environ 45 millions d’euros en 2016, permettraient de financer des politiques de prévention en matière de nutrition, ainsi que des études indépendantes sur les effets de l’aspartame.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Nous avons déjà largement débattu de cette question. Je ne pense pas qu’il faille ouvrir de nouveau le débat.

Comme pour l’amendement précédent, l’avis est défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 265, présenté par Mme Archimbaud, M. Desessard et les membres du groupe écologiste, est ainsi libellé :

Après l’article 17

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Le III de la section III du chapitre III du titre IV de la première partie du livre Ier du code général des impôts est complété par un article 1010 ter ainsi rédigé :

« Art. 1010 ter. – I. – Il est institué une taxe sur les certificats d’immatriculation des véhicules dont le moteur fonctionne au gazole.

« La délivrance des certificats prévus aux articles 1599 septdecies et 1599 octodecies ne donne pas lieu au paiement de cette taxe.

« II. – Le tarif de cette taxe est fixé à 1 000 euros.

« III. – La taxe est due sur les certificats d’immatriculation délivrés à partir du 1er juillet 2016. Elle est recouvrée comme un droit de timbre. »

II. – Après le i de l’article L. 131-8 du code de la sécurité sociale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« ... Le produit de la taxe mentionnée à l’article 1010 ter du code général des impôts est affecté à la branche mentionnée au 1° de l’article L. 200-2 du présent code. »

La parole est à Mme Aline Archimbaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Aline Archimbaud

Nous en avons longuement débattu dans cet hémicycle, les moteurs diesel émettent de grandes quantités de particules fines, qui pénètrent plus facilement dans l’appareil respiratoire. Un rapport de l’OMS de juin 2012 a jugé que ces particules fines étaient cancérogènes, levant ainsi les derniers doutes sur ce point, si tant est qu’il y en avait encore.

Ce que nous proposons au travers cet amendement va, une fois de plus, dans le sens d’une politique générale cohérente sur ces questions. L’actualité récente a montré que les problèmes existaient à cet égard... Cet amendement tend donc à créer une taxe additionnelle qui ne tienne pas seulement compte des émissions de CO2 des moteurs diesel – une telle taxe existe déjà –, mais également des émissions de particules fines et des émissions d'oxyde d’azote.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Même avis.

L'amendement n'est pas adopté.

Au 3° du II bis de l’article L. 862-4 du code de la sécurité sociale, dans sa rédaction résultant de la loi n° 2014-1554 du 22 décembre 2014 de financement de la sécurité sociale pour 2015, le taux : « 7 % » est remplacé par le taux : « 14 % ».

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° 270 est présenté par M. Cardoux.

L’amendement n° 337 rectifié est présenté par M. Husson, Mme Morhet-Richaud, M. Bouchet, Mmes Gruny et Estrosi Sassone, MM. Savary et Carle, Mme Lamure, MM. Chasseing et Mouiller, Mmes Deroche et Canayer et M. Lefèvre.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Rédiger ainsi cet article :

Le 3° du II bis de l’article L. 862-4 du code de la sécurité sociale, dans sa rédaction résultant de la loi n° 2014-1554 du 22 décembre 2014 de financement de la sécurité sociale pour 2015, est complété par les mots : « sous réserve que l’organisme ne recueille pas, au titre de ces garanties, d’informations médicales auprès de l’assuré ou des personnes souhaitant bénéficier de la couverture et que les primes ou cotisations ne soient pas fixées en fonction de l’état de santé de l’assuré, et à 14 % si ces conditions ne sont pas respectées ».

La parole est à M. Jean-Noël Cardoux, pour présenter l’amendement n° 270.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Noël Cardoux

M. Husson étant bien meilleur spécialiste que moi en la matière, je lui laisse le soin d’expliquer l’objet de ces deux amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean-François Husson, pour présenter l’amendement n° 337 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

Il s’agit de remettre un peu de justice dans le dispositif prévu.

L’article 17 bis du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2016 prévoit de faire passer de 7 % à 14 % le taux de la taxe de solidarité additionnelle applicable aux contrats au premier euro, c’est-à-dire couvrant les personnes qui ne sont pas à la charge d’un régime obligatoire d'assurance maladie français – autrement dit, les non-assujettis sociaux.

Aujourd’hui, l’ensemble des contrats d’assurance maladie sont taxés à 7 % s’ils sont solidaires et responsables et à 14 % si ces conditions ne sont pas respectées. À partir du moment où le régime obligatoire n’intervient pas, de fait, il n’y a pas de raison de taxer à 14 %. Prévoir une imposition uniforme à la taxe de solidarité additionnelle, à ce taux, des contrats au premier euro est donc non seulement sévère, mais également injuste.

Il serait logique de ne pas soumettre ces contrats au critère « responsable », à l’instar de ce que prévoit déjà la réglementation concernant d’autres garanties. Il convient également de prévoir que l’imposition au taux de 14 % s’applique dans les situations où le contrat n’est pas solidaire et de maintenir un taux de 7 % lorsque cette condition est respectée.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Les contrats au premier euro couvrent les assurés en base et en complémentaire. La notion de contrat responsable ne s’applique pas. C’est pourquoi ils sont taxés à 14 %.

La commission a donc émis un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

La parole est à M. Jean-François Husson, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Husson

Je persiste à dire qu’il n’y a pas de raison d’appliquer ce taux.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Je mets aux voix les amendements identiques n° 270 et 337 rectifié.

Les amendements ne sont pas adoptés.

L'article 17 bis est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Chapitre IV

Dispositions relatives à l’architecture financière de la sécurité sociale

I. – L’article L. 311-2 du code de la sécurité sociale bénéficie aux personnes exerçant une activité économique réduite à fin d’insertion et bénéficiant d’un accompagnement en matière administrative et financière assuré par une association agréée par le ministre chargé de la sécurité sociale.

II. – Un décret fixe les modalités d’application du I du présent article. Il définit notamment la liste des activités éligibles, les modalités de déclaration de l’activité à l’organisme consulaire concerné, la durée maximale de l’affiliation prévue au I ainsi que les conditions d’agrément et de rémunération des associations. Il fixe également le montant des revenus tirés de l’activité visée en deçà duquel est ouvert le bénéfice de l’affiliation prévue au I.

III. – Le présent article est applicable à compter du 1er janvier 2016 et jusqu’au 31 décembre 2018, quelle que soit la date à laquelle le contrat d’accompagnement a été conclu durant cette période.

IV. – Dans un délai de six mois avant l’expiration du dispositif, le Gouvernement remet au Parlement un rapport d’évaluation.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 49, présenté par M. Vanlerenberghe, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 4

Remplacer les mots :

Dans un délai de six mois avant l’expiration du dispositif

par les mots :

Avant le 1er septembre 2016

La parole est à M. le rapporteur général.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Au fil des reconductions successives, le dispositif dérogatoire visé par cet article, qui permet l’affiliation au régime général de personnes tirant un faible revenu d’une activité par l’insertion économique, a existé pendant sept ans. Après son expiration, il y a un an, le Gouvernement demande sa réactivation sans l’avoir évalué. C’est pourquoi il semble nécessaire qu’une évaluation soit conduite avant la prochaine loi de financement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Avis favorable.

L'amendement est adopté.

L'article 18 A est adopté.

Le II de l’article 10 de la loi n° 87-39 du 27 janvier 1987 portant diverses mesures d’ordre social est ainsi modifié :

1° Les mots : « au 1er juillet de l’année en cours » sont supprimés ;

2° Les mots : « d’assurance maladie-maternité et d’assurance vieillesse des travailleurs non salariés » sont remplacés par les mots : « de sécurité sociale dont relèvent les travailleurs indépendants ».

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 443, présenté par M. Vanlerenberghe, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Alinéa 3

Avant les mots :

d'assurance maladie

insérer les mots :

aux régimes

et avant les mots :

de sécurité sociale

insérer les mots :

au régime

La parole est à M. le rapporteur général.

L'amendement est adopté.

L'article 18 B est adopté.

I. – À compter d’une date fixée par décret, comprise entre le 1er janvier 2017 et le 1er janvier 2018 :

1° Les salariés et anciens salariés, ainsi que leurs ayants droit, qui relevaient antérieurement du régime spécial d’assurance maladie, maternité et décès du grand port maritime de Bordeaux sont, pour les risques que ce régime couvre, affiliés ou pris en charge, à l’exception des prestations en espèces prévues aux articles L. 321-1 et L. 331-3 du code de la sécurité sociale, par le régime général de sécurité sociale, dans la limite des règles qui lui sont propres. Le premier alinéa de l’article L. 131-9 du même code leur demeure applicable ;

2° Il est mis fin au régime spécial mentionné au 1°. Le montant de ses réserves qui est transféré à la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés est fixé par arrêté des ministres chargés de la sécurité sociale et du budget compte tenu, après examen contradictoire, de la part des résultats cumulés afférente au régime obligatoire constatée au 31 décembre de l’année précédant la date mentionnée au premier alinéa du présent I.

II. – Un décret en Conseil d’État détermine les modalités de mise en œuvre du transfert prévu au I, notamment les adaptations des règles relatives aux droits à prestations des assurances sociales fixées aux titres Ier à III et VI du livre III du code de la sécurité sociale rendues nécessaires par ce transfert.

Un décret fixe, pour une période transitoire ne pouvant excéder sept ans à compter de la date de transfert mentionnée au premier alinéa du I, le taux des cotisations dues chaque année par le grand port maritime de Bordeaux à raison de l’affiliation au régime général de sécurité sociale des assurés qui relevaient antérieurement de ce régime spécial, permettant d’atteindre de manière progressive le taux de cotisation mentionné à l’article L. 712-9 du code de la sécurité sociale.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 393, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Laurence Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Par cet amendement, nous proposons de supprimer l’article 18, adopté sans discussion à l’Assemblée nationale.

Cet article vise à intégrer au régime général le régime spécial du grand port maritime de Bordeaux pour ce qui concerne le régime d’assurance maladie, maternité et décès au cours de l’année 2017. Créé en 1926, ce régime compte aujourd’hui 1 780 assurés, ce qui en fait le plus petit régime spécial d’assurance maladie de France.

L’engagement du maintien de ce régime, dont les comptes ont toujours été à l’équilibre, avait pourtant fait l’objet d’une négociation lors de la réforme portuaire. Pourquoi y revenir maintenant ?

De quoi parle-t-on concrètement ? Les employés ne paient pas, depuis 1998, la cotisation maladie de 0, 75 % versée par les salariés de droit commun. Le grand port, lui, profite d’une cotisation patronale très réduite de 4, 65 %, contre 12, 8 % dans le régime général.

Aujourd’hui, l’intégration dans le régime général de ce régime spécial laisse craindre des difficultés accrues, non seulement pour les salariés, dont les cotisations vont augmenter, mais également pour les entreprises puisque les cotisations patronales vont évoluer progressivement pour atteindre 9, 7 %. Cette augmentation fait peser une menace, notamment, sur l’avenir de l’entreprise de manutention Bordeaux Atlantique Terminal, qui risque un dépôt de bilan pur et simple au regard de sa situation financière très précaire.

Par ailleurs, la suppression de ce régime spécial se traduira par la perte de sept emplois au sein du grand port maritime. Ce ne peut être l’objectif de ce gouvernement puisque, depuis le début de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale, nos amendements tendant à supprimer les exonérations patronales sont rejetés au motif de lutter contre le chômage…

Outre la question des cotisations, cette intégration a pour conséquence de rendre caduques les conventions tripartites de détachement prises sur le fondement de la loi de 2008 et ouvre de nouvelles négociations, alors même que les conditions d’un accord ont été longues à trouver.

La suppression de ce régime spécial est donc avant tout une posture et ne repose sur aucun argument économique ou social. Cette mesure alourdira considérablement, à terme, les charges du grand port maritime de Bordeaux de près de 1 million d’euros en plein régime, selon les projections faites par la direction du port et par les syndicats. C’est pourquoi nous proposons la suppression de cet article.

Nous savons que le Gouvernement a entamé des négociations. Nous déciderons donc de maintenir ou non notre amendement au vu de l’avis que donnera Mme la ministre et de la teneur de l’amendement qu’elle présentera.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

J’ai bien entendu que Mme Cohen liait le sort de son amendement à l’avis du Gouvernement et à l’amendement que va présenter Mme la ministre. Pour l’heure, l’avis de la commission est défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je demande le retrait de cet amendement. Afin d’en expliquer les raisons, j’indique d’ores et déjà que l’amendement n° 448 du Gouvernement, qui va prochainement venir en discussion, ²²²²²²²vise à répondre aux inquiétudes exprimées par les salariés du grand port maritime de Bordeaux quant à l’impact de cette réforme. Ces inquiétudes concernent à la fois le coût de l’alignement de la cotisation payée par le port de Bordeaux, les modalités de gestion des prestations maladie pour ces salariés et l’avenir des salariés de la caisse de prévoyance. Comme vous le savez, le ministère des affaires sociales a reçu une délégation de ces salariés voilà quelques jours, à la suite de l’ouverture de discussions.

Pour expliquer quel est l’objectif recherché, bien différent de celui que laissent apparaître les inquiétudes précédemment relevées, j’indique que le régime social appliqué au port de Bordeaux est le dernier de ce type. Dans tous les autres ports français, les évolutions prévues dans cet article ont été engagées dans des conditions rassurantes et satisfaisantes.

Néanmoins, pour répondre aux inquiétudes des salariés que l’on peut tout à fait comprendre, compte tenu de l’importance du changement proposé, l’amendement tend à instaurer une consultation des organisations syndicales sur l’ensemble des points de la réforme. L’un des enjeux majeurs de cette consultation sera le rythme d’alignement de la cotisation payée par le port de Bordeaux qui tiendra compte des contraintes économiques, ainsi que du coût de l’évolution de la couverture complémentaire des salariés du port qui accompagnera la réforme.

Le projet de loi prévoit une durée maximale de transition de dix ans qui pourrait être revue, si cela semblait nécessaire, au terme de la consultation, qui sera engagée prochainement : deux réunions se tiendront avant la fin de l’année, dont une au tout début du mois de décembre.

Il me semble, madame la sénatrice, que le Gouvernement, tout en maintenant le cap de la réforme proposée, a entendu les inquiétudes, et que les conditions sont réunies pour que vous acceptiez de retirer votre amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Je suis très satisfaite de la réponse de Mme la ministre, qui a, effectivement, entendu les inquiétudes que nous relayons et les a prises en compte au travers des engagements qu’elle a décrits. C’est très positif.

En conséquence, je retire le présent amendement de suppression, et je vais faire de même pour l’amendement n° 394.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 393 est retiré.

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d'une discussion commune.

L'amendement n° 448, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 1

Compléter cet alinéa par le mot :

inclus

II. – Alinéa 2

1° Première phrase

a) Supprimer les mots :

, ainsi que leurs ayants droit, qui relevaient antérieurement du régime spécial d’assurance maladie, maternité et décès

b) Après le mot :

Bordeaux

insérer les mots :

, ainsi que leurs ayants droit,

c) Remplacer les mots :

que ce régime couvre

par les mots :

maladie, maternité et décès antérieurement couverts par le régime spécial du grand port maritime de Bordeaux

2° Seconde phrase

Remplacer le mot :

demeure

par le mot :

est

III. – Alinéa 5

Remplacer cet alinéa par trois alinéas ainsi rédigés :

Un décret pris après consultation des organisations syndicales représentatives des salariés du port et après avis du conseil de surveillance du grand port maritime de Bordeaux, détermine, pour une période transitoire ne pouvant excéder dix ans à compter de la date de transfert mentionnée au premier alinéa du I, le taux des cotisations dues chaque année par le grand port maritime de Bordeaux, à raison de l’affiliation au régime général de sécurité sociale de ses salariés, permettant d’atteindre de manière progressive le taux de cotisation mentionné à l’article L. 712-9 du code de la sécurité sociale. Ce décret fixe l’échelonnement du taux des cotisations en tenant compte de l’impact de l’intégration du régime spécial mentionné au I sur les prestations spécifiques versées antérieurement à la date du transfert en complément des prestations mentionnées à l’article L. 160-1 du code de la sécurité sociale et sur la couverture complémentaire des salariés du grand port maritime de Bordeaux mentionnée à l’article L. 911-7 du code de la sécurité sociale.

Les organisations syndicales représentatives des salariés du grand port maritime de Bordeaux sont également consultées sur les modalités de gestion des prestations servies aux salariés du grand port maritime de Bordeaux, ainsi que sur la situation des salariés de la Caisse de prévoyance du port de Bordeaux. Les salariés de la Caisse de prévoyance du port de Bordeaux dont l’emploi ne serait pas maintenu compte tenu du transfert du régime spécial mentionné au I au régime général sont réintégrés au sein du grand port maritime de Bordeaux. À leur demande, leur contrat de travail peut être repris par la caisse primaire d’assurance maladie de Gironde.

Une négociation est engagée par le grand port maritime de Bordeaux en vue de déterminer les modalités de versement des prestations spécifiques qui intervenaient antérieurement à la date du transfert en complément des prestations mentionnées à l’article L. 160-1 du code de la sécurité sociale. Celles-ci peuvent, le cas échéant, être prises en charge dans le cadre de la couverture mentionnée à l’article L. 911-7 du code de la sécurité sociale. À défaut d’accord d’entreprise à la date du transfert fixé au I, ces modalités sont définies par décision unilatérale de l’employeur.

Cet amendement a été précédemment défendu.

L'amendement n° 394, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Alinéa 5

Rédiger ainsi cet alinéa :

Un décret pris après consultation des organisations syndicales, détermine, pour une période transitoire dont il fixe la durée à compter de la date de transfert mentionnée au premier alinéa du I, le taux des cotisations dues chaque année par le grand port maritime de Bordeaux, à raison de l’affiliation au régime général de sécurité sociale des assurés qui relevaient antérieurement de ce régime spécial, permettant d’atteindre de manière progressive le taux de cotisation mentionné à l’article L. 712-9 du code de la sécurité sociale

La parole est à Mme Cohen.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Cohen

Comme je l’ai indiqué précédemment, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L’amendement n° 394 est retiré.

Quel est l’avis de la commission sur l’amendement n° 448 ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Pour ce qui concerne cet amendement du Gouvernement, déposé ce matin en commission, celle-ci a donné un accord de principe sur la consultation des organisations syndicales.

J’ai constaté une montée en charge plus progressive de la hausse des taux de cotisations patronales qui passe de sept à dix ans. J’espère que l’allongement de la période transitoire ne posera pas de problème. La mesure représente à peu près 0, 5 point d’augmentation chaque année pour l’employeur, mais j’imagine que cette question a dû être négociée avec ce dernier.

Contrairement au texte initial, le Gouvernement propose également, à compter de la date de suppression du régime spécial, de soumettre les salariés qui seront recrutés par le port au même dispositif de hausse progressive du taux des cotisations patronales. Je précise que les salariés en tant que tels ne sont pas concernés, puisqu’il s’agit d’une cotisation payée par l’employeur. Madame la ministre, pourriez-vous m’apporter une précision sur les raisons de ce changement ?

Quant à l’organisation d’une consultation concernant les modalités de gestion, malgré votre réponse sur ce point et même si je suis favorable à ce que la consultation des organisations syndicales soit la plus large possible, je m’étonne d’une négociation en l’espèce. En effet, le principe du maintien des droits servis en cas de transformation d’un régime spécial est garanti par la prise en charge des prestations spécifiques actuellement servies par l’employeur. Par conséquent, je ne sais à quoi servira exactement cette négociation.

Mais j’imagine, madame la ministre, que vous allez répondre à ces interrogations. La commission avait émis un avis de sagesse, et s’y conformera après vos réponses.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Tout d’abord, l’État, même s’il est évidemment très attentif au déroulement des discussions, n’est pas partie aux négociations, qui concernent les salariés et l’employeur. Il convient de respecter le cadre existant. Vous l’avez vous-même souligné : il y a un employeur, des salariés ; c’est entre eux que les discussions se déroulent.

Par ailleurs, je vous indique, de la manière la plus claire qui soit, que l’amendement et les négociations qui sont proposés n’ont, en aucun cas, pour objet de remettre en cause l’intégration du régime spécial. Il s’agit d’étudier différentes possibilités de gestion des prestations maladie tout en garantissant un service de proximité articulé avec la couverture complémentaire. Les discussions porteront donc sur les différentes options de mise en œuvre du principe adopté.

Pourquoi dix ans ? C’est, en fait, la borne maximale qui sera fixée par la loi. Elle peut être moindre. Il s’agit simplement de prendre en compte l’incidence économique des calendriers possibles d’alignement du taux de cotisation payé par l’employeur. Différents scénarios seront ainsi soumis à discussion et c’est au regard de l’impact économique que la durée de la période sera retenue.

Le résultat de ces négociations sur les prestations spécifiques pourra être repris pour ce qui concerne la part complémentaire du port de Bordeaux. Il s’agit donc vraiment de travailler à une bonne articulation entre ce qui est servi par le régime spécial et par la complémentaire. Les discussions pourront porter, par exemple, sur les modalités du transfert et le financement par la complémentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Merci, madame la ministre, de nous avoir apporté toutes ces précisions.

Ce régime spécial ne présentait plus aucune spécificité qui justifiât son existence. Au regard du nombre de bénéficiaires et d’ayants droit, il entraînait des coûts de gestion considérable par personne protégée.

Cette disposition rejoint tout à fait la préoccupation du Sénat de simplifier l’architecture de la protection sociale de notre pays.

Fort des réponses que vous venez de nous apporter, j’espère que le Sénat se ralliera, par sagesse, à cet amendement. Pour ma part, je le voterai, et je vous invite, mes chers collègues, à faire de même.

L'amendement est adopté.

L'article 18 est adopté.

Après le 32° de l’article L. 311-3 du code de la sécurité sociale, sont insérés des 33° et 34° ainsi rédigés :

« 33° Dans le respect de la convention du travail maritime (ensemble quatre annexes), adoptée à Genève le 7 février 2006, les gens de mer salariés, sous réserve qu’ils ne soient pas affiliés au régime spécial de sécurité sociale des marins, qui sont employés à bord d’un navire battant pavillon d’un État étranger autre qu’un navire dans le cas mentionné au 34° et qui résident en France de manière stable et régulière, sous réserve qu’ils ne soient pas soumis à la législation de sécurité sociale d’un État étranger, en application des règlements de l’Union européenne ou d’accords internationaux de sécurité sociale ;

« 34° Les gens de mer salariés employés à bord d’un navire mentionné à l’article L. 5561-1 du code des transports, sous réserve qu’ils ne soient soumis ni au régime spécial de sécurité sociale des marins ni au régime de protection sociale d’un État membre de l’Union européenne ou d’un État partie à l’accord sur l’Espace économique européen autre que la France. »

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Tourenne

L’article 19 vise à traiter une situation quelque peu particulière.

La compagnie Condor Ferries, basée à Saint-Malo, assurait des liaisons quotidiennes entre ce port et les îles anglo-normandes et, de façon accessoire, avec le sud de l’Angleterre. Elle était exploitée par une société française battant pavillon français et comptait un certain nombre d’employés français. Par conséquent, chacun d’entre eux était, conformément aux règles de la législation française, assuré à la sécurité sociale.

Cette compagnie a été vendue à une société qui a déplacé son siège à Guernesey. Ce détail n’est pas sans importance, puisque les États de Jersey comme de Guernesey ne sont pas membres de l’Union européenne et, de ce fait, n’obéissent pas aux différentes conventions qui peuvent lier les pays de l’Union européenne en matière de sécurité sociale.

À partir du moment où le siège a été déplacé à Guernesey, la sécurité sociale a fait savoir aux salariés qu’ils ne pouvaient plus être ressortissants du régime général et qu’ils devaient s’employer à trouver un assureur privé pour prendre en charge et leur couverture sanitaire et leur retraite. Nombre d’entre eux ont été confrontés à une difficulté de taille ; certains aujourd’hui n’ont même plus de couverture sociale.

L’article 19 prévoit que ces salariés soient rattachés au régime général de la sécurité sociale. Cette mesure suscite quelques réticences de leur part ; ils auraient en effet préféré être rattachés à l’ENIM, l’Établissement national des invalides de la marine, plus communément appelé « caisse des marins », pour des raisons affectives et de reconnaissance de leur métier. Cependant, ce n’est pas possible, l’ENIM n’ayant pas la capacité de recouvrer auprès de l’employeur la part qu’il lui reviendrait de payer.

Or il y a urgence, et c’est la raison pour laquelle nous devons adopter cet article, même si, à terme, des modifications doivent être apportées.

Cela étant, les employeurs exercent un chantage : ils menacent, s’ils sont obligés de payer des cotisations de sécurité sociale, de ne plus employer de Français ou de délocaliser l’entreprise. Mais leur fonds de commerce, c’est la liaison entre Saint-Malo et les îles anglo-normandes ! Il n’y a donc pas de risque.

Imaginez qu’un tel chantage soit pratiqué par toutes les entreprises… Jusqu’où irait-on pour se dégager des obligations sociales ?

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 149 rectifié, présenté par Mme Gatel, M. Canevet et les membres du groupe Union des démocrates et indépendants - UC, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Françoise Gatel.

Debut de section - PermalienPhoto de Françoise Gatel

L’article 19 pose un véritable problème. Ses dispositions ont été présentées de façon assez juste par M. Tourenne, mais je souhaite compléter l’information. N’y voyez de ma part, madame la ministre, nulle intention de chantage, que je ne pratique pas !

Si l’intention du Gouvernement est louable, la mesure proposée peut desservir l’intérêt des personnes que cet article est censé défendre, car elle risque d’entraîner une perte d’attractivité pour les compagnies étrangères à recruter et à employer des gens de mer résidant en France.

Je rappelle également qu’une convention du travail maritime, entrée en vigueur en 2014, permet aux marins de bénéficier de la prise en charge totale par l’employeur d’une protection privée et d’optimiser leur retraite en se voyant octroyer un salaire plus élevé. Ces conditions expliquent que tous les marins ne soient pas favorables à un transfert au régime général qui leur ferait perdre près de 25 % de leur salaire.

La question mérite d’être posée, mais ne peut pas être traitée de manière aussi simple. Aucune étude d’impact n’a été réalisée, aucune concertation n’a été engagée, et une proposition de loi pour l’économie bleue a été déposée. Pour répondre à un vrai besoin, nous devons étudier toutes les pistes.

Par ailleurs, aux termes de la convention du travail maritime de 2006, signée y compris par Guernesey, les Bahamas, le Royaume-Uni et la France, ce sont les compagnies maritimes qui prennent en charge la couverture sociale des marins. Or certains d’entre eux nous ont fait savoir qu’ils craignaient une affiliation obligatoire à la caisse de sécurité sociale qui s’accompagnerait de paiement de cotisations, et, donc, d’une baisse de salaire.

Je ne suis pas sûre que la réponse proposée aujourd’hui soit aussi bonne que la question soulevée. Le diable est parfois dans les détails.

De plus, il y a une rupture d’égalité. Pourquoi les marins français sous pavillon étranger seraient-ils affiliés au régime général alors que l’ensemble de leurs collègues, y compris ceux qui naviguent sous pavillon étranger, sont affiliés à la caisse des marins quand ils sont employés par voie de détachement ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Votre interrogation, ma chère collègue, porte sur l’incidence de l’article 19 sur l’emploi. C’est la question de fond : cet article ne va-t-il pas entraîner, madame la ministre, une perte d’attractivité pour le recrutement des marins français par des armateurs étrangers ?

Selon les chiffres évoqués par le rapporteur de l’Assemblée nationale, cet article pourrait concerner 4 000 marins, dont 1 000 marins français travaillant dans le secteur de la plaisance.

Lors de sa réunion, la commission des affaires sociales s’est posé la question de savoir pourquoi le régime social des marins n’avait pas été choisi. D’après mes informations, l’ENIM ne s’est pas opposé à la rédaction proposée et n’était absolument pas preneur. Par ailleurs, ce choix se serait révélé peu judicieux tant le régime des marins est plus favorable que le régime général, en particulier pour ce qui est des droits à la retraite. De plus, le système de cotisation au sein du régime des marins est tellement complexe qu’il pourrait freiner encore plus les armateurs – propriétaires ou employeurs – étrangers à embaucher un marin vivant en France. De ce point de vue, une couverture par le régime général semblait préférable.

Cela étant, la question soulevée est d’une autre nature : il existe selon vous, madame Gatel, une solution, qui n’est effectivement pas reprise dans cet article, consistant – si je comprends bien – en une couverture privée acquittée par l’employeur assortie d’une augmentation de salaire pour permettre aux marins de se payer une protection complémentaire.

La commission ne connaissait pas tous ces éléments, cela introduit donc une notion nouvelle. Par conséquent, nous attendons de vous, madame la ministre, quelques informations concernant l’incidence sur l’emploi de la mesure proposée et la possibilité juridique d’un tel système, qui permettrait peut-être de préserver plus d’emplois chez les armateurs étrangers.

Toutefois, dans l’incertitude, la commission émet un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

En la matière, M. Tourenne a très bien exposé les enjeux. On ne peut se satisfaire que des marins, par la simple grâce – ou plutôt la simple « disgrâce » – du déplacement du siège social de leur employeur, se trouve privés de couverture sociale.

J’ajoute, si vous me le permettez, monsieur le rapporteur général, qu’il n’y a pas lieu ici de s’interroger sur l’attractivité des salariés français pour les entreprises parce que, avec un tel raisonnement, il faudrait dispenser de toute contribution sociale toutes les entreprises étrangères embauchant des salariés français, dans quelque domaine que ce soit. En outre, je le rappelle, ces contributions ou prélèvements sociaux donnent lieu à des prestations pour les salariés concernés.

Par ailleurs, les employeurs affirment que leurs salariés peuvent prendre des assurances privées. Or, on le sait bien – M. Tourenne citait d’ailleurs cet exemple –, dans la plupart des cas, les assureurs en question ne couvrent pas les marins lorsqu’ils sont confrontés à des maladies graves comme des cancers. Les marins se trouvent alors confrontés à des traitements aux coûts gigantesques et sont incapables de les prendre en charge ; ils doivent dès lors revenir en France et faire appel à la solidarité nationale à travers la couverture maladie universelle, la CMU. Cela n’est donc pas satisfaisant, non parce qu’ils peuvent bénéficier de la CMU, mais parce que leur employeur n’a contribué en aucune manière au dispositif.

On me demande ensuite si le régime que l’on propose d’intégrer au régime général ne pourrait l’être à celui des marins, qui a effectivement un écho identitaire très fort pour les personnes concernées. J’entends bien la remarque et la discussion peut se poursuivre à ce sujet, j’y suis ouverte ; le processus parlementaire est en cours.

J’indique toutefois d’emblée, d’une part, que le régime général a plus de moyens pour collecter les cotisations que le régime spécifique des marins et, d’autre part, que les prestations versées par le régime général sont nettement meilleures, notamment pour ce qui concerne les retraites. L’intégration dans le régime général impliquerait en effet de calculer les pensions selon les règles de ce régime plus favorables que celles qui sont actuellement en vigueur dans le régime des marins.

Telles sont les raisons qui ont amené le Gouvernement à proposer cette option. Je crois, madame Gatel, que votre amendement aboutirait purement et simplement à priver la population des marins de toute couverture sociale décente au seul motif que leur employeur s’est établi dans un État complaisant du point de vue du droit social, ce que nous ne pouvons pas accepter.

Je vous demande donc de retirer votre amendement, à défaut j’émettrai un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Gatel, l'amendement n° 149 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Françoise Gatel

Oui, je le maintiens, monsieur le président.

J’entends très bien les explications. Toutefois, la proposition de Mme la ministre est partielle, incomplète, parce qu’il n’existe pas d’étude d’impact. J’aimerais qu’on prenne en considération l’ensemble des conditions de travail du personnel de mer, car il y a d’autres questions que celle-ci.

Debut de section - PermalienPhoto de Françoise Gatel

J’aurais aimé que Mme la ministre s’engage à ce que, dans le cadre de la proposition de loi pour l’économie bleue, on considère l’ensemble des conditions de travail des marins ; il y a aussi des marins qui ne sont pas favorables à l’article 19, tel qu’il est rédigé.

Ce n’est pas parce que je maintiens cet amendement que je manque de considération sociale pour les marins, …

Debut de section - PermalienPhoto de Françoise Gatel

… mais une vraie question subsiste et elle ne doit pas être traitée de cette manière.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Je mets aux voix l'amendement n° 149 rectifié.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.

Il est procédé au dépouillement du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 48 :

Le Sénat a adopté.

En conséquence, l'article 19 est supprimé, et l'amendement n° 439 n'a plus d'objet.

Toutefois, pour la bonne information du Sénat, je rappelle les termes de cet amendement, présenté par M. Roche, au nom de la commission des affaires sociales :

Alinéa 2

Remplacer les mots :

(ensemble quatre annexes), adoptée à Genève le 7

par les mots :

adoptée le 23

I. – Le titre III du livre Ier du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

A. – Le chapitre IV est ainsi modifié :

1° La section 1 est ainsi modifiée :

a) L’intitulé est ainsi rédigé : « Relations financières entre les régimes d’assurance vieillesse » ;

b) Il est ajouté un article L. 134-3 ainsi rédigé :

« Art. L. 134 -3. – Sont retracés dans les comptes de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs salariés, qui en assure l’équilibre financier, l’ensemble des charges et des produits :

« 1° Des branches mentionnées aux 2° et 3° de l’article L. 611-2 ;

« 2° Du régime spécial mentionné à l’article L. 715-1 ;

« 3° Des risques vieillesse et veuvage de la branche mentionnée au 2° de l’article L. 722-27 du code rural et de la pêche maritime.

« Les organismes du régime général assurent la gestion du régime spécial mentionné au 2° du présent article.

« Un décret fixe les modalités d’application du présent article. » ;

2° La section 2 est ainsi modifiée :

a) L’intitulé est ainsi rédigé : « Relations financières entre la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés et les autres régimes » ;

b) La division et l’intitulé de la sous-section 1 sont supprimés ;

b bis) L’article L. 134-3 est abrogé ;

c) L’article L. 134-4 est ainsi rédigé :

« Art. L. 134 -4. – Sont retracés dans les comptes de la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés, qui en assure l’équilibre financier, l’ensemble des charges et produits :

« 1° De la branche mentionnée au 1° de l’article L. 611-2 ;

« 2° De la branche mentionnée au 2° de l’article L. 722-8 du code rural et de la pêche maritime, à l’exception des charges relatives aux indemnités journalières mentionnées aux articles L. 732-4 et L. 762-18-1 du même code et des frais de gestion et de contrôle médical associés à ces indemnités ainsi que des produits relatifs aux cotisations qui couvrent ces indemnités et ces frais ;

« 3° Des risques maladie, maternité, invalidité et décès de la branche mentionnée au 2° de l’article L. 722-27 du code rural et de la pêche maritime ;

« 4° Des risques maladie, maternité, invalidité et décès des régimes mentionnés à l’article L. 711-1 du présent code ; pour ces régimes, il est fait un suivi des dépenses n’entrant pas dans le champ de l’article L. 160-1.

« Un décret fixe les modalités d’application du présent article. » ;

d) L’article L. 134-5 est abrogé ;

3° La section 3 est ainsi modifiée :

a) L’intitulé est ainsi rédigé : « Relations financières entre régimes au titre de la couverture des accidents du travail et maladies professionnelles » ;

b) L’article L. 134-5-1 est abrogé ;

c) Les articles L. 134-7, L. 134-8, L. 134-10, L. 134-11 et L. 134-15 sont transférés dans cette section ;

4° L’article L. 134-6 devient l’article L. 721-2 du code rural et de la pêche maritime et est ainsi modifié :

a) Au premier alinéa, les mots : « du code rural et de la pêche maritime » sont supprimés et, après les mots : « sont retracés », sont insérés les mots : «, dans les conditions fixées aux articles L. 134-3 et L. 134-4 du code de la sécurité sociale, » ;

b) Le deuxième alinéa est supprimé ;

5° La division et l’intitulé de la section 4, des sous-sections 1 et 2 de la section 4 et des sections 4 bis, 5 et 7 sont supprimés ;

6° Les articles L. 134-11-1, L. 134-12 et L. 134-13 sont abrogés ;

B. – Le chapitre IX est abrogé.

II. – Le livre II du même code est ainsi modifié :

A. – Les deux premiers alinéas de l’article L. 221-1 sont ainsi rédigés :

« La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés gère les branches mentionnées aux 1° et 2° de l’article L. 200-2 et, à cet effet, a pour rôle :

« 1° De veiller à l’équilibre financier de ces deux branches. À ce titre, elle établit les comptes consolidés de celles-ci, assure en lien avec l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale le financement des organismes locaux, effectue le règlement de toute opération relevant de ces branches dont la responsabilité n’est pas attribuée aux organismes locaux et est chargée de la gestion du risque ; »

B. – La section 1 du chapitre Ier du titre IV est ainsi modifiée :

1° L’intitulé est ainsi rédigé : « Maladie, maternité, invalidité, décès » ;

2° La division et l’intitulé de la sous-section 1 sont supprimés ;

3° L’article L. 241-1 est abrogé ;

4° L’article L. 241-2 est ainsi modifié :

a) Le premier alinéa est remplacé par six alinéas ainsi rédigés :

« I. – La couverture des dépenses afférentes à la prise en charge des frais de santé mentionnés à l’article L. 160-1, des prestations mentionnées aux titres II à IV et VI du livre III, des frais de gestion et des autres charges de la branche maladie est assurée par les cotisations, contributions et autres ressources mentionnées aux II à IV du présent article, centralisées par la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés, qui assure l’enregistrement de l’ensemble de ces opérations.

« II. – Les ressources mentionnées au I sont constituées de cotisations acquittées, dans chacun des régimes :

« 1° Par les salariés des professions agricoles et non agricoles ainsi que par leurs employeurs. Ces cotisations sont assises sur les rémunérations perçues par ces salariés ;

« 2° Par les travailleurs indépendants des professions non agricoles et des personnes non salariées des professions agricoles ;

« 3° Par les personnes mentionnées aux articles L. 380-1 et L. 380-3-1.

« III. – Les ressources mentionnées au I du présent article sont constituées, en outre, de cotisations assises sur : » ;

b) Les quatrième et cinquième alinéas sont supprimés ;

c) Au début du sixième alinéa, est ajoutée la mention : « IV. – » ;

d) Le 8° est ainsi rédigé :

« 8° Le produit de la taxe mentionnée au IV de l’article L. 862-4 ; »

e) Il est ajouté un 9° ainsi rédigé :

« 9° La fraction du produit de la contribution sociale généralisée mentionnée au 4° du IV de l’article L. 136-8. » ;

bis §(nouveau) Au 1° de l’article L. 242-10, les mots : « deuxième alinéa » sont remplacés par la référence : « 1° du III » ;

5° La sous-section 2 devient la section 1 bis et son intitulé est ainsi rédigé : « Vieillesse – Veuvage ».

III. – Le titre VIII du livre III du même code est ainsi modifié :

A. – L’article L. 380-1 est abrogé ;

B. – L’article L. 380-2 est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est remplacé par trois alinéas ainsi rédigés :

« Les personnes mentionnées à l’article L. 160-1 sont redevables d’une cotisation annuelle lorsqu’elles remplissent les conditions suivantes :

« 1° Leurs revenus tirés, au cours de l’année considérée, d’activités professionnelles exercées en France sont inférieurs à un seuil fixé par décret. En outre, lorsqu’elles sont mariées ou liées à un partenaire par un pacte civil de solidarité, les revenus tirés d’activités professionnelles exercées en France de l’autre membre du couple sont également inférieurs à ce seuil ;

« 2° Elles n’ont perçu ni pension de retraite, ni rente, ni aucun montant d’allocation de chômage au cours de l’année considérée. Il en est de même, lorsqu’elles sont mariées ou liées à un partenaire par un pacte civil de solidarité, pour l’autre membre du couple. » ;

2° À la première phrase du deuxième alinéa, après le mot : « revenus », sont insérés les mots : « fonciers, de capitaux mobiliers, des plus-values de cession à titre onéreux de biens ou de droits de toute nature, des bénéfices industriels et commerciaux non professionnels et des bénéfices des professions non commerciales non professionnels » ;

3° Après le deuxième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Lorsque les revenus d’activité mentionnés au 1° sont inférieurs au seuil défini au même 1°, mais supérieurs à la moitié de ce seuil, l’assiette de la cotisation fait l’objet d’un abattement dans des conditions fixées par décret. Cet abattement croît à proportion des revenus d’activité, pour atteindre 100 % à hauteur du seuil défini audit 1°. » ;

4° Au troisième alinéa, après le mot : « recouvrée », sont insérés les mots : « l’année qui suit l’année considérée, mentionnée aux 1° et 2° du présent article, » ;

5° Les quatrième et avant-dernier alinéas sont supprimés ;

6° Le dernier alinéa est ainsi rédigé :

« Les agents des administrations fiscales communiquent aux organismes mentionnés aux articles L. 213-1 et L. 752-2 les informations nominatives déclarées pour l’établissement de l’impôt sur le revenu par les personnes remplissant les conditions mentionnées au premier alinéa de l’article L. 380-1, conformément aux dispositions de l’article L. 152 du livre des procédures fiscales. » ;

C. – À la fin du premier alinéa de l’article L. 380-3-1, la référence : « L. 380-1 » est remplacée par la référence : « L. 160-1 » ;

D. – L’article L. 381-4 est ainsi rédigé :

« Art. L. 381 -4. – La présente section est applicable aux élèves et aux étudiants des établissements d’enseignement supérieur, des écoles techniques supérieures, des grandes écoles et des classes du second degré préparatoires à ces écoles qui ne dépassent pas un âge limite fixé par décret. » ;

E. – L’article L. 381-8 est ainsi rédigé :

« Art. L. 381 -8. – Les étudiants ou élèves mentionnés à l’article L. 381-4 sont redevables au titre de chaque période annuelle dont les dates sont fixées par décret, d’une cotisation forfaitaire dont le montant est fixé par arrêté interministériel et est revalorisé annuellement par application du coefficient mentionné à l’article L. 161-25.

« Ils ne sont pas redevables de la cotisation mentionnée au premier alinéa de l’article L. 380-2.

« Sont exonérés de la cotisation prévue au premier alinéa du présent article les étudiants ou élèves mentionnés à l’article L. 381-4 qui satisfont à l’un des critères suivants :

« 1° Être titulaire d’une bourse de l’enseignement supérieur ;

« 2° Être âgé de moins de vingt ans sur la totalité de la période mentionnée au premier alinéa ;

« 3° Exercer une activité professionnelle. »

III bis (nouveau). – À la fin de la seconde phrase du premier alinéa de l’article L. 382-15 du même code, la référence : « l’article L. 380-1 » est remplacée par les mots : « la condition de résidence mentionnée à l’article L. 160-1 ».

IV. – Le I de l’article L. 133-6-8 du même code, dans sa rédaction résultant de l’article 24 de la loi n° 2014-626 du 18 juin 2014 relative à l’artisanat, au commerce et aux très petites entreprises, est ainsi modifié :

1° Au 1°, la référence : « L. 612-4, » est supprimée ;

2° Au 2°, la référence : « du deuxième alinéa de l’article L. 612-4, » est supprimée.

V. – Le deuxième alinéa de l’article L. 612-4 du même code est supprimé.

VI. – À la première phrase du premier alinéa de l’article L. 613-8 du même code, après le mot : « doit », sont insérés les mots : « justifier d’une période minimale d’affiliation ainsi que du paiement d’un montant minimal de cotisations et ».

VII. – La seconde phrase du deuxième alinéa de l’article L. 713-21 et la seconde phrase de l’article L. 715-2 du même code sont supprimées.

VIII. – Le livre VII du code rural et de la pêche maritime est ainsi modifié :

1° À la première phrase du 3° du I de l’article L. 722-5 et au second alinéa de l’article L. 722-6, les mots : « aux cotisations d’assurance maladie, invalidité et maternité » sont remplacés par les mots : « à la cotisation d’assurance vieillesse prévue au 1° de l’article L. 731-42 » ;

bis (nouveau) À la fin du 2° de l’article L. 731-2, les mots : « déterminée dans les conditions fixées à l’article L. 139-1 du même code » sont remplacés par les mots : « en proportion des contributions sur les revenus d’activité acquittées par les personnes affiliées à chaque régime » ;

2° À l’article L. 731-11, le mot : « maladie, » et le mot : «, maternité » sont supprimés ;

3° La seconde phrase du premier alinéa de l’article L. 731-35 est ainsi rédigée :

« Leurs taux sont fixés par décret. »

IX. – La Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés reprend les déficits constatés au 31 décembre 2015 du régime d’assurance maladie de la Caisse autonome nationale de la sécurité sociale dans les mines selon des modalités fixées par décret.

X. – Les I à III, VI, VII et IX entrent en vigueur le 1er janvier 2016.

Les IV, V et VIII s’appliquent aux cotisations de sécurité sociale dues au titre des périodes courant à compter du 1er janvier 2016.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 50 rectifié, présenté par M. Vanlerenberghe, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 48

Remplacer la référence :

L. 380-1

par la référence :

L. 380-2

II. – Alinéa 65

Compléter cet alinéa par les mots :

et remplacer les mots : « le plafond mentionné au premier alinéa » par les mots : « un plafond fixé par décret »

III. – Alinéa 71

Remplacer la référence :

L. 380-1

par la référence :

L. 380-2

La parole est à M. le rapporteur général.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Avis favorable.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 365, présenté par M. Daudigny, Mmes Bricq, Campion, Claireaux, Emery-Dumas, Féret, Génisson, Meunier, Riocreux, Schillinger et Yonnet, MM. Caffet, Durain, Godefroy, Jeansannetas, Labazée, Tourenne, Vergoz et les membres du groupe socialiste et républicain, est ainsi libellé :

Alinéa 76

Compléter cet alinéa par les mots :

, après consultation des associations d’étudiants

La parole est à M. Yves Daudigny.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Le présent amendement se justifie par son texte même. Je précise toutefois que l’utilisation du mot « association » dans la rédaction de l’amendement et celle du mot « syndicat » dans son objet ne portent pas à débat, les deux termes pouvant être employés indifféremment dans le monde estudiantin.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement vise à instaurer la consultation des associations d’étudiants sur la revalorisation de la cotisation due par ceux-ci à la sécurité sociale – je précise que cette contribution s’est élevée à 215 euros pour l’année 2014-2015. L’alinéa 76 du présent article prévoit l’automaticité de cette revalorisation annuelle par l’application d’un taux ; la consultation revêtirait donc un caractère purement formel.

Par ailleurs, je l’ai dit à M. Daudigny en commission, la rédaction de l’amendement ne précise pas quelles associations estudiantines doivent être consultées, ce qui est susceptible de poser des problèmes.

Pour toutes ces raisons, la commission demande le retrait de cet amendement. À défaut, elle émettra un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Avis favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Je mets aux voix l'amendement n° 365.

Je mets aux voix l'article 20, modifié.

L'article 20 est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

L'amendement n° 397, présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :

Après l’article 20

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article L. 382-2 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° À la première phrase du premier alinéa, les mots : « comprenant des représentants élus des artistes-auteurs affiliés et des représentants élus des diffuseurs » sont remplacés par les mots : « comprenant des représentants des assurés sociaux désignés par les organisations professionnelles élues des artistes-auteurs et des représentants des organisations professionnelles des diffuseurs désignés par arrêté interministériel » ;

2° Sont ajoutés deux alinéas ainsi rédigés :

« L’article L. 231-12 est applicable aux organismes agréés mentionnés au présent article.

« Chaque organisation professionnelle élue ayant pu désigner un ou plusieurs représentants au conseil d’administration des organismes agréés mentionnés au présent article désigne un nombre égal de membres d’administrateurs suppléants. Le nombre de suppléants est égal au nombre de titulaires. Lorsque le siège d’un de ses représentants titulaire ou suppléant devient vacant, l’organisation nationale concernée désigne un ou plusieurs nouveaux représentants. »

La parole est à Mme Brigitte Gonthier-Maurin.

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Gonthier-Maurin

Les organisations syndicales des arts visuels nous ont sollicités pour modifier le régime des artistes auteurs. Nous regrettons que nos amendements n° 395 et 396 aient été déclarés irrecevables au titre de l’article 40 de la Constitution.

Le présent amendement vise, quant à lui, à modifier la composition du conseil d’administration du régime des artistes auteurs.

À la suite du rapport que l’Inspection générale des affaires sociales, l’IGAS, et l’Inspection générale des affaires culturelles, l’IGAC, lui ont remis au mois de juin 2013, le Gouvernement s’est engagé à consolider et à moderniser le régime de sécurité sociale des artistes auteurs.

Les différentes mesures envisagées, plus particulièrement les points litigieux, devaient faire l’objet d’une nouvelle concertation avec les organisations professionnelles de ces artistes dans le courant de l’année 2015. Pourtant, cette concertation est, à ce jour, au point mort.

Certaines dispositions visant à améliorer et à consolider le régime des artistes auteurs dans le régime général sont attendues depuis longtemps par ceux-ci et les organisations professionnelles qui les représentent.

Les conseils d’administration des caisses ou organismes de sécurité sociale sont composés de partenaires sociaux : siègent en leur sein les représentants des assurés sociaux désignés par les syndicats ou les associations professionnelles nationales.

Or, par dérogation, les conseils d’administration des deux organismes de sécurité sociale des artistes auteurs sont composés d’individus élus en leur nom propre, et non de représentants des assurés sociaux désignés par les organisations professionnelles des artistes auteurs telles que définies par les articles L. 2121-1 et 2131-2 du code du travail.

Il nous semble qu’il convient de remédier à cette anomalie, qui ne se justifie pas.

De plus, le régime de droit commun prévoit que les administrateurs ayant la qualité de travailleur indépendant peuvent percevoir des indemnités pour perte de leurs gains fixées par arrêté ministériel. Par mégarde ou faute de mention expresse, cette disposition n’a jamais été appliquée aux travailleurs indépendants qui siègent dans les deux organismes de sécurité sociale des artistes auteurs.

Nous ne comprenons pas cette différence de situation entre les caisses de sécurité sociale. Nous proposons, au travers de cet amendement, d’y mettre un terme.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement est à la limite de la recevabilité sociale, d'autant plus qu’une concertation sur l’évolution de ces régimes est en cours.

La commission souhaite entendre l’avis du Gouvernement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Madame la sénatrice, l’amendement que vous proposez vise à réformer les règles actuellement en vigueur pour l’élection des membres des conseils d’administration des organismes gérant la protection sociale des artistes auteurs.

Le régime des artistes auteurs est actuellement géré par un administrateur provisoire, dans l’attente des nouvelles élections au conseil d’administration. Des réflexions peuvent donc avoir lieu aujourd'hui sur la manière dont seront réalisées ces élections. Néanmoins, les propositions que vous faites sont prématurées, puisqu’elles anticipent les décisions qui seront prises à l’issue de la concertation menée actuellement par le Gouvernement et les représentants des artistes auteurs.

Par ailleurs, je tiens à indiquer que votre amendement constitue un cavalier social, puisqu’il n’a pas d’incidence financière, ni directe ni indirecte, sur les finances sociales.

C'est la raison pour laquelle, tout en reconnaissant le bien-fondé de votre préoccupation – c’est la même préoccupation qui explique que nous travaillons avec les artistes auteurs –, je sollicite le retrait de votre amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Madame Gonthier-Maurin, l'amendement n° 397 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Brigitte Gonthier-Maurin

J’ai bien entendu la réponse de Mme la ministre et je m’en réjouis.

Cela dit, je maintiens cet amendement pour insister sur l’importance de résoudre ce problème, qui demeure en suspens.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Bérit-Débat

Chapitre V

Dispositions contribuant à l’organisation et au financement de l’assurance maladie

I. – Le titre VI du livre VIII du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :

1° Le chapitre IV devient le chapitre V et l’article L. 864-1 devient l’article L. 865-1 ;

2° Il est rétabli un chapitre IV ainsi rédigé :

« CHAPITRE IV

« Dispositions relatives à la couverture complémentaire santé des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans

« Art. L. 864 -1. – Ouvrent droit à un crédit d’impôt au titre de la taxe collectée en application de l’article L. 862-4 les contrats individuels ou, lorsque l’assuré acquitte l’intégralité du coût de la couverture, les contrats collectifs facultatifs d’assurance complémentaire en matière de santé, sélectionnés dans le cadre de la procédure prévue à l’article L. 864-2, respectant les conditions fixées à l’article L. 871-1 et souscrits auprès d’un des organismes mentionnés au deuxième alinéa du I de l’article L. 862-4 par des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans.

« Le montant annuel du crédit d’impôt est égal à 2 % des primes, hors taxes, acquittées par les personnes mentionnées au premier alinéa du présent article. Les modalités d’imputation de ce crédit d’impôt, dont le montant ne peut dépasser, pour chaque échéance, celui de la taxe collectée en application de l’article L. 862-4, sont définies par décret en Conseil d’État.

« Les dispositions du présent article ne sont pas cumulables avec celles des articles L. 861-1 et L. 863-1.

« Art. L. 864 -2. – La procédure mentionnée à l’article L. 864-1 vise à sélectionner, aux fins de leur conférer un label, des offres proposant aux personnes mentionnées au même article des contrats dont les garanties, définies par décret en Conseil d’État, respectent les conditions fixées à l’article L. 871-1. La sélection tient compte du montant des primes et cotisations prévues dans les offres au regard de ces garanties.

« La sélection fait également intervenir des critères, définis par ce même décret, relatifs à la qualité des services offerts aux assurés.

« Le décret mentionné au premier alinéa du présent article détermine les règles régissant la procédure, dans le respect des principes de transparence, d’objectivité et de non-discrimination.

« Il fixe notamment les règles destinées à garantir une publicité préalable suffisante, les conditions de recevabilité et d’éligibilité des candidatures, les critères de sélection des offres permettant d’établir la notation ainsi que les pondérations relatives au critère mentionné à la seconde phrase du premier alinéa et celles relatives aux critères mentionnés au deuxième alinéa. Il définit les conditions dans lesquelles une offre peut être rejetée au motif que sa viabilité financière ne pourrait être garantie sur la durée de la période de sélection au regard, notamment, des caractéristiques de la population éligible.

« La liste des offres ainsi sélectionnées est rendue publique.

« Le montant des cotisations et des primes qui figure dans l’offre proposée doit être maintenu pendant toute la durée de la période couverte par la procédure de sélection. Les cotisations ou primes peuvent toutefois être revalorisées chaque année, sous réserve que cette revalorisation ne dépasse pas l’évolution annuelle de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie fixée par la loi de financement de la sécurité sociale pour l’année antérieure. Cette revalorisation s’applique aux cotisations et primes hors taxes. »

II. – Les articles L. 864-1 et L. 864-2 du code de la sécurité sociale, dans leur rédaction résultant du I, s’appliquent aux contrats prenant effet à compter du 1er avril 2017.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

L’article 21 est à la convergence de trois sujets.

Le premier sujet est un fait : c’est la généralisation, à compter du 1er janvier 2016, en application de l’article 1er de la loi du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi, de la couverture complémentaire santé pour l’ensemble des salariés, dispositif satisfaisant, mais qui laisse de côté ceux qui n’ont pas encore travaillé, ceux qui ne travaillent plus et ceux qui sont en situation de recherche d’emploi.

Le deuxième sujet est une réalité souvent douloureuse : celle des personnes âgées à la recherche d’une complémentaire santé. Au-delà de soixante-cinq ans, la plupart d’entre elles sont couvertes par un contrat individuel, tarifé en fonction de l’âge et dont le coût augmente souvent avec le temps.

D’après les statistiques, le coût annuel de la complémentaire santé, pour une personne de plus de soixante-cinq ans, est compris entre 759 et 1 312 euros, alors qu’il s’établit, pour la population globale, entre 481 et 709 euros. Cette différence incite certaines personnes âgées à souscrire une complémentaire offrant peu de garanties, quand elles ne renoncent pas purement et simplement à une telle couverture.

Le troisième sujet est une exigence : celle de ne pas fragiliser notre système mutualiste, fondé sur la solidarité, essentiellement intergénérationnelle, sur le modèle du fonctionnement de nombreuses mutuelles du secteur de la fonction publique.

Or 90 % de l’activité des mutuelles concernent les complémentaires santé. Les mutuelles détiennent 54 % des parts de ce marché, quand les institutions de prévoyance en ont 27 % et les assurances, 18 %.

Bien évidemment, toute mesure qui irait dans le sens d’une segmentation renforcée serait défavorable à cette solidarité entre les générations, qui est la base du principe mutualiste.

Le texte du Gouvernement, modifié par l’Assemblée nationale, vise à trouver une réponse qui tienne compte de ces différents aspects du problème. Il paraît aujourd'hui que ce texte n’est pas encore complètement satisfaisant et que la discussion doit être poursuivie entre les parties, de manière à atteindre l’objectif du Président de la République et du Gouvernement, objectif que nous soutenons, dans le cadre que je viens d’indiquer.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Alors que l’on fête les soixante-dix ans de la sécurité sociale universelle, l’article 21 crée un dispositif spécifique pour les personnes âgées de plus de soixante-cinq ans. Le Gouvernement choisit donc d’amplifier le phénomène de segmentation de la protection sociale.

Pourquoi réserver cette complémentaire aux personnes retraitées de plus de soixante-cinq ans, alors que beaucoup de nos concitoyens devront travailler, dans les années à venir, au-delà de cet âge ?

En outre, il existe déjà huit dispositifs d’aide à la complémentaire santé. Cette segmentation constitue un frein à la solidarité et à la mutualisation des risques entre actifs et inactifs.

Une fois encore, c’est la génération des actifs qui va financer le prix attractif de ces complémentaires. C’est inacceptable !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Noël Cardoux

Le nombre de sénateurs et de groupes qui proposent la suppression de l’article 21 permet de prendre la mesure de l’opposition qu’il suscite.

Permettez-moi, mes chers collègues, de dresser l’inventaire des principaux griefs que nous lui adressons.

Nous déplorons l’absence totale de concertation avec les professionnels, absence qui explique la réaction des mutuelles.

Nous regrettons l’absence d’étude d'impact, notamment sur la question du prolongement pour les bénéficiaires ainsi que sur la fiscalité. Un rapport n’a été demandé à l’IGAS qu’au mois d’octobre dernier !

Nous estimons que le dispositif marque une rupture de la solidarité intergénérationnelle. Cet argument de fond est important : c’est un peu comme si, d’un seul coup, on modifiait les critères de la retraite par répartition.

La mesure conduira à un nivellement des soins par le bas, avec un panier de soins qui, dans le futur, ne pourra pas être adapté à l’évolution de l’état de santé des seniors – actuellement, la plupart des personnes âgées ont choisi leur mutuelle avec des prestations adaptées à leurs pathologies particulières.

Les classes moyennes seront une fois de plus mises à contribution, contrairement aux personnes à faible revenu, bénéficiaires de la CMU ou de l’aide au paiement d’une complémentaire santé, l’ACS.

La mesure aura une incidence extrêmement forte sur l’emploi : je crains que les protagonistes du dossier ne soient proches de la réalité lorsqu’ils avancent le chiffre de dizaines de milliers d'emplois supprimés…

Le dispositif créera une nouvelle entorse à la concurrence. Madame la ministre, il me semble revenir à l’époque où, discutant de l’accord national interprofessionnel, l’ANI, nous avions bataillé ferme avec le Gouvernement, au cours de la navette, sur les clauses de désignation. Par deux fois, le Conseil constitutionnel les avait supprimées… Pratiquement, l’article 21 du présent texte donnera, de manière un peu détournée, une situation de quasi-monopole à dix grandes compagnies d’assurance en France, au détriment des petits opérateurs.

Le Sénat va probablement supprimer cet article, si l’on en croit le nombre de signataires des différents amendements de suppression. Si, par malheur, l’Assemblée nationale devait le rétablir, nous pourrons toujours saisir le Conseil constitutionnel.

M. Jean-Pierre Caffet remplace M. Claude Bérit-Débat au fauteuil de la présidence.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je suis saisi de neuf amendements identiques.

L'amendement n° 10 rectifié bis est présenté par MM. Vasselle et del Picchia, Mme Garriaud-Maylam, M. César, Mme Lopez, MM. Houel et G. Bailly, Mme Hummel, MM. Bizet, Dériot, Leleux, Lefèvre, Calvet, Raison, Morisset, Carle, Chaize et Mandelli, Mme Deseyne, MM. B. Fournier et Pintat, Mme Duchêne et MM. Cambon, D. Laurent, Dassault, Revet, Pinton et Pellevat.

L'amendement n° 51 est présenté par M. Vanlerenberghe, au nom de la commission des affaires sociales.

L'amendement n° 85 est présenté par M. Delattre, au nom de la commission des finances.

L'amendement n° 99 rectifié ter est présenté par M. Médevielle, Mme Loisier et MM. Kern, L. Hervé, Luche, Guerriau et Cadic.

L'amendement n° 179 rectifié bis est présenté par MM. Commeinhes, Chatillon, de Raincourt et J.P. Fournier.

L'amendement n° 186 est présenté par M. A. Marc.

L'amendement n° 220 est présenté par M. Desessard, Mme Archimbaud et les membres du groupe écologiste.

L'amendement n° 289 rectifié est présenté par MM. Mézard, Amiel, Arnell, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Jouve et Laborde et MM. Requier et Vall.

L'amendement n° 398 est présenté par Mmes Cohen et David, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.

Ces neuf amendements sont ainsi libellés :

Supprimer cet article.

La parole est à M. Robert del Picchia, pour présenter l’amendement n° 10 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

L’article 21 a donné lieu au dépôt de neuf amendements de suppression, notre collègue Francis Delattre, rapporteur pour avis, proposant par ailleurs une alternative, sur laquelle nous reviendrons tout à l'heure.

Alors que l’on fête les soixante-dix ans de la sécurité sociale universelle, le Gouvernement s’apprête à créer un dispositif de complémentaire santé spécifique pour les personnes de plus de soixante-cinq ans. Il choisit donc d’amplifier le phénomène de segmentation de la protection sociale.

Cette segmentation constitue une atteinte au système reposant sur la solidarité et la mutualisation des risques. Le Gouvernement ajoute de la complexité à un système qui, comme l’a dit mon collègue Alain Marc, compte déjà huit dispositifs d’aide à l’accès à une complémentaire santé.

Par ailleurs, le principe d’une complémentaire pour les personnes retraitées âgées de plus de soixante-cinq ans posera un problème constitutionnel : pourquoi réserver ce dispositif à cette catégorie de personnes, alors que beaucoup de nos concitoyens devront travailler au-delà de cette échéance ? Cette situation créera une inégalité devant l’impôt.

Enfin, il est nécessaire de remettre à plat les voies d’accès à la complémentaire santé et d’apporter une réponse universelle au problème.

C’est pourquoi nous proposons de supprimer l’article 21, rédigé sans concertation.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n° 51.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je ne vais pas m’étendre : j’ai déjà dit, lors de la discussion générale, que l’article 21 posait problème. En effet, j’ai l’impression qu’il ne répondra pas complètement au problème du renchérissement de la complémentaire santé pour les personnes qui, partant à la retraite, quittent le dispositif collectif de leur entreprise – au reste, une telle situation n’est pas automatique. D’après ce que l’on m’a dit, pour ces personnes, la complémentaire santé coûtera deux à trois fois plus cher !

Les mécanismes de mutualisation des risques sont les seuls véritablement susceptibles de faire baisser les primes pour les plus personnes âgées de soixante-cinq ans. Certains de ces mécanismes existent déjà.

Il est probable que la suppression de l’article 21 soit adoptée dès ce soir, compte tenu de la demande presque unanime formulée dans notre hémicycle en ce sens. Toutefois, la cohérence et l’efficacité du dispositif proposé ne seront établies que lorsque le rapport qui a été demandé à l’IGAS sera effectivement remis et rendu public.

Comme l’ont souligné MM. del Picchia et Cardoux, il existe déjà de multiples dispositifs permettant aux personnes modestes de plus de soixante-cinq ans d’accéder à une complémentaire santé à un prix raisonnable. M. Delattre nous proposera d'ailleurs tout à l'heure, au nom de la commission des finances, un complément à ces dispositifs.

Dès lors, il a paru prématuré à la commission de définir un nouveau panier de soins pour les plus de soixante-cinq ans.

Dans cette affaire, la segmentation ne nous semble pas de nature à atteindre l’objectif visé par le Gouvernement au bénéfice des assurés sociaux.

Pour toutes ces raisons, nous proposons de supprimer cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. le rapporteur pour avis, afin de présenter l’amendement n° 85.

Debut de section - PermalienPhoto de Francis Delattre

Il s’agit d’une proposition qui a été adoptée à l’unanimité par la commission des finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Francis Delattre

Absolument !

Or je n’ai pas le sentiment que nous sommes totalement irresponsables.

Pour mettre en place un nouveau mécanisme ciblé et réparer une injustice, madame la ministre, il faut d’abord supprimer cet article, contrairement à ce que vous avez dit. Ensuite, je pourrai présenter le dispositif que la commission des finances a voté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Pierre Médevielle, pour présenter l’amendement n° 99 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Médevielle

Je ne reviendrai pas sur les propos qui viennent d’être tenus pour ne pas surcharger les débats, mais je tiens à dire que nous sommes inquiets face à la segmentation, voire la stigmatisation des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans. C’est une voie dangereuse qui pourrait donner de mauvaises idées aux mutuelles.

Par ailleurs, comme l’a dit M. le rapporteur général, il est prématuré de légiférer sur la création d’un nouveau dispositif, qui, par la nouvelle segmentation qu’il introduit, va à l’encontre de l’objectif visé, à savoir l’amélioration de l’accès à la complémentaire santé des personnes de plus de soixante-cinq ans à un prix raisonnable, alors qu’un rapport de l’IGAS est en cours de rédaction sur les incidences de ce dispositif et sa refonte potentielle.

C’est pourquoi nous demandons la suppression de l’article 21.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

n’est pas soutenu.

La parole est à M. Alain Marc, pour présenter l’amendement n° 186.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Les orateurs qui m’ont précédé ont bien expliqué les raisons pour lesquelles il fallait supprimer le présent article, mais le dernier argument de Pierre Médevielle me semble décisif : proposer l’adoption de cet article avant de prendre connaissance du rapport attendu de l’IGAS me paraît complètement incohérent. Je souscris bien évidemment aux propos qui viennent d’être tenus.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Jean Desessard, pour présenter l’amendement n° 220.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

L’article 21 du PLFSS vise à sélectionner des contrats de complémentaire santé à destination des personnes âgées de soixante-cinq ans et plus, à l’issue d’une procédure de mise en concurrence, sur des critères reposant principalement sur le prix de ces mutuelles. L’objectif affiché est de réduire le coût d’acquisition d’une mutuelle pour ces personnes.

Si l’intention est louable, cet article risque, dans les faits, d’amplifier la segmentation entre les assurés et de remettre en cause le principe de mutualisation des risques sur lequel repose pourtant le système assurantiel.

Cette nouvelle segmentation constitue un frein à la solidarité entre les actifs et les inactifs. Nous risquons alors de déséquilibrer l’ensemble du système et de menacer non seulement les adhérents, mais aussi les assurés les plus en difficulté.

C’est pourquoi l’accès à la complémentaire santé ne doit pas être traité par la création d’un nouveau dispositif spécifique, mais nécessite plutôt une approche globale.

Afin de ne pas remettre en question la solidarité intergénérationnelle, qui est au cœur de notre système de protection sociale, nous proposons la suppression de cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Michel Amiel, pour présenter l’amendement n° 289 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Je vais essayer de ne pas être redondant. Même si l’article 21 répond à une préoccupation légitime, on peut s’interroger sur l’opportunité de créer une nouvelle dépense fiscale. C’est pour cette raison que nous proposons également de supprimer cet article.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Dominique Watrin, pour présenter l’amendement n° 398.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Watrin

Alors que les retraités rencontrent de véritables difficultés d’accès aux soins, la solution du Gouvernement consiste à leur accorder un crédit d’impôt pour compenser les taxes payées pour une complémentaire santé.

Les membres du groupe CRC refusent la privatisation rampante de la santé qui oblige les salariés à être couverts par une complémentaire santé. Nous estimons que la sécurité sociale doit prendre en charge à 100% les frais de santé pour l’ensemble des assurés sociaux, y compris les plus de soixante-cinq ans. Dès lors, il n’y a pas de raison de créer une complémentaire obligatoire pour les retraités.

Pour notre groupe, seule la prise en charge intégrale des frais de santé des plus de soixante-cinq ans est susceptible de garantir un véritable accès aux soins. Madame la ministre, en avançant que la sécurité sociale n’a pas les moyens financiers d’une prise en charge des retraités, vous faites en réalité un choix politique.

Il est pourtant possible de doter la sécurité sociale de moyens financiers supplémentaires. Nous avions d’ailleurs fait plusieurs propositions de recettes nouvelles, mais elles ont toutes été rejetées. Pour notre part, nous refusons de répondre aux seniors ayant des difficultés d’accès aux soins que nous allons les aider en créant une complémentaire low cost spécialement pour eux.

Nous nous opposons donc à votre proposition en défendant cet amendement de suppression de l’article 21.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Monsieur le président, je vais être rapide, car je crois que le sort de cet article se dessine assez bien dans cet hémicycle.

Je voudrais simplement faire quelques observations.

Lorsque je vois la campagne lancée par certains, dans la presse nationale, avec des pages entières de publicité achetées, je m’interroge tout d’abord sur l’utilisation des moyens de certains organismes. Ensuite, quand je lis dans ces avertissements que, à l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la sécurité sociale, le Gouvernement voudrait revoir le principe en vertu duquel « chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins », je ne suis pas loin de tomber de ma chaise.

En effet, ce principe, c’est celui de la sécurité sociale, mais pas celui des complémentaires ! Cela n’a rien à voir avec elles !

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Si les complémentaires veulent faire leur ce principe, le Gouvernement leur dit « banco » !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean Desessard

M. Jean Desessard. Plutôt « banquez » !

Rires.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je suis donc assez étonnée par ce que j’entends. J’y insiste, parce que nous avons tous lu ces publicités, mais personne n’a réagi. Il s’agit certes de l’un des grands principes du système de l’assurance maladie française, mais qui s’applique au système de base.

Je vous rappelle, mesdames, messieurs les sénateurs, qu’il n’y a pas de solidarité entre les catégories d’âge dans les régimes complémentaires.

Que vous ayez trente ans ou soixante-dix ans, l’assurance maladie obligatoire vous demande la même contribution si vous avez le même revenu. En revanche, l’assurance complémentaire fonctionne différemment. Même si vous n’en avez pas changé tout au long de votre vie – cela arrive pour un certain nombre de personnes –, et à l’exception, pour l’essentiel et pas complètement, des complémentaires de fonctionnaires, …

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

… lesquelles ne reçoivent pas de contribution de l’employeur, votre prime d’assurance n’est pas la même à soixante ans, soixante-dix ans ou quatre-vingts ans, car elle augmente avec l’âge.

L’objectif du Gouvernement est de permettre aux personnes âgées d’avoir une couverture complémentaire dans les meilleures conditions possible.

Il ne s’agit pas en l’occurrence de couverture sociale. Il existe déjà l’aide à la complémentaire santé, que nous avons d’ailleurs revalorisée de 10 % pour les personnes âgées de plus de soixante ans, de 500 euros à 550 euros. Nous voulons non pas un dispositif social, mais un dispositif à destination des classes moyennes. Entre parenthèses, je m’étonne d’un argument à géométrie variable. En effet, l’opposition nous reproche régulièrement de ne pas nous préoccuper des classes moyennes, or, en l’occurrence, celles-ci constituent bien l’objet de notre attention.

Par ailleurs, nous nous occupons aussi des retraités, bien que l’opposition nous explique, de façon très régulière également, que nous ne tenons pas suffisamment compte de leur situation.

Au total, ces réflexions nous ont amenés à proposer ce dispositif. Le rapport qui a été demandé à l’IGAS et à l’Inspection générale des finances s’inscrit dans le long terme pour revoir l’ensemble des mécanismes fiscaux et sociaux mis à disposition des organismes. Il ne s’agit pas d’un rapport destiné à recueillir des idées sur ce que nous pourrions faire en direction de telle ou telle catégorie de la population.

L’objectif visé est d’apporter une meilleure complémentaire à nos concitoyens. Je regrette qu’il ne soit pas partagé.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

J’émets évidemment un avis défavorable sur ces amendements identiques, même si je ne me fais guère d’illusions sur le sort qu’ils vont connaître.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Je ne peux pas vous laisser dire, madame la ministre, que nous ne partageons pas cet objectif. Pour ma part, j’y adhère, et je pense que la commission des affaires sociales dans son ensemble souhaite aussi réduire le coût de la complémentaire pour les plus de soixante-cinq ans.

La question est : comment y arriver ? Or la proposition que vous faites ne nous satisfait pas. Je dois d’ailleurs dire que l’ensemble des dispositifs dont nous avons entendu parler, aussi bien de la part des mutuelles que des assurances, ne m’apporte pas non plus pleine satisfaction.

Il y a des éléments peut-être intéressants, notamment dans la mutualisation, mais, comme vous l’avez rappelé, madame la ministre, il n’y a pas beaucoup de mutuelles qui le font réellement.

Cela étant, remettons cent fois sur le métier notre ouvrage ! Essayons de trouver la bonne solution ! Peut-être nous ferez-vous en nouvelle lecture des propositions intéressantes que nous pourrons valider.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Yves Daudigny, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Les sénatrices et sénateurs du groupe socialiste ne voteront pas les amendements de suppression de l’article 21, car nous pensons qu’il y a un vrai sujet à traiter. Même si la proposition qui nous est faite aujourd’hui n’est pas aboutie, c’est la raison pour laquelle nous n’avons pas présenté d’amendement. Supprimer cet article reviendrait à ignorer le sujet, sans compter que les arguments que nous avons entendus étaient parfois un peu caricaturaux.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Alain Marc, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

(Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe écologiste.) Quand j’entends dire qu’il n’y aurait qu’un côté de l’hémicycle qui serait généreux avec les personnes âgées, je suis un peu surpris ; mais, heureusement, les sénateurs ne s’énervent pas à la moindre provocation…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Marc

Je suis désolé, mais je crois que la caricature est le fait de Mme la ministre. §

Dans cette affaire, il est surtout question de moyens. Or il me semble que nous sommes légitimes à voter la suppression d’un article lorsque les moyens ne nous paraissent pas adaptés. Nous ne connaissons pas encore complètement les tenants et les aboutissants de ce sujet.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Pierre Médevielle, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Médevielle

Comme M. le rapporteur général, je pense que nous visons le même objectif et que nous avons le même souci pour nos aînés.

En revanche, très clairement, la classification et la négociation par tranches d’âge me semblent dangereuses.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je mets aux voix les amendements identiques n° 10 rectifié bis, 51, 85, 99 rectifié ter, 186, 220, 289 rectifié et 398.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des affaires sociales.

Je rappelle que l'avis du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.

Il est procédé au dépouillement du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 49 :

Le Sénat a adopté.

En conséquence, l'article 21 est supprimé.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 86, présenté par M. Delattre, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Après l’article 21

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – À la première phrase du premier alinéa de l’article L. 863-1 du code de la sécurité sociale, après les mots : « majoré de 35 % », sont insérés les mots : « pour les personnes âgées de moins de soixante-cinq ans et de 42 % pour les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus ».

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Francis Delattre

Adopté en commission des finances, cet amendement vise à apporter une solution aux personnes dont les ressources sont à la fois inférieures au seuil de pauvreté, mais trop élevées pour qu’elles bénéficient de la couverture maladie universelle. Chers collègues, peut-être parviendrons-nous à trouver un terrain d’entente intelligent !

La solution que nous proposons consiste à aménager le dispositif actuel de l’aide à la complémentaire santé en revalorisant de sept points le plafond de ressources pour les personnes âgées de soixante-cinq ans et plus. Elle permettrait à environ 180 000 personnes de plus de soixante-cinq ans, dont les revenus sont inférieurs à 1 023 euros mensuels pour une personne seule, de bénéficier de cette aide pour un montant de 550 euros – car la personne doit apporter une contribution, contrairement à ce qui se passe dans le système de la couverture maladie universelle.

La cible du dispositif est ainsi clairement identifiée, ce qui n’est pas négligeable tant il est vrai, vous l’avez dit, monsieur le rapporteur général, qu’on s’interroge souvent sur la cible, dont découle l’impact. On peut affirmer avec une quasi-certitude que notre proposition touche 180 000 personnes de plus de soixante-cinq ans.

Le dispositif, tel qu’il est proposé à l’article 21, comporte un « trou », qui laisse de côté beaucoup de retraités, notamment des retraités modestes. Notre proposition permet à ceux-ci d’accéder au dispositif en payant un montant correct –550 euros, c’est, certes, une somme, mais qui reste, à mon sens, modique. Je rappelle que pour les personnes âgées de cinquante à cinquante-neuf ans, le montant de l’ACS est de 350 euros, tandis qu’il s’élève à 200 euros pour celles qui ont de seize à quarante-neuf ans. La proposition prend ainsi en compte le fait que, à partir d’un certain âge, naturellement, la protection coûte un peu plus cher.

Bien sûr, il aurait été souhaitable de disposer de plus d’informations, mais nous pensons que cet amendement permet de couvrir un secteur. Si ces 180 000 personnes étaient exclues de facto du dispositif, il y aurait là une véritable injustice. Nous faisons un travail sérieux en leur permettant d’accéder, pour la modeste somme de 550 euros, au dispositif dont vont disposer la plupart des retraités. Peut-être notre proposition méritera-t-elle d’être complétée et améliorée au cours dans la navette. En attendant, elle pourrait amener une pierre à un édifice un peu compliqué.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

L’amendement de la commission des finances, présenté par M. Delattre, qui vise à augmenter le seuil de l’aide à la complémentaire santé pour les personnes de plus de soixante-cinq ans, est en effet une alternative intéressante. Toutefois, il ne répond pas – vous venez de le dire, mon cher collègue – à la totalité du problème posé par l’ensemble de la population âgée de soixante-cinq ans.

Mme la ministre l’a bien précisé, il s’agit aussi de viser les classes moyennes et l’ensemble des retraités de plus de soixante-cinq ans qui subissent les effets de leur départ à la retraite.

Néanmoins, dans l’attente d’une solution beaucoup plus complète, la commission des affaires sociales a décidé d’émettre un avis favorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je mets aux voix l'amendement n° 86.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l'avis de la commission est favorable et que celui du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.

Il est procédé au dépouillement du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 50 :

Le Sénat a adopté.

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 21.

I. – Après les mots : « que ces garanties », la fin du 2° de l’article L. 242-1 du code de la sécurité sociale est ainsi rédigée : « soient conformes aux dispositions de l’article L. 871-1. Le sixième et le présent alinéas sont applicables aux versements de l’employeur mentionnés à l’article L. 911-7-1. »

II. – L’article L. 911-7 du même code est ainsi modifié :

1° §(nouveau) À la première phrase du I, la référence : « au II » est remplacée par les références : « aux II et III » ;

2° Le II est ainsi modifié :

a) La deuxième phrase du cinquième alinéa est supprimée ;

b) La dernière phrase du cinquième alinéa devient le IV et, au début de cette phrase, le mot : « Il » est remplacé par les mots : « Un décret » ;

c) Le dernier alinéa est ainsi modifié :

– au début, est ajoutée la mention : « III. – » ;

– à la fin de la première phrase, les mots : « cette couverture » sont remplacés par les mots : « la couverture collective à adhésion obligatoire des salariés en matière de remboursement complémentaire des frais occasionnés par une maladie, une maternité ou un accident » ;

– la seconde phrase est supprimée ;

d) Sont ajoutés deux alinéas ainsi rédigés :

« Les salariés peuvent se dispenser, à leur initiative, de cette couverture s’ils remplissent les conditions mentionnées au II de l’article L. 911-7-1.

« Un décret fixe, en outre, les catégories de salariés pouvant être dispensés, à leur initiative, de l’obligation de couverture, eu égard au fait qu’ils disposent par ailleurs d’une couverture complémentaire. »

III. – Après l’article L. 911-7 du même code, il est inséré un article L. 911-7-1 ainsi rédigé :

« Art. L. 911 -7 -1. – I. – La couverture en matière de remboursement complémentaire de frais occasionnés par une maladie, une maternité ou un accident des salariés dont la durée du contrat ou la durée du travail prévue par ce contrat est inférieure aux seuils mentionnés aux II et III est organisée dans les conditions fixées par le présent article.

« II. – Les salariés dont la durée du contrat ou la durée du travail prévue par ce contrat est inférieure à des seuils fixés par décret ont droit, à leur demande, au versement par leur employeur d’une somme représentative du financement résultant de l’application des articles L. 911-7 et L. 911-8, et qui s’y substitue alors.

« Ce versement est conditionné à la couverture de l’intéressé par un contrat d’assurance maladie complémentaire portant sur la période concernée et respectant les conditions fixées à l’article L. 871-1. La demande de l’intéressé est accompagnée d’une copie de ce contrat. Ce versement ne peut être cumulé avec le bénéfice d’une couverture complémentaire au titre de l’article L. 861-3, d’une aide à l’acquisition d’une assurance complémentaire en matière de santé au titre de l’article L. 863-1, d’une couverture collective et obligatoire, y compris en tant qu’ayant droit, ou d’une couverture complémentaire donnant lieu à la participation financière d’une collectivité publique.

« Un décret détermine les modalités selon lesquelles est fixé le montant de ce versement, en fonction du financement mis en œuvre en application des articles L. 911-7 et L. 911-8, de la durée du contrat et de la durée de travail prévue par celui-ci.

« III. – Un accord de branche peut prévoir que l’obligation de couverture des risques mentionnés au I et, le cas échéant, l’obligation mentionnée à l’article L. 911-8 sont assurées selon les seules modalités mentionnées au II pour les salariés dont la durée du contrat ou la durée du travail prévue par celui-ci est inférieure à des seuils fixés par cet accord, dans la limite de plafonds fixés par décret.

« En l’absence d’accord de branche relatif à la couverture mentionnée au I de l’article L. 911-7 ou lorsque celui-ci le permet, un accord d’entreprise peut également comporter les dispositions mentionnées au premier alinéa du présent III. »

IV. – Le I de l’article 1er de la loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi est ainsi modifié :

1° §(nouveau) Au premier alinéa des A et B, les mots : « pour la couverture minimale mentionnée au II » sont remplacés par les mots : « celles mentionnées aux II et III » ;

2° Le 4° du A est abrogé.

V. – A. – Les I à IV entrent en vigueur le 1er janvier 2016.

B

Le premier alinéa du présent B n’est pas applicable lorsque les salariés mentionnés au III dudit article L. 911-7-1 sont déjà couverts à titre collectif et obligatoire en application de l’article L. 911-1 du même code.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

L’article 22 a pour objet de faciliter l’accès à une complémentaire santé pour les salariés en contrat à durée déterminée de très courte durée ou avec une très faible quotité horaire, ainsi que pour ceux qui travaillent pour le compte de plusieurs employeurs.

Il prévoit donc, par dérogation à la généralisation de la couverture santé complémentaire collective prévue par l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013, les conditions dans lesquelles ces salariés peuvent être dispensés de l’affiliation au contrat collectif obligatoire. Ceux-ci bénéficieront, dans ce cas, à leur demande et pour des raisons évidentes d’égalité de traitement, d’une somme de leur employeur équivalente à celle que ce dernier aurait consacrée à une couverture collective, somme qui contribuera à les aider à financer une partie du coût de leur adhésion à une complémentaire individuelle.

Toutefois, certaines branches professionnelles – hôtels, cafés, restaurants, propreté, restauration rapide, boulangerie – sont dotées de conventions comportant des dispositifs spécifiques à cette catégorie de salariés. La possibilité d’y substituer un « chèque santé » pour l’acquisition d’une complémentaire individuelle entrera en concurrence avec les branches ou les entreprises qui ont mis en place une telle couverture. Elle affaiblira la protection collective, à l’inverse de l’objectif recherché, ce que nous ne souhaitons évidemment pas.

Plusieurs amendements déposés sur cet article visent à apporter une réponse à cette situation. La diversité des rédactions proposées reflète la difficulté de prévoir ce qui est finalement une dérogation à la dérogation. Il s’agit de prendre aussi en compte tous les cas de figure pour être juste à l’égard de tous les salariés – contrat d’assurance complémentaire santé individuel en cours pour le salarié retrouvant un emploi, absence de cumul de dispositifs d’aide, bénéfice de la meilleure protection, notamment.

C’est ce à quoi tend notre amendement n° 369, qui va vraisemblablement devenir sans objet. Une autre possibilité serait de limiter la prévision légale au cas général et de renvoyer au décret l’ensemble de ces situations particulières, afin qu’aucun salarié ne se trouve en mauvaise passe, par exemple, qu’il ne soit contraint de payer une double cotisation, ou qu’il ne soit privé de couverture complémentaire.

Pour mémoire, si les clauses de désignation qui ont été évoquées tout à l’heure avaient existé, elles nous auraient évité ces complications !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 202 rectifié, présenté par MM. Pellevat, Frassa, Commeinhes et Laufoaulu, Mme Lamure et M. de Raincourt, est ainsi libellé :

Supprimer cet article.

La parole est à Mme Élisabeth Lamure.

Debut de section - PermalienPhoto de Élisabeth Lamure

L’article 22 vise à soutenir l’accès à la couverture complémentaire santé des salariés en situation de précarité. Il consiste en la mise en place d’une aide individuelle de l’employeur, dite « chèque santé ». Ce dispositif, qui est un nouveau signal négatif adressé aux investisseurs étrangers, crée pour les entreprises des charges supplémentaires pesant sur la production, le travail et les salaires. Ce mécanisme est l’un des moyens employés par le Gouvernement en vue de récupérer ce qu’il a donné aux entreprises dans le cadre du CICE et du pacte de responsabilité et de solidarité.

Les auteurs du présent amendement invitent le Gouvernement à revenir sur une mesure qui pourrait affecter l’attractivité de la France et exposer les salariés à une protection dont le rapport qualité-prix se dégraderait ; elle risquerait, de plus, de déséquilibrer l’activité des organismes complémentaires d’assurance maladie.

Pour toutes ces raisons, nous vous proposons de supprimer l’article 22.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Madame Lamure, vous affirmez que les dispositions de cet article pourraient nuire à l’attractivité de la France, notamment, au développement de ses entreprises. Telle n’est pas mon opinion.

Par ailleurs, d’après l’étude d’impact, l’article 22 est censé n’avoir aucune incidence financière, ce qui remet d’ailleurs en cause son rattachement à ce projet de loi de financement de la sécurité sociale.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

L’avis du Gouvernement sur cet amendement est défavorable.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 449, présenté par M. Vanlerenberghe, au nom de la commission des affaires sociales, est ainsi libellé :

Après l'alinéa 4

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

...)Au 1°, la référence : « L. 322-2 » est remplacée par la référence : « L. 160-13 » ;

La parole est à M. le rapporteur général.

L'amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 340 rectifié bis, présenté par MM. Gremillet, Carle, Cambon, Morisset et Raison, Mme Deroche, M. Savary, Mmes Troendlé et Lamure, M. de Raincourt, Mme Morhet-Richaud, M. Bizet et Mme Procaccia, est ainsi libellé :

Alinéa 9

Remplacer les mots :

la couverture collective à adhésion obligatoire des salariés en matière de remboursement complémentaire des frais occasionnés par une maladie, une maternité ou un accident

par les mots :

la couverture minimale définie au II du présent article

La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Patricia Morhet-Richaud

Cet amendement a pour objet de retranscrire la volonté des partenaires sociaux signataires de l’accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 quant au financement de la couverture complémentaire des frais de santé des salariés.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement tend à préciser que la couverture maladie visée à cet article est la couverture minimale prévue par l’ANI. La commission demande sur ce point l’avis du Gouvernement.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Le présent amendement tendant à remettre en cause l’un des éléments d’équilibre de l’ANI, le Gouvernement y est défavorable. S’il était adopté, la couverture maladie des salariés en situation de précarité serait moins importante que celle des autres salariés. Or tous les débats parlementaires qui ont précédé le vote de l’article 1er de la loi qui a transposé l’ANI font clairement apparaître que l’obligation de financement porte bien sur l’ensemble de la couverture mise en place à titre obligatoire, et non pas simplement sur un panier minimal.

L'amendement n'est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je suis saisi de sept amendements faisant l'objet d'une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L'amendement n° 193 rectifié ter est présenté par M. Cardoux, Mmes Imbert, Canayer et Cayeux, M. Chasseing, Mme Debré, M. Dériot, Mmes Deroche et Deseyne, MM. Forissier et Gilles, Mmes Giudicelli et Gruny, M. Lemoyne, Mme Micouleau, M. Milon, Mme Morhet-Richaud, MM. Morisset, Mouiller et Pinton, Mme Procaccia et MM. D. Robert, Savary, Dassault, Allizard et Vasselle.

L'amendement n° 361 est présenté par M. Daudigny, Mme Bricq, M. Caffet, Mmes Campion et Claireaux, M. Durain, Mmes Emery-Dumas, Féret et Génisson, MM. Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Schillinger, MM. Tourenne et Vergoz, Mme Yonnet, M. Duran et les membres du groupe socialiste et républicain.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

I. – Alinéa 12

Compléter cet alinéa par les mots :

lorsqu’ils ne sont pas couverts par un accord prévu au IV du même article L. 911-7-1

II. – Alinéa 16

Après le mot :

décret

insérer les mots :

, lorsqu’ils ne sont pas couverts par un accord prévu au IV,

III. – Après l’alinéa 20

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« IV. – Un accord de branche peut déroger aux I à III, soit en prévoyant que la couverture des risques à titre obligatoire concerne l’ensemble des salariés, quelle que soit la durée de travail ou la durée du contrat, soit en fixant des seuils de durées de contrat ou de durées de travail inférieurs à ceux pris en application du décret mentionné au II. »

La parole est à M. Jean-Noël Cardoux, pour présenter l’amendement n° 193 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Noël Cardoux

Aux termes de l’article 22, les salariés à contrat court ou à temps partiel bénéficient d’un « chèque santé » de leur employeur en lieu et place d’une adhésion au contrat santé de leur entreprise ou de leur branche.

En remarque liminaire, je ferai observer que mon groupe avait proposé une disposition équivalente lors du débat sur la loi de transposition de l’ANI qui avait alors reçu un avis défavorable du Gouvernement. Comme quoi, il faut donner du temps au temps pour que le Gouvernement se rende compte des bonnes dispositions que nous proposons…

Malgré tout, puisque nous sommes toujours confrontés à cette situation, les entreprises ont évidemment fait évoluer leur position depuis cette date : certaines branches professionnelles, comme celles de la propreté, de la restauration rapide ou de la boulangerie, ont mis en place des dispositifs adaptés qui ont fait leur preuve. La mesure prévue à l’article 22 pourrait donc se traduire par une réduction des solidarités et une augmentation des cotisations sociales pour les entreprises.

Voilà pourquoi nous avons déposé cet amendement, qui vise à assouplir le dispositif, afin que des accords conventionnels puissent primer lorsqu’ils organisent des solutions spécifiques à ce type de contrats.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Yves Daudigny, pour présenter l'amendement n° 361.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Cet amendement a pour objet de ne pas ouvrir la dérogation prévue aux alinéas 15 à 20 de l’article 22 pour les salariés en contrat court lorsqu’un accord de branche prévoit une couverture complémentaire collective et obligatoire et de faire dans ce cas primer l’accord.

Plusieurs branches, dont les salariés sont essentiellement employés à durée déterminée, à très courte durée ou ont de multiples employeurs, ont passé de tels accords. Ces secteurs couvrent un grand nombre de salariés des professions de la propreté, des artistes et techniciens du spectacle, ou encore des journalistes pigistes.

L’option du « chèque santé », qui pourrait être exercée en application de la dérogation prévue à l’article 22, risque de déstabiliser les accords existants.

J’ai également souligné tout à l’heure la difficulté de couvrir au mieux ces salariés, ainsi que la nécessité de prévoir, dans ce cas, les situations diverses dans lesquelles ils peuvent se trouver : certains, lors de leur entrée dans un emploi couvert par une complémentaire collective obligatoire, sont encore sous contrat individuel ; d’autres ont plusieurs employeurs ; d’autres enfin cumulent les dispositifs d’aide. Nous avons déposé l’amendement n° 369 rectifié pour répondre précisément à ces situations.

Toutefois, il serait peut-être plus lisible et de meilleure méthode de renvoyer la précision de ces situations spécifiques au domaine réglementaire. L’amendement susvisé pourrait être rectifié en ce sens.

Je souhaite, en tout état de cause, que l’article 22 connaisse une évolution ; l’adoption du présent amendement pourrait en constituer la première étape.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 143 rectifié, présenté par MM. Revet, Chaize et César, n’est pas soutenu.

L'amendement n° 369 rectifié, présenté par M. Daudigny, Mmes Bricq, Campion, Claireaux, Emery-Dumas, Féret, Génisson, Meunier, Riocreux, Schillinger et Yonnet, MM. Caffet, Durain, Godefroy, Jeansannetas, Labazée, Tourenne et Vergoz, Mme Blondin et les membres du groupe socialiste et républicain, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 13

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Toutefois, des accords de branche peuvent déroger aux dispositions des deux alinéas précédents, pour les salariés mentionnés au II de l’article L. 911–7–1 dont la durée de travail prévue par leur contrat de travail est inférieure au seuil mentionné par ce même II. Ces dérogations ne peuvent porter sur les salariés déjà couverts à titre obligatoire, bénéficiant de la couverture complémentaire en application de l’article L. 861–3, d’une aide à l’acquisition d’une complémentaire santé en application du L. 863–1 et les salariés couverts par une assurance individuelle de frais de santé au moment de la mise en place des garanties ou de l'embauche si elle est postérieure, jusqu'à échéance du contrat individuel. »

La parole est à M. Yves Daudigny.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Cet amendement est défendu par la présentation que je viens de faire de l’amendement n° 361, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Les deux amendements suivants sont identiques.

L'amendement n° 144 rectifié est présenté par MM. Revet, Chaize et César.

L'amendement n° 235 rectifié est présenté par MM. Kern et Longeot, Mme Billon, MM. Cigolotti et Guerriau, Mme Loisier et MM. Delahaye, Cadic et Delcros.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 16

Après les mots :

ont droit

insérer les mots :

, lorsqu’ils ne sont pas couverts par une couverture collective et obligatoire prévue au dernier alinéa du III,

L’amendement n° 144 rectifié n’est pas soutenu.

La parole est à M. Claude Kern, pour présenter l'amendement n° 235 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Kern

Sans remettre en cause l’opportunité de la création d’un « chèque santé » au bénéfice des salariés à contrat court ou à temps partiel, le présent amendement vise à concilier ce dispositif avec les accords conventionnels, qui sont de fait parfois plus favorables pour les salariés.

En effet, certaines branches professionnelles disposent déjà d’un dispositif efficace ; d’autres ont négocié et conclu une couverture santé en cours d’extension. Dans ces secteurs, la généralisation du « chèque santé » pourrait avoir pour conséquence de réduire les solidarités et d’augmenter les cotisations sociales des entreprises.

Mes chers collègues, je vous invite à privilégier le principe de réalité et à voter en faveur de cet amendement, afin de faire primer les accords conventionnels lorsqu’ils organisent des solutions spécifiques pour les contrats courts.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 145 rectifié, présenté par MM. Revet, Chaize et César, n’est pas soutenu.

Quel est l’avis de la commission sur les amendements restant en discussion ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Les deux amendements identiques n° 193 rectifié ter et 361 tendent à limiter la mise en place du « chèque santé » prévu à cet article aux seuls salariés non couverts par une couverture complémentaire d’entreprise. Cette mesure paraît de bon sens au vu des contrats déjà mis en place par certaines entreprises employant une forte proportion de salariés de courte durée ou travaillant un faible nombre d’heures.

Il avait semblé à la commission que cet article avait été rattaché au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour des raisons comptables. En outre, le problème des salariés couverts de manière rapprochée par des complémentaires d’entreprises successives ou rattachés à plusieurs complémentaires en raison de leur travail pour des entreprises différentes nous paraissait devoir être traité par un accord entre les partenaires sociaux. Par ailleurs, la mise en place d’un fonds par branche permettant d’alimenter la couverture de ces salariés, préconisée dans le rapport Libault, est une idée qui mérite d’être étudiée.

Pour toutes ces raisons, la commission avait déposé un amendement de suppression de l’article 22. Néanmoins, le dispositif proposé ici est un dispositif de transition qui offre une plus grande sécurité juridique aux entreprises. Il faudra y revenir, sans doute par le biais d’une négociation entre partenaires sociaux ; pour autant, en l’état actuel des choses, la commission émet un avis favorable sur ces deux amendements identiques.

Si ces amendements sont adoptés, les deux autres amendements en discussion n’auront plus d’objet et seront de toute façon satisfaits. Dans le cas inverse, peu probable, la commission n’est pas défavorable à l’amendement n° 369 rectifié, qui vise à ouvrir une possibilité de dérogation par accord de branche ; elle n’est pas défavorable non plus à l’amendement n° 235 rectifié, qui tend lui aussi à ouvrir une possibilité de dérogation, cette fois en cas de couverture du salarié par une complémentaire d’entreprise.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Monsieur le rapporteur général, contrairement à ce que vous avez semblé indiquer tout à l’heure, cet article trouve bien sa place dans un PLFSS. En effet, les dispositions de l’article 9 prévoient les conditions dans lesquelles il peut y avoir des exonérations de cotisations et définissent le régime social lié à certains contrats ; le projet de loi de financement de la sécurité sociale est donc bien le texte où il convient de présenter de telles mesures.

Les amendements qui ont été présentés à l’instant, quoique différents dans le détail, ont tous pour objet de préciser la relation entre l’accord de branche et la volonté individuelle du salarié quant à la possibilité pour ce dernier de s’exonérer ou d’être exonéré de la couverture complémentaire.

Je comprends parfaitement l’objectif des auteurs de ces amendements. Néanmoins, je veux préciser que, dans certains cas, la couverture collective peut être tout à fait préjudiciable au salarié. Il en est à l’évidence ainsi pour les salariés précaires qui ont droit à la couverture maladie universelle complémentaire, la CMU-C, ou à l’aide à la complémentaire santé. Ces salariés ont intérêt à pouvoir continuer à bénéficier d’une couverture individuelle. C’est aussi le cas de ceux qui bénéficient déjà d’une couverture collective et qui doivent cotiser autant de fois qu’ils ont d’employeurs.

Ces situations constituent un motif extrêmement courant de réclamations auprès du ministère, directement ou par l’intermédiaire des élus que vous êtes : vous m’interpellez très régulièrement sur ce point, vos concitoyens s’étonnant de devoir payer plusieurs couvertures.

Un problème similaire se pose d’ailleurs pour ce qui concerne les salariés qui enchaînent des CDD très courts : ils devraient changer de couverture complémentaire tous les mois s’il leur était imposé de souscrire une couverture collective.

Voilà pourquoi l’article 22 crée des dispenses d’ordre public pour un certain nombre de situations.

À mon avis, nous irions trop loin en adoptant les amendements n° 193 rectifié et 361. En effet, ils tendent de fait à donner aux branches la possibilité de priver complètement les salariés de la dispense de souscrire à la couverture complémentaire. Dès lors, une branche pourrait priver des salariés ayant un droit individuel à la CMU-C ou à l’ACS du bénéfice de ces couvertures et les obliger à souscrire à la couverture complémentaire collective de branche. Soumettre des personnes en situation de précarité à une telle obligation n’est pas satisfaisant.

Le Gouvernement demande donc le retrait de ces amendements, ainsi que de l’amendement n° 235 rectifié ; faute de quoi, son avis sera défavorable.

L’amendement n° 369 rectifié vise, quant à lui, à équilibrer plus subtilement le souhait réaffirmé d’accorder la primauté aux couvertures de branche et la nécessité de ménager des dispenses pour les salariés. Cette voie me semble plus prometteuse. M. Daudigny a d’ailleurs lui-même indiqué qu’il faudrait peut-être renvoyer au pouvoir réglementaire la précision des détails de cet équilibre. La rédaction de cet amendement ne permet pas de régler toutes les situations en cause ; elle mérite donc peut-être d’être retravaillée. Pour autant, le Gouvernement émet un avis favorable sur cet amendement.

Là encore, nous entendons bien la volonté de préserver la primauté de l’accord collectif de branche ; on ne peut toutefois admettre que celui-ci n’admette aucune dérogation, quelle que soit la situation des salariés concernés.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Yves Daudigny, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Je partage la démarche générale de la commission. C’est pourquoi j’ai déposé l'amendement n° 361. Toutefois, après les explications de Mme la ministre, je propose de le rectifier, afin de compléter l’alinéa 12 de l’article 22 par les mots « lorsqu’ils ne sont pas, dans des conditions prévues par décret, couverts par un accord », d’insérer à l’alinéa 16, après le mot « décret », les mots «, lorsqu’ils ne sont pas, dans des conditions prévues par décret, couverts par un accord » et de supprimer les III et IV.

La primauté de l’accord collectif est nécessaire, nous en sommes d’accord. Affirmer une telle primauté pourrait cependant être préjudiciable à un certain nombre de cas énumérés par Mme la ministre.

Cette nouvelle rédaction constituera une sorte d’étape consistant à renvoyer à un décret la liste des cas qui constituent une dérogation à la dérogation.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je suis donc saisi d’un amendement n° 361 rectifié, présenté par M. Daudigny, Mme Bricq, M. Caffet, Mmes Campion et Claireaux, M. Durain, Mmes Emery-Dumas, Féret et Génisson, MM. Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Schillinger, MM. Tourenne et Vergoz, Mme Yonnet, M. Duran et les membres du groupe socialiste et républicain, ainsi libellé :

I. – Alinéa 12

Compléter cet alinéa par les mots :

lorsqu’ils ne sont pas, dans des conditions prévues par décret, couverts par un accord

II. – Alinéa 16

Après le mot :

décret

insérer les mots :

, lorsqu’ils ne sont pas, dans des conditions prévues par décret, couverts par un accord

Monsieur Cardoux, l'amendement n° 193 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Noël Cardoux

Alors que M. Daudigny et moi-même étions d’accord, nous assistons à une volte-face avec cet amendement de repli !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Noël Cardoux

C’est pourquoi je maintiens l’amendement n° 193 rectifié ter, qui est de bon sens, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je mets aux voix l'amendement n° 193 rectifié ter.

J'ai été saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l'avis de la commission est favorable et que celui du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J'invite Mmes et MM. les secrétaires à procéder au dépouillement du scrutin.

Il est procédé au dépouillement du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 51 :

Le Sénat a adopté.

En conséquence, les amendements n° 361 rectifié, 369 rectifié et 235 rectifié n'ont plus d'objet.

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 236 rectifié est présenté par MM. Kern et Longeot, Mme Billon, MM. Cigolotti et Guerriau, Mme Loisier et MM. Delahaye, Cadic et Delcros.

L'amendement n° 306 rectifié est présenté par Mme Laborde, MM. Amiel, Arnell, Bertrand, Castelli, Collin, Collombat, Esnol, Fortassin et Hue, Mmes Jouve et Malherbe et MM. Mézard, Requier et Vall.

L'amendement n° 367 rectifié est présenté par Mme Blondin, M. Daudigny, Mmes Bricq, Campion, Claireaux, Emery-Dumas, Féret, Génisson, Meunier, Riocreux, Schillinger et Yonnet, MM. Caffet, Durain, Godefroy, Jeansannetas, Labazée, Tourenne, Vergoz et les membres du groupe socialiste et républicain.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

I. – Alinéa 12

Compléter cet alinéa par les mots :

, s’ils ne relèvent ni de l’article L. 7111-3 du code du travail, ni des employeurs mentionnés à l’article L. 5424-22 du même code

II. – Après l’alinéa 17

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

« Les employeurs mentionnés à l’article L. 5424-22 du code du travail ainsi que ceux employant les salariés relevant de l’article L. 7111-3 du même code en sont exemptés.

La parole est à M. Claude Kern, pour présenter l'amendement n° 236 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Kern

Dans la même logique que l’amendement n° 235 rectifié, il s’agit de prendre en considération les accords de branche qui ont permis la mise en place de la couverture santé dédiée et adéquate pour les artistes et techniciens du spectacle, ainsi que pour les journalistes rémunérés à la pige. Ces accords prennent évidemment en compte les nombreuses spécificités de ces professionnels, tels les contrats courts, la faible quotité de temps de travail, ou encore la multiplicité des employeurs.

L’obligation de recourir au « chèque santé » aurait pour conséquence de remettre en cause la qualité de la prise en charge de ces professionnels, dont le statut spécifique rend nécessaire une dérogation au dispositif prévu par ce projet de loi. À terme en effet, un tel dispositif pourrait avoir une incidence sur le coût et la qualité de la protection santé de ces salariés les plus précaires, ce qui serait contreproductif au regard de l’objectif de l’article 22.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Michel Amiel, pour présenter l'amendement n° 306 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Il s’agit de prévoir une dérogation aux dispositifs de dispense de couverture santé collective et de versement de « chèque santé » pour les intermittents et les pigistes.

En effet, le présent article prévoit que certains salariés à statut spécifique, tels les intermittents et les pigistes, puissent choisir de se dispenser d’une couverture collective mise en place dans la branche, au profit d’une couverture individuelle. Une telle mesure représente une menace pour l’équilibre de la protection santé mise en place pour ces populations, dans la mesure où elle entraîne un amoindrissement de la solidarité professionnelle qui assure un coût maîtrisé et une exigence de qualité de cette couverture sanitaire.

Dans ce contexte, il convient d’extraire les intermittents et les pigistes de cette disposition, afin de pouvoir préserver le modèle existant de leur couverture santé, qui a montré toute sa pertinence.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Michelle Meunier, pour présenter l'amendement n° 367 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Ces amendements identiques sont satisfaits par l’adoption de l'amendement n° 193 rectifié ter. Par conséquent, la commission en demande le retrait.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Indépendamment du fait qu’il ne me paraît toujours pas satisfaisant de multiplier les systèmes selon les catégories de professionnels, il me semble que ces amendements identiques sont satisfaits par l’adoption de l'amendement n° 193 rectifié ter. Le Gouvernement en demande donc également le retrait.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Monsieur Kern, l'amendement n° 236 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 236 rectifié est retiré.

Monsieur Amiel, l'amendement n° 306 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Non, je le retire aussi, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 306 rectifié est retiré.

Madame Meunier, l'amendement n° 367 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Michelle Meunier

Non, je le retire également, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 367 rectifié est retiré.

L'amendement n° 343 rectifié, présenté par MM. Gremillet, Carle, Cambon, Morisset et Raison, Mme Deroche, M. Savary, Mmes Troendlé et Lamure, M. de Raincourt, Mme Morhet-Richaud, M. Bizet, Mme Procaccia et M. Mandelli, est ainsi libellé :

Alinéa 19

Après les mots :

mentionnées au II

insérer les mots :

ou celles qu’il aura mises en place et assurant au minimum les mêmes garanties que celles du dispositif prévu au II

La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Patricia Morhet-Richaud

Selon les secteurs professionnels, le « chèque santé » peut se révéler difficile à mettre en place et à gérer. Il s’agit donc de permettre aux partenaires sociaux d’envisager la mise en place d’un dispositif spécifique plus pertinent pour les secteurs professionnels et les salariés dont la durée du contrat ou la durée du travail est inférieure aux seuils fixés par un accord de branche, dans la limite de plafonds déterminés par décret.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement est également satisfait par l’adoption de l'amendement n° 193 rectifié ter, puisque le choix entre le « chèque santé » et la couverture collective sera possible. Par conséquent, la commission en demande le retrait.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Madame Morhet-Richaud, l'amendement n° 343 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 343 rectifié est retiré.

L'amendement n° 342 rectifié, présenté par MM. Gremillet, Carle, Cambon, Morisset et Raison, Mme Deroche, M. Savary, Mmes Troendlé et Lamure, M. de Raincourt, Mme Morhet-Richaud, MM. Bizet et Mouiller et Mme Procaccia, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 23

Insérer deux alinéas ainsi rédigés :

...° Le A est complété par un alinéa ainsi rédigé :

« …° Le cas échéant, la possibilité de prévoir une condition d’ancienneté de trois mois maximum. »

La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud.

Debut de section - PermalienPhoto de Patricia Morhet-Richaud

Cet amendement vise à conditionner la généralisation à tous les salariés de la mise en place d'une complémentaire santé au niveau de l'entreprise à une ancienneté de trois mois. En pratique, il s’agit de prendre en compte le caractère saisonnier de certaines activités et d’instaurer une dispense d'adhésion à la complémentaire santé d'entreprise pour les salariés ayant un contrat de travail à courte durée.

En outre, de nombreux accords collectifs prévoient déjà ce type de clause d’ancienneté, notamment dans le secteur agricole qui connaît une forte saisonnalité se traduisant chaque année par l’intégration temporaire d’un million de salariés saisonniers.

Sans remettre en cause l'objectif de généralisation de la couverture santé complémentaire, cet amendement a pour objet la diminution des contraintes administratives et sociales pesant sur les entreprises.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Cet amendement vise les professions saisonnières et agricoles. Or la durée de trois mois couvre en fait la grande majorité des CDD. Par conséquent, l’adoption de cette mesure exclurait de nombreux salariés de la complémentaire santé d’entreprise.

La commission demande donc le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Même avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Madame Morhet-Richaud, l'amendement n° 342 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 342 rectifié est retiré.

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 305 rectifié est présenté par MM. Amiel, Arnell, Barbier, Bertrand, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Laborde et Malherbe et MM. Mézard, Requier et Vall.

L'amendement n° 344 rectifié est présenté par MM. Gremillet, Carle, Cambon, Morisset et Raison, Mme Deroche, M. Savary, Mmes Troendlé et Lamure, M. de Raincourt, Mme Morhet-Richaud et MM. Bizet et Chasseing.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Alinéa 24

Remplacer l’année :

par l’année :

La parole est à M. Michel Amiel, pour présenter l'amendement n° 305 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Amiel

Compte tenu de la complexité de la mise en place de ce dispositif, il s’agit d’en reporter la date d'application au 1er janvier 2017.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Patricia Morhet-Richaud, pour présenter l'amendement n° 344 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Ces amendements identiques sont satisfaits par l’adoption de l'amendement n° 193 rectifié ter : il n’y aura pas de déstabilisation des contrats souscrits par les entreprises.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Le Gouvernement demande le retrait de ces amendements ; à défaut, il émettra un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Monsieur Amiel, l'amendement n° 305 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 305 rectifié est retiré.

Madame Morhet-Richaud, l'amendement n° 344 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 344 rectifié est retiré.

La parole est à Mme Annie David, pour explication de vote sur l'article.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Sur cet article, le groupe CRC s’abstiendra.

Face à la précarité des salariés à temps partiel ou en contrat court, le Gouvernement propose de mettre en place un dispositif de « chèque santé » pour l’accès à la couverture complémentaire, dispositif qui semble apporter une meilleure protection aux salariés. En réalité, cette mesure cherche à masquer les difficultés d’accès aux soins des salariés aux contrats précaires qui connaissent de nombreuses périodes de chômage sans couverture.

L’argument de la généralisation de la complémentaire santé pour les salariés a déjà été utilisé lors de la discussion de l’ANI de 2013. Il était censé nous faire accepter plus facilement les accords de maintien dans l’emploi.

Or nous constatons une augmentation très nette de la précarité de l’emploi dans notre pays, notamment pour les femmes et les jeunes. Malheureusement, les seniors prennent le même chemin.

Selon la photographie de l’INSEE du marché du travail en 2014 publiée le 28 octobre dernier, nous assistons à une augmentation de l’emploi à temps partiel qui concerne 18, 9 % des actifs occupés pour une moyenne hebdomadaire de vingt-trois heures.

Encore une fois, les femmes sont surreprésentées, puisque 30, 8 % d’entre elles travaillaient à temps partiel en 2014, contre seulement 7, 8 % des hommes.

Les jeunes âgés de quinze à vingt-quatre ans sont eux aussi particulièrement concernés, puisque 24, 7 % d’entre eux travaillent à temps partiel, soit un point de plus sur un an.

Nous défendons avec force le fait que les employeurs ne puissent pas recourir aux contrats précaires sans participer au financement des prestations des salariés.

Si nous n’avons pas voté l’amendement tendant à supprimer l’article 22, nous nous abstiendrons sur cet article en continuant à défendre, comme l’a déjà dit Dominique Watrin, une sécurité sociale à 100 % !

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Yves Daudigny, pour explication de vote sur l’article.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Je souhaite indiquer à Jean-Noël Cardoux que je n’ai pas changé d’avis et que j’ai simplement entrepris d’essayer de rendre le texte plus fin qu’il ne l’était initialement. Nous n’avons pas été suivis, mais ce n’est pas grave, car c’est aussi cela le travail parlementaire !

En conséquence, le groupe socialiste et républicain s’abstiendra sur cet article.

L'article 22 est adopté.

Le Gouvernement présente au Parlement, dans un délai d’un an à compter de la promulgation de la présente loi, un rapport sur les conditions d’extension aux travailleurs handicapés accueillis dans les établissements ou services relevant du a du 5° du I de l’article L. 312-1 du code de l’action sociale et des familles du bénéfice de la couverture minimale prévue à l’article 1er de la loi n° 2013-504 du 14 juin 2013 relative à la sécurisation de l’emploi. –

Adopté.

À la fin du III de l’article 4 de la loi n° 2013-1203 du 23 décembre 2013 de financement de la sécurité sociale pour 2014, l’année : « 2015 » est remplacée par l’année : « 2016 ». –

Adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je suis saisi de cinq amendements identiques.

L'amendement n° 8 rectifié bis est présenté par MM. Vasselle et del Picchia, Mme Garriaud-Maylam, MM. César et Houel, Mme Hummel, MM. G. Bailly, Bizet, Dériot, Leleux, Lefèvre, Calvet, Raison, Morisset, Carle, Mouiller et Mandelli, Mmes Deseyne et Deromedi, MM. B. Fournier et Grand, Mme Duchêne, MM. D. Laurent, Dassault, Perrin, Revet et Pinton, Mme Micouleau et MM. Médevielle et Pellevat.

L'amendement n° 34 rectifié ter est présenté par Mme Cayeux, MM. Chaize, Gilles, Laufoaulu et Mandelli, Mme Primas, MM. Grosdidier, Houpert, Husson, Perrin et Raison, Mme Lamure et M. de Raincourt.

L'amendement n° 245 est présenté par M. L. Hervé et les membres du groupe Union des démocrates et indépendants - UC.

L'amendement n° 295 rectifié est présenté par MM. Mézard, Amiel, Arnell, Castelli, Collin, Esnol, Fortassin et Guérini, Mmes Jouve et Laborde et MM. Requier et Vall.

L'amendement n° 348 est présenté par M. Daudigny, Mme Bricq, M. Caffet, Mmes Campion et Claireaux, M. Durain, Mmes Emery-Dumas, Féret et Génisson, MM. Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Schillinger, MM. Tourenne et Vergoz, Mme Yonnet et les membres du groupe socialiste et républicain.

Ces cinq amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. – Après le premier alinéa de l'article L. 138-1 du code de la sécurité sociale, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :

« Le montant des ventes de spécialités génériques définies au a du 5° de l'article L. 5121-1 du code de la santé publique et inscrites au répertoire des groupes génériques n'est pas inclus dans l'assiette de la contribution. »

II. – La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à M. Robert del Picchia, pour présenter l’amendement n° 8 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

Les entreprises de répartition pharmaceutique référencent la totalité des médicaments génériques mis sur le marché. Elles proposent, aujourd’hui, plus de 6 000 références de médicaments génériques.

Ce sont les partenaires indispensables des officines pour contribuer au développement de ce marché. Ces sociétés permettent aux pharmaciens de délivrer leurs prescriptions selon la dénomination commune internationale la moins coûteuse, comme le préconisent les dispositions réglementaires et le protocole d’accord signé entre les médecins et la Caisse nationale d’assurance maladie.

Les grossistes-répartiteurs traversent actuellement une grave crise, alors qu’ils représentent un maillon indispensable de la chaîne de distribution des médicaments dans les 22 000 officines du territoire qui restent le noyau dur de la lutte contre la désertification.

C’est la raison pour laquelle, mes chers collègues, il vous est proposé, au travers cet amendement, d’exonérer les répartiteurs du versement de la taxe sur la vente de médicaments génériques.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Élisabeth Lamure, pour présenter l'amendement n° 34 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Élisabeth Lamure

Cet amendement étant identique à celui qui vient d’être présenté, il est défendu.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Françoise Gatel, pour présenter l'amendement n° 245.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Guillaume Arnell, pour présenter l'amendement n° 295 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Yves Daudigny, pour présenter l'amendement n° 348.

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

Monsieur le président, nos arguments sont identiques : cet amendement est de même défendu.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Voici quelques précisions qu’il me paraît utile d’apporter : la taxe dont nous débattons est non pas une contribution sur les médicaments génériques, mais une contribution assise sur le chiffre d’affaires hors taxes réalisé en France auprès des pharmacies d’officine qui est composée de trois parts correspondant chacune à des assiettes différentes et auxquelles s’appliquent des taux progressifs.

Les médicaments génériques sont déjà exonérés de la troisième tranche de la contribution qui est la plus élevée et dont l’assiette est constituée de la fraction du chiffre d’affaires correspondant au montant de la marge rétrocédée aux pharmacies.

Sortir les génériques de l’assiette des deux premières parts de la contribution ne me semble pas de nature à venir en aide aux grossistes les plus en difficulté. Il conviendrait plutôt d’engager un débat avec le Gouvernement sur la rémunération des missions de service public exercées par les grossistes-répartiteurs.

La commission s’en remettra donc à la sagesse du Sénat sur ces amendements identiques.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Évidemment, les grossistes-répartiteurs sont des acteurs importants, décisifs même, de la chaîne du médicament. C’est grâce à ces sociétés que les pharmacies peuvent informer leur client qu’un médicament, bien qu’indisponible le matin, pourra être mis à sa disposition dans l’après-midi, ou encore, si le patient ne vient que dans l’après-midi, que tel ou tel médicament sera disponible dès le lendemain matin.

Il s’agit d’un secteur techniquement performant, qui permet d’assurer la traçabilité des produits et de garantir un maillage territorial évitant à nos concitoyens de connaître des problèmes d’accès aux médicaments. Ce sujet est d’autant plus important – et j’y suis d’autant plus attentive – que se pose régulièrement la question de la pénurie de certains médicaments et que les grossistes-répartiteurs ont un rôle à jouer pour atténuer les effets de ces tensions d’approvisionnement.

Compte tenu des difficultés rencontrées par ces grossistes, j’ai commandé un rapport à l'Inspection générale des affaires sociales qui m’a été remis et est désormais consultable sur internet.

Dans ses conclusions, la mission de l’IGAS souligne « l’extrême complexité des mécanismes économiques et des stratégies d’acteurs fondées en grande partie sur les contournements du modèle, en apparence très simple, de rémunération de la distribution. » C’est donc non pas la fiscalité de telle ou telle catégorie de médicaments qui est en cause, mais le modèle économique et le modèle d’organisation des grossistes-répartiteurs.

En France, le développement de la vente directe est plus important que dans d’autres pays, notamment pour les spécialités génériques. C’est l’une des raisons pour lesquelles le modèle des grossistes-répartiteurs s’essouffle.

Aussi, le ministère a engagé des discussions avec la chambre syndicale de la répartition pharmaceutique pour travailler sur de possibles évolutions du mode de rémunération de la distribution. Ces discussions sont menées en parallèle d’une rationalisation et d’une diversification de la profession des grossistes-répartiteurs.

En réalité, les amendements dont nous débattons visent à mettre en œuvre une exonération fiscale qui ne répond pas directement à la préoccupation exprimée d’une évolution du mode de rémunération. Par ailleurs, cette exonération concernerait non seulement les grossistes, mais aussi tous les acteurs de la distribution des génériques.

Pour l’ensemble de ces raisons, le Gouvernement demande aux auteurs de ces amendements de bien vouloir les retirer, faute de quoi il émettra un avis défavorable.

Encore une fois, je précise qu’il ne s’agit pas de contester le problème rencontré par les grossistes, puisque des discussions sont en cours. En revanche, je ne crois pas du tout que la réponse fiscale soit la réponse attendue ou même adaptée aux difficultés d’une profession qui a vraiment besoin de se transformer si elle veut continuer à jouer son rôle à l’avenir.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Monsieur del Picchia, l'amendement n° 8 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Robert del Picchia

Oui, je suis obligé de le maintenir, monsieur le président, car cet amendement est cosigné par vingt-huit sénateurs, dont certains ne sont pas présents en ce moment.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Madame Lamure, l'amendement n° 34 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Monsieur Arnell, l'amendement n° 295 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Arnell

Non, après concertation, je le retire, monsieur le président.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 295 rectifié est retiré.

Monsieur Daudigny, l'amendement n° 348 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Yves Daudigny

J’ai bien écouté les arguments défendus par Mme la ministre et retire cet amendement. Toutefois, nous resterons très attentifs à l’évolution des discussions engagées actuellement avec la profession.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 348 est retiré.

La parole est à M. Gilbert Barbier, pour explication de vote sur les amendements identiques n° 8 rectifié bis, 34 rectifié ter et 245.

Debut de section - PermalienPhoto de Gilbert Barbier

Mme la ministre et M. le rapporteur général ont parfaitement exposé un problème qui est extrêmement complexe à résoudre.

Il faudra absolument élucider cette question autrement qu’en adoptant des amendements qui visent à sortir une catégorie de médicaments d’un système qui est très compliqué, car s’y ajoutent les achats directs des officines qui se multiplient de plus en plus.

À quoi mènerait un statut fiscal différent pour les médicaments génériques ? On créerait alors une situation qui complexifierait considérablement les choses et dont je ne sais pas – très honnêtement – qui sortirait vainqueur.

C’est la raison pour laquelle je suivrai l’avis de Mme la ministre et de M. le rapporteur général et ne voterai pas ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Annie David, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annie David

Nous ne voterons pas non plus en faveur de ces amendements, car j’ai bien entendu les explications de Mme la ministre, de M. le rapporteur général et de Gilbert Barbier.

J’aimerais également aller un peu plus loin dans la réflexion et m’interroger sur le type d’entreprises auxquelles on fait référence dans ces amendements. S’agit-il de TPE et de PME qui mettent à disposition des pharmacies les différents médicaments produits par l’industrie pharmaceutique ? Non ! En réalité, il s’agit des grossistes-répartiteurs, c’est-à-dire de six sociétés qui se partagent le marché de la répartition pharmaceutique sur l’ensemble du territoire français : deux groupes allemands qui gèrent 42 % du marché ; un groupe international, Alliance Healthcare, qui est présent dans plus de vingt-cinq pays, représente plus de 370 000 salariés, détient 26 % de part de marché et est considéré comme le groupe de services de santé et de pharmacie le plus important des États-Unis et d’Europe ; enfin, trois sociétés françaises, dont une coopérative, la CERP Rouen, qui se partagent le reste du marché.

Comment un réseau de distribution de médicaments géré par six grands groupes de dimension internationale pourrait-il être menacé par le paiement d’une taxe supplémentaire ?

En réalité, pour éviter de payer les médicaments plus cher, les officines ont commencé, il y a une dizaine d’années, à passer directement commande auprès des laboratoires pharmaceutiques.

Aujourd’hui, des grands groupes étrangers gèrent une mission de service public qui consiste à approvisionner les pharmacies en médicaments par des professionnels dont le métier est encadré par la loi : il faut être pharmacien, desservir toutes les pharmacies qui en font la demande, référencer au moins 90 % des médicaments et avoir un stock permettant de satisfaire au moins deux semaines de consommation.

Dès lors, pourquoi ne pas transférer directement cette activité à la sécurité sociale ? Madame la ministre, vous disiez que des discussions entre les différents professionnels du secteur pharmaceutique sont en cours. Je pense, pour ma part, que ces discussions doivent aller jusqu’au bout de la réflexion et explorer toutes les pistes, en particulier celle que nous vous proposons, à savoir le transfert de cette activité à la sécurité sociale.

En attendant, nous ne voterons pas ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Pierre Médevielle, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Médevielle

Je ne m’aventurerai pas sur la piste proposée par Annie David. Je pense que la répartition pharmaceutique a encore de beaux jours devant elle, du moins je l’espère, dans la mesure où ce système a montré son efficacité sur l’ensemble de notre territoire et qu’il permet d’approvisionner les petites officines qui n’ont pas les moyens de passer directement des commandes.

Madame la ministre, vous avez d’ailleurs souligné dans vos propos que le fait de passer directement ses commandes auprès des laboratoires avait tendance à se développer. Or le marché des médicaments génériques constitue un cas quelque peu particulier, parce que c’est un marché sur lequel la plupart des officines – pour ne pas dire 90 % – s’approvisionnent en direct et que les grossistes-répartiteurs ont une grosse contrainte de stockage.

Il existe actuellement treize grands laboratoires fabriquant des médicaments génériques. Par conséquent, les grossistes sont soumis à des contraintes de stockage en largeur et en profondeur qui sont extrêmement coûteuses et qui mettent ces sociétés dans une situation financière difficile.

En effet, les grossistes-répartiteurs ont déjà été pénalisés par la limitation de leurs exportations en fin de mois, faculté qui représentait auparavant une bonne partie de leurs marges.

Je crois que les grossistes méritent que l’on se penche sur leur sort, car ils rendent d’énormes services à toute la chaîne de distribution des médicaments sur notre territoire.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Milon

Je veux simplement répéter que tout le monde s’accorde évidemment sur la nécessité de l’existence des répartiteurs et sur l’excellence du travail qu’ils accomplissent sur l’ensemble du territoire national. En revanche, le moyen proposé au travers de ces amendements n’est certainement pas le bon. Je souscris donc aux propos de Mme la ministre et ne les voterai pas.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je mets aux voix les amendements identiques n° 8 rectifié bis, 34 rectifié ter et 245.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Je suis saisi de trois amendements identiques.

L'amendement n° 19 rectifié ter est présenté par Mmes Imbert, Duchêne, Di Folco, Deroche et Morhet-Richaud, M. Pierre, Mmes Garriaud-Maylam, Deromedi, Des Esgaulx et Estrosi Sassone, MM. Savary, Raison, Husson, Houpert, J.C. Leroy, Laufoaulu, Mouiller, Laménie, Lefèvre, G. Bailly, Commeinhes, Danesi, Morisset, Mandelli et D. Laurent et Mmes Gruny et Lamure.

L'amendement n° 31 rectifié ter est présenté par Mmes Micouleau et Troendlé et MM. Médevielle, Chatillon, Lenoir, Bonhomme, César, Revet et Bouchet.

L'amendement n° 347 rectifié est présenté par Mme Campion, M. Daudigny, Mme Bricq, M. Caffet, Mme Claireaux, M. Durain, Mmes Emery-Dumas, Féret et Génisson, MM. Godefroy, Jeansannetas et Labazée, Mmes Meunier, Riocreux et Schillinger, MM. Tourenne et Vergoz, Mme Yonnet et les membres du groupe socialiste et républicain.

Ces trois amendements sont ainsi libellés :

Après l’article 23

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

I. - À la troisième phrase du deuxième alinéa de l'article L. 138-2 du code de la sécurité sociale, après les mots : « de l'article L. 138-9 », sont insérés les mots : « et de celles qui sont exclues du champ d’application des obligations de service public des grossistes répartiteurs en application de l’article R. 5124-59 du code de la santé publique, ».

II. - La perte de recettes résultant pour les organismes de sécurité sociale du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.

La parole est à Mme Corinne Imbert, pour présenter l’amendement n° 19 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Imbert

Le présent amendement tend in fine à faire reconnaître la spécificité d’une catégorie d’acteurs de la chaîne du médicament qui assument des missions habituellement dévolues aux grossistes répartiteurs.

En effet, certains laboratoires ne bénéficient pas des services des grossistes répartiteurs, leurs médicaments étant soumis à des contraintes techniques très spécifiques qui rendent leur traitement non rentable pour les grossistes répartiteurs.

Le législateur en a tiré les conséquences en excluant, par un décret du 22 août 2008, certains médicaments, comme les médicaments homéopathiques et les plantes médicinales, du champ d’application des obligations de service public assumées par les grossistes répartiteurs.

Étant contraints d’assumer eux-mêmes cette mission, les laboratoires homéopathiques ont dû développer un système de répartition-distribution ad hoc. Ils ont également, compte tenu du déficit de cette activité, développé une activité de vente directe. Je rappelle qu’un laboratoire homéopathique important, pour répondre aux besoins et assurer la distribution de ses médicaments, a plus d’une trentaine d’établissements en France, ce qui nécessite des investissements importants.

Le recours à la vente directe n’étant pas un choix pour ces laboratoires, mais une nécessité, la question de l’assujettissement à la troisième part de la contribution due par les distributeurs en gros se pose afin de mieux tenir compte de la réalité des pratiques.

Le principe d’une exemption de cette contribution spécifique étant déjà prévu pour certaines catégories d’opérateurs de la chaîne du médicament, il est ici proposé de l’étendre aux entreprises exclues du champ d’application de l’obligation de service public des grossistes répartiteurs.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à M. Pierre Médevielle, pour présenter l'amendement n° 31 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

La parole est à Mme Claire-Lise Campion, pour présenter l'amendement n° 347 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Claire-Lise Campion

J’ajouterai quelques remarques à la présentation qui vient d’être faite par notre collègue Corinne Imbert.

La taxe à laquelle ces laboratoires sont assujettis a, certes, un caractère optionnel et n’est due que lorsque des remises supérieures à 2, 5 % sont consenties par les fournisseurs aux officines, mais, sans ces remises, les coûts de distribution des laboratoires d’homéopathie augmenteraient considérablement, ce qui engendrerait des pertes plus importantes encore. C'est la raison pour laquelle nous proposons cet amendement.

Les laboratoires dont il s’agit ici sont des entreprises de taille intermédiaire dont l’activité de distribution est fragile.

Je voudrais aussi rappeler que, lors de la discussion de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2014, a été créée une troisième part de contribution sur les ventes en gros aux officines. La ministre avait alors précisé que cette mesure ne visait « aucun rendement supplémentaire pour la sécurité sociale » et que « la neutralité du rendement global avait été recherchée ».

Madame la ministre, pouvez-vous dire aujourd'hui à notre assemblée si cet objectif est réalité et, éventuellement, nous communiquer des chiffres ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marie Vanlerenberghe

Ces trois amendements identiques soumettent la loi aux dispositions du règlement. Ils posent donc un problème de rédaction.

Sur le fond, la distribution des médicaments homéopathiques est effectivement spécifique. Faut-il pour autant les exonérer de la taxe sur la distribution ? Nous ne disposons d'ailleurs pas d’éléments sur le coût de cette mesure.

Je souhaite donc connaître votre avis, madame la ministre.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Malheureusement, j’exprimerai, une fois encore, une demande de retrait.

Ces amendements ne sont pas très clairs. Je ne crois pas, en disant cela, mettre en cause les capacités de rédaction des parlementaires.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Marisol Touraine, ministre

Je ferai deux observations.

D’abord, ces amendements recèlent un risque au regard du principe d’égalité. Je ne vois pas en vertu de quels critères objectifs il serait possible de justifier une exonération sur les seuls produits homéopathiques. Il n’existe pas de critère constitutionnel qui puisse être à cet égard retenu.

Mais, au-delà, j’ai entendu énoncer des arguments un peu étonnants. Ainsi, parce qu’un grand laboratoire homéopathique – sans doute celui qui est à l’origine de l’amendement – a une structure de production très éparpillée, vous nous dites, madame Imbert, que la vente directe n’est pas un choix, qu’elle est imposée. Mais la taxe que vous proposez de supprimer ou de réduire ne porte absolument pas sur la distribution : elle porte sur les remises que les laboratoires accordent aux pharmaciens.

L’argument que vous avancez pour demander l’exonération de la taxe en question n’a rien à voir avec cette taxe, puisque celle-ci n’est pas liée à la distribution.

S’il s’agissait d’une taxe portant sur les mécanismes de distribution, et que vous faisiez valoir la spécificité des mécanismes de distribution des laboratoires homéopathiques, il y aurait un lien. Pour autant, je ne dis pas que je donnerais un avis favorable à votre amendement, parce que je ne vois pas pourquoi on devrait appliquer un régime particulier aux laboratoires qui fabriquent des produits homéopathiques.

En l’espèce, la taxe ne porte absolument pas sur la distribution. Je veux insister sur ce point. Vous savez d'ailleurs très bien vous-même, madame Imbert, compte tenu de la profession qui est la vôtre, ce que sont les remises qui sont consenties aux pharmaciens.

Je demande donc le retrait de ces amendements, qui non seulement sont mal rédigés, comme l’a indiqué M. le rapporteur général, mais induisent également une confusion entre les différents éléments qui sont mis en place.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

Madame Imbert, l'amendement n° 19 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Corinne Imbert

J’ai bien compris quel était le sujet, madame la ministre. Je voudrais juste rappeler que le développement de l’activité de vente directe est aussi lié au fait que la distribution a un coût non négligeable pour les laboratoires homéopathiques qui n’est pas assumé par les grossistes répartiteurs, lesquels ont une obligation de stock, sauf pour les médicaments homéopathiques, dont le prix est peu élevé.

Les grossistes répartiteurs ne jouent aujourd'hui que le rôle de facteurs. C'est la raison pour laquelle il y a autant d’établissements de production répartis sur le territoire national. Il s’agit de permettre à ceux de nos concitoyens qui recourent à cette médecine – et Dieu sait si les références sont importantes – d’obtenir, dès le lendemain, le médicament qui leur a été prescrit la veille.

La vente directe découle de tout cela aussi. Peut-être n’aurait-elle pas été développée de cette façon si l’autre activité de distribution n’avait pas été aussi coûteuse pour le laboratoire.

Cela étant, je retire mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 19 rectifié ter est retiré.

Monsieur Médevielle, l'amendement n° 31 rectifié ter est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 31 rectifié ter est retiré.

Madame Campion, l'amendement n° 347 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Caffet

L'amendement n° 347 rectifié est retiré.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt heures dix, est reprise à vingt-et-une heures quarante.